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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 03:20

  Mediapart


Je le verrai bien dans mon salon!

http://missbobby.free.fr/wordpress/?paged=47


Comme ce fut toujours le cas, seule la mise au point de nouvelles armes fait vraiment avancer les technologies. Nous en avons un nouvel exemple avec les annonces récentes de l'US Army.


Le XM25

Il s'agit d'abord d'un lanceur de grenade « intelligent ». L'objet réinvente le fameux fusil à tirer dans les coins, rêve de tous les combattants confrontés à des ennemis qui se cachent derrière des murs ou dans des fossés pour tirer sur eux sans risques. Il a été baptisé XM25 Counter Defilade Target Engagement System, ou Système capable d'atteindre une cible cachée.

Des années de recherche/développement auraient été nécessaires pour aboutir au produit final, d'un coût individuel de 25 à 30.000 dollars. L'armée compte en commander en 2011 au moins 12.000 afin d'équiper les forces d'infanterie et les forces spéciales engagées en Afghanistan. La nouvelle arme devrait selon les experts changer sensiblement le rapport des forces dans la lutte de proximité contre les Talibans. Ceux-ci y ont généralement l'avantage vu leur bonne connaissance du terrain.

Le militaire au prise dans un combat de rue ou sur un terrain accidenté avec un adversaire qui se dissimule derrière un mur, dans un fossé ou à l'intérieur d'un bâtiment ouvert, n'aura que quatre opérations à faire si la cible se trouve à moins de 700 mètres: ajuster au dessus de l'endroit où se cache l'adversaire un viseur à laser doté de différents capteurs sophistiqués, recueillir les données de tirs rassemblées par le système, introduire ces données dans la micro-puce incluse dans la grenade du lance-grenade et faire feu.

La grenade explosera exactement au dessus ou à côté de la cible de façon à l'atteindre par des éclats meurtriers. L'opération ainsi décrite semble complexe, mais les automatismes sont tels qu'un soldat de seconde classe peut s'en acquitter après un court entraînement. Les dégâts collatéraux (touchant des civils) seraient ainsi considérablement diminués. Sans ce dispositif en effet, les militaires visés font généralement usage en riposte à des armes beaucoup plus lourdes et imprécises.

Inutile de préciser que l'arme, que l'on prévoit d'utiliser aujourd'hui en Afghanistan et au Pakistan, pourra servir dans d'éventuels combats de rue menés sur le territoire national lui-même. On sera il est vrai loin alors du Taser.

Pour en savoir plus, voir:

Les systèmes de type MAARS ((Modular Advanced Armed Robotic System)

Dans les combats urbains, en dehors du XM25 que nous venons de présenter, l'US Army et les compagnies privées engagées à son côté sont de plus en plus intéressées par l'emploi de robots capables de se substituer momentanément ou durablement aux personnels humains. Mais que l'on n'imagine pas des robots humanoïdes sur le modèle de RobotCop. Il suffit de faire appel à de petits engins robotisés: mini-chars d'assaut de la taille d'une voiture d'enfant ou drones de 1 à 2 m. d'envergure.

Les modèles en cours de développement sont équipés d'un grand nombre de capteurs et d'effecteurs les rendant aussi autonomes que possible dans des tâches délicates telles que l' exploration d'un immeuble miné ou la recherche d'un sniper embusqué. Ils peuvent aussi servir de sentinelles infatigables pour garder des enceintes protégées ou des frontières. Selon les missions, ils peuvent faire appel aux différents modèles d'armes dont ils sont équipés, ou servir d'observateurs rapprochés pour guider des tirs de missiles sol-sol ou air-sol.

Dans la plupart des cas, ils sont suivis par des techniciens se trouvant loin de la ligne de tirs, capables de relayer le robot en cas de problèmes non prévus. Mais ils disposent cependant d'une large autonomie, afin de pouvoir faire face seuls aux difficultés.

L'US Army a organisé récemment pour tester ces machines des « Robotics Rodeo » se déroulant dans des décors urbains réels. L'une de leur qualité, très appréciée, est – outre la capacité à détecter le moindre événement suspect pouvant échapper à un observateur humain - leur indifférence à la peur. Selon l'expression d'un des experts, qu'il ne sera pas nécessaire de traduire: « they do'nt panic under fire ». Ce serait au contraire les insurgés qui paniqueraient lorsqu'ils se trouveraient confrontés à un engin de la taille d'une tondeuse à gazon qui leur enverrait sans prévenir des rafales de tirs mortels

La firme iRobot fondée par Rodney Brooks, bien connue de nos lecteurs, est très engagée dans le développement de tells armes. Mais le marché est vaste et attire bien d'autres brillants roboticiens. Pour être juste, quelques débats se font jour sur le caractère éthique s'attachant à l'emploi de robots dans des opérations militaires ou de maintien de l'ordre. De tels débats sont organisés par exemple à l'initiative du Yale Interdisciplinary Center for Bioethics. Nous y avons déjà fait allusion. Le robot, ou même le technicien distant censé dans certains cas le contrôler, sauront-ils clairement distinguer un ennemi d'un ami? Loin d'être diminués, les risques de dégâts collatéraux aux dépens des civils pourront en être augmentés. Plus généralement, l'utilisation de ces armes, ayant pour résultat de minimiser les pertes humaines, ne va-t-elle pas produire des armées ou des nations dites « trigger-happy », autrement dit portées sur la gâchette. Cela pourrait, à une certaine échelle, non seulement favoriser une course aux armements de haute technologie, mais même de nouveaux conflits.

Les experts en stratégie militaire, les industriels de l'armement et même certains défenseurs des droits civils plaident l'argument contraire. Les futurs combattants, étroitement « mariés » à des systèmes d'intelligence artificielle selon le modèle de l'anthropotechnique que nous utilisons dorénavant couramment pour notre part (voir notre essai « Le paradoxe du Sapiens » http://www.editions-bayol.com/pages/livres-titres/paradoxe.php ) seront infiniment plus prudents, avertis et respectueux des lois de la guerre que des militaires livrés à leurs seuls réflexes.

De toutes façons, disent-ils, la question ne se pose déjà plus. Ils rappellent qu'en Irak et en Afghanistan, l'utilisation de drones plus ou moins robotisés ( Predator, Reaper, Raven et Global Hawk ) a permis d'éviter aux militaires des milliers de sorties qui auraient été meurtrières. Actuellement, par ailleurs, l'armée emploie plus de 6.000 robots télécommandés pour détruire divers armes létales telles que les IED (improvised explosive device) ou mines improvisées.

