Barack Obama et Vladimir Poutine ont abordé le cas syrien. (Reuters)
http://www.lejdd.fr/International/Actualite/
la bataille de Valmy, Horace Vernet |
Vers un basculement du monde ?
Par eva R-sistons (Chantal Dupille)
Obama est loin de mériter son Prix Nobel de la Paix. Mais avec son élection, nous avons échappé au pire, face aux va-t-en guerres du camp républicain, pathologiquement opposés à la Russie (ils en sont restés à la guerre froide et au Maccarthysme), stupidement soumis à Israël (malgré les prix à payer), et rêvant de dominer le monde. Obama est plus pragmatique, et il a évolué avec son temps. Poutine est désormais l'homme le plus influent de la planète (et les BRICS émergent de plus en plus vigoureusement sur la scène internationale), il n'a pas cédé sur la Syrie, et il répondra coup par coup. Nous assistons certainement à une réorganisation du monde. Les dindons de la farce sont les Français désormais aux ordres du mauvais génie israélien (depuis l'élection de Sarkozy), et loin d'être des acteurs de premier plan sur la scène internationale, comme du temps de de Gaulle ou de Jacques Chirac-de Villepin, ils sont devenus de simples supplétifs de très sales guerres et ce faisant, ils se mettent à dos une grande partie de l'humanité. Nous avons joué pour Tel-Aviv, nous allons recueillir les fruits de ce mauvais calcul politique. Et finalement, nos voisins allemands, en se rapprochant de la Russie (surtout depuis l'ancien chancelier Gerhard Schröder), ont mieux saisi le train en marche que les sayanim français Sarkozy-Kouchner-Hollande-Fabius au pouvoir. Ils ont été clairvoyants, car l'avenir de l'Europe n'est pas d'être à la remorque d'Etats plus ou moins en faillite et décrédibilisés (comme la GB et les Etats-Unis), mais de constituer une grande alliance culturelle, économique, et pour la paix, avec la Russie en plein essor grâce à l'énergie de l'étonnant Vladimir Poutine.
Allez, j'ose une formule : Le nouveau siècle sera "émergent", ou ne sera pas. Et il est temps, en France, de se débarrasser de ceux qui sous l'égide de Tel-Aviv, conduisent notre pays à sa perte... et de retrouver notre pleine indépendance, avec un Quai d'Orsay renouant avec ses traditions gaulliennes de politique pro-russe et pro-arabe. Tout simplement !
Chantal Dupille.
Barack Obama et Vladimir Poutine ont abordé le cas syrien. (Reuters)
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Un nouveau partage du monde se dessine
Dans un article publié le 26 janvier dernier en Russie, Thierry Meyssan expose le nouveau plan de partage du Proche-Orient sur lequel travaillent la Maison-Blanche et le Kremlin. L’auteur y révèle les principales données de la négociation en cours sans préjuger d’un accord définitif, ni de sa mise en œuvre. L’intérêt de l’article est qu’il permet de comprendre les positions ambigües de Washington qui pousse ses alliés dans une impasse de manière à pouvoir leur imposer prochainement une nouvelle donne dont ils seront exclus. Réseau Voltaire | Damas (Syrie) | 22 février 2013
Le président Obama s’apprête à changer complètement de stratégie internationale, malgré l’opposition que son projet a suscité dans sa propre administration.
Le constat est simple. Les États-Unis sont en passe de devenir indépendants au plan énergétique grâce à l’exploitation rapide des gaz de schistes et du pétrole des sables bitumineux. Par conséquent la doctrine Carter (1980) selon laquelle la sécurisation de l’accès au pétrole du Golfe est un impératif de sécurité nationale est morte. De même d’ailleurs que l’Accord du Quincy (1945) selon lequel Washington s’engage à protéger la dynastie des Séoud si ceux-ci leur garantissent l’accès au pétrole de la péninsule arabique. Le temps est venu d’un retrait massif qui permettra de transférer les GI’s vers l’Extrême-Orient afin de contenir l’influence chinoise.
D’autre part, tout doit être fait pour empêcher une alliance militaire sino-russe. Il convient donc d’offrir des débouchés à la Russie qui la détournent de l’Extrême-Orient.
Enfin, Washington étouffe de sa relation trop étroite avec Israël. Celle-ci est extrêmement onéreuse, injustifiable au plan international, et dresse contre les États-Unis l’ensemble des populations musulmanes. En outre, il convient de sanctionner clairement Tel-Aviv qui s’est ingéré de manière ahurissante dans la campagne électorale présidentielle US, qui plus est en misant contre le candidat qui a gagné.
C’est trois éléments ont conduit Barack Obama et ses conseillers à proposer un pacte à Vladimir Poutine : Washington, qui reconnaît implicitement avoir échoué en Syrie, est prêt à laisser la Russie s’installer au Proche-Orient sans contrepartie, et à partager avec elle le contrôle de cette région.
C’est dans cet état d’esprit qu’a été rédigé par Kofi Annan le Communiqué de Genève du 30 juin 2012. À l’époque, il s’agissait juste de trouver une issue à la question syrienne. Mais cet accord a été immédiatement saboté par des éléments internes de l’administration Obama. Ils ont laissé fuiter à la presse européenne divers éléments sur la guerre secrète en Syrie, y compris l’existence d’un Presidential Executive Order enjoignant la CIA de déployer ses hommes et des mercenaires sur le terrain. Pris en tenaille, Kofi Annan avait démissionné de ses fonctions de médiateur. De son côté, la Maison-Blanche avait fait profil bas pour ne pas exposer ses divisions en pleine campagne pour la réélection de Barack Obama.
Dans l’ombre trois groupes s’opposaient au communiqué de Genève :
• Les agents impliqués dans la guerre secrète ;
• Les unités militaires chargées de contrer la Russie
• Les relais d’Israël.
Au lendemain de son élection, Barack Obama a débuté la grande purge. La première victime fut le général David Petraeus, concepteur de la guerre secrète en Syrie. Tombé dans un piège sexuel tendu par une agente du Renseignement militaire, le directeur de la CIA fut contraint à la démission. Puis, une douzaine de hauts gradés furent mis sous enquête pour corruption. Parmi eux, le suprême commandeur de l’OTAN (amiral James G. Stravidis) et son successeur désigné (le général John R. Allen), ainsi que le commandant de la Missile Défense Agency —c’est-à-dire du « Bouclier anti-missiles »— ¬(général Patrick J. O’Reilly). Enfin, Susan Rice et Hillary Clinton faisaient l’objet de vives attaques pour avoir caché au Congrès des éléments sur la mort de l’ambassadeur Chris Stevens, assassiné à Benghazi par un groupe islamiste probablement commandité par le Mossad.
Ses différentes oppositions internes étant pulvérisées ou paralysées, Barack Obama a annoncé un renouvellement en profondeur de son équipe. D’abord, John Kerry au département d’État. L’homme est partisan déclaré d’une collaboration avec Moscou sur les sujets d’intérêt commun. Il est aussi un ami personnel de Bachar el-Assad. Puis, Chuck Hagel au département de la Défense. C’est un des piliers de l’OTAN, mais un réaliste. Il a toujours dénoncé la mégalomanie des néo-conservateurs et leur rêve d’impérialisme global. C’est un nostalgique de la Guerre froide, ce temps béni où Washington et Moscou se partageaient le monde à moindres frais. Avec son ami Kerry, Hagel avait organisé en 2008 une tentative de négociation pour la restitution par Israël du plateau du Golan à la Syrie. Enfin John Brennan à la CIA. Ce tueur de sang-froid est convaincu que la première faiblesse des États-Unis, c’est d’avoir créé et développé le jihadisme international. Son obsession est d’éliminer le salafisme et l’Arabie saoudite, ce qui en définitive soulagerait la Russie au Nord-Caucasse.
Simultanément, la Maison-Blanche a poursuivi ses tractations avec le Kremlin. Ce qui devait être une simple solution pour la Syrie est devenu un projet bien plus vaste de réorganisation et de partage du Proche-Orient.
On se souvient qu’en 1916, à l’issue de 8 mois de négociations, le Royaume-Uni et la France se partagèrent en secret le Proche-Orient (Accords Sykes-Picot). Le contenu de ces accords avait été révélé au monde par les Bolcheviks dès leur arrivée au pouvoir. Il s’est poursuivi durant près d’un siècle. Ce que l’administration Obama envisage, c’est un remodelage du Proche-Orient pour le XXIe siècle, sous l’égide des USA et de la Russie.
Aux États-Unis, bien qu’Obama se succède à lui-même, il ne peut dans la période actuelle qu’expédier les affaires courantes. Il ne reprendra ses attributions complètes que lors de sa prestation de serment, le 21 janvier. Dans les jours qui suivront, le Sénat auditionnera Hillary Clinton sur le mystère de l’assassinat de l’ambassadeur en Libye (23 janvier), puis il auditionnera John Kerry pour confirmer sa nomination (24 janvier). Immédiatement après, les 5 membres permanents du Conseil de sécurité se réuniront à New York pour examiner les propositions Lavrov-Burns sur la Syrie.
Celles-ci prévoient la condamnation de toute ingérence extérieure, le déploiement d’observateurs et d’une force de paix des Nations Unies, un appel aux différents protagonistes pour qu’ils forment un gouvernement d’union nationale et planifient des élections. La France devrait s’y opposer sans pour autant menacer d’utiliser son veto contre son suzerain US.
