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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 09:21
 
L'Iran n'a jamais attaqué persnne, et n'attaquera pas.  Et il n'est pas fou ! Tout le reste est mensonge. L'armement dissuasif est une nécessité pour lui, dans un environnement aussi hostile. Eva R-sistons.
(...) a- Une attaque israélienne sur les sites nucléaires.

Un Iran nucléaire ne constituerait pas a priori une menace grave pour l’Europe ou pour les Etats-Unis.

La question, en revanche, se pose pour Israël. Compte tenu de l’exiguïté de son territoire, une seule arme nucléaire mettrait en péril l’avenir de l’Etat juif. On peut comprendre que ses dirigeants refusent de prendre le moindre risque et estiment que la destruction préventive des capacités nucléaires militaires iraniennes s’impose, comme ce fut le cas pour les capacités irakiennes en 1982 et syriennes en 2007.

Les déclarations des leaders iraniens n’ont pu que renforcer la perception de cette menace. L’ayatollah Khomeiny aurait déclaré en 1980 : « Nous ne vénérons pas l’Iran, nous vénérons Allah. Le patriotisme est le masque du paganisme. Je vous le dis : ce pays peut brûler. Je vous le dis : ce pays peut bien partir en fumée, du moment que l’Islam en ressort triomphant dans le reste du monde »46(*). Il a fallu 500.000 morts iraniens avant que Khomeiny se décide à stopper la guerre avec l’Irak, qui aurait pu être arrêtée beaucoup plus tôt. L’ayatollah Khamenei a fait son éducation religieuse au séminaire de Mashad où on développe une interprétation ésotérique des textes sacrés et où l’on considère que la raison et la foi sont incompatibles. Le président Ahmadinejad a été influencé par le messianisme de l’ayatollah Mohammed Taqi Mezbah Yazdi. Même le discours des dirigeants iraniens réputés pragmatiques suscite des interrogations. La formule de Hashemi Rafsandjani, selon laquelle « l’emploi d’une seule arme nucléaire contre Israël détruirait tout sur cette terre (d’Israël), mais ne causerait que des dommages limités au monde musulman »47(*) incite à la méfiance.

A rebours, de nombreux spécialistes de l’Iran estiment que ses dirigeants, quelles qu’aient été leurs déclarations, sont prudents et nullement des va-t-en guerre. Il n’en res

te pas moins que l’accession de l’Iran à un armement nucléaire n’irait probablement pas dans le sens de la stabilité.

Dans ce contexte, une attaque des forces armées israéliennes n’est pas invraisemblable. En ont-elles, seules, les moyens ou doivent-elles bénéficier du concours des forces américaines ?

Une récente étude du CSIS, think tank américain réputé, apporte à ce sujet un intéressant éclairage que vos rapporteurs ont confronté à leurs propres investigations48(*).

Une réponse nuancée s’impose. Il est probable que, même si elles ne disposent pas des armes permettant de détruire à coup sûr des sites profondément enterrés, tels que Natanz49(*), les forces aériennes israéliennes sont en mesure, seules, mais au prix, sans doute, de pertes significatives, de détruire Natanz, ou d’endommager sérieusement deux ou trois sites tels que Natanz, Arak et Isfahan.

En revanche, il est presque certain qu’Israël ne dispose pas des moyens de détruire, en un seul raid, l’ensemble des sites concourant au programme nucléaire iranien dont le nombre est trop important, et la protection trop bien assurée.

Une telle attaque retarderait donc le programme iranien de plusieurs années, mais ne le stopperait pas. D’autant que s’il s’agit bien d’un programme militaire, il est probable qu’un ou des sites cachés existent. Dans tous les cas, le savoir-faire technologique des ingénieurs iraniens ne pourrait pas être détruit.

 

Les représailles que Téhéran pourrait déclencher sont nombreuses et pénalisantes : blocage du détroit d’Ormuz, attaque contre certains Etats du Golfe, offensives du Hezbollah et du Hamas, tirs iraniens de missiles balistiques à charge conventionnelle contre le territoire d’Israël, etc. Toutefois l’Iran pourrait être tenté de limiter ses représailles pour ne pas donner aux Etats-Unis des raisons d’intervenir.