Ceux qui voient loin, parmi ces stratèges, font valoir dans certains échanges privés que ces armes insensibles aux sentiments seront bien utiles lors des futures guerres civiles qu'ils prévoient sur le territoire américain lui-même, opposant par exemple l'Etat fédéral à des gangs armés d'immigrants, sinon à des Etats ou des villes sécessionnistes, Alors l'US National Guard ou l'US Army ne devront pas faire comme le firent certains (rares) soldats français durant la Commune, refuser de tirer sur les insurgés.

 

* Démonstration de MAARS. http://www.youtube.com/watch?v=n6Fisf5_9T4

 

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=22231

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 03:15

 

L'Iran, qui n'a jamais attaqué personne, prépare sa défense (vidéos)

 

 

 

 

 

.

 

 

 

 

http://panier-de-crabes.over-blog.com/article-press-tv-exercices-militaires-en-iran-s-t-videos-62304745-comments.html#anchorComment

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 03:10

 

 

 riche-et-esclaves-copie-2.jpg

 

 

"Commençons un mouvement populaire à travers l'Union Européenne", proclame un manifestant Iralanais au micro de France-Infos, ce samedi, au moment même où je m'apprête à écrire ma colère contre les Grandes banques internationales (et contre DSK, à leur service, qui promeut aujourd'hui en Europe les mêmes politiques qui ont ruiné, hier, les pays du Sud) et à appeler à la résistance à l'intolérable. J'approfondirai tout cela bientôt, en attendant, voici ce cri :


 

                         http://downwithtyranny.blogspot.com/2009/03/banksters-using-taxpayer-funds-to-fight.html

Grandes Banques ! Nous voici ! Par eva R-sistons

 

Voilà l'ennemi des peuples !


Les Grandes Banques

ont déclaré la guerre à l'humanité

toute entière pour satisfaire

leur voracité sans fin !

Elles ont étendu leurs immense tentacules

sur la planète entière,

jusqu'à l'asphyxier !

Du monde entier montent les cris

des victimes écrasées, broyées,

asphyxiées ! Le rouleau compresseur,

orchestré par le FMI de Strauss-Kahn,

après avoir provoqué partout

ruines, misère, larmes,

a décidé de s'attaquer à l'Europe,

pour extorquer l'argent des citoyens,

pour les asservir, pour les contraindre

à accepter une pseudo

Gouvernance mondiale de salut !

Les spéculateurs,

les traders,

les actionnaires,

les dirigeants des Grandes Banques,

les Agences de notation,

se frottent les mains,

ils peuvent faire des erreurs,

ils peuvent racketter les peuples,

ils peuvent s'amuser à jouer

au casino financier,

tout leur est permis,

tout leur est pardonné,

impunité totale,

les peuples paieront

pour leurs fautes, leurs frasques,

leurs jeux criminels, leurs folies !

Immense transfert de la poche

des citoyens pressurés, exsangues,

vers les coffre-forts des requins

de la Finance !

 


banque de prêt

http://sos-crise.over-blog.com/article-greve-contre-les-banques-le-7-decembre-2010-retirons-notre-argent-59578657.html


Adieu le capitalisme d'entreprise

qui fournissait des emplois,

bonjour le capitalisme financier,

de surcroît spéculatif,

qui tue les emplois

 

et joue avec la vie des gens,

misant même sur les denrées de base,

provoquant famines et émeutes !
 


Le Capital a remplacé le travail,

le Marché impose sa tyrannie,

les peuples sont sacrifiés partout !

Alerte ! Le FMI à son service

débarque en Europe !

 


soldessarko.jpg
http://sos-crise.over-blog.com/article-greve-contre-les-banques-le-7-decembre-2010-retirons-notre-argent-59578657.html


 


Aux mains du plus dangereux

des prédateurs,

D. Strauss-Kahn,

le FMI prospère,

il a fait main-basse sur la planète,

au Sud comme au Nord,

il impose partout rigueur et austérité

aux peuples épuisés,

ils doivent payer toujours plus

alors qu'ils ont toujours moins,

juste pour engraisser

une bande d'hors-la-loi,

assez de racket planétaire

sur les vies humaines !


 

 


Laplote




Et maintenant les citoyens exsangues

plébiscitent DSK pour diriger

leur vie, après l'avoir confiée à

Celui qui actuellement détruit la France,

ils veulent l'offrir

à Celui qui, via le FMI,

impose une loi d'airain

sur l'Europe toute entière,

pour transférer les fonds publics

aux fonds privés,

pour racketter les citoyens

au profit de leurs ennemis,

les Grandes Banques

qui ont décidé de vampiriser,

de soumettre, de sacrifier l'humanité.




NOM-Capital-j.jpg



 

Les Grandes Banques ont déclaré

la guerre à l'Europe,

DSK orchestre le plus grand hold-up

de l'Histoire de l'humanité,

et voici que sondeurs et médias

le présentent comme un Sauveur,

un homme providentiel,

tandis que les socialistes

trahissent leur idéal

en appelant le pire ennemi des peuples

à l'aide, pour arracher le Pouvoir

à la Droite ! Mais de quelle

Gauche s'agit-il ? De la Gauche

de tous les reniements

et de toutes les trahisons ?

Les victimes vont-elles offrir

le pouvoir à leur bourreau ?




Le monde est-il tombé sur la tête ?

On honore les prédateurs, maintenant ?  






http://sos-crise.over-blog.com




Les Irlandais ne voulaient pas de l'Europe,

les Décideurs qui se prétendent démocrates

la leur ont imposée,

et maintenant, on les oblige

à accepter le Plan qui signera leur mort ?

Moins d'emplois, moins d'allocations,

salaires amputés, impôts en hausse,

voilà le projet de DSK pour l'Irlande.

Et nous le voulons en France ?
 


Alerte ! Les Grandes Banques

ont fait main-basse

sur les peuples,

sur les pays,

sur l'Europe,

sur le monde,

après la Grèce jouet des spéculateurs

et des Agences de Notation,

voici la prospère Irlande

(avant d'entrer dans l'Europe

et de subir son joug)

qui tombe à son tour,

demain le Portugal, l'Espagne,

l'Italie, la France,

en coulisses le pan-germanisme

se frotte aussi les mains...

 


Alerte ! Les Grandes Banques et DSK

ont déclaré la guerre aux peuples

pour satisfaire


leurs appétits pantagruéliques,

eh bien, nous citoyens à notre tour

déclarons la guerre à DSK

et aux Grandes Banques,

nous avons le devoir

de ne pas accepter

l'holocauste planétaire qui se prépare !