L’originalité du plan, c’est que la force des Nations Unies serait principalement composée par des soldats de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC). Le président Bachar el-Assad resterait au pouvoir. Il négocierait rapidement une Charte nationale avec des leaders de l’opposition non-armée sélectionnés avec l’approbation de Moscou et Washington, et ferait valider cette charte par référendum sous contrôle des observateurs.
Ce coup de théâtre a été préparé de longue date par les généraux Hassan Tourekmani (assassiné le 18 juillet 2012) et Nikolay Bordyuzha. Une position commune des ministres des Affaires étrangères de l’OTSC a été conclue le 28 septembre et un Protocole a été signé entre le département onusien de maintien de la paix et l’OTSC. Celle-ci dispose maintenant des mêmes prérogatives que l’OTAN. Des manœuvres communes ONU/OTSC de simulation ont été organisées au Kazakhstan sous le titre « Fraternité inviolable » (8 au 17 octobre). Enfin, un plan de déploiement de « chapkas bleues » a été discuté au sein du Comité militaire de l’ONU (8 décembre).
Une fois la Syrie stabilisée, une conférence internationale devrait se tenir à Moscou pour une paix globale entre Israël et ses voisins. Les États-Unis considèrent qu’il n’est pas possible de négocier une paix séparée entre Israël et la Syrie, car les Syriens exigent d’abord une solution pour la Palestine au nom de l’arabisme. Mais il n’est pas possible non plus de négocier une paix avec les Palestiniens, car ceux-ci sont extrêmement divisés, à moins que la Syrie ne soit chargée de les contraindre à respecter un accord majoritaire. Par conséquent, toute négociation doit être globale sur le modèle de la conférence de Madrid (1991). Dans cette hypothèse, Israël se retirerait autant que faire se peut sur ses frontières de 1967. Les Territoires palestiniens et la Jordanie fusionneraient pour former l’État palestinien définitif. Son gouvernement serait confié aux Frères musulmans ce qui rendrait la solution acceptable aux yeux des gouvernements arabes actuels. Puis, le plateau du Golan serait restitué aux Syriens en échange de l’abandon du lac de Tibériade, selon le schéma envisagé jadis aux négociations de Shepherdstown (1999). La Syrie deviendrait garante du respect des traités par la partie jordano-palestinienne.
Comme dans un jeu de domino, on en viendrait alors à la question kurde. L’Irak serait démantelé pour donner naissance à un Kurdistan indépendant et la Turquie serait appelée à devenir un État fédéral accordant une autonomie à sa région kurde.
Côté US, on souhaiterait prolonger le remodelage jusqu’à sacrifier l’Arabie saoudite devenue inutile. Le pays serait divisé en trois, tandis que certaines provinces seraient rattachées soit à la fédération jordano-palestinienne, soit à l’Irak chiite, conformément à un vieux plan du Pentagone ("Taking Saudi out of Arabia", 10 juillet 2002). Cette option permettrait à Washington de laisser un vaste champ d’influence à Moscou sans avoir à sacrifier une partie de sa propre influence. Le même comportement avait été observé au FMI lorsque Washington a accepté d’augmenter le droit de vote des BRICS. Les États-Unis n’ont rien cédé de leur pouvoir et ont contraint les Européens à renoncer à une partie de leurs votes pour faire de la place aux BRICS.
Cet accord politico-militaire se double d’un accord économico-énergétique, le véritable enjeu de la guerre contre la Syrie étant pour la plupart des protagonistes la conquête de ses réserves de gaz. De vastes gisements ont en effet été découverts au Sud de la Méditerranée et en Syrie. En positionnant ses troupes dans le pays, Moscou s’assurerait un plus large contrôle sur le marché du gaz dans les années à venir.
Le cadeau de la nouvelle administration Obama à Vladimir Poutine se double de plusieurs calculs. Non seulement détourner la Russie de l’Extrême-Orient, mais aussi l’utiliser pour neutraliser Israël. Si un million d’Israéliens ont la double nationalité états-unienne, un autre million est russophone. Installées en Syrie, les troupes russes dissuaderaient les Israéliens d’attaquer les Arabes et les Arabes d’attaquer Israël. Par conséquent, les États-Unis ne seraient plus obligés de dépenser des sommes phénoménales pour la sécurité de la colonie juive.
La nouvelle donne obligerait les États-Unis à reconnaître enfin le rôle régional de l’Iran. Cependant Washington souhaiterait obtenir des garanties que Téhéran se retire d’Amérique latine où il a tissé de nombreux liens, notamment avec le Venezuela. On ignore la réaction iranienne à cet aspect du dispositif, mais Mahmoud Ahmadinejad s’est d’ores et déjà empressé de faire savoir à Barack Obama qu’il ferait tout ce qui est en son possible pour l’aider à prendre ses distances avec Tel-Aviv.
Ce projet a des perdants. D’abord la France et le Royaume-Uni dont l’influence s’efface. Puis Israël, privé de son influence aux États-Unis et ramené à sa juste proportion de petit État. Enfin L’Irak, démantelé. Et peut-être l’Arabie saoudite qui se débat depuis quelques semaines pour se réconcilier avec les uns et les autres afin d’échapper au sort qui lui est promis. Il a aussi ses gagnants. D’abord Bachar el-Assad, hier traité de criminel contre l’humanité par les Occidentaux, et demain glorifié comme vainqueur des islamistes. Et surtout Vladimir Poutine qui, par sa ténacité tout au long du conflit, parvient à faire sortir la Russie de son « containment », à lui rouvrir la Méditerranée et le Proche-Orient et à faire reconnaître sa prééminence sur le marché du gaz.
Source
Odnako (Fédération de Russie)
Hebdomadaire d’information générale. Rédacteur en chef : Mikhail Léontieff.
http://www.voltairenet.org/article177546.html
Le plan des néoconservateurs Usraéliens
a buté sur un grain de sable... russo-syrien !
(et chinois) - Ch Dupille
suite de cette longue parution (+ vidéo)
ici, sur mon blog officiel
Actualité No War :
http://www.alterinfo.net/Vers-une-sortie-de-crise-negociee-en-Syrie_a86781.html
Ingérence France en Syrie: Lettre à Jack Lang président de l’Institut du Monde Arabe
Les Américains s'octroient tous les droits qu'ils n'accordent pas aux autres
Le Qatar, fer de lance de la diplomatie étasunienne
Comment la CIA provoque des ’révolutions’ dans les pays qu’elle veut soumettre
Gbagbo jugé à la Haye, tribunal au service des intérêts de l'Occident
La stratégie de l'Occident pour aligner l'Asie du Sud-Est (contre la Chine)
Le danger de guerre en Asie
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http://www.planetenonviolence.org/Guerre-Economique-Cyber-Guerre-Contre-L-Iran-La-Republique-Islamique-Replique_a2833.html
Introduction à ce post
de Chantal Dupille
(eva R-sistons)
Et donc voici la fin de la fin du monde dans quelques minutes. Je fête la fin de ce fun, la fin de cette pantalonnade, en vous offrant un texte plein de bon sens, d'intelligence. Si nous avions un peu plus le sens des responsabilités et un peu moins de goût pour le Veau d'Or, le monde pourrait être tellement plus beau et durer plus longtemps ! Et pour moi, comme pour vous certainement, la paix dans le monde est le bien le plus précieux, l'objectif le plus important. Chantal Dupille
NB : Je regarde l'émission de faux débat C dans l'Air du sayanim Calvi-Krettly, où l'on valorise l'affreux Bernard Tapie présenté, le malheureux, comme "un bouc-émissaire de la crise" alors qu'en échange de son appui au candidat Sarkozy, une Justice de circonstance l'a couvert d'or ! Au secours, Tapie revient ! Avec l'argent des contribuables, il achète la Presse provençale, autant pour se venger de ses déboires que pour monter au podium du pouvoir via Marseille ! Et la vendeuse de poisson se pâme devant ce parvenu sans scrupule qui achète des entreprises pour les "dégraisser" de leur personnel, faire du profit et ensuite acheter des yachts toujours plus clinquants ! Après Sarkozy et Valls, va-t-on subir Tapie ? Mais jusqu'où va tomber la France ? Basta la propagande crasse des médias ! Basta les sondages manipulateurs ! Ca suffit toute cette pourriture ! C.D.
Ceci a été la question récurrente dans tous les esprits au cours des derniers mois, pendant que les médias recyclent sans fin la fable selon laquelle le programme d’enrichissement de l’uranium par l’Iran n’est qu’une couverture pour une stratégie d’armement. Les peurs souvent citées concernant la prospective d’un Iran disposant de la bombe nucléaire sont que Téhéran ne serait qu’à quelques mois de la bombe et qu’il pourrait utiliser des armes nucléaires dans une première attaque contre ses adversaires dans la région. Jusqu’à quel point ces peurs sont-telles fondées et jusqu’à quel point la menace d’un Iran disposant de la bombe ont-elles été exagérées ? Mon principal argument est que l’hystérie de masse est totalement injustifiée, en raison du fait que jusqu’à maintenant la République islamique d’Iran a agit comme un acteur étatique rationnel. C’est l’approche irresponsable de la communauté internationale qui nous a amenés à la veille d’une troisième guerre mondiale.
Apparemment, le centre de tout ce conflit supposément insoluble est le programme nucléaire iranien. La vraie question est de savoir qui croit vraiment que l’Iran est en train de construire la bombe. Certainement pas les responsables de haut niveau aux Etats-Unis, puisqu’ils ont répétés à plusieurs reprises qu’il n’existe aucune preuve substantielle que l’Iran a un programme d’armement clandestin.
