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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 23:07
Géopolitique et stratégie



Andreï Fediachine
Jeudi 4 Novembre 2010


La Russie, sauveur de l’OTAN en Afghanistan, mais à quel prix?
On s’attend à une percée dans les relations Russie-OTAN. Moscou et l’OTAN n’avaient encore jamais déployé une activité militaro-diplomatique aussi intense qu'à la veille du sommet de l’OTAN, prévu les 19 et 20 novembre à Lisbonne. Et comparé à la période qui a suivi les événements d’août 2008 dans le Caucase, cela ressemble à ‘’ un redémarrage total ‘’, bien plus important qu’avec les Etats-Unis.
Le fait que le président russe Dmitri Medvedev ait accepté l'invitation à se rendre au sommet de l’OTAN à Lisbonne a, bien sûr, provoqué une poussée d’adrénaline chez les militaires et les diplomates. Bien qu’officiellement Dmitri Medvedev se rende au sommet du Conseil Russie-OTAN le 20 novembre, nous savons dès maintenant qu’il participera à une réunion spéciale de deux heures avec le président Barack Obama, à un entretien particulier avec le Secrétaire général de l’OTAN Anders Rasmussen et aux réunions particulières avec les chefs d’Etat des puissances membres de l’alliance.

Une activité accrue sur tous les axes
Le Secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen, en changeant son emploi du temps et en avançant sa visite de trois jours, s’est rendu à Moscou le 2 novembre afin de rencontrer le lendemain le président Medvedev et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov pour préparer la visite du président russe. La veille, les 1 et 2 novembre, on assistait à une activité russo-otanienne particulièrement fébrile : des négociations entre le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le ministre russe de la Défense Anatoli Serdioukov, le chef de l’Etat-major général Nikolaï Makarov et le chef des forces de l’OTAN en Europe, l’amiral américain James Stavridis. La délégation de l’OTAN a ensuite rencontré les représentants du ministère russe des Situations d’urgence, du Conseil de sécurité, de la région militaire de l’Ouest, et a visité certains centres russes de formation militaire. Sergueï Lavrov s’est entretenu en tête-à-tête avec le ministre des Affaires étrangères allemand Guido Westerwelle. Les thèmes n'avaient pas changé, ils concernaient la Russie et l’OTAN. En septembre, le ministre de la Défense Serdioukov s’était rendu au Pentagone pour rencontrer son homologue américain Robert Gates.

Ce que l’OTAN attend de la Russie…

La Russie et l’OTAN pendant le sommet et/ou plus tard (si le délai imparti s’avère insuffisant pour préparer les accords avant le sommet de Lisbonne) signeront plusieurs accords de coopération, dont :

L'assistance de l’OTAN à la livraison du fret, y compris militaire, en Afghanistan via le territoire russe, aussi bien par air que par fer ou par route;
La livraison en Afghanistan d’hélicoptères russes;
La formation des pilotes, des forces spéciales, des militaires, des unités de lutte contre les stupéfiants et le terrorisme dans les centres de formation russes par des instructeurs russes;
L’adhésion probable de la Russie au système de défense antimissile de l’OTAN
Le dernier point est non seulement probable, mais plus vraisemblable qu’il pourrait le sembler. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a reconnu à l’issue de la rencontre avec James Stavridis : Moscou a déjà ‘’ des plans ‘’ concernant le système conjoint de défense antimissile de l’OTAN. Le plus important serait de comprendre comment s’intégrera ici la défense antimissile américaine selon ‘’ l’interprétation d’Obama. ‘’ Elle diffère du projet européen de George Bush, mais sa configuration est loin d’être une variante aussi neutre que les Américains ne veulent bien la présenter.
On parle des hélicoptères russes depuis près d’un an. Il s’agit de la fourniture à l’armée afghane d’environ 20-21 appareils, y compris des Mi-17. Les appareils sont plus robustes et plus adaptés aux conditions environnementales du pays que leurs homologues occidentaux. En fait, la Pologne, membre de l’ISAF (Force internationale d'assistance et de sécurité), a déjà reçu quatre Mi-17.

    …et pourquoi l’alliance aspire-t-elle à ‘’ une nouvelle amitié ‘’

En fait, des changements importants, qui ne sauraient survenir sans le soutien de la Russie, sont attendus en Afghanistan, ce pays des ‘’ guerres perdues ‘’ en permanence, et des réputations gouvernementales souillées. L’OTAN et les Etats-Unis préfèrent ne pas en parler ouvertement, mais le reconnaissent en privé.
Au sommet de Lisbonne on devrait assister à l’adoption de la déclaration pour la coopération entre l’OTAN et le gouvernement de Hamid Karzaï après 2014-2015. Conformément à ce calendrier provisoire, la présence des forces de l’OTAN en Afghanistan devraient être réduite au minimum précisément en 2014-2015, et le contrôle de la sécurité devrait être transmis aux militaires et aux policiers afghans.
Toutefois, il est clair que compte tenu des particularités afghanes, l’OTAN ne réussira jamais à remporter la guerre contre les talibans, à conclure la paix avec eux ou à sécuriser et stabiliser le pays avant ce délai.
La Russie est la seule capable de sortir l’OTAN du gouffre afghan, car elle a déjà été prise ‘’ au piège ‘’ et a déjà connu cette situation. L’OTAN a besoin du couloir russe de transit, des ports baltiques jusqu’au Tadjikistan, via la Russie, le Kazakhstan et le Kirghizstan. La voie pakistanaise ne peut plus assurer toute la logistique de l’OTAN. L’OTAN a besoin des instructeurs russes pour les soldats afghans, du matériel russe, de l’aide russe dans la lutte contre les stupéfiants et le terrorisme qu’il génère. Mais pour l’instant…
 ‘’ Les Russes pourraient nous rendre la vie particulièrement difficile en Afghanistan, mais ils ne le font pas ‘’, a déclaré un diplomate de l’OTAN. Et l’OTAN espère que la Russie passera d’une ‘’ assistance passive ‘’ à une aide active.

    Condamnés au ‘’ partenariat afghan ‘’

L’OTAN souligne qu’il ne pourrait être question de l’envoi en Afghanistan de soldats et d'instructeurs russes. Il serait maladroit de rappeler à la Russie les souvenirs particulièrement douloureux de la guerre en Afghanistan. Ce qui pourrait avoir des conséquences intra-politiques graves aussi bien pour Dmitri Medvedev que pour Vladimir Poutine.
Cependant, la situation le long des frontières sud de la Russie risque de s’aggraver de toute façon. La participation de Moscou à la formation conjointe avec l’OTAN des militaires du ‘’ régime pro-occidental de Karzaï ‘’, l’ouverture du ‘’ couloir afghan ‘’, les opérations conjointe avec l’OTAN et les Etats-Unis contre les trafiquants de stupéfiants font de Moscou, au même titre que l’OTAN et les Etats-Unis, une cible pour les talibans et Al-Qaïda.
Mais nous n’y pouvons rien. Sans l’alliance avec l’OTAN, la situation en Afghanistan sera bien pire. Dans le contexte des frontières poreuses, pratiquement inexistantes, de nos voisins du sud permettant d’importer des tonnes d’héroïne en provenance d’Afghanistan, la Russie n’a aucune autre solution que de soutenir l’OTAN. Même un retrait partiel des troupes de l’OTAN sans une formation adéquates des forces afghanes serait une catastrophe pour Moscou avec l’apparition d’un territoire ‘’ héroïnien ‘’ incontrôlable et bien armé sous son nez.

La Russie voudrait, et c’est bien légitime, exiger de l’OTAN, en échange de son esprit de conciliation ‘’ au sud ‘’ des garanties qu’au ‘’ nord ‘’ l’OTAN limitera et réduira quantitativement son contingent dans les pays de l’ancien bloc soviétique, oubliera l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud (peu probable) et prendra en charge la destruction des plantation de pavot en Afghanistan.

Globalement, la Russie pourrait demander beaucoup de choses en échange de son aide. Mais il ne faudrait surtout pas que cette assistance prenne la forme de ‘’ chair à canon. ‘’
Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti.


Jeudi 4 Novembre 2010


http://fr.rian.ru/ http://fr.rian.ru/

 

http://www.alterinfo.net/La-Russie-sauveur-de-l-OTAN-en-Afghanistan-mais-a-quel-prix_a51422.html

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 22:54
Mardi 2 novembre 2010 2 02 /11 /2010 10:58
leParisien.fr
Défense : accord historique
entre la France et le Royaume-Uni

Sur fonds de budgétaire, la et l'Angleterre signent mardi un accord historique de coopération en terme de Défense. Il s'agit notamment de créer une force expéditionnaire commune de 3500 à 5000 hommes et de mutualiser porte-avions et laboratoires nucléaires. 

Selon les autorités des deux Etats, le rapprochement des deux seuls pays d'Europe dotés de la force de frappe doit leur permettre de prolonger, malgré la crise, leurs ambitions militaires mondiales.

 Mais il ne s'opèrera pas au prix d'un quelconque renoncement à leur sacro-sainte indépendance. «Chacun conservera son droit de déployer ses forces armées de manière indépendante», souligne un responsable gouvernemental britannique. Cette coopération se fera «dans le respect total de l'indépendance» des deux pays, insiste de son côté l'Elysée.

La force commune de plusieurs milliers d'hommes ne sera pas permanente, comme peut l'être la brigade franco-allemande. Elle sera mobilisable pour des opérations extérieures bilatérales ou sous drapeaux de l'Otan, de l'ONU ou de l'Union européenne. Les premiers exercices commun sont prévus dès 2011. 

Une collaboration des deux seuls pays dotés de la force nucléaire

 

Nicolas Sarkozy et David Cameron se sont également mis d'accord pour collaborer sur le plan du nucléaire. Les deux pays signataires du traité d'interdiction des essais nucléaires pourront simuler à partir de 2014 le fonctionnement de leur arsenal atomique dans un même laboratoire implanté près de Dijon (Côte-d'Or). En Grande-Bretagne, un centre de recherche sera également ouvert aux spécialistes des deux pays.

Sur ce sujet très sensible, les deux pays démentent tout abandon de souveraineté. «Il n'y aura pas de double clé sur nos armes nucléaires (...) il n'y aura pas de partage de nos secrets nucléaires», assure un responsable britannique.

En plus de ces deux projets-phare, Paris et Londres ont décidé de partager, à partir de 2020, leurs deux porte-avions pour permettre aux avions de l'un des pays d'opérer à partir du navire de son voisin. L'entretien du futur avion de transport A400M et l'entraînement de ses pilotes seront aussi mutualisés.

Tout une série de projets vient s'inscrire dans ce vaste plan de mutualisation. Les industries de défense en matière de sous-marins, de drones ou de missiles devront ainsi collaborer dans les années à venir. Selon l'Elysée, cela permettra de « partager les coûts de développement » et de faire émerger des « champions européens » capables de concurrencer les Etats-Unis

 

http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-l-europe-c-est-la-paix-la-preuve-paris-et-londres-veulent-creer-une-force-expeditionnaire-commune-de-3500-a-5000-hommes-question-pour-l-expedier-ou-60133382.html

 

 

La France au service de l'idéologie anglo-saxonne militaro-financière. Finie l'indépendance, la France perd son aura, elle ne pèsera plus rien, et elle sera enrôlée dans les guerres impériales au service du Grand Capital anglo-saxon. Sarkozy brade notre pays ! Eva

 

 


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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 01:16
Carte de l'océan Indien.
Carte de l'océan Indien.
Superficie 75 000 000 km²
Profondeur 7 450 m (max)
4 210 m (moy)
Volume 292 131 000 km³
Salinité 34,5 g.L-1
Type