Une attaque israélienne provoquerait probablement la sortie de l’Iran du traité de non-prolifération. Celui-ci a pour objet de convaincre les pays de renoncer à l’arme nucléaire, en leur facilitant l’accès au nucléaire civil. Mais il est vrai que son intérêt a été sérieusement mis en doute depuis que l’Inde, le Pakistan et Israël ont montré qu’en n’adhérant pas au traité, ces pays ont pu se doter de l’arme nucléaire en échappant à tout contrôle de l’AIEA.

b- La prolifération nucléaire au Moyen-Orient et la fin du TNP.

L’acquisition par l’Iran de l’arme nucléaire déclencherait presque certainement la nucléarisation de la région. L’Arabie saoudite, l’Egypte et la Syrie chercheraient à suivre son exemple. Au-delà, la Turquie et l’Algérie pourraient lancer ou relancer des activités dédiées au nucléaire militaire.

L’Arabie saoudite, dont la diplomatie s’oppose le plus souvent à celle de l’Iran, ne manquerait pas de réagir. Le prestige que l’Iran tirerait, au sein du monde musulman, de la possession de l’arme nucléaire inciterait sûrement l’Arabie saoudite à ne pas le laisser franchir seul ce seuil stratégique. Pour l’instant, ce pays ne dispose que d’installations nucléaires limitées : l’Institut de recherche sur l’énergie atomique, créé en 1988, et le département d’ingénierie nucléaire de l’Université King Abdul Aziz fondé en 1977. Le pays dispose également de quatre laboratoires qui pourraient contribuer à un programme de production de plutonium de qualité militaire. En revanche, l’Arabie possède un nombre significatif de missiles chinois CSS-2 achetés en 1988. Ces missiles sont en état de fonctionner et peuvent emporter chacun une charge explosive de plus de deux tonnes. L’option la plus rapide et la plus efficace consisterait à conclure une alliance avec le Pakistan. Dès 2003, des responsables pakistanais évoquaient ouvertement la possibilité de mettre en place, avec l’Arabie saoudite, dans le domaine nucléaire, un mécanisme analogue à celui de l’OTAN. Certains experts50(*) font état d’un dialogue avancé entre les deux pays et les responsables pakistanais ne cachent pas que l’octroi d’une garantie de sécurité pakistanaise à l’Arabie saoudite est parfaitement envisageable.

L’Egypte a sans doute l’infrastructure et l’expérience les plus développées de la région dans le domaine nucléaire. Le pays dispose de deux réacteurs de recherche. Il possède également depuis 1998 deux installations fabriquant du combustible. Le centre de recherche d’Inshas aurait procédé à de nombreuses expériences non déclarées pouvant être utiles à la réalisation d’un programme militaire. En outre, Le Caire et Tripoli auraient coopéré dans ce domaine, jusqu’à l’arrêt du programme libyen en 2003. L’Egypte dispose donc de bases lui permettant de développer un programme nucléaire militaire et ses réserves de minerai lui donneraient une certaine autonomie. En 1998, le Président Hosni Moubarak avait déclaré que : « le moment venu, si nous avons besoin de l’arme nucléaire, nous n’hésiterons pas ». Si l’Iran se dotait de l’arme nucléaire, il est donc probable que l’Egypte « n’hésiterait pas ». Elle considère l’Iran comme un danger et s’inquiète, depuis que le Hamas contrôle Gaza, que l’Iran développe son influence à ses frontières. L’inimitié entre les deux pays ne s’est jamais démentie : ils n’entretiennent pas de relations diplomatiques et le Gouvernement iranien vient d’autoriser la diffusion d’un film à la gloire des assassins d’Anouar El Sadate. Une capacité nucléaire saoudienne jouerait dans le même sens et l’on peut supposer que l’Egypte ne voudrait pas apparaître comme étant à la traîne dans le monde arabe. Il y va de sa fierté nationale. Il est vrai, cependant, que les finances de l’Egypte ne lui laissent guère de marge de manoeuvre, sauf à obtenir une participation financière des Emirats du Golfe.