Lors d’une audition au Sénat le 31 janvier 2012, James R. Clapper J., le directeur du renseignement national américain, a déclaré explicitement que les responsables américains croient qu’il n’existe aucune preuve montrant que l’Iran aurait pris la décision de lancer un effort concerté pour construire une arme nucléaire. David H. Petraeus, alors directeur de la CIA, avait exprimé le même point de vue lors de cette audition. D’autres dirigeants américains, incluant le secrétaire à la Défense Leon E. Panetta et le général Martin E. Dempsey, le chef de l’état-major des armées américaines, ont fait des déclarations similaires dans des programmes télévisés divers. Lors de l’audition de la Commission spéciale sur le renseignement, Clapper a conclu sa déposition en ces termes : « Nous ne croyons pas qu’ils aient véritablement pris la décision d’aller de l’avant avec l’arme nucléaire ». [1]
Mohammad El Baradei [l’ex-directeur de l’Agence internationale pour l’énergie atomique, AIEA] a fait écho à ces réserves dans ses mémoires, où il déclare qu’il doute que les responsables politiques aient jamais vraiment été intéressés à résoudre la question nucléaire iranienne, mais qu’ils cherchaient plutôt à changer le régime en place à Téhéran. L’idée est qu’un Iran « déterminé à construire la bombe » peut servir à engendre la peur – une peur qui se traduit en une justification pour faire la guerre à l’Iran. Et la guerre n’a rien à voir avec la destruction des installations nucléaires iraniennes, il s’agit plutôt d’un changement de régime. Et un changement de régime n’a rien à voir avec la démocratie. Les Etats-Unis défendent la démocratie et les droits de l’homme seulement lorsque cela est conforme à leurs intérêts. L’Iran avait un Premier ministre élu démocratiquement en 1953 [Mohammad Mossadegh], mais les Etats-Unis ont alors orchestré un coup d’Etat et mis un dictateur au pouvoir, Mohammad Reza Shah Pahlavi, qu’ils ont soutenu pendant 25 ans.
Pourtant, les observateurs occidentaux justifient leur approche antagoniste envers l’Iran en critiquant la nature du régime. Et pour justifier sa position égocentrique à l’égard de l’Iran, l’Occident a réduit la présidence de Mahmoud Ahmadinejad à une ère de renouveau révolutionnaire, avec des scénarios apocalyptiques. La réalité est que le comportement de l’Occident n’était pas du tout différent à l’époque de la présidence réformiste de Mohammad Khatami – une période au cours de laquelle l’Iran avait offert au monde « le Dialogue des civilisations » comme antidote au Choc des civilisations de Samuel Huntington, et où l’Iran avait preuve d’une ouverture totale envers l’Occident, pour n’être qu’étiqueté comme membre de « l’axe du mal » avec l’Irak et la Corée du Nord.
En 2007, l’Estimation du renseignement national américain (National Intelligence Estimate, NIE) avait publié un rapport novateur montrant que l’Iran avait mis fin à son programme nucléaire au cours de l’automne 2003. Représentant le consensus de 16 agences de renseignement américaines, la NIE avait renversé les affirmations précédentes concernant les ambitions nucléaires de l’Iran, et démantelé le mythe selon lequel l’Iran serait déterminé à établir son hégémonie régionale par une militarisation camouflée. Le rapport était une reconnaissance que les dirigeants de l’Iran ont un sens d’intérêt national et d’auto-préservation bien plus rationnel que ce que voudrait nous faire croire la grande presse occidentale.
Voilà donc le cœur de mon argumentation. Nous devons mettre fin à cette course vers une troisième guerre mondiale en adoptant une approche entièrement différente à l’égard de l’Iran. Je ne parle pas du « puzzle » ou du « paradoxe » iranien, ou de « l’Etat voyou » ou « pariah » Iran, mais de l’Iran qui est un acteur étatique pragmatique.
Cependant, au cours des 33 dernières années, les puissances hégémoniques dominantes ont adopté la même rengaine, maintes fois réchauffée, pour calomnier l’Iran. La cadence s’est accélérée au cours des dernières années, mais la tonalité générale a été celle de l’hostilité. Albert Einstein disait que la folie consiste à faire toujours la même chose tout en espérant un résultat différent. C’est le cas des relations à l’égard de l’Iran. Une campagne sans relâche pour l’ostraciser n’a servi qu’à créer une polarisation plus prononcée, nécessitant des conférences comme celle-ci, où l’on discute de stratégies pour éviter une possible guerre thermonucléaire. Si l’Occident veut un résultat différent, il doit employer une méthode différente.
Afin de permettre à l’Occident d’aborder l’Iran de manière plus constructive, il est nécessaire de déconstruire, dans un premier temps, la caricature qui lui a été accolée depuis la révolution de 1979 et, ensuite, de reconstruire l’Iran comme l’acteur étatique rationnel qu’il est véritablement.
Nous pouvons commencer le processus de déconstruction en relisant l’Iran d’une manière différente des platitudes d’un régime fou, messianique et révolutionnaire. Il faut alors poser les paramètres d’une stratégie d’approche plus constructive et intègre envers ce pays. Je vais citer quelques faits qui peuvent aider à reconstruire cette perception plus exacte de l’Iran.
Jusqu’ici, la communauté internationale n’a réussi qu’à conjurer un « démon nucléaire ». En contaminant l’image internationale de l’Iran, l’Occident provoque par la même occasion une course régionale à l’armement. La prolifération mène à la prolifération, comme le fait d’ailleurs la prolifération imaginaire. [2] Les pays de la région se sont de plus en plus regroupés face à la matérialisation d’un monolithe nucléaire géant, une caricature de l’Iran que les puissances occidentales ont dangereusement et de manière irresponsable concoctée. La peur et l’insécurité sont des facteurs qui poussent les Etats à développer leur propre stratégie de dissuasion.
Les provocations fréquentes et menaçantes à l’égard de l’Iran n’ont fait qu’accroître l’antagonisme et le ressentiment. Plus tôt cette année, à l’initiative de lobbyistes américains, le gouvernement des Etats-Unis a fait enlever de sa liste d’organisations terroristes le mouvement d’opposition anti-iranien bien connu qu’est le Mujahidine-e-Khalq (MEK, Moudjahines du Peuple). Les Etats-Unis avaient désigné le MEK comme organisation terroriste à la suite d’assassinats perpétrés contre des iraniens et des américains. [3]
Une autre provocation a été l’initiative méprisable du député Dana Rohrabacher, visant à diviser l’Iran selon des lignes religieuses. Il l’a fait sous forme de résolution introduite au Congrès. M. Rohrabacher sait que jouer sur les tensions ethniques est une recette pour les pires violences. En faut, il a lui-même admis préférer soutenir les terroristes du MEK aux groupes d’opposition pacifiques en raison de la volonté des Moudjahidines de faire appel à la violence. [4]
En plus des autres menaces chroniques comme la guerre économique et cybernétique pour faire tomber le régime, il y a également d’autres menaces stratégiques : les Etats-Unis installe sa Cinquième force navale au Bahreïn, situé à seulement 200 kilomètres de l’Iran. Un groupe naval dirigé par un porte-avions est présentement sur place dans le golfe Persique, ainsi que des avions de combat et des milliers de soldats stationnés au Koweït et au Qatar. Un analyste a dit qu’en termes de provocation, ceci équivaut à la présence d’une force navale chinoise à la Havane, un groupe naval de combat dans les Caraïbes et des avions de combat au Vénézuela et au Nicaragua, ainsi que des troupes au Guatemala, au El Salvador et au Honduras.
Même confronté à ce cœur de menace à haut indice d’octane, l’Iran a dit qu’il n’engagerait le combat que s’il était attaqué. Le brigadier général des Gardes révolutionnaires Hossein Salami a récemment déclaré : « Nous n’allons pas commencer une guerre. Mais si quelqu’un engage la guerre contre nous, nous allons lancer des offensives de manière continue. » Ce qu’il faut retenir ici est la phrase « nous n’allons pas commencer la guerre ». [5] Même dans les circonstances les plus irrationnelles, l’Iran parle avec une voix rationnelle. Avec le barrage de menaces existentielles et de provocations qu’a dû affronter le pays au cours des dernières années, il est presque irrationnel de la part de l’Iran de ne s’être pas retiré du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) jusqu’à maintenant.
De manière générale, l’Iran a fait preuve de calcul soigneusement calibré dans sa politique étrangère. Il ne s’agit pas du régime fanatique représenté dans les médias. L’Iran n’a aucun passé d’aventurisme militaire ou d’agression contre aucun de ses voisins dans l’histoire moderne, et a démontré un niveau sophistiqué de diplomatie dans sa politique étrangère.
Souvent, des intérêts nationaux et des calculs stratégiques ont pris le dessus sur l’idéologie. [6]
Téhéran a répondu aux incitations et pressions de manière pragmatique et raisonnable : à tel point que malgré le fait que le pays se soit retrouvé entouré de puissances nucléaires (la Russie, Israël, le Pakistan l’Inde et la Chine), il a systématiquement dénoncé les armes de destruction de masse. Ceci peut s’expliquer par le fait que l’Iran est l’une des premières victimes de la guerre chimique et biologique. Des civils iraniens innocents ont été victimes de la plus grande expérience chimique conduite par Saddam Hussein au cours de la guerre de 1980-89 entre l’Iran et l’Irak. Quelque 100 000 Iraniens ont été affectés par des gaz moutarde et nerveux au cours de la guerre. Des milliers de victimes reçoivent encore des traitements médicaux aujourd’hui.