Océan

wikipedia

Interview : Grégoire Lalieu & Michel Collon

par Mohamed Hassan, article du 16 septembre 2010  
de mondialisation.ca

Le sort du monde se joue-t-il aujourd’hui dans l’océan Indien ? Surmonté par l’arc de l’Islam (qui va de la Somalie à l’Indonésie en passant par les pays du Golfe et l’Asie centrale), la région est bien devenue le nouveau centre de gravité stratégique de la planète. Ce nouveau chapitre de notre série « Comprendre le monde musulman » nous y emmène en croisière. Mohamed Hassan nous explique comment le développement économique de la Chine bouleverse les rapports de force mondiaux et sort les pays du Sud de leur dépendance à l’Occident. Il nous dévoile aussi les stratégies mises en place par les Etats-Unis pour tenter de garder le leadership. Et pourquoi l’empire US est néanmoins voué à s’éteindre. Enfin, il nous prédit la fin de la mondialisation. Reste à savoir si ce hold-up planétaire se terminera sans heurts, ou si les braqueurs liquideront des otages dans l’aventure.
Série « Comprendre le monde musulman »
indian_ocean559e-34838.jpg
De Madagascar à la Thaïlande en passant par la Somalie, le Pakistan ou la Birmanie, le bassin de l’océan Indien est particulièrement agité ! Comment expliquez-vous ces tensions ?
Les rapports de force à l’échelle mondiale sont en plein bouleversement. Et la région de l’océan Indien se trouve au cœur de cette tempête géopolitique.
De quelle région parle-t-on exactement ?
Elle va de la côte orientale de l’Afrique jusqu’au sud de l’Asie. Avec un lac (la mer Caspienne), et trois rivières : la mer du Golfe, la mer Rouge et la mer Méditerranée.
Pourquoi cette région est-elle si importante ? D’abord parce que 60% de la population mondiale est concentrée en Asie et se trouve connectée à l’océan Indien. A elles seules, la Chine et l’Inde représentent 40% de la population mondiale. En outre, l’émergence économique de ces deux puissancesa fait de l’océan Indien une zone particulièrement stratégique. Aujourd’hui, 70% du trafic pétrolier mondial passe par cet océan. Ce pourcentage devrait augmenter avec les besoins croissants des deux pays. Par ailleurs, 90% du commerce mondial se fait par bateaux containers et l’océan Indien accueille à lui seul la moitié de ce trafic.
Comme le prédit le journaliste américain Robert D. Kaplan, proche conseiller d’Obama et du Pentagone, l’océan Indien va devenir le centre de gravité stratégique mondial du 21ème siècle. Non seulement cet océan constitue un passage vital pour le commerce et les ressources énergétiques entre le Moyen-Orient et l’Asie de l’Est, mais il est aussi au cœur de l’axe économique qui se développe entre la Chine , d’une part, et l’Afrique et l’Amérique Latine, d’autre part.
L’essor de ces relations commerciales nouvelles signifie-t-il que le Sud est en train de se libérer de sa dépendance à l’Occident ?
En effet, certains chiffres donnent le vertige : le commerce Chine - Afrique a été multiplié par vingt depuis 1997. Celui avec l’Amérique Latine par quatorze en moins de dix ans ! L’Inde et le Brésil aussi collaborent plus étroitement avec le continent noir. Sous l’impulsion du développement chinois, les investissements Sud-Sud ont rapidement augmenté. Après avoir été pillé et saccagé durant des siècles, le Sud sort enfin de sa torpeur.
Pourquoi tant de pays d’Afrique et d’Amérique Latine se tournent-ils vers la Chine ?
Depuis des siècles, l’Occident s’est livré à un véritable pillage des ressources du Sud, empêchant ces pays de se développer, notamment à travers une dette odieuse. Mais la Chine propose de meilleurs prix pour les matières premières et elle investit dans les pays du Sud pour développer des infrastructures, des programmes sociaux ou des projets d’énergie non polluante. Elle a également supprimé les taxes à l’importation sur de nombreux produits africains, ce qui favorise grandement la production et le commerce de ce continent. Enfin, elle a également annulé la dette des pays africains les plus pauvres.
De plus, contrairement aux puissances occidentales, la Chine n’entend pas s’immiscer dans la politique intérieure de ses partenaires économiques. Lors d’une conférence ministérielle sino-africaine, le Premier ministre chinois Jiabao résumait ainsi la politique de son pays : «  Notre collaboration économique et notre commerce s’appuient sur l’avantage réciproque. (…) Nous n’avons jamais posé de conditions politiques à l’Afrique et nous ne le ferons jamais non plus dans le futur.  » Quelle différence avec les puissances occidentales qui n’ont eu de cesse de faire et défaire les gouvernements en Afrique ! Le Sud a soif d’indépendance : s’allier avec la Chine est une véritable opportunité pour étancher cette soif.
Enfin, les pays capitalistes occidentaux connaissent une grave crise économique, qui a des répercussions sur la Chine, mais ne l’empêche pas de maintenir une bonne croissance. Dans pareille situation, il est normal que les pays africains et latinos se tournent vers le partenaire économique le plus solide. Comme le soulignait le Financial Times, autrefois, le Brésil aurait été touché par la crise survenue aux Etats-Unis. Mais en 2009, son économie a continué de croître, et ce n’est pas un hasard si la Chine est devenue son principal partenaire économique.
Cet axe Sud-Sud défie l’hégémonie occidentale. Les Etats-Unis et l’Europe laisseront-ils la Chine empiéter sur leurs plates-bandes ?
Globalement, le développement de cet axe Sud-Sud présente deux menaces importantes pour les intérêts des puissances impérialistes, et particulièrement pour les Etats-Unis. Tout d’abord, il retire de la zone d’influence occidentale des pays riches en matières premières. Ensuite, il permet à la Chine de disposer de toutes les ressources nécessaires à la poursuite de son développement fulgurant. En pleine ascension, Pékin est en train de rattraper la première puissance économique : les Etats-Unis. Selon Albert Keidel, ancien économiste de la Banque Mondiale et membre de l’Atlantic Council, la Chine pourrait passer devant en 2035.
Aujourd’hui, Washington cherche donc à contenir l’émergence chinoise pour garder le leadership. Et le contrôle de l’océan Indien est au cœur de cette stratégie. La lutte contre la piraterie somalienne est d’ailleurs un prétexte invoqué pour positionner les forces de l’Otan dans l’océan Indien et préserver un contrôle des puissances occidentales sur ce bassin. Le Japon aussi a entamé la construction d’une base militaire à Djibouti pour lutter contre la piraterie.
On parle tantôt de pirates, tantôt de terroristes islamistes. Menace réelle ou prétexte ?
Je ne dis pas qu’il n’y a pas de menace. Simplement, les puissances occidentales l’instrumentalisent pour asseoir leurs intérêts stratégiques dans la région. Comment la piraterie s’est-elle développée en Somalie ? Depuis plus de vingt ans, il n’existe pas de gouvernement dans ce pays. Certaines compagnies européennes en ont profité pour venir piller les poissons au large des côtes, et d’autres pour déverser des déchets toxiques. Dans ces conditions, les pêcheurs somaliens, empêchés de travailler, se sont lancés dans la piraterie pour survivre. Bien sûr, le phénomène a pris une autre dimension depuis. Mais si vous voulez résoudre le problème de la piraterie, il faut l’attaquer à la racine et rétablir un ordre politique légitime en Somalie.
Ordre dont les Etats-Unis n’ont pas voulu jusqu’ici… (lien itw somalie)
Oui, et leur politique insensée pourrait créer des troubles beaucoup plus sérieux. En effet, il faut savoir que la Somalie est le centre historique de l’Islam en Afrique de l’Est. Autrefois, l’influence des chefs religieux somaliens était très importante. Ils avaient porté l’islam sunnite jusqu’au Mozambique. Aussi, lorsque les chiites omanis étendirent leur influence à l’Afrique orientale au cours du 18ème siècle, ils influencèrent énormément la culture de la région, mais ne parvinrent pas à convertir la population au chiisme.
Aujourd’hui, un mouvement islamique pourrait se développer à cause des erreurs commises par les Etats-Unis dans la Corne de l’Afrique. Et si les dirigeants de ce mouvement utilisent cette histoire commune pour rallier des membres dans toute l’Afrique orientale et défendre la Somalie en tant que centre historique de l’islam africain, alors la menace deviendra vraiment très sérieuse pour les Etats-Unis !
L’océan Indien est surmonté par « l’arc de l’Islam », qui s’étend de l’Afrique orientale à l’Indonésie en passant par les pays du Golfe et de l’Asie centrale. Comment cet océan, berceau de puissances musulmanes, est-il passé sous domination des puissances occidentales ?
Avant l’ouverture du Canal de Suez en 1869, quatre grandes puissances dominaient la région : l’empire turc ottoman, celui des Perses (Iran actuel), celui des Moghols (empire musulman qui se développa en Inde) et la Chine. A travers l’océan Indien, le commerce avait mis en contact les populations musulmanes avec d’autres peuples de la région et permis à l’Islam de s’étendre jusqu’en Chine et en Afrique orientale. C’est ainsi que l’arc de l’Islam s’est formé et que l’océan Indien fut en grande partie dominé par des puissances musulmanes.
Mais un événement majeur, survenu en Inde, va amorcer la domination européenne sur cette région : la révolte des Cipayes en 1857. Les Cipayes étaient des soldats indiens au service des compagnies anglaises. Les injustices infligées par leurs employeurs les amenèrent à une rébellion qui, très vite, déboucha sur un grand mouvement populaire. Ce fut une révolte très violente, les Cipayes massacrèrent beaucoup d’Anglais mais ceux-ci parvinrent finalement à réprimer le mouvement. En Grande-Bretagne, une grande campagne de propagande dénonça la barbarie des Cipayes. Karl Marx analysa cet événement et en tira d’autres conclusions  : « Leurs méthodes sont barbares, mais nous devons nous demander qui les a amenés à faire preuve d’une telle brutalité : les colons britanniques installés en Inde. »
Aujourd’hui, nous vivons la même chose avec les attentats du 11 septembre. Toute l’opinion publique occidentale est amenée à s’indigner devant les méthodes barbares des terroristes islamistes. Mais ne posez surtout pas de questions sur les facteurs qui ont donné naissance à cette forme de terrorisme : cela nous renverrait à la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen-Orient durant ces cinquante dernières années.
Finalement, la répression de la révolte des Cipayes eut deux conséquences importantes : tout d’abord, la colonie indienne, jusque là gérée par des compagnies privées, passa officiellement sous l’administration du gouvernement britannique. Ensuite, la Grande-Bretagne déposa le dernier leader musulman indien, l’empereur moghol Muhammad Bahâdur Shâh. Il fut envoyé en exil en Birmanie où il termina ses jours.
Onze ans après la révolte des Cipayes, s’ouvre le canal de Suez qui permet de relier la Méditerranée et l’océan Indien. Un fameux coup de pouce pour la domination européenne de cet océan ?
Tout à fait. La colonisation européenne dans le bassin de l’océan Indien s’accélère alors, la France prenant Djibouti et la Grande-Bretagne l’Egypte, puis Bahreïn afin de protéger l’Inde de l’expansion russe.
Ensuite, après de nombreux bouleversements entre les impérialismes à la fin du 19ème siècle, (unification de l’Allemagne et de l’Italie, partage de l’Afrique entre les puissances européennes), l’Empire du sultanat d’Oman était la dernière grande puissance arabe active dans l’océan Indien. Pour le renverser, les Européens montèrent une campagne de propagande sur le fait que les Omanis exploitaient des Africains comme esclaves. Sous prétexte de combattre l’esclavagisme, l’Europe mobilisa ses troupes dans l’océan Indien et renversa le sultanat d’Oman. Ainsi, la domination occidentale sur l’océan Indien devenait totale.
Mais aujourd’hui, cette domination est remise en cause par les puissances émergentes d’Asie et l’océan Indien pourrait devenir le théâtre d’une compétition sino-américaine. Les Etats-Unis étant en déclin et la Chine en ascension spectaculaire, comment Washington pourrait-elle bloquer son principal concurrent ?
Le Pentagone est bien implanté dans la région : énorme base militaire d’Okinawa (Japon), accords avec les Philippines sous prétexte de lutte contre le terrorisme, excellents rapports avec l’armée indonésienne qui fut formée par Washington pour massacrer un million de communistes et instaurer une dictature militaire dans les années 60…
En outre, les Etats-Unis peuvent compter sur leur base militaire de Diego Garcia. Cette île corallienne située au cœur de l’océan Indien ferait rêver plus d’un vacancier avec sa plage de sable blanc et ses palmiers. Cependant, l’histoire de cette île est nettement moins glamour : en 1965, Diego Garcia et le reste de l’archipel des Chagos ont été intégrés au territoire britannique de l’océan Indien ; en 1971, tous les habitants de l’île de Diego Garcia ont été déportés par les Etats-Unis qui y construisirent une base militaire : c’est depuis cet endroit stratégique que Washington a mené certaines opérations dans le cadre de la guerre froide, des guerres d’Irak et d’Afghanistan. Aujourd’hui, bien que des tribunaux britanniques leur aient donné raison, les habitants de Diego Garcia sont empêchés de retourner sur leur île par le gouvernement du Royaume-Uni.
Les Etats-Unis ont donc une bonne implantation militaire dans la région. De son côté, la Chine a deux talons d’Achille : les détroits d’Ormuz et de Malacca. Le premier (entre Oman et l’Iran)constitue l’unique entrée vers le Golfe Persique et il ne mesure que 26 kilomètres à son passage le plus étroit. Environ 20% du pétrole importé par la Chine passe par cet endroit. L’autre point faible, le détroit de Malacca (entre la Malaisie et l’île indonésienne de Sumatra), est très fréquenté et très dangereux ; or, c’est le principal point de passage pour les marchandises venant de l’océan Indien à destination de la Chine. Environ 80% des importations chinoises de pétrole passent par ce détroit. Les Etats-Unis étant très bien implantés dans cette zone, ils pourraient bloquer le détroit de Malacca si un conflit devait éclater avec la Chine. Et ce serait une catastrophe pour Pékin.
Cela explique pourquoi la Chine cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement en ressources énergétiques ?
Tout à fait. Face à ce problème majeur, la Chine a développé plusieurs stratégies. La première consiste à s’approvisionner en Asie Centrale. Un gazoduc relie maintenant le Turkménistan à la province chinoise du Xinjiang ; d’ici 2015, il devrait fournir quarante milliards de mètres cubes par an, soit près de la moitié de la consommation chinoise actuelle. Un gazoduc relie également la Chine au Kazakhstan, acheminant du pétrole de la mer Caspienne.
Il y a aussi le sud de l’Asie. Pékin a passé des accords avec le Bangladesh pour s’approvisionner en gaz et en pétrole. On a annoncé récemment la construction d’un oléoduc et d’un gazoduc qui fourniront respectivement, depuis le Myanmar (Birmanie), 22 millions de tonnes de pétrole et 12 milliards de mètres cube de gaz par an.
Enfin, la troisième stratégie chinoise, surnommée « collier de perles », consiste à construire des ports dans des pays amis le long de la côte nord de l’océan Indien. Objectif : disposer d’un trafic maritime autonome dans cette région. Dans cette stratégie, s’inscrit la construction au Pakistan du port en eaux profondes de Gwadar. Ce type de port est particulièrement adapté au trafic de bateaux containers et la Chine devrait en construire d’autres, notamment en Afrique. Il faut savoir que certains des bateaux containers acheminant des marchandises vers la Chine depuis l’Amérique latine sont trop gros pour rejoindre l’océan Pacifique via le canal de Panama. Ils passent donc par l’océan Atlantique, puis par l’océan Indien avant de rejoindre la Chine. Durant ce périple, ils ne devraient plus nécessairement transiter par l’Europe comme maintenant et rejoindre l’océan Indien à travers le canal de Suez. Dans le cadre de l’axe Sud - Sud, ces bateaux containers pourraient plutôt transiter par l’Afrique en reliant l’Amérique Latine et l’Asie.
Ceci aurait de grandes conséquences pour l’Afrique. Des pays comme le Mozambique, la Somalie, l’Afrique du Sud ou Madagascar pourraient rejoindre ce grand réseau de l’océan Indien. Si l’on y développe de nouveaux ports comme celui de Gwadar, cela provoquerait un boom économique considérable dans cette région d’Afrique. Parallèlement, les activités des grands ports européens comme Marseille ou Anvers déclineraient. Connecter l’Afrique au marché asiatique grâce à l’océan Indien serait une véritable aubaine pour le continent noir. Nelson Mandela, lorsqu’il était président de l’Afrique du Sud, souhaitait voir aboutir ce projet mais les Etats-Unis et l’Europe s’y opposèrent. Aujourd’hui, la Chine a les moyens de prendre les devants. Cet axe Sud-Sud se met en place : les pays du tiers monde échappent aux divisions instaurées entre eux et coopèrent de plus en plus. Le monde est en plein bouleversement !
Comment la Chine est-elle devenue une si grande puissance en si peu de temps ?
Jusqu’au 19ème siècle, la Chine était une grande puissance. Elle vendait des marchandises de bonne qualité et disposait de plus de devises étrangères, d’or et d’argent que les puissances européennes. Mais le pays n’était pas vraiment ouvert au commerce international. Il existait seulement quelques comptoirs sur les côtes, au grand dam de la Grande-Bretagne. Cette dernière, en pleine révolution industrielle, cherchait à écouler une importante quantité de ses produits dans l’ensemble de la Chine.
Aussi, lorsque le vice-roi Lin Zexu ordonna en 1838 la destruction de caisses d’opium que la Grande-Bretagneimportait illégalement sur le territoire chinois, les Britanniques y trouvèrent un prétexte de guerre. Lord Melbourne envoya une expédition sur Canton, ce fut la première guerre de l’opium. Elle prit fin quatre ans plus tard. Vaincus, les Chinois furent forcés d’ouvrir davantage leur pays au commerce international.
Mais les puissances impérialistes souhaitaient pénétrer plus encore vers l’intérieur de la Chine afin d’y écouler leurs marchandises. Et elles exigeaient la légalisation de la vente d’opium, malgré les ravages que celui-ci provoquait dans la population. Car ce commerce très lucratif leur permettait de se faire payer en lingots d’argent et d’avoir une balance commerciale avantageuse. Face au refus de l’Empire chinois, la Grande-Bretagne et la France déclenchèrent la « seconde guerre de l’opium » (1856 – 1860). A genoux, la Chine devint alors une semi-colonie des puissances occidentales. Finalement, la vente de l’opium fut légalisée et la Grande-Bretagne et les Etats-Unis s’y adonnèrent avec grand profit.
De tout ça, on ne parle jamais en Europe, où on semble finalement bien mal connaître l’histoire de la Chine…
Ailleurs aussi. Il est important de comprendre que ces guerres impérialistes et les destructions causées par les puissances coloniales ont provoqué la mort de plus de cent millions de Chinois. Certains furent emmenés comme esclaves dans des mines au Pérou dans d’épouvantables conditions de travail qui provoquèrent de nombreux suicides collectifs. D’autres furent exploités pour construire les chemins de fer aux Etats-Unis. Tandis que des milliers d’enfants chinois furent kidnappés pour creuser les premiers puits de pétrole de Shell à Brunei, alors que les techniques de forage mécanisées n’étaient pas encore au point. Ce fut une période terrible. Aucun peuple n’a autant souffert. Il faudra attendre 1949 et la révolution menée par Mao, pour voir la Chine redevenir un Etat indépendant et prospère.
Certains attribuent ce formidable essor chinois à Deng Xiaoping : ce n’est qu’en prenant ses distances avec le maoïsme et en ouvrant la Chine aux capitaux étrangers qu’il aurait permis au pays de se développer…
C’est oublier que la Chine sous Mao connaissait déjà une croissance continue oscillant entre les sept et dix pourcents ! Certes, Mao a commis des erreurs durant la révolution culturelle. Mais il a tout de même sorti un pays d’un milliard d’habitants de l’extrême pauvreté. Et il a permis à la Chine de redevenir un Etat indépendant après un siècle d’oppression. Il est donc faux d’attribuer uniquement le développement de la Chine à la politique d’ouverture de Deng Xiaoping. Parti de rien, ce pays n’a cessé de se développer depuis la révolution de 1949. Et cette tâche n’est pas terminée.
Bien évidemment, l’ouverture actuelle au capitalisme soulève beaucoup de questions sur l’avenir de la Chine. Il y aura très certainement des contradictions entre les différentes forces sociales avec ce renforcement d’une bourgeoisie locale. La Chine pourrait devenir un pays totalement capitaliste, mais pas dominé par l’impérialisme. Mais dans les deux cas, les Etats-Unis chercheront à empêcher que ce pays devienne une grande puissance ayant les moyens de leur tenir tête.
Justement, certains affirment que la Chine est elle-même devenue une puissance impérialiste, exportant ses capitaux aux quatre coins de la planète et prospectant partout dans le Sud pour s’approvisionner en matières premières ?