La Syrie ne dispose que d’un programme nucléaire embryonnaire. Les deux centres de recherche créés près de Damas sont d’un faible niveau technique. Elle dispose, toutefois, d’importants gisements de phosphates dont elle peut extraire à grande échelle de l’uranium et elle a construit à cet effet, en 1996, une installation qui est opérationnelle depuis cette date. La découverte du réacteur d’Al-Kibar près de Dayr az Zawr a surpris la plupart des analystes. En avril 2008, l’administration américaine a présenté au Congrès et à la presse des documents montrant que le site détruit par l’aviation israélienne en septembre 2007 était un réacteur nucléaire, construit avec l’assistance de la Corée du Nord.

Si l’Iran se dotait de l’arme atomique, la prolifération nucléaire dans l’ensemble du Moyen-Orient constituerait un scénario probable qui signifierait la fin du TNP.

Les Etats-Unis et leurs alliés européens envisageraient sans doute d’offrir des garanties de sécurité aux pays arabes de la région mais ceux-ci hésiteraient à les accepter pour ne pas apparaître comme des protégés de l’Occident. Il ne s’agirait donc au mieux que d’une solution transitoire. Une fois l’Iran doté d’armes nucléaires, il sera difficile de convaincre les pays du Golfe et l’Egypte de ne pas suivre son exemple.

C. COMMENT CONVAINCRE L’IRAN DE NE PAS SE DOTER D’ARMES NUCLÉAIRES ET ÉVITER LA NUCLÉARISATION DU MOYEN-ORIENT ?
1. Le programme nucléaire iranien n’a pas pu être arrêté par la négociation

Les Etats-Unis ont déclaré que la nucléarisation de l’Iran était inacceptable et que, faute d’un arrêt de son programme d’enrichissement, « toutes les options étaient sur la table ». Les Etats-Unis n’ayant aucune relation avec l’Iran depuis l’occupation de son ambassade en 1979, c’est à l’Europe qu’il est revenu d’engager avec l’Iran un « dialogue critique ». Ce qu’elle fit à partir de 2003 en confiant à la Grande-Bretagne, à l’Allemagne et à la France la mission de conduire une négociation au nom de l’Union européenne. Après plusieurs années d’efforts infructueux, l’Europe s’est décidée à transmettre le dossier iranien au Conseil de sécurité. Celui-ci a enjoint Téhéran d’interrompre son activité d’enrichissement. Faute de s’être conformé à cette injonction, le Conseil a décidé de lui imposer des sanctions, qui sont restées bénignes.

Parmi les raisons pour lesquelles l’Iran ne s’est pas rendu aux arguments et aux propositions européennes, il y a le fait qu’un consensus national iranien fort existe en faveur du programme nucléaire. De plus, les mécanismes de la prise de décision à Téhéran sont complexes. Le pouvoir est réparti entre plusieurs factions qui jouent leur propre jeu, de sorte qu’arrêter un programme aussi stratégique que le programme nucléaire se heurte à des obstacles difficilement surmontables.

2. Il est peu probable que le programme nucléaire iranien puisse être arrêté par la force

L’hypothèse d’une destruction des sites par une attaque aérienne a été étudiée par les Etats-Unis et présentée comme une « solution » possible pendant le mandat de Georges W. Bush. Au début de 2005, le journaliste américain Seymour M. Hersh a révélé que le Gouvernement américain continuait de privilégier l’option militaire et avait entrepris de localiser l’ensemble des sites de production iraniens. Pourtant le Président Bush a renoncé à une attaque qui ne semble pas non plus être envisagée par le Président Obama.

En Israël non plus, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, rien n’est décidé. La position officielle est claire : un arsenal nucléaire iranien constitue pour le pays un risque « existentiel ». Pourtant, il y a deux écoles sur le sujet. L’une se résignerait à la prolifération nucléaire et mettrait l’accent sur les futurs équilibres stratégiques. L’autre est résolue à stopper l’Iran quoiqu’il en coûte. Vos rapporteurs ont rencontré, au sein des think tanks israéliens, des représentants de chacune de ces deux écoles.

Une partie du débat en Israël porte non pas sur la faisabilité d’une attaque, mais sur son opportunité eu égard aux représailles auxquelles il faudrait s’attendre de la part de l’Iran. Dans cette perspective, les forces armées israéliennes ont, selon toute vraisemblance, renforcé la capacité de frappe en second de leur force de dissuasion : nucléarisation des missiles Harpoon tirés à partir de sous-marins Dolphin -durcissement des silos etc... La défense antibalistique a elle aussi été modernisée par la mise en oeuvre de systèmes anti-missiles américains de type Arrow 2 et Arrow 3.