 





 

C'est eux, ou c'est nous !

Eh bien, ce sera nous !

Dès le 7 décembre, attaquons

le Système cupide et assassin,

refusons de jouer le jeu

de la sur-consommation,

limitons nos besoins,

pensons au lieu de dépenser,

choisissons volontairement

la simplicité de vie,

et dans quelques jours,

retirons notre argent des Banques

même de dépôts,

autrefois il y avait une publicité

qui s'affichait partout:

"Votre argent nous intéresse",

ne leur offrons pas notre sueur,

nos vies,

refusons le racket de nos existences,

 

résistons à la mort programmée,

coulons le Système de l'intérieur !

 

Ils tremblent, les assassins,

en coulisses ils craignent ce jour fatal,

mais pour nous ce sera un jour de joie,

le premier vrai acte de résistance

à l'intolérable meurtre planétaire ! 


 

Comme les Irlandais,

appelons à la résistance de toute l'Europe,

grève générale comme au Portugal,

défis lancés aux banques,

nous vendrons chèrement notre peau

puisqu'ils ont signé notre arrêt de mort !


 

Il est temps de réclamer les têtes

de ceux qui ont décidé l'holocauste

planétaire,

il est temps de les offrir aux Tribunaux

pour qu'ils fassent justice

au nom des peuples sacrifiés

par des psychopathes jamais repus !

 


                                    http://sathyadas2.blogspot.com/2010/10/stop-banque-le-7-decembre-2010.html

 


Citoyens, aux actes,

le 7 décembre donnons le coup d'envoi

de la prise de la Bastille

des Grandes Banques,

des manifestations dans toute l'Europe,

 

et de la grève générale !



Montrons-leur qui nous sommes,

nous sommes les peuples,

opposés à ceux qui leur ont déclaré

une guerre sans merci

et sans fin,

puisque demain, les mêmes causes

produisant les mêmes effets,

et les racines du Mal

n'ayant pas été traitées,

on nous demandera encore

de nouveaux sacrifices

pour sauver les Banques

de leurs frauduleux risques de faillites !

 
  http://www.unefois.be/portail/archives/384
 


Citoyens, notre jour arrive bientôt !

Celui de la colère européenne !

Le 7 décembre,

nous montrerons qui nous sommes,

jusqu'à ce que Justice soit faite !

En avant, camarades,

tous unis pour mettre en place

un monde nouveau,

vive la liberté,

vive l'égalité,

vive la fraternité !

 

Eva R-sistons

   

http://sos-crise.over-blog.com/article-les-peuples-declarent-la-guerre-aux-banksters-ils-en-ont-le-devoir-pour-survivre-62344029.html

 


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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 03:05

Mondialisation.ca, le 14 novembre 2010

Entretiens avec Fidel Castro : Les dangers d’une guerre nucléaire

mercredi 1er décembre 2010, par Comité Valmy

Dans la nécessaire "bataille d’idées" à populariser, ces analyses fondamentales sont à ne pas manquer et à répercuter largement.

Comité Valmy


fidel-castro-y-michel-chossudovsky-2-580

AVANT-PROPOS

Du 12 au 15 octobre 2010, j’ai soutenu à La Havane des entretiens prolongés et détaillés avec Fidel Castro au sujet des périls d’une guerre nucléaire, de la crise économique mondiale, du caractère du Nouvel Ordre mondial et d’autres points.

La première partie de ces Entretiens publiée par mondialisation.ca et CubaDebate est axée sur les périls d’une guerre nucléaire. Le monde se trouve à un tournant dangereux. Nous avons atteint un point critique décisif dans notre histoire.

Les entretiens avec Fidel Castro offrent une interprétation de la nature de la guerre moderne : si les États-Unis et leurs alliés décidaient de lancer une opération militaire contre la République islamique d’Iran, ils ne pourraient pas remporter une guerre conventionnelle et il se pourrait dès lors que celle-ci se convertisse en une guerre nucléaire.

On a occulté à l’opinion publique les détails des préparatifs militaires contre l’Iran.

Comment faire face au présupposé diabolique et absurde de l’administration étasunienne : le recours aux armes nucléaires tactiques contre l’Iran rendra le monde plus sûr ?

Le leader de la Révolution cubaine formule un concept de base : la « bataille d’idées ». Seule une grande bataille de ce genre pourrait modifier le cours de l’histoire mondial, afin d’empêcher l’impensable : une guerre nucléaire qui menace de détruire la vie sur la planète.

Les médias transnationaux participent à ce camouflage en minimisant ou en passant sous silence les conséquences dévastatrices d’une guerre nucléaire. En de telles circonstances, il faudra donc écouter le message de Fidel au monde ; tous les peuples de la planète devront comprendre la gravité de la situation et agir énergiquement à tous les niveaux de la société pour inverser le cours des événements.

La « Bataille d’idées » fait partie d’un processus révolutionnaire. Face à ce torrent de désinformation, Fidel Castro est décidé à répandre la parole d’un bout à l’autre du monde, à informer l’opinion publique mondiale, à « rendre l’impossible possible », à empêcher une équipée militaire qui menace, au vrai sens du mot, l’avenir de l’humanité.

Quand une guerre parrainée par les USA se convertit en un « instrument de paix », et que les institutions mondiales et les plus hautes autorités mondiales, dont l’ONU, l’approuvent et l’acceptent, on atteint un point de non-retour : la société humaine court irréversiblement à sa perte.

La « Bataille d’idées » prônée par Fidel doit se traduire en un mouvement mondial. Les peuples doivent se mobiliser contre ces visées bellicistes diaboliques.

Les peuples pourront éviter cette guerre s’ils mettent la pression sur leurs gouvernements et sur leurs représentants élus, s’ils s’organisent localement dans les villes, les villages et les communes, s’ils répandent la parole, s’ils informent leurs concitoyens des conséquences d’une guerre thermonucléaire et s’ils engagent des débats et des délibérations avec les forces armées.

Il faut un mouvement massif des peuples qui conteste énergiquement la légitimé de la guerre, un mouvement mondial des peuples qui la pénalise.