Il y a une confusion, même au sein de la gauche, sur la définition de l’impérialisme apportée par Lénine (qui a sans doute le mieux étudié ce phénomène). Certains ne retiennent qu’une seule composante de cette définition : l’exportation de capitaux vers des pays étrangers. Bien sûr, c’est un facteur essentiel. En effet, grâce à l’exportation de capitaux, les puissances capitalistes s’enrichissent plus vite et finissent par dominer l’économie des pays moins développés. Mais dans le cadre de l’impérialisme, cette domination économique est inséparable d’une domination politique qui transforme le pays en semi-colonie.
Autrement dit, si vous êtes un impérialiste, vous devez, dans les pays où vous exportez des capitaux, créer votre propre marionnette : un gouvernement servant vos intérêts.Vous pouvez aussi entraîner l’armée de votre semi-colonie pour organiser des putschs militaires lorsque la marionnette n’obéit pas. Cela s’est passé récemment au Honduras où le président Manuel Zelaya a été destitué par une armée dont les officiers ont été formés dans les académies militaires étasuniennes. Vous pouvez également infiltrer l’appareil politique avec des organisations comme la CIA pour vous créer des collaborateurs internes. Bref, l’impérialisme repose sur une double domination : économique et politique. L’une ne va pas sans l’autre.
Voilà qui fait une grande différence avec la Chine. Celle-ci ne s’ingère pas dans les affaires politiques des pays avec qui elle commerce. Et l’exportation de ses capitaux ne vise pas à étouffer et dominer l’économie des pays partenaires. Donc, la Chine non seulement n’est pas une puissance impérialiste, mais elle permet même aux pays victimes de l’impérialisme de se libérer en bouleversant les rapports de domination établis par l’Occident.
Les Etats-Unis peuvent-ils encore stopper leur concurrent chinois ? D’accord, le Pentagone est bien implanté dans la région, mais une confrontation militaire directe avec la Chine parait improbable : Washington semble toujours embourbé au Moyen-Orient et, d’après de nombreux experts, ne serait pas en mesure de remporter un conflit direct contre Pékin.
En effet, bombarder et envahir la Chine n’est pas une option envisageable. Les Etats-Unis ont donc élaboré d’autres stratégies. La première consiste à s’appuyer sur des Etats-vassaux en Afrique pour contrôler le continent et empêcher la Chine d’accéder aux matières premières. Cette stratégie n’est pas neuve, elle avait été mise au point après la Seconde Guerre mondiale pour contenir le développement du Japon.
Et quels sont aujourd’hui ces Etats-vassaux ?
En Afrique du Nord, vous avez l’Egypte. Pour l’Afrique de l’Est, c’est l’Ethiopie. Pour l’Afrique de l’Ouest, le Nigéria. Pour le Sud et le centre du continent, Washington misait sur l’Afrique du Sud. Mais cette stratégie est un échec. Comme nous l’avons vu, les Etats-Unis ne parviennent pas à empêcher les Etats africains de commercer avec la Chine et ils ont perdu beaucoup d’influence sur ce continent. En témoigne le camouflet essuyé par le Pentagone lorsqu’il a cherché, en vain, un pays pour accueillir le siège de son commandement régional Africom. Tous les Etats du continent ont refusé d’abriter cette base. Le ministre sud-africain de la Défense a expliqué que ce refus était « une décision africaine collective » et la Zambie avait même rétorqué au secrétaire d’Etat américain : « Aimeriez-vous avoir un éléphant dans votre living ? » Actuellement, le siège de ce commandement régional pour l’Afrique est basé à… Stuttgart ! C’est la honte pour Washington.
Une autre stratégie US pour contrôler l’océan Indien serait d’utiliser l’Inde contre la Chine en exacerbant les tensions entre ces deux pays. Cette technique avait déjà été utilisée pour l’Iran et l’Irak dans les années 80. Les Etats-Unis armaient les deux camps à la fois et Henry Kissinger avait déclaré : « Laissez-les s’entretuer ! » Appliquer cette théorie à l’Inde et à la Chine permettrait de faire d’une pierre deux coups en affaiblissant les deux grandes puissances émergentes d’Asie. D’ailleurs, dans les années 60, les Etats-Unis avaient déjà utilisé l’Inde dans un conflit contre la Chine. Mais l’Inde fut vaincue et aujourd’hui, je ne pense pas que ses dirigeants feraient la même erreur de partir en guerre contre leur voisin pour les intérêts d’une puissance étrangère. Il existe bien des contradictions entre Pékin et New Delhi, mais elles ne sont pas majeures. Ces deux nations émergeantes du Tiers-Monde ne devraient pas s’engager dans ce genre de conflit typiquement impérialiste.
Pas d’issue donc pour les USA en Inde ou en Afrique. Mais en Asie de l’Est, ils ont de nombreux alliés. Ne peuvent-ils compter sur eux pour contenir la Chine ?
Là aussi, Washington a échoué, à cause de sa cupidité. L’Asie du Sud-Est a connu une terrible crise économique en 1997, provoquée par une grosse « erreur » des Etats-Unis. Tout est parti d’une dévaluation de la monnaie thaïlandaise qui avait été attaquée par des spéculateurs. Du coup, les Bourses se sont affolées et beaucoup d’entreprises ont fait faillite. La Thaïlande espérait recevoir le soutien des Etats-Unis, dont elle était un fidèle allié. Mais la Maison Blanche ne bougea pas. Elle rejeta même l’idée de créer un Fonds monétaire asiatique pour venir en aide aux pays les plus touchés. En fait, les multinationales US ont profité de cette crise asiatique pour éliminer des concurrents asiatiques dont l’ascension les inquiétait.
Finalement, c’est la Chine qui sauva la région de la catastrophe en décidant de ne pas dévaluer sa monnaie. Une monnaie faible favorise les exportations, et si le yuan était descendu, l’augmentation des exportations chinoises aurait complètement achevé les économies des pays voisins déjà mal en point. Donc, en maintenant la valeur de sa monnaie, la Chine a permis aux pays de la région de relancer leurs exportations et de se relever. Alors que de nombreux gouvernements asiatiques gardaient une certaine rancœur contre Washington pour son rôle joué dans cette crise, le Premier ministre malaisien déclara : « La collaboration de la Chine et son haut sens des responsabilités ont préservé la région d’un scénario encore bien plus catastrophique ».
Depuis lors, les relations économiques entre la Chine et ses voisins n’ont cessé de se développer. En 2007, Pékin est même devenu le premier partenaire commercial du Japon, pourtant un des alliés les plus stratégiques des Etats-Unis en Asie.
De plus, la Chine n’a pas de prétention hégémonique dans la région. Les Etats-Unis pensaient que les pays de l’océan Indien seraient effrayés par la puissance chinoise et chercheraient à être protégés. Mais la Chine établit avec ses voisins des relations basés sur le principe d’égalité. De ce point de vue, les Etats-Unis ont donc aussi perdu la bataille en Asie de l’Est.
Les Etats-Unis n’ont donc aucun moyen d’empêcher la Chine de les concurrencer ?
Il semble que non. Pour se développer, la Chine a un besoin vital de ressources énergétiques. Les USA cherchent donc à contrôler ces ressources pour empêcher qu’elles atteignent la Chine.C’était un objectif essentiel des guerres d’Afghanistan et d’Irak, mais celles-ci ont tourné au fiasco. Les Etats-Unis ont détruit ces pays pour y placer des gouvernements qui leur seraient dociles, mais n’y sont pas parvenus. Cerise sur le gâteau : les nouveaux gouvernements irakien et afghan commercent avec la Chine ! Pékin n’a donc pas eu besoin de dépenser des milliards de dollars dans une guerre illégale pour faire main basse sur l’or noir irakien : les compagnies chinoises ont simplement remporté des concessions pétrolières dans une vente aux enchères tout à fait réglementaire.
On le voit, la stratégie de l’impérialisme américain est donc un échec sur toute la ligne. Il reste néanmoins une option aux Etats-Unis : maintenir le chaos pour éviter que la stabilité de ces pays stratégiques ne profite à la Chine. Cela suppose de poursuivre la guerre en Irak et en Afghanistan et de l’étendre à d’autres pays comme l’Iran, le Yémen ou la Somalie.
Cette vision à court terme pourrait s’avérer catastrophique car elle amènerait encore plus de peuples sur la ligne anti-américaine, anti-Otan et anti-Occident. Ceux qui voudraient continuer sur la voie militaire feraient mieux d’étudier l’histoire des Etats-Unis de ces soixante dernières années : Washington n’a gagné aucune guerre si ce n’est contre la minuscule île de Grenade (1983).
Comment s’est amorcé ce déclin de « l’Empire américain »  ?
Après la Seconde Guerre mondiale, ce pays avait tiré le jackpot. Il était en effet intervenu très tard dans le conflit, après avoir longtemps financé (de manière très lucrative) les deux camps : Alliés et nazis. Finalement, Washington décida de venir au secours des Alliés. Lorsque le conflit prit fin, la Grande-Bretagne était minée par les dettes, la puissance allemande était détruite et l’Union Soviétique avait payé un lourd tribut (plus de vingt millions de morts) pour venir à bout de l’armée nazie. Par contre, les Etats-Unis, n’ayant fait pratiquement aucun sacrifice, en sortirent grands vainqueurs : ils avaient un vaste territoire, une industrie qui tournait à plein pot, de grosses capacités d’agriculture et leurs principaux concurrents européens étaient à genoux. Voilà comment les Etats-Unis sont devenus une superpuissance mondiale.
Mais par la suite, ils ont dépensé tout ce jackpot gagné durant la Seconde Guerre mondiale pour combattre le communisme. L’économie américaine a été militarisée et les guerres se sont enchaînées, de la Corée à l’Irak en passant par le Vietnam pour ne citer que celles-là. Aujourd’hui, pour chaque dollar débloqué par le budget du gouvernement américain, soixante cents vont à l’armée. Un désastre ! Les autres industries majeures du pays ont été détruites, les écoles et les hôpitaux publics sont dans un état déplorable.
Cinq ans après le passage de l’ouragan Katrina, des habitants de la Nouvelle Orléans vivent encore dans des camps. On peut comparer cette situation avec celle du Liban : ceux qui avaient perdu leur maison à cause des bombardements israéliens de 2006 ont retrouvé un toit grâce au Hezbollah. Ce qui a fait dire à un mollah vivant aux USA qu’il valait mieux être libanais que de vivre aux Etats-Unis car, au pays du cèdre, on a au moins un toit sur la tête.
Ce processus de militarisation a plongé les Etats-Unis dans l’endettement. Mais aujourd’hui, leur principal créancier n’est autre que… la Chine ! Curieusement, le destin de ces deux grands concurrents semble donc intimement lié.
Oui, l’économie est quelque chose de fou ! En fait, la Chine exporte beaucoup de produits vers les Etats-Unis, qui lui rapportent beaucoup de devises en dollars. L’accumulation de ces devises permet à la Chine de maintenir un taux de change stable entre le yuan et le billet vert, ce qui favorise ses exportations. Mais l’accumulation de ces dollars US conduit également Pékin à acheter des bons du Trésor américain qui financent la dette étasunienne. En finançant la dette des Etats-Unis, on peut donc dire que la Chine finance la guerre contre le terrorisme ! Or, le Pentagone mène cette guerre pour mieux contrôler les ressources énergétiques dans le monde et tenter de contenir l’émergence chinoise. Vous voyez : la situation est paradoxale ! Mais cette campagne des USA est un échec et leur économie est au bord de la faillite.
Il ne leur reste qu’une option  : réduire leurs dépenses militaires et utiliser leur budget pour relancer l’économie. Mais l’impérialisme possède une logique dominée par le profit immédiat et la concurrence sans frein : du coup, il continue sur sa lancée jusqu’à ce qu’il meure. L’historien Paul Kennedy a étudié l’histoire des grands empires : à chaque fois que l’économie d’une grande puissance est en perte de vitesse, mais que ses dépenses militaires augmentent, alors cette grande puissance est amenée à disparaître.
C’est donc la fin de « l’Empire américain » ?
Qui peut le dire ? L’Histoire est faite de zigzags et je n’ai pas de boule de cristal pour prédire l’avenir. Mais tout porte à croire que l’hégémonie des Etats-Unis touche à sa fin. Il n’y aura plus de superpuissance mondiale et les USA vont probablement redevenir une puissance régionale importante. Nous allons assister au retour inévitable du protectionnisme et par conséquent, à la fin de la mondialisation. Des blocs économiques régionaux vont émerger et de ces blocs, l’Asie sera le plus fort. Aujourd’hui, les milliardaires sont de moins en moins du côté des Blancs occidentaux. Ils sont en Asie où se trouvent la richesse et les capacités de production.
Qu’adviendra-t-il de l’Europe ?
Elle possède des liens très forts avec les Etats-Unis. Notamment à travers l’Otan, une invention des USA, apparue après la Seconde Guerre mondiale pour contrôler le vieux continent. Cependant, je pense qu’il existe deux types de dirigeants en Europe : les pro-US et les vrais Européens. Les premiers restent dépendants de Washington. Les seconds privilégient les intérêts propres de l’Europe et se lient à la Russie. Avec la crise économique et le déclin des USA, l’intérêt logique de l’Europe est de se tourner vers l’Asie.
Dans son célèbre livre Le grand Echiquier, le politologue américain Zbigniew Brzezinski redoutait de voir apparaître pareille alliance entre l’Europe et l’Asie. Mais il disait que cette union ne verrait probablement jamais le jour en raison des différences culturelles.
Après la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis dominaient la scène économique, particulièrement en Europe, et ils ont pu exporter leur culture et leur mode de vie. L’économie génère en effet des liens culturels, mais la culture ne crée des liens que lorsque l’estomac est rempli. On ne mange pas de culture. Aussi, lorsque l’estomac est vide, la culture passe après l’économie.
C’est pourquoi aujourd’hui, alors que le monde capitaliste est en crise, l’Europe doit faire passer ses intérêts économiques avant les liens culturels l’unissant aux Etats-Unis. Il serait donc logique qu’elle se tourne vers l’Asie. D’autant que les liens culturels Europe – USA ont été forgés par Hollywood. Historiquement, on peut dire que les liens culturels sont plus forts entre, par exemple,l’Italie et la Lybie ou bien entre l’Espagne et le Maroc.
Henry Kissinger, lorsqu’il n’ordonnait pas de laisser les Iraniens et les Irakiens s’entretuer, disait que l’hégémonie des Etats-Unis était indispensable pour maintenir la paix et propager la démocratie dans le monde. De nombreux spécialistes comme Brzezinski ont soutenu la même idée. La fin de « l’Empire américain » ne risque-t-elle pas de provoquer des conflits majeurs ?
La démocratie dont ils parlent est celle des pays impérialistes occidentaux qui ne représentent que 12% de la population mondiale. De plus, on ne peut pas vraiment dire que l’hégémonie des USA ait apporté paix et stabilité dans le monde. Au contraire ! Pour rester l’unique superpuissance mondiale, ils ont enchaîné les guerres et fomenté des conflits aux quatre coins de la planète.
Aujourd’hui, beaucoup d’Européens, mêmes s’ils condamnent les excès des Etats-Unis, ne souhaiteraient pas voir tomber « l’Empire américain ». Cela fait plus de soixante ans en effet que Washington domine militairement le vieux continent, affirmant assurer sa sécurité. Beaucoup d’Européens sont donc effrayés à l’idée de faire une croix sur cette « protection » et d’assumer eux-mêmes leur sécurité.
Une armée européenne exigerait qu’une grosse partie de l’économie européenne soit investie dans l’armée. Mais celle-ci n’est pas un secteur productif et ce refinancement massif pourrait provoquer une nouvelle crise. De plus, si vous investissez dans l’armée, une question va se poser : qui va combattre ? En cas de guerre, l’Europe connaîtrait de sérieux problèmes démographiques.
Selon moi, cette situation permet de comprendre la volonté manifestée par certains dirigeants européens de se rapprocher de la Russie. C’est la seule alliance, pacifique et prospère, qui soit envisageable pour l’Europe. Mais cela suppose de laisser la Russie devenir une grande puissance dans laquelle les Européens pourraient investir leurs technologies. Or, les Etats-Unis se sont toujours opposés à l’intégration de la Russie à l’Europe. Si elle se produit quand même, il y aura en effet quelqu’un de trop et Washington devra quitter le vieux continent.
Les huit années de l’administration Bush, sa politique guerrière, ses dépenses militaires pharaoniques et ses échecs cuisants ont accéléré la chute des Etats-Unis. Pensez-vous que Barack Obama puisse y changer quelque chose ?
Son élection est historique. Les Afro-américains ont tellement souffert par le passé. Même s’ils ont contribué énormément au développement des Etats-Unis, leurs droits politiques ont été trahis. En effet, durant la guerre civile américaine, les Afro-Américains étaient victimes de l’esclavage dans le Sud. La bourgeoisie du Nord leur promit alors la liberté s’ils acceptaient de se battre pour elle. Les esclaves acceptèrent et leur participation au conflit permit au Nord de l’emporter. Entre 1860 et 1880, les Etats-Unis connurent une période prospère, sans racisme, qualifiée de reconstruction par le célèbre leader afro-américain William Edward Burghardt Du Bois. Mais très vite, l’élite US prit peur en voyant se rallier des gens de couleur, travailleurs et citoyens ordinaires : les propriétés de la minorité bourgeoise étaient menacées par la solidarité des couches populaires. La ségrégation fit donc son retour. Elle avait pour but de briser l’unité des classes populaires et de monter les simples citoyens les uns contre les autres afin de préserver l’élite de toute révolte.
Au regard de l’histoire des Etats-Unis, l’ascension d’un homme noir à la Maison Blanche est donc très importante. Mais si Barack Obama est un président progressiste de par sa couleur, cela ne suffit pas : le caractère réactionnaire de l’impérialisme US refait surface, on le voit de plus en plus. Par conséquent, je ne pense pas que Barack Obama pourra changer quoi que ce soit dans les mois ou les années à venir. L’impérialisme ne peut être changé ou adapté. Il doit être renversé.
Et quelle est la place du monde musulman dans ce grand affrontement USA – Chine ? Son rôle est-il réellement important ?
Très important. Comme nous l’avons indiqué au début de cet entretien, les Etats-Unis ont diabolisé le “péril islamiste” dans toute une série de pays qui bordent l’Océan Indien : Somalie, pays du Golfe, Asie centrale, Pakistan, Indonésie... L’objectif, lié aux intérêts des multinationales US, est de contrôler le pétrole et les ressources énergétiques ainsi que les passages stratégiques de la région. Mais au Moyen-Orient et dans l’ensemble du monde musulman s’est développé un courant anti-impérialiste qui résiste à la domination des Etats-Unis.
Il s’agit d’un facteur très positif. Tous les peuples du monde ont intérêt instaurer des relations basées sur le principe d’égalité et à mettre fin au plus vite à l’hégémonie occidentale qui a provoqué tant d’agressions et de crimes. Dans le passé, toutes sortes de personnalités et de courants politiques ont essayé de pousser le monde musulman dans les bras des Etats-Unis et leur grande alliance anticommuniste. Mais en réalité, l’intérêt des peuples de “l’arc de l’Islam”, l’intérêt des musulmans se trouve de l’autre côté. Si chacun comprend et soutient le rôle positif de la Chine dans le rééquilibrage des forces mondiales aujourd’hui, alors devient possible une grande alliance de tous les pays qui entendent se développer de façon autonome, dans l’intérêt de leur population, donc en échappant au pillage et aux ingérences des puissances impérialistes.
Chacun devrait informer autour de soi et faire prendre conscience de ces changements importants et positifs. Mettre fin à l’hégémonie des puissances impérialistes ouvrira de grandes perspectives pour la libération des peuples.
Mohamed Hassan recommande les lectures suivantes :
Robert D. Kaplan, Center Stage for the Twenty-first Century, in Foreign Affairs, March/April 2009
Robert D. Kaplan, The Geography of Chinese Power, in Foreign Affairs, May/June 2010
Chalmers Johnson, No longer the lone superpower – Coming to terms with China
Cristina Castello, “Diego Garcia”, pire que Guantanamo : L’embryon de la mort
Mike DAVIS, Génocides tropicaux. Catastrophes naturelles et famines coloniales.
Aux origines du sous-développement, Paris, La Découverte, 2003, 479 pages
Peter Franssen, Comment la Chine change le monde
Pepe Escobar, China plays Pipelineistan
Edward A. Alpers, East Africa and the Indian Ocean,
Patricia Risso, Merchants And Faith : Muslim Commerce And Culture In The Indian Ocean (New Perspectives on Asian History)
F. William Engdahl, A Century of War, Anglo-American oil politics and the new world order
Michel Collon, Media Lies and the Conquest of Kosovo (NATO’s Prototype for the Next wars of Globalization), traduction anglaise de Monopoly, Investig’Action