Même avant d’avoir été victime des armes de destruction de masse, l’Ayatollah Khomeini avait sans équivoque dénoncé les armes non-conventionnelles. L’Iran a adhéré à cette politique depuis lors – toute déviation suggérant une entorse impensable à l’un des principes fondamentaux stipulés par le père de la révolution. L’actuel dirigeant suprême de l’Iran, l’Ayatollah Ali Khamenei a même publié un édit religieux (fatwa) déclarant que la production, le stockage et l’usage d’armes nucléaires sont « all haram » (prohibés en Islam). Il a dit qu’il « n’existe aucun vainqueur dans une guerre nucléaire et le fait d’entrer dans une telle guerre est irrationnel et inhumain ». [7] Toutes ces déclaration sont tombées dans les oreilles d’un sourd [en occident]. Toute autre mesure de conciliation de la part de l’Iran ont été ignorées.
Dans l’esprit du partenariat de la « guerre contre le terrorisme », l’Iran a joué un rôle significatif en termes de renseignement et d’assistance militaire aux troupes de l’Alliance afghane nordique pour repousser les Taliban hors de Kaboul à la fin de l’année 2001. Lors des discussions de Bonn qui s’en sont suivies, l’envoyé spécial américain en Afghanistan James Dobbins a affirmé que l’Iran a joué un « rôle décisif » en persuadant la délégation de l’Alliance nordique de former un gouvernement avec les autres groupes d’opposition. De plus, c’est l’envoyé iranien qui avait fait remarquer que la constitution intérimaire ne faisait aucune mention à la démocratie ou à la coopération afghane contre le terrorisme international ; le langage de ce document fut modifié en conséquence. Au lieu de voir cette occasion comme fenêtre d’ouverture pour un rapprochement, la Maison Blanche a nié que les Iraniens avaient apporté des contributions significatives à l’occasion des discussions cruciales de Bonn.
Au cours de son mandat présidentiel, Khatami a consacré beaucoup d’énergie pour dissiper les inquiétudes de la communauté internationale à propos du dossier nucléaire iranien. Le 18 décembre 2003, Téhéran avait promis de faire preuve d’une transparence soutenue en signant volontairement le Protocole supplémentaire du Traité de non-prolifération nucléaire. L’ambassadeur d’Iran, Ali Salehi a ainsi signé un Protocole supplémentaire à l’accord iranien sur les normes de sécurité relatives au Traité sur la non-prolifération, permettant aux inspecteurs de l’Agence internationale pour l’énergie atomique une plus grande autorité pour la vérification du programme nucléaire du pays. Ce protocole additionnel exigeait que les états fournissent une déclaration plus détaillée de leurs activités nucléaires et donnait des droits supplémentaires à l’AIEA pour accéder aux sites situés dans le pays. [8] Une autre ouverture a été la suspension temporaire du cycle du combustible nucléaire de l’Iran – jugé comme une mesure « volontaire » et « de mise en confiance temporaire » sous les accords de Paris de novembre 2004. [9] Aucun de ces geste n’a été reconnu par la communauté internationale et des sanctions additionnelles ont été imposées à l’Iran.
Les Etats-Unis ont eu une autre chance de normaliser leurs relations avec l’Iran en juin 2003, lorsque Téhéran a présenté une offre de remise à plat de l’ensemble des contentieux divisant les deux pays. Le document fut rédigé par l’ambassadeur d’Iran en France, Sadegh Kharrazi, avec l’aide de l’ambassadeur de Suisse en Iran Tim Guldimann et de Mohammad Javad Zarif, un ministre adjoint iranien des Affaires étrangères. Le Suisse transmit l’agenda pour les discussions offrant « une transparence totale en matière de sécurité montrant qu’il n’existe aucun effort iranien pour le développement ou la possession d’armes de destruction de masse, une action conjointe décisive contre les terroristes, une coordination pour un Irak stable, une coordination sur les questions nucléaires, la fin de tout soutien matériel aux groupes d’opposition palestiniens (Hamas, Jihad) résistant à l’occupation israélienne, et une normalisation des relations.
L’administration Bush, dans une attitude triomphante après le renversement du régime irakien, n’a pas répondu à ce qui aurait pu être la base d’un grand compromis. Le camp modéré en Iran a été découragé et discrédité en raison de cet échec et le silence américain a engendré un ressentiment parmi les partisans de la ligne dure, permettant d’expliquer du même coup pourquoi l’Iran s’est rebiffé au cours des années suivantes. Même si un grand accord n’avait pu être conclu, un accord limité aurait pu certainement voir le jour.
J’ai essayé d’étayer l’affirmation selon laquelle la République islamique d’Iran, malgré le fait qu’elle soit une entité révolutionnaire et idéologique, a essayé de poursuivre une politique étrangère pragmatique et calculée basée sur les intérêts et la sécurité nationaux. Ainsi l’Occident se doit de reconsidérer l’Iran sous un autre jour et de reconstruire sa perception de l’Iran comme acteur rationnel. L’Alliance atlantique et les puissances d’Europe de l’Ouest dominant aujourd’hui ne peuvent plus avoir recours à la coercition pour obtenir un changement dans l’arène politique – un changement qui refléterait invariablement leurs seuls intérêts – des intérêts qui nous ont amenés au bord d’une guerre thermonucléaire. Il est temps que l’Occident essaie de s’allier l’Iran en tant que partenaire plutôt que de s’en faire un ennemi, à la lumière d’un objectif plus noble, celui de prévenir un désastre humanitaire en vue.
Pour y arriver, un dialogue robuste et substantiel est requis. Cependant, nous sommes tous conscients que ce dialogue est plein de difficultés et de déraillements potentiels. Le bagage historique dans la dynamique des relations entre l’Iran et les Etats-Unis est une source majeure de dispute qui a engendré la méfiance et la suspicion au cours des trois dernières décennies : les griefs passés doivent être exprimés puis laissés de côté. Même si l’impasse nucléaire est vaincue, un pont de confiance devra être construit pour un dialogue constructif : un dialogue poursuivi dans un contexte de bonne volonté et de complicité. Le plus important est qu’il soit libre de préjugés ou d’impulsions à vouloir dominer, assimiler, menacer ou de contraindre. Le dialogue doit prendre la forme d’un véritable échange à double sens, libre de vision ethnocentrique ou d’égocentrisme. La route pour des relations améliorées sera rocailleuse mais le mur de la mésentente doit être abattu, brique par brique, avant qu’il ne se densifie.
Ghoncheh Tazmini,chercheur associé, Instituto de Estudos Estratégicos e Internacionais : « Une perspective nouvelle pour l’Iran »
Conférence internationale de l’Institut Schiller
Flörsheim, Allemagne, 24-25 novembre 2012
Transcription par solidariteetprogres.org
[1] ‘U.S. Agencies See No Move by Iran to Build a Bomb’ (accédé le 18 novembre 2012)
[2] Joseph Cirincione, ‘Deadly Arsenals – Tracking Weapons of Mass Destruction’, Washington D.C., 2002. S 256.
[3] Le MEK a perpétré des attaques terroristes dans les années 70 et 80 contre le Shah et le clergé. Dans les années 80, le MEK s’est allié avec Saddam Hussein qui leur a permis d’opérer depuis Camp Ashraf.
[4] ‘Stop Rep. Rohrabacher’s Resolution Calling for Dividing Iran Along Ethnic Lines’ (accédé le 18 novembre 2012) https://secure3.convio.net/niac/site/Advocacy?cmd=display&page=UserAction&id=225
[5] ‘Strike on Iran Would Trigger World War III’(accédé le 18 novembre 2012) http://www.timesofmalta.com/articles/view/20120924/world/-Strike-on-Iran-would-trigger-World-War-III-.438212
[6] Par exemple, lors de la dispute entre l’Azerbaïdjan et l’Armenie sur le Nogorno-Karabakh, l’Iran était plus favorable à l’Arménie chrétienne qu’à l’Azerbaïdjan musulmane. La position de Téhéran était contraire à l’opinion selon laquelle la politique étrangère de l’Iran ne serait conduite qu’en fonction de considérations idéologiques zélées. Un autre exemple est la politique de l’Iran accordant la priorité à ses liens stratégiques avec la Russie : l’Iran est resté silencieux lors de l’élimination des séparatistes musulmans par l’armé russe en Tchétchénie, arguant qu’il s’agissait d’une affaire interne russe.
[7] ‘World Should Seize Opportunity’ (accédé le 18 novembre 2012) http://tehrantimes.com/politics/97374-world-should-seize-opportunity-provided-by-leaders-fatwa-on-nuclear-weapons-
[8] ‘Iran Signs Additional Protocol on Nuclear Safeguards’ (accédé le 21 novembre 2012)
http://www.iaea.org/NewsCenter/News/2003/iranap20031218.html
http://mediabenews.wordpress.com/2012/12/19/attaqueront-t-ils-ou-nattaqueront-ils-pas-liran/
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Pas de destruction de l'Iran millénaire
pour asservir le pays
et voler ses ressources ! (C.D.)
Pays attaqués par des bombardements, des actes de sabotage
ou des tentatives de renversement des gouvernements
depuis la seconde guerre mondiale.