Dans son message du 15 octobre, Fidel Castro a averti le monde des périls d’une guerre nucléaire : « Les dirigeants politiques et militaires des USA nous disent que la guerre provoque des dommages collatéraux, ce qui leur permet de justifier la mort d’innocents. Dans une guerre nucléaire, le dommage collatéral serait tout simplement l’existence même de l’humanité. Ayons le courage de dire tout haut que toutes les armes, qu’elles soient nucléaires ou classiques, que tout ce qui sert à faire la guerre doit disparaître ! »

La « Bataille d’idées » consiste à faire front aux criminels de guerre qui occupent de hautes responsabilités afin de briser le consensus – piloté par les USA – en faveur d’une guerre mondiale, de modifier la mentalité de centaines de millions de personnes, d’abolir les armes nucléaires. Bref, la « Bataille d’idées » consiste dans son essence à restaurer la vérité et à jeter les fondations d’un monde de paix.

Michel Chossudovsky,

Centre de recherche sur la mondialisation (CRG) www.mondialisation.ca,

Montréal le 11 novembre 2010, Jour du souvenir


« Si les USA font le choix de la guerre classique en Iran, ils la perdront. Et l’alternative de la guerre nucléaire n’en est une pour personne. Par ailleurs, la guerre nucléaire se convertirait inévitablement en une guerre nucléaire mondiale. »

« Je crois que personne au monde ne désire l’extinction de l’espèce humaine. Voilà pourquoi je suis d’avis qu’il faut faire disparaître non seulement les armes nucléaires, mais aussi les armes classiques. Il faut offrir des garanties de paix à tous les peuples sans distinction. »

« Dans une guerre nucléaire, le dommage collatéral serait tout simplement l’existence même de l’humanité. Ayons le courage de dire tout haut que toutes les armes, qu’elles soient nucléaires ou classiques, que tout ce qui sert à faire la guerre doit disparaître ! »

« Exigeons que le monde ne soit pas conduit à un désastre nucléaire, exigeons la préservation de la vie. »

Fidel Castro Ruz, octobre 2010


ENTRETIENS

Michel Chossudovsky. Je me sens très honoré d’avoir l’occasion d’échanger avec vous sur des questions si fondamentales, qui concernent la société humaine dans son ensemble, et sur la notion que vous avez présentée dans vos dernières Réflexions, la menace qui pèse sur l’Homo sapiens, et qui me semble essentielle.

Alors, quelle est donc cette menace, ce danger de guerre nucléaire et la menace qui pèse sur les êtres humains, sur l’Homo sapiens ?

Fidel Castro Ruz. Depuis bien longtemps, des années, dirai-je, mais surtout depuis plusieurs mois, je m’inquiète de l’imminence d’une guerre dangereuse qui se convertirait vite en guerre nucléaire.

Avant, j’avais axé mes efforts sur l’analyse du système capitaliste en général, sur les méthodes que la tyrannie impériale a imposées à l’humanité. Les USA violent dans le monde les droits humains les plus élémentaires.

Pendant la Guerre froide, on ne parlait pas de guerre, ni des armes nucléaires ; on parlait d’une paix apparente, censément garantie entre l’URSS et les USA, selon la fameuse théorie de la « destruction mutuelle garantie », et il semblait que le monde allait jouir des délices d’une paix prolongée pour une durée illimitée.

Michel Chossudovsky. La fin de la Guerre froide a mis fin à cette notion de « destruction mutuelle » et la doctrine nucléaire a été reformulée. En fait, personne ne pensait à une guerre nucléaire pendant la Guerre froide. Il existait un danger, bien entendu, comme l’a même dit Robert McNamara à un moment donné… Mais la doctrine nucléaire a été reformulée à partir de la fin de la Guerre froide et surtout à compter du 11 septembre.

Fidel Castro Ruz. Vous m’avez demandé quand j’ai commencé à me rendre compte du danger imminent de guerre nucléaire. Je vous l’ai dit : voilà à peine six mois. L’un des faits qui a le plus attiré mon attention à cet égard est le torpillage du Cheonan durant des manœuvres militaires, le meilleur navire de la marine sud-coréenne, dernier cri. C’est ces jours-là que j’ai trouvé sur le site Global Research l’article de ce journaliste qui offrait une information claire et vraiment cohérente du torpillage du Cheonan, qui ne pouvait pas être l’œuvre d’une torpille lancée par un sous-marin nord-coréen vieux de plus de soixante ans, de fabrication soviétique, alors que le Cheonan n’avait pas besoin d’être doté d’appareils de pointe pour le repérer au cours de manœuvres conjointes avec les bâtiments les plus modernes des USA !

Cette provocation contre la République populaire et démocratique de Corée s’ajoutait à mes inquiétudes déjà plus anciennes au sujet d’une agression contre l’Iran dont je suivais de près l’évolution politique. Je savais parfaitement ce qu’il s’était passé dans les années 50 quand l’Iran avait nationalisé les biens de British Petroleum, qui s’appelait alors Anglo Persian Oil Company.

C’est le 9 juin dernier que les menaces contre l’Iran deviennent à mes yeux totalement réelles, quand le Conseil de sécurité adopte la Résolution 1929 qui condamne ce pays pour ses recherches dans le domaine nucléaire et pour avoir produit une petite quantité d’uranium enrichi à 20 p. 100, et l’accuse de constituer une menace pour le monde. On connaît les positions de chaque membre du Conseil de sécurité : 12 voix pour, dont les 5 à droit de veto, 1 abstention et 2 contre, le Brésil et la Turquie. Une fois cette résolution adoptée, la plus agressive de toutes, un porte-avions étasunien dans le cadre d’un groupe de combat et un sous-marin nucléaire franchissent presque aussitôt le canal de Suez avec la coopération du gouvernement égyptien, et sont ensuite rejoints par des bâtiments israéliens dans le golfe Persique et dans les eaux avoisinantes.

Les sanctions imposées à l’Iran par les USA et leurs alliés de l’OTAN sont absolument abusives et injustes. Et je ne comprends pas pourquoi la Russie et la Chine n’ont pas mis leur veto à cette dangereuse Résolution 1929 du Conseil de sécurité des Nations Unies. De mon point de vue, ça a compliqué terriblement la situation politique et mis le monde au bord de la guerre.

Je me suis souvenu des attaques israéliennes contre des centres de recherche nucléaire de pays arabes : d’abord, en Iraq en juin 1981, sans demander la permission à personne, sans en parler à personne, et l’Iraq a accusé le coup ; ensuite, en 2007, contre un centre de recherche en chantier en Syrie. Dans ce dernier épisode, il y a quelque chose que je ne comprends pas : la tactique, autrement dit les raisons pour lesquelles la Syrie n’a pas dénoncé cette attaque israélienne contre un centre de recherche où elle travaillait incontestablement à quelque chose avec la coopération de la Corée du Nord, quelque chose de légal…

J’avoue franchement ne pas comprendre. Il aurait été important de dénoncer cette attaque. Ce sont là deux précédents très importants.