 Articles de Mohamed Hassan publiés par Mondialisation.ca

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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 06:37
Russie : Le Putsch des “Atlantistes”… Par Georges Stanechy

mardi 19 octobre 2010, par Comité Valmy


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Russie : des renards dans le poulailler...


« Le régime “néolibéral” sape les fondements de la souveraineté populaire en transférant le pouvoir de décision des gouvernements nationaux à un “parlement virtuel” d’investisseurs et de prêteurs, préalablement organisés dans de grandes firmes. »

Noam Chomsky (1)


Iaroslavl. Prestigieuse cité, dans un site superbe offrant la rencontre de la Volga et de la Kotorosi, à 300 km au nord-est de Moscou. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Fêtant, cette année, son millénaire.

Davantage que Moscou, capitale devenue une mégalopole anarchique de clinquant, pollution et embouteillages. Mieux que la brillante Saint-Pétersbourg aux lumineuses façades du XVIII° siècle, inspirées de l’architecture baroque, italienne ou française. Nous sommes dans la Russie profonde, à taille humaine, où la sobriété des bâtiments historiques est plus proche de la ferveur que de la tristesse, où respirer n’est pas s’asphyxier, où déambuler n’est pas se perdre…

Les 9 et 10 septembre 2010, s’y est tenu un Forum politique international au titre inévitablement ambigu, comme l’exige ce genre de manifestation, pour rassembler le maximum de chalands :

« Etat moderne : standards de la démocratie et critères d’efficacité ».

Créé l’année dernière à l’initiative de la présidence russe, il a pour ambition d’attirer du monde entier : responsables politiques, “managers”, “businessmen”, analystes financiers, “leaders” d’opinion et médias. Avec, évidemment, les incontournables “experts” en tous genres : sciences politiques, économiques, techniques, juridiques, éducation, investissement, sécurité...

Pour y discuter, nous indique le sous-titre de ce colloque, tout aussi brumeux que son titre :

« Du rôle de l’Etat moderne dans la sécurité et la stabilité du monde dans le 21ème siècle ».

Ces manifestations entrent dans la stratégie de communication de la Russie. Accomplissant, depuis peu, des efforts considérables pour améliorer son image. Tout particulièrement auprès des investisseurs et des fonds d’investissements internationaux, afin de multiplier financements de projets et créations d’entreprises accélérant son développement économique.

Luttant ainsi contre la politique de diffamation, organisée par une “industrie de guerre psychologique”, aux moyens gigantesques, héritée de la Guerre Froide. Véhiculée par des pseudos “experts” de la Russie. En fait : “spécialistes” en propagande antirusse, aux visions apocalyptiques prédisant son effondrement imminent dans une ambiance de Guantanamo cyrillique.

Pour ne prendre qu’un exemple, en France, un de ces cuistots de la désinformation, Thierry Wolton, n’écrivait-il pas récemment (en 2008 !) :

« Les héritiers du KGB sont probablement fiers de l’image qu’ils donnent à voir de leur Russie d’ordre, alors qu’elle reflète l’incapacité chronique de ce pauvre pays, qui a déjà tellement souffert, à s’adapter au reste du monde. » (2)

Se débarrasser de ce goudron intellectuel, s’étalant à profusion sur tous les présentoirs des maisons d’édition, librairies et médias occidentaux, exige évidemment d’employer des instruments de communication efficaces…

Forum ou colloque, écouter et analyser les “non-dits”, “trous”, “manques”, derrière discours officiels, interventions savantes, et autres déclarations en séances plénières, sont essentiels. Tous ces bruissements, échanges, libres propos, « backstage », dans les coulisses. Là, se nouent, se dénouent, ou se découvrent, les enjeux véritables.

A Iaroslavl, s’est dévoilée une formidable poussée. Un véritable putsch. Non violent, nous ne sommes pas en Equateur. “Soft”. Feutré. Néanmoins : redoutablement efficace. Car, il ne s’agissait pas d’une horde de policiers voyous et corrompus, instrumentalisés par des services secrets étrangers…

Mais, d’une caste s’autoproclamant “élite du pays”, se revendiquant “atlantiste”. Dans un refrain muet, silencieusement repris en chœur, dans la hargne, la servilité ou la béatitude, suivant les tempéraments, étouffant son hurlement : « L’Intégration à l’Otan ! ».

Se ruant à l’assaut de la doctrine défendue jusqu’à présent par la nation Russe,depuis son redressement succédant à son quasi-naufrage des années 90 : participer aux échanges internationaux, dans un monde « multipolaire ». Ces putschistes ne souhaitant qu’une “intégration” dans un Occident mythique, pôle de “La Civilisation”, la Russie se devant d’admettre la suzeraineté des USA…

Ce putsch va-t-il réussir, durer, prendre racine ?... La Russie est-elle prête à sacrifier son indépendance pour un développement promis par des pays en plein déclin économique ?... (3) Où sont les véritables intérêts de la Russie, pour la fin de ce siècle, et le siècle prochain ?