3. Seule reste la voie des sanctions

Il faut bien admettre que les sanctions économiques décidées à cinq reprises par le Conseil de sécurité, mais restées relativement inoffensives, n’ont eu pour l’instant aucun effet sur le comportement de l’Iran. Le soutien de l’Iran au Hezbollah n’a pas cessé, la fatwa contre Salman Rushdie n’a pas été rapportée et le protocole additionnel au TNP n’a toujours pas été ratifié, ni appliqué, laissant l’AIEA à ses interrogations. Pour que l’Iran envisage de reconsidérer sa position, il faudrait que l’Allemagne, l’Italie et la France, mais aussi la Russie et la Chine, acceptent de mettre en place des sanctions plus lourdes. Seraient-elles efficaces ? On peut en douter. Les cas de Cuba et de l’Irak n’ont-ils pas montré que les embargos pénalisent les populations mais n’ébranlent pas les régimes ?

Mais alors, comment convaincre le régime iranien de renoncer à son ambition nucléaire militaire ? Le régime iranien, comme la plupart des dictatures, a besoin de crises extérieures pour échapper à ses problèmes intérieurs. Il nourrit son emprise des menaces qui lui sont adressées.

La perspective d’un Iran nucléaire ne saurait, en soi, nous effrayer. Il n’y a pas de raison de penser que la dissuasion ne fonctionne pas à son égard comme elle a toujours fonctionné. Les dirigeants iraniens détestent l’Occident et Israël. Mais ils tiennent à leur pays, à leur pouvoir et sont des gens rationnels.

En revanche, la nucléarisation de l’Iran entraînerait celle de l’entière région et cela serait une menace pour la paix dans le monde.

C’est pourquoi, il faut s’apprêter à renforcer les sanctions, en étroite coopération avec la Chine et la Russie.

Les sanctions, pour modestes qu’elles aient été, ont eu des effets pénalisants pour la population et les réactions suscitées par la falsification des résultats des dernières élections présidentielles ont montré l’ampleur du mécontentement populaire.

Ahmadinejad ne doit d’avoir résisté à la fureur populaire qu’au soutien que lui accorde le Guide suprême et à la poigne de fer des pasdarans et des basidj ainsi qu’au réseau clientéliste qu’il entretient avec assiduité.

En tendant la main au pouvoir iranien et en déclarant, dans son discours du Caire, que les Etats-Unis étaient prêts à engager avec l’Iran un dialogue global, sans conditions préalables, le Président Obama a fait un geste significatif. Cette approche coïncide et renforce celle de l’Europe. Elle devrait permettre de vérifier d’ici la fin de 2009 si la politique d’ouverture a quelques chances de succès.

S’il n’en était pas ainsi, le moment serait venu de prendre à l’encontre de l’Iran des sanctions vraiment efficaces. Il en est une qui répondrait à ce critère : l’embargo sur les livraisons de pétrole raffiné, notamment d’essence. L’Iran importe 40 % de l’essence dont sa population est grande consommatrice. Le rationnement instauré par le Gouvernement pendant l’été 2007 avait provoqué émeutes et violences, à telle enseigne que les autorités furent obligées de faire précipitamment machine arrière. Il y a toutes raisons de penser qu’un arrêt plus ou moins complet des livraisons de produits pétroliers raffinés à l’Iran inciterait le pouvoir à la réflexion. Une telle mesure devrait être concertée avec les puissances pétrolières du Golfe pour limiter l’impact sur le marché mondial des probables représailles iraniennes en matière de livraisons de brut. Pour s’assurer de l’efficacité de cette politique, il est impératif d’y associer la Chine et la Russie. (...)

 

http://www.armees.com/Quels-dangers-presenteraient-l.html

Source : Sénat

 

Lu sur http://www.marcfievet.com/article-quels-dangers-presenteraient-l-accession-de-l-iran-a-l-arme-atomique-50015786.html

 

 

 

Rapport d’information de M. Jean FRANÇOIS-PONCET et Mme Monique CERISIER-ben GUIGA, fait au nom de la commission des affaires étrangères n° 630 (2008-2009) - 25 septembre 2009

6 mai 2010  

 

 

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