Il y a bien d’autres raisons, à mon avis, pour penser qu’on tentera de faire pareil contre l’Iran, autrement dit de détruire ses centres de recherche ou ses centres de production d’énergie. Le résidu de l’uranium utilisé dans la production d’électricité, c’est, on le sait, le plutonium.

fidelcastro-y-michel-chossudovsky-1-580x

Michel Chossudovsky. Il est vrai que cette Résolution du Conseil de sécurité annule en quelque sorte le programme de coopération militaire que la Russie et la Chine ont avec l’Iran, en particulier celui de la Russie au système de défense antiaérienne, avec le système S-300.

Juste après cette décision du Conseil de sécurité entérinée par la Chine et la Russie, le ministre russe des affaires étrangères a dit : « Nous avons approuvé cette Résolution, mais ça ne va pas interrompre notre coopération militaire avec l’Iran. » C’était en juin. Mais quelques mois après, Moscou a confirmé que cette coopération militaire serait interrompue, si bien que l’Iran se retrouve dans une situation très grave parce qu’il a besoin de la technologie russe pour maintenir sa sécurité, sa défense antiaérienne.

Mais toutes les menaces à la Russie et à la Chine visent à ce que ces deux pays ne se mêlent pas de l’Iran, autrement dit qu’en cas de guerre, ils n’interviennent absolument pas, après avoir suspendu leur coopération militaire. C’est là une manière d’étendre la guerre au Moyen-Orient sans confrontation avec la Russie et la Chine. Je crois que c’est un peu le scénario actuel.

Les menaces envers la Russie et la Chine sont multiples aux différentes frontières. Le fait que les frontières de Chine soient militarisées, la mer au sud de la Chine, la Mer jaune, la frontière avec l’Afghanistan, le détroit de Taïwan, tout ceci est en quelque sorte une menace pour dissuader la Chine et la Russie de jouer un rôle de puissances dans l’arène géopolitique mondiale et pour préparer le terrain et le consensus en vue d’une guerre contre l’Iran, qui devrait se battre alors que son système de défense antiaérienne est affaibli… En anglais, il existe une expression : a sitting duck, qui veut dire littéralement « un canard assis » et au figuré : une cible facile. Disons donc que l’Iran est une cible facile compte tenu de ses possibilités de défense antiaérienne

Fidel Castro Ruz. À mon avis modeste et serein, il aurait fallu bloquer cette Résolution..

Ça a tout compliqué à plusieurs égards. Sur le plan militaire, comme vous l’avez expliqué, les Russes s’étaient engagés à livrer des S-300 à l’Iran et avaient signé des contrats. Ce sont des armes antiaériennes très efficaces. Ensuite, il y a les livraisons de carburant qui sont très importantes pour la Chine, parce que c’est le pays dont la croissance est la plus forte, et que son économie exige le plus de pétrole et de gaz. Bien qu’il existe des accords avec la Russie de livraisons de pétrole et de gaz, que la Chine développe aussi l’énergie éolienne et d’autres formes d’énergie renouvelables, qu’elle possède d’énormes réserves de charbon, son énergie nucléaire ne croîtra pas beaucoup et ne produira que 5 p. 100 de l’électricité requise, et ce pour bien des années encore, et elle aura donc besoin de beaucoup de gaz et de pétrole, et je ne conçois vraiment pas comment elle pourra obtenir cette énergie et à quel prix si le pays où elle a fait de gros investissements est détruit par les USA !

Mais le risque pire est une guerre de ce genre contre l’Iran. Qui est un pays musulman, qui possède des millions de combattants entraînés et absolument motivés.

L’Iran compte des dizaines de millions de personnes qui ont suivi un entraînement militaire, formés du point de vue politique et entraînés, des millions d’hommes et de femmes entraînés et n’ayant pas peur de mourir. Ce sont des gens qui ne vont pas se laisser intimider et que la force ne va pas faire changer. Par ailleurs, vous avez les Afghans – assassinés par les drones – les Pakistanais, les Iraquiens, qui ont vu mourir de un à deux millions de leurs compatriotes par suite de la guerre antiterroriste engagée par Bush. Vous ne pouvez pas gagner une guerre contre le monde musulman. C’est insolite ! C’est de la folie !

Michel Chossudovsky. Et c’est tout à fait vrai : ses forces classiques sont énormes. L’Iran peut mobiliser du jour au lendemain plusieurs millions de soldats à la frontière iraquienne, à la frontière afghane, et même s’ils mènent une guerre type blitzkrieg, les USA ne pourront pas éviter une guerre classique tout près de leurs bases militaires dans la région.

Fidel Castro Ruz. Cette guerre classique, ils la perdraient. Personne ne peut gagner une guerre classique contre des millions de soldats et de personnes. La population de tout un pays ne va pas se concentrer à un endroit pour que les Étasuniens la tuent !

J’ai été guérillero, et je me rappelle avoir dû beaucoup penser à la manière dont il fallait utiliser nos forces, et je n’aurais jamais commis l’erreur de les concentrer, parce que plus vos forces sont concentrées et plus les armes de destruction massive vous causeront de pertes.

Michel Chossudovsky. Vous avez dit que l’appui de la Chine et de la Russie à la Résolution 1929 au Conseil de sécurité était très important, car elles se font du tort à elles-mêmes. D’abord, la Russie ne peut plus exporter d’armes, qui sont sa principale source de devises, d’autant que l’Iran était l’un des principaux acheteurs. Ça revient donc à tarir une entrée de devises importante qui soutient l’économie de consommation et les besoins de la population russe.

Vous avez aussi signalé à quel point la Chine a besoin de l’énergie pour sa croissance économique. En fait, que la Chine et la Russie aient rejoint le consensus au Conseil de sécurité veut dire en quelque sorte : « Nous acceptons que vous tuiez notre économie, que vous interrompiez nos accords commerciaux avec un pays tiers. » C’est très grave. Le tort n’est pas seulement contre l’Iran, mais aussi pour ces deux pays. Je ne suis pas un homme politique, mais je suppose qu’il a dû y avoir de terribles divisions au sein des dirigeants russes et chinois pour que ces deux pays acceptent de ne pas opposer leur veto au Conseil de sécurité.

Des journalistes russes m’ont dit que ce n’est pas là un consensus du gouvernement en tant que tel, mais une ligne de conduite. Mais des gens au gouvernement ont d’autres points de vue sur les intérêts de la Russie et sur son attitude au Conseil de sécurité. Comment voyez-vous ça ?