Score des attaques : Iran : 0 - USA : 51.
http://www.europalestine.com/spip.php?article7533
http://www.matin.qc.ca/opinions/christian-vanasse/upload/2007/12/bush-iran-bomb-726789.jpg
MAP5 est disponible ! L'arme nucléaire iranienne serait-elle la clé vers la Paix au Moyen-Orient ?
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Le jour où l’Iran a l’arme nucléaire, qui peut penser sérieusement que son premier souci sera de la jeter sur Israël et de se faire nucléariser à son tour dans les minutes qui suivront ? C’est pourtant sur cette idée implicite (personne n’ose la formuler de peur d’en révéler l’absurdité) mais omniprésente que les gigantesques intérêts nationaux et économiques à la manoeuvre au Moyen-Orient asseyent leur politique déstabilisatrice auprès des opinions publiques occidentales. Maintenant, posons-nous la question suivante : Pourquoi l’Iran veut-elle la bombe ?...
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GLOBAL SYSTEMIC CRISIS
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19 janvier 2012
Les pressions pour déclencher une guerre contre l’Iran s’exercent depuis si longtemps que les arguments en faveur de cette action, comme ceux qui soutiennent que l’Iran alimente la résistance de l’Irak, naissent et meurent au gré des circonstances.
Cela fait des années que DontAttackIran.org accumule les arguments pour ou contre une guerre préventive. Nous avons combattu avec succès une agression de ce type sans pouvoir nous en attribuer le mérite. La décision de ne pas déclencher une guerre n’est en effet jamais officiellement annoncée. Les bellicistes ne baissent non plus jamais les bras et ceux qui croient ce que raconte leur gouvernements imaginent encore que le Pentagone ne provoque jamais de conflit mais y est entraîné malgré lui pour des raisons défensives suscitées sans préavis par des fauteurs de troubles.
Alors que l’Iran n’a fait la guerre à aucun pays depuis des siècles, les Etats-Unis sont loin de s’être aussi bien comportés. Souvenons nous ou découvrons enfin comme beaucoup de citoyens américains que le Etats-Unis ont mis à bas la démocratie Iranienne en 1953 pour installer un dictateur. Et qu’après cela ils ont aidé l’Iraq à attaquer l’Iran notamment en le fournissant en armes et munitions, dont des armes chimiques qui furent d’abord utilisées contre les Iraniens avant de servir en 2002-2003 de prétexte à la guerre contre l’Iraq alors même qu’elles n’existaient plus. Au cours de la dernière décennie, les Etats-Unis ont qualifié l’Iran d’Etat de l’Axe du mal, ont attaqué et détruit d’autres pays non nucléarisés mais repris sur leur liste de pays de l’Axe du mal, ont qualifié une partie de la structure militaire iranienne d’organisation terroriste, ont accusé sans aucun fondement l’Iran de nombreux crimes dont l’attaque du 11 septembre, ont assassiné des scientifiques Iraniens, ont financé des groupes d’opposition en Iran ( y compris certains groupes qu’ils avaient qualifiés de terroristes ), ont envoyé des drones sur l’Iran, ont menacé ouvertement et sans justification légale d’attaquer ce pays et enfin installé des bases militaires tout autour de ses frontières tout en lui imposant de cruelles sanctions économiques.
Les pressions en faveur d’une nouvelle guerre en Iran trouvent leur source dans les lignes directrices du programme de défense de 1992 ( Defence Planning Guidance ) et la publication de 1996 intitulée « Une rupture nette : Une nouvelle stratégie pour sécuriser l’Empire, la reconstruction des lignes de défense américaines de l’an 2000 » , enfin un mémo du Pentagone de Wesley Clark daté de 2001 et récapitulant les nations cibles de l’époque : Irak, Libye, Somalie, Soudan, Liban, Syrie et Iran. En 2010, Tony Blair intégra de son côté l’Iran à une liste similaire de pays que Dick Cheney avait l’intention de placer sous contrôle. L’opinion des décideurs à Washington en 2003 était que l’invasion de l’Irak serait une promenade de santé tandis qu’il faudrait une solide armée pour aller à Téhéran. Les arguments développés à l’époque n’étaient pas de ceux que les bellicistes rendent publics mais de ceux qu’ils développent entre eux à l’insu de l’opinion. Leurs réelles préoccupations étaient de contrôler les régions riches en ressources naturelles, d’intimider le monde et d’établir des bases militaires indispensables à la surveillance de gouvernements fantoches.
Bien sûr, les raisons pour lesquelles « seuls de vrais hommes » pourront envahir l’Iran sont que l’Iran n’est pas une nation pauvre et désarmée comme l’Afghanistan ou l’Irak ou même, comme on l’a récemment découvert, la Libye. L’Iran est beaucoup plus grand et beaucoup mieux armé. Au cas où les Etats-Unis ou Israël déclencheraient une offensive militaire contre l’Iran, l’Iran riposterait contre les bases américaines et Israël et probablement contre les Etats-Unis eux mêmes qui riposteraient à leur tour. L’Iran ne peut ignorer que les pressions exercées par le gouvernement des Etats-Unis contre le gouvernement israélien pour le dissuader d’attaquer l’Iran ne peut que rassurer Israël sur une éventuelle intervention des EU en temps opportun et ne les incite nullement à réduire leur assistance militaire ni à cesser de mettre leur veto aux sanctions votées à l’ONU contre les crimes israéliens. En d’autres termes, aucune assertion des EU suggérant leur volonté de prévenir toute attaque ne peut être prise au sérieux. Certes, beaucoup de membres du gouvernement et nombre de responsables militaires des EU sont opposés à une intervention militaire en Iran, de même que beaucoup de militaires israéliens pour ne rien dire des populations israéliennes et de celles des Etats Unis. Mais aucune guerre n’est propre ni chirurgicale. Si ceux que nous avons mandatés pour nous gouverner attaquent une autre nation, nous sommes tous en danger.
Les plus exposées sont incontestablement les populations iraniennes, pourtant tout aussi pacifiques sinon plus que les autres. Comme partout ailleurs et quel que soit le type de gouvernement, les Iraniens sont fondamentalement bons, corrects, paisibles, justes, comme vous et moi et tous les autres. J’ai rencontré des Iraniens et vous en avez peut être rencontrés aussi, ils n’appartiennent pas à une autre espèce, ils n’ont rien de diabolique. Une frappe chirurgicale contre des installations suspectes dans leur pays provoquerait beaucoup de drames et de morts parmi eux. En imaginant que l’Iran puisse s’abstenir de riposter contre de telles attaques, les actions entreprises ne résulteraient qu’en destructions massives, et pour en arriver à quoi ? A serrer les rangs du peuple iranien et de la plupart des peuples du monde contre les EU. En outre, cela justifierait aux yeux de nombreux observateurs un programme secret de développement d’armement nucléaire qui n’existe probablement pas à l’heure actuelle sauf dans la mesure où la poursuite de programmes légaux de recherche sur l’énergie atomique rapproche chaque pays de la mise au point de l’arme nucléaire. Les dégâts environnementaux seraient énormes et le précédent ainsi créé terriblement dangereux. Toutes les discussions visant à la réduction des budgets militaires des EU seraient interrompues par un vent de folie guerrière, les libertés civiles et ce qui reste de représentation démocratique seraient balancés dans le Potomac. La frénésie de la course à l’armement nucléaire s’emparerait d’autres pays et le chœur des bellicistes sadiques serait rapidement couvert par les faillites, l’explosion des dettes et un délire de stupidité ambiante.
Stratégiquement, légalement et moralement, la possession d’armes de même que les démarches en vue de leur acquisition ne sont pas un sujet de guerre. De même, en pensant à l’Irak, il n’y a jamais eu l’ébauche d’une action contre la possibilité d’acquérir de l’armement. Israël dispose de l’armement nucléaire. Les EU détiennent le plus important arsenal nucléaire au monde. Et cela ne donne à personne le droit d’attaquer les EU, Israël ou n’importe quel autre pays. L’affirmation que l’Iran détient ou se trouve sur le point de détenir des armes nucléaires n’est jamais qu’une déclaration que l’on retire ou réactive au gré des convenances depuis des années. Et ce n’est pas le côté le plus absurde d’une fausse déclaration qui n’est de toute manière pas un prétexte valable pour déclencher une guerre. Le plus absurde est que ce soient précisément les EU qui en 1976 aient mis l’Iran sur la voie de l’énergie nucléaire. C’est la CIA qui a fourni en 2000 à un gouvernement iranien affaibli les plans pour construire une bombe nucléaire. En 2003, c’est l’Iran qui a proposé des négociations avec les EU en mettant toutes les cartes sur la table, y compris la technologie nucléaire et ce sont les EU qui ont refusé. Peu après, les EU ont commencé à chercher des prétextes de guerre. Entre-temps, le programme de sanctions initié par les EU a empêché l’Iran d’accéder aux technologies de l’énergie éolienne alors que les frères Koch pouvaient commercer librement avec l’Iran sans risque de sanctions.