Ces forces centrifuges qui sont-elles, et sont-elles maitrisables ?

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Alexeï Bogolioubov – Procession de Pâques à Iaroslavl - ­1863

Forum politique ou cérémonie d’allégeance ?

S’immerger en Russie, venant d’Occident, c’est découvrir une intensité du débat, des tensions entre courants opposés, portant sur les conceptions et les orientations de la société Russe, au sein des membres du gouvernement, des responsables de l’administration, des dirigeants d’entreprises, de l’armée et des industries de l’armement, dont on a perdu l’habitude sous nos clochers.

A des années-lumière du monolithisme de la pensée et de l’action politiques des nomenklaturas occidentales imposant à nos nations, via leurs médias de propagande, le « parti unique », avec son ballet à deux casquettes et son alternance bidon.

Entre “démocrates” et “républicains” aux USA, “conservateurs” et “travaillistes” en Grande-Bretagne, UMP et PS en France, impossible de glisser une feuille de papier à cigarette, pour ne prendre que trois exemples. Tant visions, objectifs, pratiques, sont similaires. Hors slogans électoraux élaborés par les agences de Pub, appliquant les mêmes ficelles que pour distinguer deux lessives sortant de la même usine…

En Russie, ça bouge, en ce moment… Confrontations, bras de fer, ordres, contre-ordres, se succédant dans une cacophonie, une agitation, qui se ressentent de la diplomatie aux marchés de l’armement (4), de la gestion des municipalités à celles des régions autonomes, des investissements d’infrastructure à la hiérarchisation des grands projets.

Le meilleur historien français de la Russie, Michel Heller, le rappelait :

« Les contradictions, les conflits, les exigences de réformes et la résistance aux changements constituent le mode d’existence de tout Etat. En Russie, toutefois, conflits et contradictions prennent parfois un caractère plus aigu qu’ailleurs… ». (5)

Symptômes de mutation ?

Inévitable que ces courants, convergents ou hostiles, se soient retrouvés lors de l’organisation et la tenue du Forum. Trouver un point commun, un consensus, apaisant tiraillements et circonvolutions, étant difficile, tout le monde se mit à table autour de la tarte à la crème du moment : « La Sécurité »…

Florilège…

Le directeur de l’Institut du Droit Européen auprès du ministère russe des Affaires Etrangères, Mark Entine :

« Est-ce que le droit international est un système de sécurité réagissant aux menaces ? A l’évidence, la réponse est négative. Il nous faut donc avoir en tête toutes ces menaces mais discuter, avant tout, d’un moyen qui nous permettra de réagir à toutes ces menaces. » (6)

Le président de l’Institut du développement contemporain et modérateur de la section “Systèmes régionaux de sécurité mondiale” du Forum, Igor Iourgens, quant à lui : « … prône la création d’une union Russie-OTAN et l’intégration ultérieure de Moscou à l’Alliance renouvelée. » (7)

On comprend qu’une partie de la classe politique russe soit obsédée par la volonté de désarmer l’hostilité traditionnelle de l’Occident, notamment chez les anglo-américains. (8) Les nostalgiques de la Guerre Froide, manipulés par les lobbies de l’armement. Même fossilisée, “la bête” réapparaît, comme ces mammouths enfouis sous les glaces ressuscitant de vitalité débordante dans les musées, pour une seconde vie.

Subitement, nier le “droit international” pour “intégrer l’OTAN” afin d’assurer sa “sécurité”, ce n’est pas simplement tourner le dos au « multipolaire », c’est plus que verser dans « l’unipolaire »…

Contrer les “menaces”, assurer la “sécurité”, lutter contre le “terrorisme”, que recouvrent ces mots ?...

Le terrorisme, on le sait depuis longtemps, n’est que le mélange explosif de prédateurs gorgés de richesse s’imaginant cohabiter paisiblement avec des populations qu’ils spolient et humilient. Il suffit de respecter le droit des peuples à l’autodétermination, dans l’équité économique et sociale assurant leur prospérité, pour que le problème soit résolu.

L’ennemi de la liberté, c’est la pauvreté imposée. Ni plus, ni moins. Le mythe du terrorisme, succédant à la lutte contre le communisme international, est l’emballage de l’idéologie impériale charpentée par La Loi du Plus Fort, fondant sa prospérité sur la spoliation.

La Russie, issue des cendres de l’URSS, n’a aucune ambition impériale, éprouvant les plus grandes difficultés, avec sa faible démographie aggravée par la saignée de la deuxième guerre mondiale et ses 30 millions de morts, à peupler son immense territoire, aux colossales richesses naturelles. Comment un pays avec une population équivalente à 2 fois celle de la France et à 37 fois son territoire, au sous-sol débordant de trésors, nourrirait-il des volontés de prédation à l’égard d’autres pays ?...

En ce cas, pourquoi s’aligner sur un Occident déclinant, dont les ressources proviennent de pays assujettis et pillés ?... Tenir un même discours, pour quels objectifs communs ?...

Céder, par faiblesse ou par peur, aux pressions de l’OTAN exerçant sans discontinuer son encerclement : fusées à ses frontières avec la Pologne ; tensions entretenues en Ukraine, aux Pays Baltes ; agressions en Géorgie, Tchétchénie et dans l’ensemble du Caucase ; manœuvres hostiles du Japon autour des îles Kouriles et presqu’île du Kamchatka ?...

Apaiser les campagnes de déstabilisation a répétition sous prétexte des “droits de l’homme” et autres fariboles, que l’Empire et ses vassaux sont les derniers à respecter dès que leur soldatesque exerce ses talents de soudards en dehors de leurs propres frontières ?... Par un milieu d’affaires occidental rêvant de s’emparer de l’appareil d’extraction de ses ressources naturelles, et des rentes de situation que sont la privatisation des services publics.

Souscrire au délire de l’Empire de rassembler dans un même bloc avec l’Otan, Russie et Inde, contre la Chine ?... Vision entretenue par des bellicistes travaillant avec fébrilité dans la perspective d’un conflit avec la Chine pour la fin du XXI° siècle, afin de préserver son hégémonie pour le XXII° siècle ?...

Questions que le président Medvedev s’est bien gardé de soulever et, surtout, d’y répondre dans son discours du 10 septembre, devant le Forum réuni. Reprenant la rhétorique de l’idéologie néolibérale, avec l’inévitable couplet sur la démocratie rempart contre le terrorisme, dans ce qu’il a présenté comme un programme en 5 points (9) :

◊ Renforcer le cadre juridique des “valeurs et des idéaux humanistes”

◊ Multiplier les incitations de l’Etat pour assurer un haut niveau de développement technologique

◊ Renforcer le rôle de l’Etat, en veillant à l’indépendance de la justice, dans la protection de ses citoyens, par des programmes de lutte contre : terrorisme, drogues, trafics et immigration illégale

◊ Assurer un haut niveau de culture, d’éducation et de méthode de communication, en reconnaissant l’importance d’Internet en tant qu’apporteur d’information, d’espace de discussion et de débats, nécessaires à toute démocratie

◊ Encourager le rôle actif des citoyens indispensable à la vie d’un Etat démocratique.

Apparaissent en filigrane les “tabous” du Libéralisme : ne jamais évoquer les problèmes fondamentaux de justice économique et sociale, de redistribution des richesses nationales qui sont, en fait, les causes des profondes crises qui déchirent nos sociétés.

Mais, reprendre une rhétorique, une figure de style imposée, n’est-ce pas plier un genou face à celui dont on accepte la règle, reconnaître la suzeraineté de celui qui dicte cette doxa ?... Dont on sait, pertinemment, qu’elles ne recouvrent que ce qu’oligarchies et ploutocraties veulent bien accorder aux peuples qu’ils régentent. Main de fer dans un gant de velours à l’intérieur de leurs frontières, main de fer dans un gant d’uranium appauvri ou de phosphore blanc à l’extérieur…

Dans cet acte d’allégeance, le « monde multipolaire » auquel aspirait la Russie, érigé en principe cardinal de sa politique nationale est fortement, violemment, remis en cause. Par deux forces centrifuges. Leur travail de sape est si acharné, obstiné, puissant, qu’il commence à déstabiliser l’Etat au plus haut niveau.

Impact du “lobby des Russes-Israéliens”

Parmi les partisans exaltés de l’intégration de la Russie dans l’OTAN, et sa soumission aux USA, figure le puissant « lobby des Russes-Israéliens ». Idéologie, vision, action : un copié-collé de celles des néoconservateurs US et des extrémistes sionistes.

Un exemple…

Evgueni Satanovsky représente une des personnalités les plus éminentes et les plus actives de ce lobby de Russes à la double nationalité. Arborant le titre de “directeur de l’Institut du Proche-Orient”, il est portraituré en "expert" Russe du Moyen-Orient, y compris dans les médias occidentaux. En fait, il ne véhicule que l’idéologie coloniale de l’extrémisme sioniste le plus fanatique. Si j’étais moins gentil, je dirais : le plus crade…

Pour avoir une idée de ce niveau halluciné, je vous invite à regarder la vidéo (5mn18) de son interview traduite du russe en français, diffusée par RIA Novosti. Un concentré des pires clichés. La “Flottille de la Liberté”, sauvagement arraisonnée par les commandos sionistes, y est qualifiée, sans rire, de tentative « d’invasion d’Israël » !... Il faut se pincer très fort pour en croire ses oreilles et ses yeux. (10)

Cet « expert Russe du Moyen-Orient », très présent dans les médias et les couloirs du pouvoir, a été président du “Congrès Juif de Russie” de 2001-2004. Créé en 1996, apprend-on, par des « hommes d’affaires » en liaison avec le réseau international de ces congrès relevant de la même affiliation religieuse.

Confusion des genres, scrupule déontologique, ne semblent pas gêner outre mesure cet “expert”… Encore moins les médias, bien sûr, qui adorent batifoler dans cette tambouille.

Pas de quoi fouetter un chat, pourrait-on se dire. S’agissant de propagande, nous y sommes habitués. En France, ou ailleurs, nous subissons depuis longtemps les mêmes “experts” du Moyen-Orient, directeurs des mêmes “instituts” en carton-pâte, paravent des propagandes identiques. Il ne faut s’étonner de rien : le fast-food de la désinformation…

Sauf que l’impact du « lobby des Russes-Israéliens », commence à dépasser le cadre de la Russie et à inquiéter sérieusement certains responsables internationaux par son fanatisme, son radicalisme, son entêtement, obsessionnels.

Jusqu’à Bill Clinton, dont on connait pourtant le soutien inconditionnel aux positions les plus extrêmes d’Israël, avec sa pétulante épouse Hillary actuel ministre des affaires étrangères de son pays, qui vient de s’en émouvoir. Au point, de s’en inquiéter publiquement dans une conférence.

Ce lobby va trop loin !... La coupe est pleine !... Par son opposition résolue à toute application des résolutions de l’ONU, à toute paix en Palestine. Déterminer à perpétuer dans l’indifférence, l’horreur et l’injustice permanentes… (11)

C’était le 22 septembre dernier, à New York, au cours d’un entretien enregistré face à Maria Bartiromo de la chaîne CNBC, dans un programme intitulé “Meetings of Minds” de la Fondation Clinton Global Initiative.

Sacrilège, pour ne pas dire blasphème !...

Bill Clinton, le gai luron, devenu soudainement grave, osait déclarer :

« ‘Russian Israelis’ key obstacle to peace » (Les ‘Russes-Israéliens’ sont l’obstacle majeur de la paix).

Dénonçant l’afflux massif de colons venus de Russie en Palestine. Produisant des statistiques pour preuves : 16% de la population israélienne parle russe. Soulignant le rôle néfaste d’une majorité de jeunes recrues dans l’armée, d’origine russe, hooligans hyperviolents et racistes votant majoritairement pour l’extrême-droite. Condamnant la colonisation à outrance…. (12)

Panique dans les cuisines de la propagande !... Ce fut la course à l’étouffoir, à l’éteignoir… Immédiatement, méticuleusement, les médias occidentaux, se sont arrangés pour ne donner ni diffusion ni écho à pareils propos. Silence presse, radio & TV ! Préférant traiter du sort tragique des babouins dans les forêts en voie disparition du Kalimantan.

Car, Bill Clinton en est sidéré. On le sent excédé. Il rappelait dans sa conférence qu’en fin de son mandat présidentiel, essayant de rapprocher les positions des deux parties dans une négociation, il se heurtait constamment à l’intransigeance inflexible, fanatique, du “Russe-Israélien” Nartaan Sharansky, ministre du gouvernement du régime sioniste de l’époque.

A croire que cette fureur implacable, à l’encontre des Palestiniens, est vécue comme une vengeance par ces descendants des tribus Khazars converties au judaïsme au VIII° siècle (sur injonction de leur prince, Bulan, pour s’opposer à Byzance et à la Bulgarie chrétiennes), alors qu’ils colonisaient les bords de la Mer Noire et une partie du Caucase avant d’être dissous dans l’Empire Russe deux siècles plus tard, pour toutes les décennies de frustrations, d’humiliations, d’oppressions, endurées sous le communisme stalinien. (13)

On retrouve les mêmes Khazars, à l’origine turco-mongols venus d’Asie centrale, en Géorgie, sous la double identité « Géorgiens-Israéliens ». Temur Yakobashvili, ministre de la défense de la Géorgie s’est rendu célèbre en Russie pour avoir clamé en hébreu sur la radio militaire israélienne, les premiers jours de l’attaque surprise contre la Russie (les commandos géorgiens avaient égorgé et tué au silencieux, dans leur sommeil, les Russes “observateurs internationaux” d’interposition entre Ossétie du Sud et Géorgie, à l’aube de l’invasion) :

“Israël doit être fier de son armée qui a entraîné les soldats géorgiens !”.

Ce sont les israéliens, avec les USA, en effet, qui financent, arment la Géorgie jusqu’aux oreilles, entraînent leurs forces armées, multipliant provocations, agressions et déstabilisations dans le Caucase. Le mettant à feu et sang. Sur le palier d’une des portes d’entrée de la Russie...