Fidel Castro Ruz. Comment je vois la situation générale ? Si les USA font le choix de la guerre classique en Iran, ils la perdront. Et l’alternative de la guerre nucléaire n’en est une pour personne.

Par ailleurs, la guerre nucléaire se convertirait inévitablement en une guerre nucléaire mondiale. D’où, à mon avis, la dangerosité de la situation actuelle vis-à-vis de l’Iran, compte tenu des raisons que vous avancez et de bien d’autres données qui me font conclure que la guerre prendrait un caractère nucléaire.

Michel Chossudovsky. Autrement dit, comme les USA et leurs alliés sont incapables de gagner une guerre classique, ils vont recourir à l’arme nucléaire, mais comme ils ne peuvent pas non plus gagner cette guerre, nous allons tout perdre.

Fidel Castro Ruz. Tout le monde la perdrait. C’est une guerre que nous perdrions tous ! Que gagnerait la Russie à une guerre nucléaire ? Et la Chine ? Quel caractère aurait cette guerre, comment le monde réagirait-il, quels effets aurait-elle sur l’économie mondiale ? Vous l’avez expliqué à l’Université de La Havane, quand vous avez parlé du système de défense centralisé mis au point par le Pentagone. Ça ressemble à de la science-fiction, ça n’a plus rien à voir avec la Deuxième Guerre mondiale. L’autre point, aussi, est très important : la tentative de convertir les armes nucléaires en armements tactiques classiques.

Aujourd’hui même, 13 octobre, j’ai lu dans une dépêche de presse que les habitants d’Hiroshima et Nagasaki protestaient énergiquement devant les essais nucléaires dits subcritiques réalisés par les USA. On les appelle comme ça parce que l’arme nucléaire est utilisée sans qu’on déploie toute l’énergie que permettrait la masse critique.

La voici. Son titre : « Indignation à Hiroshima et à Nagasaki pour un essai nucléaire des USA. »

Hiroshima et Nagasaki, les deux villes japonaises victime d’une attaque nucléaire à la fin de la Deuxième Guerre mondiale ont déploré aujourd’hui que les USA aient réalisé en septembre dernier un essai nucléaire dit subcritique, parce qu’il ne déclenche pas de réactions nucléaires en chaîne.

L’essai, le premier de ce genre dans ce pays depuis 2006, a eu lieu le 15 septembre dans un centre du Nevada, aux États-Unis. Selon le journal Japan Times, il a été confirmé officiellement par le département de l’Énergie.

Que dit ce journal ?

« "Je le déplore profondément parce que j’espérais que le président Barack Obama prendrait la tête en vue de l’élimination des armes nucléaires", a déclaré aujourd’hui le gouverneur de Nagasaki, Hodo Nakamura, en conférence de presse. »

Vient toute une série de nouvelles à ce sujet.

« L’essai a aussi provoqué des protestations parmi les habitants d’Hiroshima et de Nagasaki, dont celles de plusieurs survivants des bombes nucléaires qui ravagèrent ces deux villes en août 1945.

« "Nous ne pouvons pas tolérer cette action des USA qui trahit la promesse du président Barack Obama de progresser vers un monde dénucléarisé", a affirmé Yukio Yoshioka, sous-directeur du Conseil des victimes de la bombe nucléaire d’Hiroshima.

« Le gouvernement a déclaré qu’il n’avait pas l’intention de protester. »

Il laisse ça au domaine social. On lit ensuite :

« Ceci porte à vingt-six la quantité d’essais nucléaires subcritiques réalisés par les USA depuis juillet 1997, date de la première. »

La dépêche ajoute :

« Washington estime que ces essais ne violent pas le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT), car ils ne déclenchent pas de réactions en chaîne et ne dégagent donc pas d’énergie nucléaire, de sorte qu’on peut le considérer des essais de laboratoire. »

Les États-Unis disent que ces essais sont indispensables à la sécurité de leur arsenal nucléaire. Comme ils ont de grands arsenaux nucléaires, ils doivent les protéger.

Michel Chossudovsky. Revenons à la menace contre l’Iran. Vous dites que les USA et leurs alliés ne peuvent pas gagner une guerre conventionnelle. C’est vrai. Mais l’arme nucléaire pourrait être utilisée en remplacement d’une guerre classique, et ça, c’est de toute évidence une menace à l’humanité, comme vous l’avez souligné dans vos écrits.

Ce qui m’inquiète, c’est de voir se développer, après la Guerre froide, la notion d’arme nucléaire à visage humanitaire, sous prétexte qu’il ne s’agirait pas d’une arme dangereuse pour les civils. Il s’agirait en quelque sorte de changer l’étiquette de l’arme nucléaire. Selon ces concepts, l’armée nucléaire ne se différencie pas de l’arme conventionnelle. Et maintenant, les manuels militaires disent que l’arme nucléaire tactique ne fait pas de mal aux civils. Au point que, dans une situation donnée, ceux qui décideraient d’attaquer l’Iran à l’arme nucléaire ne se rendraient même pas compte des conséquences que cela pourrait voir pour le Moyen-Orient, l’Asie centrale, mais aussi pour l’ensemble de l’humanité, car ils pourraient dire : « De notre point de vue, cette arme nucléaire est différente de celle de la Guerre froide, et nous pouvons l’employer contre l’Iran pour garantir la paix mondiale. »

Comment voyez-vous ça ? C’est là quelque chose de terriblement dangereux, parce qu’ils croient à leur propre propagande. Une propagande interne au sein des forces armées, au sein de l’appareil politique.

Selon les documents rendus publics en 2002, en 2003, au sujet de l’arme nucléaire tactique, le sénateur Edward Kennedy a même dit à cette époque que c’était une manière d’effacer la frontière entre armes conventionnelles et armes nucléaires. Or, nous y sommes. Nous sommes à une époque où l’arme nucléaire n’est pas différente de la Kalachnikov… J’exagère, bien entendu, mais ça fait partie en quelque sorte de la boîte à outils – c’est l’expression qu’ils utilisent – d’où ils tirent l’armement à employer, si bien que l’arme nucléaire tactique pourrait être employée sur un théâtre de guerre classique. Ça nous conduirait à des scénarios impensables : une guerre nucléaire régionale qui aurait des répercussions à l’échelle planétaire.