Un autre volet de déclarations mensongères à démystifier concerne le montage comparable de fausses rumeurs qui a conduit à la guerre de 2003 contre l’Irak et qui consiste à affirmer sans cesse et sans preuve, y compris de la part de candidats à la présidence des EU, que l’Iran s’oppose à la visite des inspecteurs et les empêche d’accéder à ses sites controversés. L’Iran a au contraire volontairement accepté de se soumettre à des critères plus rigoureux encore que ceux imposés par l’IAEA. Et dans le même temps, une ligne de propagande contradictoire affirme que l’IAEA a découvert des éléments d’un programme de développement d’armes nucléaires en Iran. Si on s’en tient aux règles du traité de non prolifération des armes nucléaires ( TNP ), l’Iran n’était pas tenu de tout communiquer au sujet de ses installations et c’est ce qu’il avait choisi de faire au début de la dernière décennie parce que les EU violaient eux-mêmes ce traité en empêchant l’Allemagne, la Chine et d’autres de fournir l’équipement nécessaire pour développer l’énergie nucléaire. Alors que l’Iran s’est toujours conformé aux exigences du TNP, l’Inde, le Pakistan et Israël ne l’ont jamais signé et la Corée du Nord s’en est retirée tandis que les EU et les autres puissances nucléaires le violent sans cesse en s’abstenant de réduire leur arsenal nucléaire, en approvisionnant en armement nucléaire d’autres pays comme l’Inde et en développant de nouvelles armes nucléaires.
Ci-dessous la carte illustrant la répartition géographique des bases militaires des EU au pourtour de l’Iran : qu’en penseriez vous si vous étiez Iranien ?
Qui menace qui ?
Le tableau suivant représente le montant des dépenses militaires des grandes puissances et leur rythme de croissance entre 2007 et 2011 en milliard de $ US ( REUTERS )
Qui est la grande menace pour qui ? Le point n’est pas de savoir si l’Iran risque de s’en prendre aux EU ou à qui que ce soit tant sa puissance militaire est petite, il est évident que ce serait un suicide national. Ce serait aussi une attitude que l’Iran n’a pas eue depuis des siècles alors qu’il s’agirait d’un comportement typique des EU.
Etes-vous prêt à entendre un raisonnement plus tordu encore ? C’est du même acabit que les déclarations de Bush qui disait ne pas s’intéresser à Oussama Ben Laden. Eh bien, les partisans d’une guerre préventive contre l’Iran reconnaissent eux-mêmes que si l’Iran détenait l’arme nucléaire, il n’y aurait jamais recours. Cette conclusion résulte d’une analyse de l’American Enterprise Institute :
« Le problème majeur pour les EU n’est pas celui d’un Iran capable de mettre au point et de tester l’arme nucléaire, c’est celui d’un Iran disposant de l’arme nucléaire sans intention d’y avoir recours. Car dès l’instant où l’Iran dispose de l’arme nucléaire et ne l’utilise pas, tous les adversaires de l’attitude actuelle des EU reviendront à charge en disant : nous vous l’avions bien dit que l’Iran est un pouvoir responsable et qu’il ne prétendait pas à la force nucléaire pour l’utiliser ensuite…et ils auront alors beau jeu de prétendre que l’Iran nucléarisé n’est pas un problème. »
J’espère m’être bien fait comprendre. L’Iran recourant à l’arme nucléaire serait mauvais : dégâts environnementaux, pertes de vies humaines, souffrances et désolations et plus encore. Mais ce qui serait fort ennuyeux pour nos stratèges, ce serait un Iran disposant de l’arme nucléaire et se comportant avec elle comme font tous les Etats qui en disposent depuis Nagasaki : rien. Cela mettrait à mal l’argumentation développée en faveur de la guerre en la rendant bien moins acceptable et permettrait à l’Iran de se gouverner comme il l’entend et non comme les EU voudraient qu’il le soit. Certes cette gouvernance pourrait être très mauvaise ( bien que nous ne soyons guère un modèle pour cette partie du monde ) mais elle fonctionnerait sans l’accord des EU et cela serait bien pire qu’une destruction nucléaire.
Des inspections avaient été autorisées en Irak et elles ont eu lieu. Elles n’ont pas mis d’armes de destruction massive au jour et d’ailleurs il n’y en avait pas. Des inspections ont lieu en Iran également et elles se déroulent bien. Néanmoins, l’AIEA est tombée sous la coupe de l’influence corruptrice du gouvernement des EU. En effet, le chœur des bellicistes n’est soutenu par aucune constatation de l’AIEA et que les rares éléments avancés par l’AIEA en faveur d’une guerre préventive ont été massivement écartés quand ils n’ont pas suscité une franche hilarité.
Autres années, autres mensonges. On n’entend plus dire que la Corée du Nord contribuerait à l’élaboration du programme nucléaire iranien. Qu’en est il des rumeurs d’assistance iranienne aux mouvements de résistance irakiens ? ( les EU n’ont ils pas aussi en son temps aidé la résistance française contre les forces d’occupation allemandes ! ) et du dernier bruit qui court : l’Iran est responsable du 11 septembre. Mais la vengeance comme tous les autres prétextes évoqués ne peut justifier une guerre ni au plan moral ni au plan légal. Mais cette dernière élucubration a déjà été mise à mal par l’indispensable Gareth Porter, entre autres . Entre -temps, l’Arabie saoudite impliquée dans l’attentat du 11 septembre tout comme dans la résistance Irakienne ne cesse d’être approvisionnée en ces produits phare de nos bonnes vieilles exportations dont nous sommes si fiers que sont les armes de destruction massive.
J’en ai presque oublié un autre mensonge qui court d’ailleurs encore un peu. L’Iran n’a jamais tenté de faire exploser un ambassadeur d’Arabie saoudite à Washington D.C, geste que le président Obama aurait considéré tout à fait louable si les rôles avaient été inversés mais un vrai mensonge que même la Fox News a eu du mal à avaler, c’est tout dire !
Et cette autre déclaration sans cesse remise sur le tapis : Ahmadinejad aurait dit qu’il fallait « rayer Israël de la carte ». Une telle menace n’arrive pas à la cheville des rodomontades d’un John Mac Caïn clamant qu’il fallait bombarder l’Iran ou de Bush et Obama affirmant que toutes les options, y compris une attaque nucléaire, étaient sur la table ( Je commence d’ailleurs à en avoir par dessus la tête de cette table ). La déclaration en question reste quand même préoccupante : « rayer de la carte » ! mais voilà, la traduction n’est pas correcte. La traduction conforme est la suivante : « le régime d’occupation de Jérusalem doit être effacé de cette page de l’histoire » et cela concerne le gouvernement d’Israël, pas la nation israélienne. Pas même le gouvernement d’Israël mais son régime actuel. C’est ce que disent sans cesse les américains de leur propre régime, alternativement tous les quatre ou huit ans selon le parti politique au pouvoir ( certains d’ailleurs le disent tout le temps, quel que soit le parti au pouvoir ). L’Iran a dit clairement qu’il approuverait une solution à deux Etats si les Palestiniens étaient d’accord. Si nous devions envoyer des missiles chaque fois que quelqu’un fait une déclaration stupide, même parfaitement traduite, il ne ferait pas bon de vivre près de chez Newt Gingrich ou de chez Joe Biden.
Le vrai danger n’est pas que dans les mensonges. L’aventure Irakienne a en effet développé une forme de résistance mentale chez beaucoup de mes concitoyens américains. Le vrai danger serait plutôt dans le lent démarrage d’une guerre qui deviendrait effective sans jamais avoir été formellement déclarée. Israël et les EU n’ont pas seulement tenu des propos agressifs et stupides, ils ont tué des Iraniens et ils ne semblent en éprouver aucune gêne. Le jour après un débat des primaires républicaines où les candidats ont exprimé leur intention de tuer des iraniens, la CIA à veillé à ce que cela se sache et a confirmé que c’était déjà le cas. Des bâtiments sont détruits et des Iraniens assassinés. Certains diraient comme d’autres l’ont déjà dit que la guerre avait commencé et ceux qui refusent de s’en rendre compte devraient s’en douter en entendant les sinistres plaisanteries des EU demandant à l’Iran de leur renvoyer leurs drones héroïques.
Il faudrait sans doute un bon coup de fouet pour sortir les va-t-en guerre de leur torpeur, du genre de ce compte rendu d’une réunion tenue dans le bureau du vice président Cheney : « Une douzaine d’idées circulaient quant à la meilleure manière de déclencher une guerre, l’une d’elles me parut particulièrement intéressante : pourquoi ne pas construire dans un de nos chantiers naval quatre ou cinq répliques de navires de guerre iraniens bourrés d’armes et de munitions avec un de nos équipages à bord et lors du prochain passage de nos bateaux dans le détroit d’Ormuz, déclencher un tir. Cela pourrait évidemment coûter quelques vies. L’idée fut finalement écartée car il était difficilement concevable de créer une situation où des américains tuent des américains. C’est le genre de discussion que nous avons autour d’éventuelles provocations. L’idée a finalement été écartée. »
D’accord, Dick Cheney n’est pas votre type d’américain mais personne dans le gouvernement des EU n’est votre américain type. Votre américain se bat, désavoue son gouvernement, souhaite que les milliardaires soient taxés, est en faveur des énergies vertes, veut un enseignement de qualité et des emplois plutôt que des dépenses militaires inutiles ; il estime que les grands groupes financiers devraient être empêchés d’acheter les élections et ne désire pas s’excuser quand le vice président lui flanque une gifle. En 1930, l’amendement Ludlow avait pratiquement fait du référendum populaire une exigence constitutionnelle avant une éventuelle déclaration de guerre. Le président Franklin Roosevelt a bloqué cet amendement mais la constitution imposait et impose toujours que le Congrès déclare la guerre avant qu’elle ne soit effectivement entreprise. Cela fait 70 ans que cela n’a plus été le cas alors que nous n’avons pratiquement jamais cessé d’être en guerre. Au cours de la précédente décennie et jusqu’à ce jour malheureux du nouvel an 2011-2012 où le président Obama a signé le scandaleux National Defense Autorization Act, le pouvoir de déclarer la guerre a été cédé aux présidents. Et c’est une raison supplémentaire pour s’opposer à une guerre présidentielle en Iran : une fois que les présidents ont le droit de faire la guerre, plus rien ne les arrête. Une autre raison, si quelqu’un s’en soucie encore si peu que ce soit, est que la guerre est un crime. L’Iran et les EU ont tous deux signé le pacte Kellog-Briand qui exclut la guerre et une de ces deux nations ne s’y conforme pas.