Autre personnalité phare « du lobby ‘Russes-Israéliens’ » : Avigdor Liebermann, russophone, actuel ministre des affaires étrangères d’Israël. Connu pour être un extrémiste, fanatique de la pire espèce, il a donné un aperçu du niveau d’éthique de sa conception de la diplomatie par son discours lors de la dernière assemblée générale à l’ONU. Choquant plus d’un, dans ce milieu pourtant blasé…

D’après lui, la solution la plus simple pour « résoudre le problème Palestinien » est d’abandonner le fondement de l’ensemble des résolutions, dispositions, accords antérieurs, pour ne tenir compte que de la réalité d’aujourd’hui : le fait accompli. Sous-entendu : l’application de "La Loi du Plus Fort". Droit international et accords internationaux n’étant, en fin de compte, que des chiffons de papier…

Certains Russes, accablés par tant de stupidité, n’ont pas hésité à brocarder ses outrances : « Les idées de Liebermann sont si larges qu’il faudrait les rétrécir », écrit Dimitri Babich dans RIA Novosti. (14)

Les coups de boutoir répétés et sauvages de ce lobby permettent de comprendre comment volonté et position d’apaisement ou d’équilibre, que la Russie s’imposait et souhaitait faire partager sur certains problèmes internationaux, fondent comme neige au soleil : Palestine, Iran, Syrie… Jusqu’à quel point ?...

Corrosion du cynisme affairiste

Une deuxième force centrifuge a pour vecteur le milieu des affaires, du moins une large proportion. Pour être plus précis : un milieu “affairiste”, se livrant à une corrosion des piliers de la nation Russe.

Ce sont les nouveaux riches, non pas ceux de l’ère Eltsine et de l’écroulement de l’URSS qui n’étaient que des mafieux. Déterminés à s’enrichir, par des valises de “cash”, inconscients des enjeux, en bradant les richesses nationales dont ils s’étaient rendus maîtres en cheville avec la nomenklatura décadente, aux groupes internationaux de l’énergie et des mines.

A présent, il s’agit d’une nouvelle génération plus instruite des mécanismes économiques et spéculatifs, moteurs du “Libéralisme” et de la “mondialisation”. Devenus riches, certains immensément riches, ils aspirent à le devenir plus encore. Toujours plus, avec leurs seconds couteaux, leurs médias, leurs courtisans et leurs bouffons.

Une richesse familiale surgissant en moins d’une génération, sans fondement d’une “découverte” répondant aux besoins ou à l’engouement d’un marché, sans spoliation, ne peut avoir pour origine qu’un mix de corruptions, délits d’initiés et trafics de marchés publics.

Le terreau de cet enrichissement rapide et exponentiel est toujours composé, quel que soit le pays, de marchés d’infrastructure (BTP, barrages, ports, aéroports, réseaux ferroviaires, oléoducs, etc.), d’armements (internes ou à l’export), ou de privatisations (notamment, le secteur banques & assurances, énergies, mines, aciéries, etc.). Marchés, ententes, arrangements, octrois de licences ou autres, opaques et générateurs de commissions occultes considérables. En proportion avec le montant des transactions.

Jamais ne s’édifie une fortune, en moins d’une génération, dans l’investissement industriel à partir de zéro (from scratch, comme disent les anglophones), hors marchés publics ou découvertes majeures (PC, dynamite, pénicilline, etc.). “Jamais”.

Mais, ces nouveaux riches, convaincus de leur génie, en junkies de l’affairisme, drogués au narcissisme ventilé par leurs courtisans ramassant les miettes, ont leur nombril pour centre du monde du fait, estiment-ils, d’appartenir à « l’élite des riches ». Adeptes du darwinisme social le plus extrême, ils n’ont ni le temps, ni le goût de s’intéresser aux autres. Même pas celui de dire au peuple, s’il n’a pas de pain pour calmer sa faim, de manger des brioches, comme nos aristocrates en talonnettes et bas de soie la veille de la Révolution.

Sentiment enivrant d’appartenir à une Caste supérieure représentant la quintessence du Libéralisme… Ils ne s’en cachent pas, en sont fiers.

Ces zélotes du capitalisme sauvage, ont encore moins le réflexe des grands barons du capitalisme américain appelés, dès la fin du XIX° siècle, les Barons Voleurs (Robber Barons) les Carnegie, Morgan, Rockefeller, Vanderbilt. S’intéressant à l’éducation en créant des universités, ou aux pauvres par des actions caritatives.

Tradition philanthropique toujours vivace aux USA (en France, une Liliane Bettencourt ne donnera qu’un vingtième de sa fortune à un copain photographe, mais c’est déjà un commencement…) :

« Une quarantaine de milliardaires américains et leurs familles se sont engagés mercredi à donner au moins la moitié de leur fortune à des organisations caritatives ». (15)

Ceux-là soignent leur image, pour faire oublier les voies et moyens de leur enrichissement.

Seule préoccupation, dans leur volonté d’enrichissement, de conserver leurs privilèges : se lier à « l’élite de l’Occident ». Pour cela, soumettre la Russie aux intérêts étrangers, dans l’abandon de son indépendance. Rêve d’une ploutocratie persuadée que renoncer à la souveraineté de son pays, dans la servilité, les couvrira, eux et leurs rejetons, de richesse infinie…

Les observant dans leur impatience d’intégrer l’OTAN et se coucher à la botte de l’Empire, on pourrait prendre à rebours la déclaration enflammée, en 1914, la veille de la première guerre mondiale, de l’intellectuel nationaliste allemand Adolf Bartels, du genre fanatique, auteur d’un mémorandum politique :

« Le prix de la victoire : une Russie occidentale allemande » (16)

Le credo de ces affairistes :

« Le prix de la fortune : une Russie occidentale ».

Evidemment, ils représentent la tête de pont des milieux d’affaires occidentaux qui les bichonnent, les font passer pour des génies dans leurs médias de propagande. A condition de reprendre et réciter la rhétorique souhaitée : « La Russie doit améliorer ses relations »…

C’est-à-dire ?...

Le Forum de Iaroslavl ne vibrait que de ce leitmotiv : “créer des conditions favorables aux investisseurs étrangers”, y compris aux expatriés occidentaux sur place, pour « moderniser » la Russie. Et, bien sûr : intégrer l’OTAN.

En clair : ne pas payer d’impôts sur les bénéfices, si ce n’est symbolique comme l’immatriculation des Rolls et Ferrari, libre circulation des capitaux spéculatifs, ne pas payer ses ouvriers dans la "paix sociale"... En bref : Tout pour nous, « élite ». Et, repris en chœur par les affairistes le poing levé : que les autres crèvent !

J’exagère ?... Je vais vous décevoir : même pas.

Connaissez-vous Maksim Shevchenko ?... C’est un analyste politique Russe, très influent dans ce Forum et ailleurs. Fondateur du “Strategic Research Center for Modern World Religion and Politics”, en 2000… Un “institut” censé réunir spécialistes et “experts” des problèmes politiques, sociaux et religieux, contemporains…

On se doit de l’écouter attentivement. Je vous invite à lire son interview en anglais, sur le média russe RT, du 13 septembre dernier. Vous serez édifiés. (17)

A mon avis, il s’agit d’un des meilleurs analystes politiques actuels. Non pas en raison de la pertinence de ses analyses, dont je ne partage pas la finalité, mais parce qu’il énonce clairement, cartes sur table, sans hypocrisie, les croyances et objectifs du “milieu” qu’il représente. Du moins, en tant que porte-parole de ce qu’il appelle : « l’élite Russe ». Ce qu’il dit est révélateur de la mentalité de cette caste d’affairistes.

Singeant les aristocrates de la Cour de Catherine II, ils prétendent ne vouloir qu’intégrer « La Civilisation ». Méprisant à l’égard de leur propre peuple, considérant la Russie en pays attardé, composé de paysans arriérés, ces descendants de moujiks ne peuvent être que des ploucs incapables de comprendre l’évolution du monde. Tellement bornés qu’il n’est pas utile de perdre son temps à le leur expliquer. N’ayant le droit que de se taire et de suivre ce que l’élite leur dicte.

Parlant au nom de tout le pays, ils estiment que la “modernisation de la Russie” passe par l’application des règles du “club” qu’ils veulent rejoindre, impliquant une totale coopération avec les « élites » occidentales. La Russie ne veut pas être un pays du tiers-monde qui enrichit l’Occident. Préférant être une province éloignée de l’Occident que “leader” des pays de l’Est. Assumant un rôle d’auxiliaire au sens où l’entendait les romains. Payer tributs, fournir armes et troupes à l’Empire.

S’il y a une guerre déclenchée par l’Occident ?... Quels qu’en soient les motifs (contre la Chine, l’Iran, la Corée ou autre…), c’est à ses côtés qu’il faut se joindre. Ceux qui gèrent les crises, et non pas ceux qui la subissent, puisque les crises ne sont que l’expression de rapport de forces et de guerres économiques.

La mondialisation n’a pas pour objectif de sauver l’humanité, c’est une domination absolue de l’Occident fondée sur la suprématie militaire et économique. C’est pour cela que jamais il ne tolérera le même niveau de développement de l’Afrique et de l’Asie, etc.

Deux passages méritent d’être retenus.

Pauvreté, misère du monde, famine et maladies ravageant plus de la moitié de la planète ?... D’après Maksim Shevchenko, la ploutocratie russe ne marque aucune hésitation :

“They don’t want to be with the poor and the persecuted […] They prefer to side with the West, which is what the Russian elite have dreamed about for the past 300 years, except during the Soviet period.”

Traduction :

« Ils (les membres de l’élite) ne veulent pas être du côté des pauvres et des persécutés […] Ils préfèrent être du côté de l’Occident, qui représente ce dont l’élite russe a rêvé pendant les 300 dernières années, excepté pendant la période soviétique. »

Mégalomanie élitiste atteignant son paroxysme avec cette déclaration rendant désuète, en termes de métaphore, la célèbre formule « après nous le déluge ! » :

“So Russia wants to get on the ship called the Big West and sail to the shining city on a hill, from the foot of which flaming chaos will spread throughout the world”.

Traduction :

« La Russie veut monter à bord du vaisseau du Grand Occident et se diriger vers la Cité Radieuse sur la colline, au pied de laquelle les flammes du chaos se répandront sur le reste du monde ».

On se croirait dans un roman de science-fiction de Philip K. Dick… La Cité Radieuse, réservée à une caste, dans un monde livré au chaos…

Pétrifié par cette vision d’apocalypse, se terminant en apothéose pour « l’élite du Grand Occident » : c’est « la fin de l’Histoire », s’exclame-t-on ! Pour reprendre l’expression d’un historien-bidouilleur, un temps, à la mode.

Toutefois…

Dans les couloirs du Forum de Iaroslav, on entendait grincer quelques cailloux dans les chaussures en crocodile vernis de cette brillante élite, se précipitant à la queue-leu-leu pour embarquer sur le radeau de l’OTAN, en partance pour la Cité Radieuse. Le même grincement : Poutine 2012, Poutine 2012…

Oui, car suivant l’alternance, Poutine se présentera aux élections présidentielles de 2012.

Cette perspective semble déranger ce milieu. Du temps de sa présidence, Poutine était détesté par les gouvernements occidentaux, mondialistes, businessmen dominateurs, et, bien sûr, l’OTAN. Il avait donc droit au même traitement qu’un Chavez et autres épouvantails médiatiques de la propagande occidentale.

S’il sait se montrer accommodant, conciliant, il est vrai, ce n’est pas du genre à courber l’échine. Surtout sous la menace. Pas le genre impressionnable.

Les couloirs du Kremlin résonnent encore des éclats de rire suite à ses commentaires “off the record”, du temps de Bush Junior, sur Dick Cheney et Condolezza Rice (vice-président et ministre des affaires étrangères du moment) qui prétendaient à grands moulinets menacer la Russie, et lui donner des leçons de droits de l’homme du haut de la pile des corps suppliciés d’Abu Ghaïb, de Guantanamo, de Bagram et des dizaines de centres de torture de la CIA de par le monde…

Homme de dossier, très pointu, à l’humour pince-sans-rire, Poutine pouvait réciter par cœur, au centime près, la rémunération de ces deux compères sur les 10 dernières années par les groupes pétroliers et de l’armement US… De Dick Cheney qui, dans un accident de chasse, avait tiré du plomb dans son pied ainsi que dans celui de son voisin, il suggérait d’apprendre à tenir un fusil avant de menacer la Russie …

Alors, le cynisme affairiste, prenant ses désirs pour la réalité avec son copain l’OTAN, le laisse de marbre…

Aussi pragmatique que lucide, Poutine sait qu’il faut du fumier pour faire pousser les plantes. Mais, ce n’est pas au fumier à régenter le jardin. Il pourrait faire sienne la citation de l’écrivain, et courageux journaliste, américain Ambrose Bierce, rapportée par Michel Heller (18) :

« L’histoire est le récit généralement inexact d’évènements le plus souvent insignifiants, engendrés par l’action de gouvernants qui, dans leur immense majorité, sont de fieffés gredins, et de soldats presque tous imbéciles ».

Il n’est ni l’homme providentiel, ni le tsar au pouvoir absolu. Lui-même en est conscient. Trop serein, pour revendiquer ces rôles illusoires. Simplement, un Homme d’Etat au centre d’enjeux, de rapports de force, de conflits entre clans, où le conseil sincère côtoie le mensonge le mieux bétonné.

Mais, dont la force est de croire en l’avenir d’une Russie puissante, indépendante, abordant le siècle prochain dans la paix et la prospérité. Pour tous les Russes. Depuis qu’il est premier ministre, il n’a cessé de sillonner la Russie dans tous les sens, jusque dans les régions les plus reculées de la Sibérie. A la rencontre du “pays réel”, prenant à bras-le-corps les problèmes locaux, au contact des habitants les plus modestes. Sa popularité est immense.

Pour cela, il est craint par une partie de l’oligarchie corrompue. Encore plus en Occident que dans la chorale “atlantiste” de son pays.

Museler les grands oligarques qui dépassent les bornes, oubliant les intérêts premiers de la nation, ne le fait pas trembler. Le maire de Moscou, Luzhkov, se croyant intouchable du fait de la fortune considérable qu’il avait accumulée, de plus marié à une des femmes milliardaires de Russie, une des plus riches du monde, vient de l’apprendre à ses dépens. Se prenant pour un Grand Duc, voulant parler d’égal à égal avec le président de la Fédération Russe, il vient d’être remplacé par le bras droit de Poutine, le vice-premier ministre Sergey Sobyanim authentique gestionnaire incorruptible.

Les affairistes sentent le vent de la steppe siffler à leurs oreilles…

La veille du Forum de Iaroslavl, au cours d’un déjeuner-débat avec les membres du club Valdaï, club truffé d’atlantistes, "d’experts" et journalistes, il s’y est montré souverain d’aisance face aux questions navrantes de bêtise des journalistes qui prétendaient vouloir le “déstabiliser”. Notamment, ceux des médias The Economist ou The Times : minables. Lisez ce court compte-rendu, un petit régal. (19)

Who knows ?... Qui sait ?...

