par Emmanuel Jarry Reuters
PARIS (Reuters) - La France est prête à contribuer financièrement et matériellement au projet américain de bouclier anti-missile en Europe mais considère qu'il ne peut pas se substituer à la dissuasion nucléaire.
Le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, estime que les 28 alliés sont tout près d'un accord, qui pourrait être officialisé le mois prochain lors d'un sommet de l'Otan à Lisbonne.
Ce projet, qui est un des thèmes au coeur de la révision du "concept stratégique" de l'Otan, continue cependant de diviser les pays de l'Alliance.
La France a pour sa part émis jeudi des réserves, par la voix de son ministre de la Défense, Hervé Morin, lors d'une réunion ministérielle de l'Otan.
La présidence française a cependant précisé vendredi sa position, à quelques heures d'une rencontre entre Nicolas Sarkozy et Anders Fogh Rasmussen à l'Elysée.
"S'agissant du bouclier anti-missile, non seulement la France n'est pas contre, mais elle est franchement pour", a fait savoir l'entourage du président français.
"Non seulement nous ne sommes pas contre mais nous sommes prêts à y apporter notre contribution, qu'il s'agisse d'une contribution financière ou en nature", a-t-on ajouté de même source, en faisant valoir que la France avait des capacités technologiques "non négligeables" dans ce domaine.
PARIS MINIMISE LES DIVERGENCES AVEC BERLIN
L'Elysée juge le projet proposé par le président américain Barack Obama "nettement plus réaliste, plus évolutif et moins coûteux" que celui que son prédécesseur, George Bush, voulait installer en Pologne et en République tchèque.
Mais Paris conçoit le bouclier comme un "complément utile" aux forces de dissuasion nucléaire, qui demeurent quant à elles "irremplaçables", prend-on soin de préciser de même source.
Pour Paris, la dissuasion restera "incontournable" aussi longtemps que des pays continueront à développer leur arsenal nucléaire ou à vouloir accéder à l'arme atomique, biologique ou chimique, et il n'est pas question de revenir sur ce point.
"Le déploiement d'un bouclier anti-missile peut venir compléter mais seulement compléter utilement la dissuasion en ajoutant une assurance supplémentaire", souligne l'Elysée.
Anders Fogh Rasmussen a déclaré à l'issue de son entretien avec Nicolas Sarkozy qu'il était "d'accord avec la France" sur le fait qu'une défense anti-missile était "un complément à la dissuasion et non un substitut".
Selon un communiqué de l'Elysée, le président a pour sa part confirmé au secrétaire général de l'Otan "le soutien de principe de la France à la nouvelle approche de la défense anti-missile proposée par le président des Etats-Unis".
Paris admet qu'il peut y avoir des divergences sur ce point avec l'Allemagne, tout en les minimisant.
"Certains en Allemagne - pas tous - considèrent qu'un bouclier anti-missile efficace pourrait peut-être remplacer progressivement la dissuasion", explique-t-on à l'Elysée.
Les modalités de mise en oeuvre du futur bouclier anti-missile constituent une autre question sensible, de même que l'attitude de la Russie.
Hervé Morin a souligné jeudi la nécessité de dialoguer avec Moscou sur ce sujet, qui sera abordé lundi et mardi dans le cadre d'un sommet tripartite France-Allemagne-Russie à Deauville, sur la côte normande.
"LA RUSSIE N'EST PLUS UN ADVERSAIRE"
La Russie continue à considérer l'Otan comme un danger potentiel pour sa sécurité et à percevoir le futur système anti-missile américano-européen comme une menace pour sa propre dissuasion nucléaire.
Nicolas Sarkozy, qui propose de construire avec la Russie, sur le continent européen, un espace économique et de sécurité commun, s'efforcera lundi et mardi, avec la chancelière allemande Angela Merkel, de convaincre du contraire le président russe, Dmitri Medvedev.
"Qu'il s'agisse de l'Union européenne ou qu'il s'agisse de l'Alliance atlantique, nous considérons que la Russie, non seulement n'est plus un adversaire, mais qu'elle doit devenir un partenaire", explique l'entourage du président français.
Il s'agit de "faire face ensemble à des menaces qui sont communes à l'Union européenne, à l'Alliance atlantique et à la Russie", telles que le terrorisme, le crime organisé, la montée en puissance balistique et les ambitions nucléaires de pays comme l'Iran, etc.,précise l'Elysée.
Quant au projet de bouclier anti-missile, "il n'est pas dirigé contre la Russie et nous souhaitons que la Russie y participe" car il est destiné à contrer les menaces de pays tels que l'Iran, ajoute-t-on de même source.
Edité par Patrick Vignal
http://panier-de-crabes.over-blog.com/article-la-france-prete-a-contribuer-a-un-bouclier-anti-missile-58989915.html
La vague des critiques contre le bouclier
anti-missiles américain prend de l'ampleur
(article plus ancien: Mardi 25 Novembre 2008)
Dans cette lettre, 30 maires tchèques ont écrit que dans le cas de la réalisation de ce plan, l'Europe serait la scène principale de tensions internationales. Cette lettre rappelle, également, l'opposition de deux tiers des Tchèques à ce plan. D'autre part, selon les sondages effectués, en Pologne, où doit être installée une autre partie du bouclier anti-missiles, plus de 60 % des Polonais se sont opposés à l'installation de ce bouclier dans leur pays.
Selon ce plan, un site radar et dix batteries de missiles intercepteurs seront installés, respectivement, en République tchèque et en Pologne. Ce plan controversé présenté par l'administration Bush s'est heurté, dès le début, aux vives réactions de la Russie, qui a menacé de recourir à des actes de représailles, risquant, en corollaire, de déclencher une nouvelle course aux armements et une nouvelle guerre froide. Moscou estime que le bouclier anti-missiles américain est une menace contre sa sécurité et l'a comparé à la crise balistique cubaine des années 1960. Le Président russe, Dmitri Medvedev, a, récemment, lancé une mise en garde, prévenant que dans le cas de l'installation du bouclier anti-missiles, en Europe de l'Est, la Russie installerait les missiles, à moyenne portée, "Iskander", à Kaliningrad, enclave russe située entre la Pologne et la Lituanie.
De l'avis des experts politiques, les menaces russes ont découragé les parlements, tchèque et polonais, à adopter ce plan du bouclier anti-missiles, malgré l'accord conclu entre l'administration Bush et leurs gouvernements respectifs. Le Président russe, hier, à l'issue du Sommet de l'APEC, au Pérou, a formulé le voeu que le Président élu américain Obama envisage l'application de changements dans le plan d'installation du bouclier anti-missiles.
A la suite de l'élection du candidat démocrate, Barack Obama, à la Présidentielle, les critiques russes et européennes pour dénoncer l'installation du bouclier anti-missiles ont pris de l'ampleur. Pourtant, tout en déclarant qu'il fallait examiner les frais et l'efficacité dudit plan, Obama a adopté une position plutôt conservatrice à ce propos.
De l'avis des experts politiques, compte tenu de la crise financière américaine et de la vague des critiques qu'a déclenché le bouclier anti-missiles, Obama se contentera de reporter l'exécution de ce plan. Et ce, alors que l'opposition de la Russie et celle des pays européens peuvent être considérées comme un message adressé à Obama pour ne pas faire entrer le monde dans une nouvelle course aux armements.
http://www.alterinfo.net/La-vague-des-critiques-contre-le-bouclier-anti-missiles-americain-prend-de-l-ampleur_a26355.html