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Fidel Castro Ruz. J’ai écouté ce que vous avez dit au cours de la Table ronde télévisée : que ces armes, censément inoffensives pour les habitants proches du lieu d’impact, ont une puissance explosive allant d’un tiers à six fois celle de la bombe qui fut lancée sur Hiroshima.Or, on connaît parfaitement les terribles dommages qu’elle a causés. Une seule bombe a tué instantanément cent mille personnes. Imaginez une bombe six fois plus puissante, ou deux fois, ou aussi puissante, ou seulement le tiers… C’est absurde !

Vous avez aussi parlé à l’Université de la tentative de la présenter comme une arme humanitaire dont pourraient disposer les troupes en opérations. De sorte qu’à un moment donné, un commandant d’une zone d’opération pourrait décider de l’employer parce que plus efficace que les autres, ce qui serait son devoir dans le cadre des doctrines militaires et des enseignements donnés dans les écoles militaires.

Michel Chossudovsky. Dans ce sens, je ne crois pas que cette arme nucléaire soit utilisée sans l’aval, mettons, du Pentagone ou du commandement centralisé, mais je crois qu’elle pourrait l’être sans celui du président des USA et du commandant en chef des forces armées, autrement dit le président en personne. Bref, nous ne sommes plus du tout dans la logique de la Guerre froide, avec son téléphone rouge…

Fidel Castro Ruz Je comprends que ce que vous dites, professeur, au sujet de cette arme qui serait utilisée comme faculté des instances supérieures du Pentagone, et il me semble correct que vous le précisiez pour qu’on ne vous accuse pas d’exagérer le danger de cette arme.

Mais, quand on sait les antagonismes et les discussions entre le Pentagone et le président des USA, on ne doute guère de ce que serait la décision du Pentagone au cas où le chef d’un théâtre d’opérations demanderait l’autorisation d’employer cette arme s’il le juge nécessaire ou indispensable.

Michel Chossudovsky. Il y a un autre facteur : le déploiement actuel des armes nucléaires dans plusieurs pays européens membres de l’OTAN, qui implique tout un déploiement d’armes nucléaires tactiques, en Turquie, en Italie, en Allemagne, si bien que des tas de petites bombes nucléaires se trouvent tout près du théâtre d’opération. Et, par ailleurs, il y a Israël.

De toute façon, je ne crois pas qu’Israël lance une guerre à son compte. C’est impossible des points de vue stratégique et décisionnel. Dans la guerre moderne, où les systèmes de communications, de logistique et tout le reste sont centralisés, c’est là une décision centralisée. Mais il se pourrait que les USA lui donnent le feu vert et qu’Israël lance alors la première attaque. Ce n’est pas du domaine de l’impossible, bien que certains commentateurs disent maintenant que la guerre va commencer par le Liban et la Syrie sous forme de guerre frontalière classique, ce qui servira de prétexte ensuite à une escalade des opérations militaires.

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Fidel Castro Ruz. Hier, 13 octobre, une foule a accueilli Ahmadinejad au Liban en héros national. J’ai lu une dépêche là-dessus ce matin.

On connaît aussi les inquiétudes d’Israël à ce sujet, car les Libanais sont des combattants, qui possèdent trois fois plus de missiles à réaction que lors du précédent conflit avec ce pays, et les techniciens israéliens disent qu’il leur faut l’aviation pour combattre ces projectiles et qu’Israël ne pourrait attaquer l’Iran que pendant quelques heures, et non pendant trois jours, car il faudrait fairea attention au danger des projectiles libanais. Les Israéliens, de ce point de vue, sont de plus en plus inquiets, parce que ces armes font partie de l’arsenal classique des Iraniens. Ceux-ci possèdent par exemple des centaines de lance-missiles contre des bâtiments de surface du côté de la Mer caspienne. Or, on sait, depuis la guerre des Malouines, qu’un bâtiment de guerre peut se défendre contre un, deux ou trois missiles, mais qu’il est incapable de résister à une pluie de projectiles. Les Iraniens possèdent des bâtiments rapides conduits par des gens bien entraînés, car cela fait trente ans que ce pays prépare ses gens et qu’il a mis au point des armes classiques efficaces.

Durant la dernière guerre mondiale, avant l’apparition des armes nucléaires, plus de cinquante millions de personnes ont été tuées par des armes classiques.

Une guerre aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celles du XIXe siècle, avant l’apparition de l’arme nucléaire. Et elles étaient déjà extrêmement destructives. Les armes nucléaires sont apparues à la dernière minute, parce que Truman a voulu les employer, faire un essai avec la bombe d’Hiroshima, dont la masse critique provenait de l’uranium, tandis que celle de la bombe de Nagasaki est née du plutonium. Toutes deux ont tué environ cent mille personnes d’un coup, sans parler de la quantité de gens qui sont décédés ensuite par blessures et irradiation, et qui en souffrent les effets depuis de longues années.

De plus, une guerre nucléaire provoquerait un hiver nucléaire. Je vous parle des dangers que représenterait une guerre par ses dommages immédiats. Mais il suffirait d’une quantité d’armes limitée, par exemple celles que possèdent les deux puissances qui en ont le moins, l’Inde et le Pakistan, pour provoquer un hiver nucléaire qui durerait de huit à dix ans et auquel aucun être humain ne survivrait. En quelques semaines, on ne verrait plus la lumière du soleil.

L’homme est sur la Terre depuis moins de deux cent mille ans. Jusqu’ici, tout se déroulait d’une manière normale, les lois de la Nature jouaient, les lois de la vie se développaient sur notre planète Terre depuis plus de trois milliards d’années. Selon toutes les études, l’existence de l’homme sur la Terre, de l’Homo sapiens, de l’être intelligent ne représente dans le temps que les huit dixièmes d’un million. Voilà deux cents ans, on ignorait virtuellement tout. Aujourd’hui, on connaît les lois qui régissent l’évolution des espèces. Les scientifiques, les théologiens, voire les religieux les plus sincères, qui se faisaient au départ l’écho de la campagne des grandes institutions religieuses contre la théorie de Darwin, acceptent aujourd’hui les lois de l’évolution comme réelles, sans que cela leur ait interdit de professer leurs croyances dans lesquelles les gens trouvent bien souvent une compensation à leurs souffrances les plus vives.