A l’invitation souriante de Poutine, peut-être qu’en Russie les putschistes, « atlantistes » de tous poils, devront-ils descendre de leur Cité Radieuse perchée sur la colline, prendre pelles et seaux, pour contribuer à éteindre l’incendie du chaos que prédation et bellicisme des prétendues « élites du Grand Occident » ne cessent de répandre dans le monde ?...

.


(1) Noam Chomsky, Raison & Liberté – Sur la nature humaine, l’éducation et le rôle des intellectuels, préface de Jacques Bouveresse, Editions Agone, Collection Banc d’essais, 2010, p. 235.

(2) Thierry Wolton, Le KGB au pouvoir – Le système Poutine, Buchet-Chastel, 2008, p. 220.

Ouvrage caricatural de propagande antirusse… A la thématique identique pour la Chine, Cuba, Venezuela, Iran, etc. Il suffit de changer le nom des personnes et des lieux, en y ajoutant une pincée de couleur locale.

(3) Paul Craig Roberts, America’s Third World Economy – The Great Transformation, 8-10 October 2010, CounterPunch, http://www.counterpunch.org/roberts10082010.html

(4) Exemple : le projet de vente de porte-hélicoptères Mistral par la France. Ce fut la commande d’un, puis 4, puis 2 construits en France et 2 en Russie sous licence, puis l’annulation du marché au profit d’un navire du même genre et moins cher à La Corée du Sud : le Dokko, puis finalement l’annulation du marché pour relancer un nouvel appel d’offres international… La valse à mille temps...

(5) Michel Heller, Histoire de la Russie et de son empire, Editions Plon, 1997, pp. 923-924.

Ouvrage fondamental à lire, pour sortir des feuilletons antirusses pondus par les primates de la propagande, et comprendre tensions ou mutations de la Russie actuelle.

(6) http://en.globalpolicyforum.ru/presscenter/publications/L-elite-intellectuelle-mondiale-se-reunira-au-forum-politique-a-Iaroslavl

(7) http://www.armees.com/Forum-de-Iaroslavl-creer-une-union,33810.html

(8) Beware friendship with Moscow, (Trad : Attention à l’amitié avec Moscou !) http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2010/sep/28/beware-friendship-moscow-russia-medvedev-putin

(9) Russia’s president addresses the Yaroslavl Forum, http://rt.com/Politics/2010-09-10/yaroslavl-forum-medvedev-address.html

(10) Entretien vidéo de Evgueni Satanovsky en tant que directeur de l’Institut du Proche-Orient, par RIA Novosti, le 12 août 2010, http://fr.rian.ru/video/20100812/187228048.html

(11) PO : Les ‘Israéliens Russes’ capables de torpiller le règlement (Clinton), RIA Novosti, 22 septembre 2010, http://fr.rian.ru/world/20100922/187486981.html

(12) Sergey Borisov, Bill Clinton : “Russian Israelis” key obstacle to peace, RT, 23 septembre 2010, http://rt.com/Politics/2010-09-23/israel-clinton-russian-immigrants.htm

(13) Michel Heller, Op. Cit., p. 26.

(14) Dimitri Babich, Les idées de Lieberman sont si larges qu’il faudrait les rétrécir, RIA Novosti, 1er octobre 2010, http://fr.rian.ru/discussion/20101001/187545097.htm

(15) 40 milliardaires américains prêts à offrir la moitié de leur fortune, InfoSud –Tribune des droits humains, 5 août 2010, http://infosud.org/spip.php ?article8590

(16) Cité par Michel Heller, Op. Cit., p. 924.

(17) Maksim Shevchenko, RT, 13 septembre 2010, http://rt.com/Politics/2010-09-13/shevchenko-yaroslavl-forum-global.html

(18) Michel Heller, Op. Cit., p. 9.

(19) Prime Minister Vladimir Putin meets with participants of the 7th meeting of the Valdaï International Discussion Club in Sochi, 8 septembre 2010,

 

http://en.rian.ru/valdai_context/20100908/160517335.html

Source : http://stanechy.over-blog.com/

 

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article907

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 02:46
Un sommet franco-germano-russe pour
Note de TSS:
On connaît notre position sur le sujet. Nous sommes des partisans déterminés d'un axe stratégique Paris-Berlin-Moscou, dans les domaines politique, économique et militaire (dans l'ordre). La parenthèse Sarkozy va heureusement se refermer. Les autorités russes, au plus haut niveau, le considèrent comme un guignol, presque un demi-fou, et elles souhaitent son départ rapide. Dire comme ci-dessous que la France et l'Allemagne "veulent ancrer davantage la Russie à l'Occident" (c'est naturellement le souhait du maître américain), c'est de la pure foutaise. Tous les spécialistes de la question savent que la Russie n'en a rien à foutre, et à juste titre, de "l'Occident" et de ses prétendues "valeurs".


A lire, et à faire lire absolument sur la question:
"La nouvelle Europe: Paris-Berlin-Moscou" par Marc Rousset, Ed.Godefroy de Bouillon, 534 pages, Paris, 2009. 
______________________________________________________________

PARIS (Reuters) - La France et l'Allemagne veulent ancrer davantage la Russie à l'Occident à la faveur d'un sommet tripartite, lundi et mardi, à Deauville, cité balnéaire normande réputée pour son festival du cinéma américain.


L'organisation d'un "espace économique, humain et de sécurité commun en Europe", cher à Nicolas Sarkozy, sera au coeur des discussions lors d'un dîner en petit comité lundi et d'une réunion élargie le lendemain, explique l'Elysée.


"La Russie nous semble actuellement redécouvrir les mérites d'une attitude coopérative avec les pays occidentaux", souligne un conseiller du président français. "Ce sera l'occasion (...) de consolider cette évolution positive."


Il sera donc question des négociations entre l'Union européenne et la Russie sur un nouvel accord de coopération et sur la suppression des visas, souhaitée par Moscou, et sur les dossiers énergétiques, stratégiques pour les Vingt-Sept.


Mais il sera également beaucoup question de la sécurité.


Le président russe Dmitri Medvedev veut faire progresser son idée de nouveau traité de sécurité en Europe, indique son conseiller Sergueï Prikhodko cité par l'agence Interfax.


Angela Merkel a pour sa part estimé dans un message video qu'il fallait examiner comment améliorer la coopération entre la Russie et l'Otan.


SONDER LES ARRIÈRES-PENSÉES


Ce sommet permettra à l'Allemagne de réaffirmer sa volonté de ne plus seulement être le premier partenaire économique de la Russie, mais aussi un interlocuteur privilégié pour les questions stratégiques, terrain où Berlin rivalise maintenant avec Paris.


Le 5 juin, la chancelière allemande a ainsi quelque peu surpris ses partenaires européens en proposant, avec Dmitri Medvedev, la création d'un "Comité politique et de sécurité UE-Russie", une proposition à laquelle la France paraît ralliée.


"Ce que nous voudrions, c'est (...) structurer le dialogue de sécurité UE-Russie à travers ce comité politique et de sécurité proposé par l'Allemagne", explique la présidence française.


Aucune annonce n'est cependant à attendre de ce sommet, qui tiendra plutôt du "brain storming" pour sonder "les pensées et les arrière-pensées des uns et des autres", prend soin de préciser l'Elysée, où l'on rappelle que toute décision sur les relations entre la Russie et l'UE doit être prise à 27.


Pour Thomas Gomard, spécialiste de la Russie à l'Institut français des relations internationales (Ifri), il faut voir dans ce sommet une simple "réunion d'étape", avant trois grands rendez-vous internationaux fin 2010.


Le sommet Otan des 19-20 novembre à Lisbonne doit adopter un nouveau "concept stratégique" et pourrait se prolonger par un sommet Otan-Russie. Il sera suivi par celui de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) les 1er et 2 décembre au Kazakhstan et un sommet UE-Russie le 7 décembre.


CONTEXTE FAVORABLE MAIS FRAGILE


Perturbée par la crise de l'été 2008 entre Moscou et la Géorgie, la réflexion sur les relations Otan-Russie et UE-Russie bénéficie aujourd'hui d'un contexte beaucoup plus favorable.


Américains et Russes ont entamé une remise à plat ("reset") de leurs relations, et les rapports entre Moscou et l'Ukraine se sont réchauffés depuis que Kiev ne parle plus d'adhérer à l'Otan, de même que les relations entre la Russie et la Pologne.


La Russie a voté à l'Onu le dernier train de sanctions contre l'Iran et laisse transiter par son territoire du matériel de l'Alliance atlantique à destination de l'Afghanistan.


La montée en puissance de la Chine renforce à Moscou le camp de ceux qui regardent résolument vers l'Ouest, même s'il existe aussi un courant plus tourné vers le monde Asie-Pacifique.


Enfin, la crise économique mondiale a achevé de convaincre les dirigeants russes de la nécessité de moderniser leur économie en s'appuyant sur la technologie occidentale.


"Tout cela est positif mais demeure fragile et marqué par des éléments d'interrogation", note cependant un conseiller de Nicolas Sarkozy. "Nous n'avons pas encore l'assurance qu'il s'agit d'un choix stratégique irréversible de Moscou."


Paris déplore ainsi que Moscou continue de voir une menace dans l'Otan et dans le projet américain de défense anti-missile en Europe, même révisé à la baisse par l'administration Obama.


Les relations de la Russie avec certains de ses voisins - Etats baltes, Moldavie et Roumanie, Biélorussie, Géorgie - restent difficiles, sans parler de conflits comme ceux du Haut Karabakh et de Transnistrie, toujours pas réglés.


Paris reproche aussi à Moscou de demander à l'UE des concessions, en matière de visa par exemple, sans montrer une bonne volonté équivalente sur le commerce ou l'énergie.


"Il faut traiter la Russie en partenaire mais demander aussi à la Russie de se comporter en partenaire", souligne l'Elysée.
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http://www.toutsaufsarkozy.com/cc/article02/EklZFkZFyyOkQDZwQN.shtml
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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 05:08
iran-canal-carte.jpg
Mercredi 6 octobre 2010 3 06 /10 /2010 17:11

 

L'Iran a ouvert son espace aérien aux vols militaires chinois

 

et ce au cours des récentes manoeuvres militaires conjointes avec la Turquie, a rapporté la chaîne satellitaire iranienne PressTV !
En fait, c'est la première fois qu’Ankara et Pékin mènent ce genre de manoeuvres militaires baptisées « les faucons de l'Anatolie » : elles ont eu lieu dans la région de l'Anatolie en Turquie centrale le mois dernier.
Les F-16 turcs et les avions de chasse chinois Sukhoi 27 et 29 ont participé à ces exercices militaires. A noter qu'ils ont eu lieu avant une visite prévue du Premier ministre Chinois Wen Jiabao en Turquie.
La Turquie et la Chine ont fait leur premier pas en matière de coopération militaire dans les années 90 du siècle dernier à travers la production conjointe de missiles d'une portée de 150 kilomètres, a précisé le quotidien turc "Hurriyet" sur son site Internet .

al manar

 

 

http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-manoeuvres-militaires-conjointes-entre-la-chine-et-l-iran-58329421.html

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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 01:06

 



Le Sénat des Etats-Unis a ratifié, le 29 septembre 2010, de nouveaux traités militaires avec le Royaume-Uni et l’Australie, a indiqué John Kerry, président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères.


Désormais le commerce de matériels destinés à la Défense est libre entre les trois pays.


Ces traités, qui complètent le Pacte de 1949, abrogent les formalités en vigueur pour ce type de commerce et renforcent l’intégration du complexe militaro-industriel anglo-saxon.

 

 

http://www.voltairenet.org/article167136.html


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Intégration renforcée du complexe militaro-industriel anglo-saxon

Le Sénat des Etats-Unis a ratifié, le 29 septembre 2010, de nouveaux traités militaires avec le Royaume-Uni et l’Australie, a indiqué John Kerry, président de la commission (...)



Les garanties d’Obama à Netanyahu

Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a adressé une lettre au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour lui demander de prolonger le moratoire interrompant (...)



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L’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) a conduit son exercice militaire annuel, du 9 au 25 septembre 2010, au Kazakhstan. Tous les Etats membres y ont participé à (...)



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Se basant sur les déclarations fiscales de George Soros et de ses deux enfants, Jonathan et Andrea Soros, le Washington Times a révélé que le milliardaire a donné 245 000 dollars (...)



L’OTAN a t-elle tenté d’assassiner le président turc Turgut Özal ?

 Ahmet Özal, fils de l’ancien président turc Turgut Özal (1927-1993), a déposé plainte contre le général Sabri Yirmibeşoğlu, ancien secrétaire général du Conseil turc de sécurité (...)

 

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 03:39

    Déjà sur le déclin depuis quelque temps, le partenariat Medvedev-Poutine a reçu le coup de grâce avec les sanctions contre l'Iran. Le président russe a opté pour le camp zuno-israélien. La guerre ouverte entre les deux têtes de l'exécutif s'est cristallisée sur la livraison éventuelle de missiles sol-air S-300 à Téhéran. Selon le général Leonid Ivashov, ancien chef d'état-major des forces armées russes, en se jetant dans les bras de l'ennemi, le Kremlin a tourné le dos aux intérêts stratégiques du pays.

Voltaire Net.org, Général Leonid Ivashov, 28 septembre 2010



Selon Leonid Ivashov, le chef d'état-major des forces armées russes qui lui a succédé, Nicolaï Makarov, a eu tort de se plier à la décision du président Medvedev, contre la livraison des S-300 à l'Iran.


      Le chef d'état-major de l'armée russe, le général N. Makarov, a annoncé le 22 septembre que la Russie ne vendra pas les systèmes de défense antiaérienne S-300 à l'Iran. En dépit des explications officielles, il ne faut pas être expert pour comprendre que le complexe S-300, un système purement défensif conçu pour protéger un pays contre les attaques d'avions et de missiles de croisière, ne peut constituer une menace que pour le pays qui attaque celui qui le possède.

 

      Quant à l'impasse entre l'Iran et Israël, Téhéran est constamment confronté à des menaces de frappes aériennes massives, et prendre des mesures pour empêcher les agressions est un devoir pour tout pays qui cherche à maintenir la paix, surtout pour un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies qui partage la responsabilité de la sécurité mondiale. L'agression est moins probable en situation d'égalité militaire ou quand la victime potentielle est en mesure d'infliger des dommages intolérables à l'agresseur. La possession par l'Iran de complexes S-300 pourrait exposer les forces aériennes d'Israël à un risque de dommages inacceptables dans le cas où ce dernier choisirait d'attaquer le premier. Refuser à l'Iran le droit à des moyens d'autodéfense efficaces équivaut à encourager l'agression contre lui. N'est-ce pas la Russie qui facilite ainsi le déclenchement d'une guerre désastreuse à proximité de ses propres frontières, une guerre contre un pays qui, soit dit en passant, accueille une importante colonie de spécialistes russes ? En plus de cela, refuser de fournir des complexes S-300 à l'Iran va manifestement à l'encontre des intérêts politiques et économiques de la Russie.