Mais nous n’aurons pas de référendum, la Chambre des non représentants des EU ne le demandera pas. Il n’y aura que la pression de l’opinion et les actions non violentes pour s’opposer à cette catastrophe annoncée. Les EU et le Royaume Uni se préparent déjà à la guerre contre l’Iran. Cette guerre, quand elle surviendra, sera menée par une institution nommée « Département de la défense des EU » mais elle nous mettra bien plus en danger qu’elle ne nous défendra. Au fil de cette guerre, on tentera de nous faire croire que le peuple iranien veut être bombardé pour son bien, pour sa liberté, pour la démocratie mais personne au monde n’a envie d’être bombardé pour cela. L’Iran ne veut pas d’une démocratie du style de celle des EU. Même les EU ne veulent plus d’une démocratie de cette sorte. On nous racontera que ces nobles objectifs inspirent les actions de nos valeureuses troupes et de nos drone courageux et pourtant, il n’y aura pas de champ de bataille, pas de lignes de front, pas de tranchées, juste des villes et des villages où des gens vivent et où ils mourront. Il n’y aura pas de victoire. Aucune libération ne se produira à la faveur d’un « soulèvement ». Le 5 janvier 2012, le secrétaire à la défense, Léon Panetta interrogé lors d’une conférence de presse au sujet de nos échecs en Irak et en Afghanistan, a simplement répondu que c’étaient là des succès. C’est le genre de succès auquel on pourrait s’attendre en Iran si l’Iran était un Etat sans armée ni structures.
Nous commençons seulement à prendre la mesure de la censure des médias, des blackouts et de tous les mensonges à propos des dégâts occasionnés en Irak et en Afghanistan. Nous comprenons maintenant pourquoi Obama et Panetta ont fait leurs les mensonges qui ont permis de lancer la guerre en Irak. Il est temps de ressusciter ces mensonges comme nous l’avons fait à chaque fois que nous avons déclaré la guerre et ce sera cette fois pour la guerre en Iran.
Voici la vidéo qui montre comment cela va se passer avec beaucoup de contorsions et nouvelles variantes. L’industrie des médias des EU fait bien partie de la machine de guerre.
Programmer et financer une guerre crée sa propre dynamique. Les sanctions constituent, comme pour l’Irak, une étape vers la guerre. La rupture des relations diplomatiques laisse peu de portes ouvertes. Les pressions électorales nous conduisent tous là où la majorité d’entre nous ne veut pas aller.
Ce sont là les bombes qui serviront à déclencher ce sale et peut être dernier chapitre de notre histoire. L’animation vidéo montre clairement ce qu’elles produiraient. Pour plus de réalisme, on peut la coupler à l’audio d’un imprécateur essayant désespérément de persuader George Galloway d’attaquer l’Iran.
Le 2 janvier 2012, le New York Times faisait part des inquiétudes suscitées par les coupes pratiquées dans les budgets de l’armée et les craintes que cela éveillait quant à la capacité des EU à mener une guerre au sol, féroce et de longue durée en Asie.
Le 5 janvier 2012, lors de la conférence de presse du Pentagone, le président du staff des chefs d’état major a rassuré le corps de presse ( sic ) que d’importants conflits au sol étaient une option envisageable et que de prochaines guerres, quelle qu’en soit la nature, étaient une quasi certitude. La déclaration de politique militaire du président Obama communiquée lors de cette conférence de presse énumérait les missions de l’armée. Il était d’abord question de combattre le terrorisme, ensuite de prévenir les agressions puis de projeter son pouvoir malgré les défis que constituent les mesures d’inaccessibilité de toutes sortes, enfin le bon vieux bouclier anti-missiles ( WMD ), la conquête de l’espace et du cyberespace, l’armement nucléaire et pour terminer, après tout cela, le rappel du devoir de défendre cette mère patrie communément appelée les Etats Unis.
Nous sommes mal barrés.
Les cas de l’Irak et de l’Iran ne sont pas identiques à des détails près mais dans les deux cas nous avons à faire à des manœuvres concertées pour nous mener à des guerres qui,comme toutes les guerres, sont fondées sur des mensonges.
La seule chose que vous puissiez encore faire est de demander aux équipages des forces armées des EU et d’Israël, à ceux qui commandent leurs missiles et leurs drones, de refuser d’attaquer l’Iran à DontAttackIran.org.
Traduit de l’anglais par Oscar GROSJEAN, à la demande d’Investig’action.
Source originale : war is a crime
Source : michelcollon.info
Puisqu’il y a un blocus total sur certains aspects de l’information. Nous estimons qu’il est normal d’essayer de rétablir un semblant d’équilibre dans la diffusion de l’information. On nous sert la soupe propagandiste impérialiste otanesque (et clownesque) matin, midi et soir contre l’Iran et la Syrie…
Voici ce qui se dit de l’autre côté.
Dans un silence assourdissant en Occident décadent, la Russie et la Chine sermonnent les puissances impérialistes dans la pure tradition d’une nouvelle guerre froide qui se profile.
Ces deux puissances ont maintenant tracé une ligne bien visible dans le sable concernant la Syrie et l’Iran. La Chine a terminé des manœuvres militaires avec l’armée pakistanaise. Le Pakistan a fermé la route de ravitaillement de l’OTAN en Afghanistan passant par ses frontières. La Russie menace de faire de même de son côté si l’affaire du “bouclier antimissiles” de l’OTAN (donc de l’Amérique) n’est pas révisé.
Le temps se couvre pour l’empire. Il est minuit moins cinq à l’horloge du 3ème conflit mondial… Gageons que les habituels va t’en guerre vont mettre quelques bémols. Déjà l’empire a mis une sourdine dans la réthorique usuelle. Déjà les vacances ?
…
– Résistance 71 –
Press TV
Le 1er Décembre 2011,
url de l’article original:
http://www.presstv.ir/detail/213296.html
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
Les gouvernements chinois et russe ont appelé les pays occidentaux à montrer une retenue en ce qui concerne l’Iran, les mettant en garde contre une escalade des tensions avec la pays.
“Nous espérons que les pays impliqués vont demeurer calmes, rationnels et avoir la retenue nécessaire pour éviter toute réaction émotionnelle, qui pourrait agraver la situation”, a dit le porte-parole du ministre des affaires étrangères chinois Mr Hong Fei dans une conférence de presse à Pékin Jeudi et cité par l’agence Xinhua.
Les remarques sont venues après que le secrétaire du ministère des affaires étrangères britannique eut ordonné la fermeture de l’ambassade d’Iran à Londres suite à la manifestation de Mardi mise en scène par des étudiants iraniens devant l’ambassade britannique à Téhéran.
La manifestation étudiante suivît le vote d’une loi par le parlement iranien (Majlis) qui vise à réduire les liens avec le Royaume-Uni et en protestation contre les politiques britanniques hostiles à la république islamique d’Iran.
Jeudi, et en apparente réaction contre la manifestation, les ministres européens des affaires étrangères ont imposé des sanctions contre plus de 180 personnes et compagnies iraniennes, mais ont échoué dans leur entreprise d’imposer un embargo contre le secteur pétrolier du pays. Les ministres ont néanmoins stipulé qu’ils continueraient à travailler au développement d’autres mesures restrictives, qui affecteront directement l’industrie pétrolière de l’Iran.
Hong a ajouté que la Chine “a pris bonne note” des réponses aggressives vis à vis des manifestations étudiantes.
La Russie a également mis en garde les pays occidentaux contre la tentation de rendre leurs relations avec l’Iran plus amères qu’elles ne le sont.
“Nous dénonçons catégoriquement l’escalade des tensions et de la confrontation sur des sujets liés à l’Iran. Nous pensons que ceci… ne peut mener qu’à de sévères conséquences”, a dit le porte-parole du ministère des affaires étrangères russe Alexander Lukashevich Jeudi.
“La montée des tensions dans les relations avec l’Iran bloque essentiellement le renouvellement des pourparlers” entre l’Iran et les cinq membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU, la Grande-Bretagne, La Chine, la France, la Russie et les Etats-Unis, plus l’Allemagne (P5+1) au sujet du programme nucléaire de l’Iran, a ajouté Lukashevich.
Le 21 Novembre, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada ont imposé des sanctions unilatérales sur les secteurs iraniens de l’énergie et de la finance après qu’un rapport du 8 Novembre de l’IAEA sur le programme nucléaire iranien ait stipulé une soi-disant diversion des activités nucléaires de la république islamique.
Le rapport a été rejeté par Téhéran comme étant “biaisé, non professionnel et préparé avec une motivation politique sous-jacente, sous la pression politique essentiellement des Etats-Unis.”
Les Etats-Unis, Israël et quelques uns de leurs alliés accusent l’Iran de poursuivre des objectifs militaires avec son programme nucléaire et ont utilisé ce prétexte afin de pousser à l’imposition de sanctions sur Téhéran ainsi que pour appeler au lancement d’une attaque militaire sur le pays.
L’Iran, quoi qu’il en soit, réfute les allégations comme étant “sans fondement” et maintient qu’en tant que signataire du traité de non-prolifération nucléaire ainsi que comme membre de l’AIEA, elle a tous les droits d’acquérir et de développer la technologie nucléaire à des fins pacifiques.
L’agence a procédé à de nombreuses inspections des facilités nucléaires iraniennes, mais n’a jamais trouvé de preuve de la déviation du programme nucléaire civil iranien.
http://resistance71.wordpress.com/
Voir aussi :
http://leveil2011.syl20jonathan.net/?p=7344
La Chine confirme son soutien et celui de la Russie à l'Iran
Au cours des dernières semaines, il est devenu évident à la lecture des nouvelles que la dépendance du monde occidental à la guerre est sans bornes. La Libye se remet de l’intervention « humanitaire » de l’OTAN, qui a paralysé un pays auparavant prospère, détruit ses infrastructures, dévasté sa population et lui a volé ses nombreuses ressources. Toutefois, pour les puissances militaires occidentales, cela ne suffit pas. L'Iran, la Syrie, le Yémen – la liste noire prend une ampleur exponentielle, tout comme les enjeux.
L’avarice n’aura pas de limites tant et aussi longtemps que nous ne nous lèverons pas en disant « ça suffit ». En fait, ça dépasse les bornes. Les appels à la guerre se font entendre et c’est à nous de choisir d’y répondre ou de réécrire l’histoire.
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30 novembre 2011 (Nouvelle Solidarité) – Une source haut placée du magazine EIR dans le renseignement américain, a confirmé hier que le Comité des chefs d’États-majors interarmées (Joint Chiefs of Staff – JCS) est pleinement mobilisé pour éviter une guerre, craignant que le Président Obama ne soit devenu – pour employer un euphémisme – « imprévisible ». La source a insisté sur le fait que, tant que la situation iranienne restera incertaine, les plus hauts gradés des forces américaines s’opposeront à toute opération militaire, y compris contre la Syrie.
Ce qu’ils craignent le plus, étant donnée l’instabilité mentale d’Obama, c’est d’être embarqués dans une guerre à laquelle ils s’opposent virulemment et qui résulterait d’une attaque israélienne contre l’Iran, entraînant à son tour une riposte iranienne contre Israël, les forces américaines et les alliés des Etats-Unis dans le Golfe persique. Les Etats-Unis ont des accords bilatéraux avec plusieurs pays membres du Conseil de coopération du Golfe (GCC), accords qui seraient activés dans l’éventualité d’attaques iraniennes contre eux.
Une fois les Etats-Unis embarqués dans une telle guerre, il n’y aura aucune limite au conflit, y compris le recours à l’arme nucléaire. De plus, la source a insisté sur le fait que les Etats-Unis sont toujours déployés en Irak, et que les relations avec le Pakistan sont devenues extrêmement complexes. On craint davantage une crise militaire avec le Pakistan, qu’un conflit impliquant la Syrie. Et il y a toujours une possibilité réelle que la Libye tombe dans une violence sectaire qui se transforme en guerre civile. C’est pour toutes ces raisons, a insisté la source, que les responsables du Pentagone sont clairement opposés à une quelconque escalade contre la Syrie ou l’Iran. La source a rajouté que la seule guerre dans laquelle le Pentagone souhaite s’engager, et immédiatement, c’est une guerre contre le Congrès et ses coupes budgétaires dans la Défense.
La source a aussi reconnu que la position russe sur les plans américains de bouclier antimissile (BAM) en Europe de l’Est est parfaitement légitime, et doit être prise en compte. Ni l’administration Obama ni aucun des pays de l’OTAN n’ont fait suffisamment pour qu’un véritable partenariat puisse s’établir avec la Russie sur le BAM. Cet état de fait s’est notamment confirmé par la détérioration des relations d’Obama avec Medvedev et Poutine.
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Le plan Pike pour Trois Guerres Mondialesby bodyspiritzen |
29 novembre 2011 | Auteur: Jo ^^ La 3ème Guerre Mondiale est inévitable parce qu’elle est prévue depuis longtemps, parce qu’elle est déjà enclenchée (avec l’entrée des États-Unis en Irak) et parce que tous les indices géopolitiques sont actuellement manifestés pour qu’elle se produise dans les prochaines semaines ou prochains mois. L’idée ici n’est pas de [...]
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le novembre 20, 2011 par Résistance 71
Qui aurait pu imaginer cela il y a vingt ans ?… Russie et Chine protégeant de l’agression perpétuelle d’une Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord obsolète et devenue folle !
Effarant non ?
– Résistance 71 –
Pourquoi le verrou russe ne sautera pas
Par Louis Denghien
Le 18 Novembre 2011
Url de l’article original:
http://www.infosyrie.fr/decryptage/pourquoi-le-verrou-russe-ne-sautera-pas/
Recalés à plusieurs reprises devant le Conseil de sécurité par la Russie et les 4 nations du BRICS – Brésil/Inde/Chine/Afrique du Sud – les Euro-américains vont à présent essayer de faire condamner la Syrie par l’Assemblée générale de l’ONU. Mardi 22 novembre, la troïka – ou le trio infernal atlantiste, c’est selon – France/Grande-Bretagne/Allemagne devraient soumettre un texte devant le Comité des droits de l’homme de l’Assemblée générale, avec le soutien « des » pays arabes. Si un tel texte était adopté par la majorité des membres de l’A.G., la coalition antisyrienne « réattaquerait » le Conseil de sécurité, espérant avoir cette fois de bonnes chances de faire basculer les BRICS et surtout la Russie.
Nous verrons. Mais nous ne croyons pas, sur la foi des déclarations répétées du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov (voir notamment notre article « Catherine Ashton remise à niveau par Sergueï Lavrov », mis en ligne le 18 novembre), que la Russie se laissera dicter sa conduite vis-à-vis de la Syrie : le précédent libyen est là, et il ne témoigne guère en faveur de l’honnêteté et de l’humanisme des Occidentaux. Et les Russes n’ignorent rien des réalités que les Occidentaux feignent d’ignorer, nient ou relativisent : la violence, ancienne et croissante, des groupes armés, que l’armée syrienne ne peut laisser commettre leurs exactions sans réagir, le soutien d’une majorité de Syriens à leur gouvernement, ne serait-ce que par refus du chaos ou de la théocratie à la séoudienne. Et, « accessoirement », les conséquences catastrophiques, pour toute la région, d’une déstabilisation du pays.
La Syrie enjeu d’un « Grand jeu » géostratégique
Force est de constater d’ailleurs qu’à la pression sur le gouvernement syrien – l’Union européenne vient à son tour de réclamer le « départ » de Bachar al-Assad – s’est ajoutée une pression, guère moins forte, sur les alliés de la Syrie, du moins ceux siégeant au Conseil de sécurité, au premier rang desquels la Russie. Aujourd’hui, le tandem Medvedev-Poutine est, presqu’au même titre que Bachar, dans le collimateur des atlantistes. Ces deux hommes d’Etat ne nous paraissent pas du genre à se laisser marcher sur les pieds ou dicter leur conduite. Voila pour la dimension humaine du problème. Mais quid des rapports de force géostratégiques ? Est-ce que Moscou pourrait considérer que le jeu syrien ne vaut pas la chandelle, autrement dit que soutenir Bachar apporterait plus d’ennuis, de marginalisation diplomatique, que d’avantages ?
Pour nous, là encore, il n’y a pas photo : sans même parler des intérêts militaires ou économiques liant Moscou à Damas, les Russes ne toléreront plus les tentatives d’encerclement de leur pays par les Américains et l’OTAN. La direction russe n’a évidemment pas oublié les intrigues ou les ingérences évidentes de la Maison Blanche en Ukraine, en Géorgie et dans les républiques musulmanes ex-soviétiques – où les Américains ont « pondu » des bases militaires, plus ou moins durables. Poutine a du reste largement contré ces manoeuvres, aujourd’hui.
Mais le « pré carré » traditionnel russe n’est pas seul en cause : les Américains et leurs alliés ont, on sait dans quelles conditions, poussé leurs pions en Irak et en Afghanistan, ils continuent aujourd’hui de menacer l’Iran et la Syrie. Bref, c’est plus que jamais la « guerre des dominos » entre Moscou et Washington. Alors, oui, les Russes n’ont absolument pas intérêt à ce que la Syrie bascule. Il y a vraiment une nouvelle guerre froide qui traverse le globe, et qui implique aussi la Chine, dont tout indique qu’elle sera un des rivaux majeurs des Etats-Unis dans les décennies à venir. Et Pékin, certes étroitement et massivement lié à l’économie américaine, est parfaitement au fait des enjeux géostratégiques au coeur desquels se retrouve la Syrie.
Au fond, la seule chose qui pourrait changer cet équilibre serait une insurrection massive, ou suffisamment importante d’une partie du peuple syrien contre son gouvernement, avec une alternative politique crédible. Or rien de tout ça n’existe – sauf bien sûr dans les communiqués du CNS et de l’OSDH et les délires lyriques des facebookeux « démocrates »…
Publié le 19/12/2012