 

      Quelle pourrait être la motivation derrière cette dernière décision russe ? De toute évidence, elle résulte de plusieurs considérations. Manifestement ignorant de l'existence de l'arsenal nucléaire d'Israël, depuis des années Moscou joue le jeu de dompter les présumées ambitions nucléaires de l'Iran et a voté des sanctions contre ce pays au Conseil de sécurité des Nations unies. En réalité, Téhéran a proposé un certain nombre de fois de transformer le Moyen-Orient en région exempte d'armes nucléaires. Ce projet a été bien accueilli par la majorité du monde arabe, mais semble être tabou pour le ministère des Affaires étrangères russes. Maintenant, comment cela se fait-il ?

 

      Igor Yurgens, le chef de l'Institut de développement contemporain, un groupe de réflexion de Russie qui a des relations, a déclaré le 28 juillet 2010 à la table ronde Russie-Zunie au Nixon Center, que tout le monde en Russie ne considère pas l'effondrement de l'URSS comme une catastrophe géopolitique (comme a décrit ce développement historique l'ancien président russe et actuel premier ministre V. Poutine). Yurgens a continué en affirmant que l'objectif de ceux-là est de ne pas intégrer la Russie dans l'architecture de sécurité Euro-Atlantique et, à terme, d'amener le pays dans l'OTAN. Il s'est félicité de la réforme militaire du ministre de la défense de Russie, A. Serdioukov, et dit assez bizarrement que, dans un avenir proche, la Russie pourrait importer au moins 30% d'armes et matériel pour son armée d'Israël et des pays de l'OTAN. Un autre orateur à la table ronde de Russie, le général V. Dvorkin, qui a incidemment effectué une visite en Israël il y a quelque temps, a exhorté les sénateurs de Zunie de donner le feu vert à une attaque contre l'Iran dès que possible, et a même présenté un modèle informatique du conflit aux partenaires zuniens.

 

      Les ministres de la Défense de Russie et d'Israël, A. Serdioukov et Ehud Barak, ont signé un premier accord de coopération militaire entre les deux pays le 6 septembre 2010. Les deux camps sont allés jusqu'à inclure dans le marché des échanges de données de renseignement, laissant tout ça ouvert à l'interprétation de savoir si dorénavant la Russie va espionner les pays arabes, la Turquie et l'Iran, et transmettre des informations sensibles à Israël. Tandis que dans le passé l'administration russe recherchait le consensus avec Tel-Aviv pour vendre des armes aux pays du Moyen-Orient, on a l'impression en ce moment qu'elle a besoin de l'autorisation explicite d'Israël pour ce genre de marchés. Un arrangement similaire absurde était en vigueur à l'époque de la commission Gore-Tchernomyrdine, à l'époque où Moscou n'a même pas osé fournir de l'équipement mécanique ordinaire à l'Iran sauf avec le feu vert de Washington pour le marché.

 

      C'est un secret de polichinelle qu'Israël a aidé à organiser et a lancer en août 2008 l'agression gratuite géorgienne contre l'Ossétie du Sud et le raid meurtrier contre les forces de paix russes déployées dans la république. Les conseillers israéliens sont en partie responsables de l'effusion de sang, mais on a l'impression ces jours-ci que, pour Moscou, aucun sacrifice n'a un prix trop élevé pour un billet d'entrée dans la civilisation judéo-atlantique.

 

      Les décisions comme celle annoncées par le général N. Makarov sapent le prestige de la Russie et érodent sa sécurité, ce qui rend le monde moins sûr pour nous tous. Au moment où le monde islamique a des raisons de croire que Moscou a basculé dans le camp de ses ennemis. Compte tenu du fait que la Russie est engagée dans un conflit prolongé dans la partie musulmane du Caucase et que plus d'un million de musulmans vivent à Moscou, éveiller l'hostilité des Musulmans du monde est la dernière chose dont a besoin le pays.

 

      Dans l'ensemble, la réforme de remaniement structurel militaire de Serdioukov, l'introduction du système de brigade, les achats d'armes israéliennes et de l'OTAN, les exercices conjoints de la Russie et de l'Occident en Zunie et en Europe, et la vague de fermetures de collège militaire, ont mené des observateurs à conclure que le vaste plan derrière tout ça est d'incorporer ce qui reste de l'armée et de la marine russe dans le corps d'expédition de Zunie et de l'OTAN.

 

      Allons-nous vraiment accepter les rôles les plus risqués dans les aventures militaires des Anglo-Saxons et de la direction sioniste israélienne au nom de la domination mondiale d'une oligarchie financière indistincte ? Permettez aux autres d'estimer ce que méritent les auteurs du projet.



      Le général Leonid Ivashov est vice-président de l'Académie des affaires géopolitiques. Il a été chef du département des Affaires générales du ministère de la Défense de l'Union soviétique, secrétaire du Conseil de ministres de la défense de la Communauté des États indépendants (CEI), chef du Département de coopération militaire du ministère de la Défense de la fédération russe chef d'état major des armées russes. Il est membre de la conférence Axis for Peace.



Original : www.voltairenet.org/article167090.html
Traduction copyleft de Pétrus Lombard


Jeudi 30 Septembre 2010
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25 septembre 2010 6 25 /09 /septembre /2010 02:29

 

 

Source :

23 Septembre 2010

Que cache « la réaction rapide et inconditionnelle » de la France dans la zone du Sahel et la mobilisation d’une centaine de militaires ?

« Les actions que mène la France au Sahel commencent à livrer leur secret et l’enjeu devient plus clair », nous ont confié, hier en exclusivité à L’Expression, des sources très au fait du dossier et de ce qui se prépare dans la région. L’énigme révélée par nos sources s’avère « la présence parmi les sept otages enlevés jeudi dernier au nord du Niger, d’un agent des services de renseignements français appartenant à la DST ».

La présence de l’agent de la DST parmi les otages change totalement la donne et explique, en partie, la réaction à la fois « furieuse et rapide » des autorités françaises quitte à embraser la région. « L’agent en question a été injecté dans la région dans l’objectif d’infiltrer le réseau terroriste agissant au profit de ce qu’on appelle Al Qaîda au Maghreb islamique », précisent nos sources. « La France a sollicité l’aide des Américains de façon officielle », ajoutent encore nos sources, précisant que « derrière cette approche se cache l’autorisation des Américains aux Français d’intervenir en territoire sahélien, qui va permettre par la suite à ces mêmes Américains de mobiliser leurs troupes dans la région et d’en faire un second Irak ou un second Afghanistan ».


L’enjeu est donc, toujours selon nos sources, très grave et se traduit par la trahison tout simplement des Accords d’Alger, par la Mauritanie et le Mali. Ces accords ont été convenus dans la capitale algérienne, le mois de mars dernier, et entrent dans le cadre d’une lutte commune contre le terrorisme et le crime organisé regroupant les réseaux qui s’adonnent à tous genres de trafics. Mais il fallait entraîner le Niger dans ce projet qui se concrétise avec cette prise d’otages. C’est dire que les complicités sont d’un très haut niveau, qui vont, non seulement servir les intérêts des réseaux terroristes, des narcotrafiquants et contrebandiers, mais à coup sûr, les intérêts des Occidentaux, les Américains y compris. Sachant parfaitement que la France exploite un gisement d’uranium par le biais de sa compagnie Aréva installée à Arlit au nord du Niger. Le pire que craignent les services de sécurité algériens, consiste en un recrutement « massif de hors-la-loi » au sein des réseaux terroristes, un fait qui intervient systématiquement suite à cette ingérence imposée dans la région. L’Algérie avait anticipé en regroupant les pays du Sahel pour une action commune et concertée dans la lutte contre le terrorisme dans la bande du Sahel et tenter par tous les moyens légaux d’éviter une ingérence étrangère. Mais, a priori, nos voisins ne l’entendent pas de cette oreille. Fascinés certainement par la présence d’une seconde force jumelée France-USA, la Mauritanie et le Mali livrent la région à une occupation étrangère.


L’Algérie est directement concernée par ce qui se passe, puisque les faits se déroulent dans une région limitrophe. Des renseignements collectés, que nos sources prennent avec beaucoup de réserve, font état aussi que l’on cherche à provoquer une réaction de Mokhtar Benmokhtar, qui reste loin de ce qui se passe, même s’il y est mêlé indirectement, afin de légitimer une intervention militaire occidentale. MBM a échappé à plusieurs reprises aux pièges qui lui ont été tendus par les forces américaines, car non seulement il représente une véritable source d’information, mais aussi parce qu’il contrôle un important nombre de tribus touarègues.

Et c’est dans ce contexte que les ravisseurs affiliés à la présumée branche d’Al Qaîda au Maghreb islamique revendiquent l’opération du rapt perpétré le 16 septembre dernier, soulignant dans un message audio lu par un porte-parole répondant au nom de Salah Abou Mohamed, que les auteurs du kidnapping, Abou Zeïd avec l’aide précieuse d’un certain Ag Amnoukal, allaient faire part à Paris de leurs demandes. Ils mettent en garde, dans le même message, le gouvernement français quant à une tentative d’intervention militaire, comme celle menée pour libérer Michel Germaneau.

Aujourd’hui, la France sollicite, selon des responsables américains, l’aide de l’armée US prétextant une volonté de localiser l’endroit où sont séquestrés les otages par l’imagerie satellitaire.

Aucune autre information n’a filtré à ce sujet, sauf qu’on sait que si cette action est entreprise par les Américains, elle n’épargnera pas l’Algérie du fait que les otages sont maintenus dans un endroit non loin des frontières algériennes.

Toute la panique qui s’est emparée de la France cache bien des dessous, même si de nombreux officiels français ne cessent d’alerter que l’Hexagone fait face à un véritable pic de menace terroriste.

Point également évoqué, hier, par le directeur général de la police nationale française, Frédéric Péchenard. Ce dernier, intervenant sur les ondes de la Radio RTL, souligne, se fiant à l’information rapportée par des sources sécuritaires algériennes, l’existence d’un éventuel attentat-suicide.

« Nous avons des indications sérieuses émanant de renseignements fiables, nous disant qu’il y a un risque d’attentat important » et de poursuivre : « Nous avons actuellement un pic de menace qui est incontestable. A l’heure où je vous parle, il y a une menace spécifique contre les intérêts français » a-t-il averti.

Par ailleurs, l’on sait que lors d’une réunion d’un conseil restreint, mardi, présidé par Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur français a reçu pour mission de se déplacer au Mali dans la soirée. La France a été rassurée sur la vie de ses ressortissants, selon les dernières informations parvenues à l’Elysée. Et sans aucun doute, elle fera tout pour libérer les otages, surtout que maintenant on sait qu’une grosse pointure figure parmi les sept victimes.

Ikram GHIOUA

 

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article862

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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 04:24

Israel army flag.gif

Drapeau des force défense israélienne

Wikipedia

 

 

Tsahal en Roumanie:

http://www.voltairenet.org/article166476.html

 

 

Les Américains au Kosovo

 

"Il est impossible de faire quoi que ce soit au Kosovo contre l’avis des Américains”, m’a confié un international en mission à Pristina. Je savais que les Kosovars aiment les Américains, depuis que ces derniers les ont “libérés” des Serbes.


 

Mais je ne savais pas à quel point les Américains tiennent la plupart des manettes de l’État.

Un autre international m’a dit : “Le Kosovo ne sera jamais un Etat. Sans l’OTAN et les Américains, il ne tient pas debout. Les Etats-Unis ne partiront jamais d’ici”. Et je crois bien qu’il a raison.

Pour les États-Unis, le Kosovo est un pays stratégique : il est musulman modéré, à proximité de la Russie et dans un couloir énergétique. C’est le seul pays musulman à avoir soutenu l’invasion américaine en Irak au printemps 2003. La future autoroute Pristina-Durrës (sur la côte albanaise) représente un enjeu militaire pour les Américains : le camp militaire Bondsteel (la plus grande base des États-Unis en Europe), situé au sud de Pristina, bénéficiera ainsi d’un accès direct à la mer Adriatique, où les Albanais ont donné l’autorisation aux Américains d’utiliser librement les ports. “Les Etats-Unis ont vision régionale du Kosovo, c’est leur pied dans l’Europe”, confie un international. 

Au Kosovo, et dans une moindre mesure en Albanie, la présence anglo-saxonne, se traduit au quotidien, du boulevard Clinton aux drapeaux, en passant par les grosses cylindrées d’expatriés. Il y a un mois, Tony Blair était en visite à Pristina. Il y a trois ans, j’avais croisé George W. Bush en visite à Tirana. Il n’est pas rare de rencontrer des enfants albanais prénommés Toni ou Bill. 

En février dernier, lors de l’inauguration de la statue de Bill Clinton, 10 000 personnes avaient fait le déplacement. Il y a deux jours, une nouvelle cérémonie a eu lieu pour inaugurer l’aménagement réalisé autour de la statue. Bill Clinton est maintenant entouré de jolis pavés et d’un bassin d’eau.

Au-dessus de lui trône son image, entre une publicité pour du café et des antennes satellite. Seul hic, l’inscription sur le mur derrière la statue. Il est écrit : “Non aux négociations. Autodétermination”, du nom d’un parti politique qui prône l’exclusion de tous les internationaux qui encadrent le pays et le droit du Kosovo à se gouverner seul. 

C’est aussi ce que revendique l’ONG “Cohu!” : “Laissez nous échouer!”, dit son président Avni Zogiani. “L’ambassade américaine fait pression sur tout le secteur économique via des conseillers en stratégie.

Ce sont eux les vrais ministres de l’Economie. Même la mission de l’Union européenne EULEX se voit parfois limitée dans son action par l’influence américaine. Chaque semaine, EULEX dit qu’elle va arrêter Fatmir Limaj (ministre des Transports). Or il est toujours libre, parce que les Américains exercent des pressions

 

”.

http://albanie-kosovo.blog.lemonde.fr/2010/08/21/les-americains-au-kosovo-un-grand-frere-indispensable/

 

(Journal des guerres de l'OTAN - http://journaldeguerre.blogs.dhnet.be/)

 

 

 

 

Sur le blog d'eva : Désinformation,

 

 

http://anti-fr2-cdsl-air-etc.over-blog.com/article-des-informations-occultees-par-les-medias-disparites-marionnettes-puces-56515835.html 


 

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