Je crois que personne au monde ne désire l’extinction de l’espèce humaine. Voilà pourquoi je suis d’avis qu’il faut faire disparaître non seulement les armes nucléaires, mais aussi les armes classiques. Il faut offrir des garanties de paix à tous les peuples, sans distinction, aussi bien aux Iraniens qu’aux Israéliens, et il faut distribuer les ressources de la Nature. Il le faut ! Je ne dis pas que ça va se faire, ni que ce soit facile à faire, mais il n’y a pas d’autres solutions pour l’humanité, dans un monde limité en étendue et en ressources déterminées, même si toutes les forces scientifiques sont capables de se développer pour créer des sources d’énergie renouvelables. Le monde compte presque sept milliards d’habitants : il faut mettre en place une politique démographique. Il faut en fait bien des choses. Quand vous les placez toutes ensemble les unes à côté des autres, vous vous posez la question : L’être humain sera-t-il capable de le comprendre et de surmonter toutes ces difficultés ? Vraiment, seul l’enthousiasme peut pousser quelqu’un à dire qu’on va faire face à un tel problème et le régler facilement.

Michel Chossudovsky. Ce que vous avez dit au sujet de Truman est extrêmement important. Truman avait dit qu’Hiroshima était une base militaire et que les civils ne souffriraient pas.

…La notion des dommages collatéraux, qui semble la continuation de la doctrine nucléaire depuis 1945. Je veux dire : pas au niveau de la réalité, mais au niveau de la doctrine et de la propagande. L’argument en 1945 a été en effet le suivant : nous allons sauver l’humanité en tuant cent mille personnes et en niant qu’Hiroshima est une ville civile, non une base militaire. Mais, de nos jours, la falsification est bien sophistiquée, plus généralisée, et l’arme nucléaire est bien plus avancée. Ainsi donc, quand nous parlons de l’avenir de l’humanité et de la menace d’une guerre nucléaire à l’échelle planétaire, il faut comprendre que le mensonge, que la fiction au cœur même du discours politique et militaire nous conduira à une catastrophe sans même que les politiciens comprennent leurs propres mensonges.

Vous avez dit que les êtres humains intelligents existent depuis deux cent mille ans. Mais cette intelligence traduite au niveau des institutions, de la presse, des services de renseignement, des Nations Unies devient le facteur qui va nous détruire, parce que vous finissez pas croire vos propres mensonges, et la guerre nucléaire surviendra sans même que nous nous rendions compte que ce sera la dernière, comme l’avait dit Einstein clairement : Une guerre nucléaire menace la survie de l’humanité, et c’est là la menace mondiale. »

Fidel Castro Ruz. Ce sont de très bonnes paroles, professeur : le dommage collatéral, en l’occurrence, ce serait tout bonnement l’humanité. La guerre est un crime, il n’y a pas besoin d’une nouvelle loi, car, depuis Nuremberg on la considère comme le plus grand crime contre l’humanité et la paix, le plus horrible de tous les crimes.

Michel Chossudovsky. Les textes de Nuremberg le disent clairement : « La guerre est un acte criminel, c’est l’acte de guerre suprême contre la paix. » Ce texte de Nuremberg est très souvent cité. Après la guerre, les Alliés voulaient l’utiliser contre les vaincus. Je ne dis pas que ça ne soit pas valable, mais le fait est que les crimes qu’ils ont commis, eux, contre l’Allemagne, contre le Japon, personne n’en parle.

Fidel Castro Ruz. Et avec l’arme nucléaire, dans le second cas.

Michel Chossudovsky. Bref, c’est pour moi une question extrêmement importante. Si nous voulons former une contre-alliance pour la paix, la criminalisation de la guerre me paraît fondamentale. Il faut abolir la guerre, éliminer cet acte criminel.

Fidel Castro Ruz. Qui juge les principaux criminels ?

Michel Chossudovsky. Le hic, c’est qu’ils contrôlent aussi les cours de justice, et les juges sont aussi des criminels. Que pouvons-nous faire ?

Fidel Castro Ruz. Je dis que ça fait partie de la bataille d’idées.

Et maintenant, il faut exiger que le monde ne soit pas conduit à une catastrophe nucléaire ; maintenant, il s’agit de préserver la vie. Je ne sais, mais je suppose que si les gens prennent conscience que leur propre existence, celle de leur peuple, celle de leurs être les plus chers, jusqu’aux chefs militaires des USA changeraient d’avis, même s’ils ont été formés dans leurs écoles à obéir à des ordres, bien souvent génocidaires, comme cet emploi d’armes nucléaires tactiques ou stratégiques…

Comme tout ceci est insensé, aucun politique n’est exonéré du devoir de faire connaître ces vérités à la population. Il faut y croire ; sans ça, il n’y aurait rien pour quoi se battre.

Michel Chossudovsky. Je crois que ce que vous dites, c’est que, au moment actuel, le grand débat historique de l’humanité est le danger d’une guerre nucléaire qui menace son avenir et que tout débat sur les besoins essentiels ou sur l’économie exige qu’on évite la guerre et qu’on instaure la paix mondiale afin qu’il soit possible de planifier le niveau de vie à l’échelle mondiale à partir des besoins de base. Et que si nous ne solutionnons pas la question de la guerre, le capitalisme ne pourra pas non plus survivre. Est-ce bien ça ?

Fidel Castro Ruz. Non, compte tenu des analyses que nous avons faites, il ne pourra pas survivre. Le système capitaliste et l’économie de marché qui lui donne vie ne vont pas disparaître du jour au lendemain, mais l’impérialisme fondé sur la force, sur les armes nucléaires et classiques à technologie de pointe doit disparaître si nous voulons que l’humanité survive.

Tenez, voyez ce qu’il passe aujourd’hui et qui prouve l’énorme désinformation dont le monde est victime : la nouvelle que les trente-trois mineurs chiliens attrapés à sept cents mètres de profondeur ont été sauvés a plongé le monde dans une jubilation énorme. Je me demande : que fera le monde s’il prend conscience qu’il y a 6 877 596 300 personnes à sauver ? Si trente-trois ont provoqué une telle allégresse universelle et si les médias du monde entier ne parlent que de ça ces jours-ci, pourquoi ne sauve-t-on pas les presque sept milliards de personnes attrapés par le terrible péril de disparaître et de souffrir une mort aussi horrible qu’à Hiroshima et à Nagasaki ?

Michel Chossudovsky. Vous entrez là dans la couverture médiatique que l’on fait de différents événements et de la propagande qui en émane.

Je pense que les Chiliens ont mené une opération humanitaire fantastique. Mais si une menace comme celle que vous dites pèse sur l’humanité, alors, elle devrait faire la une de tous les journaux du monde, parce que la victime est l’ensemble de l’humanité qui pourrait souffrir les conséquences d’une décision prise par un simple général à trois étoiles. Oui, c’est un fait que les medias, surtout occidentaux, cachent la question la plus grave qui concerne potentiellement le monde entier, à savoir le danger d’une guerre nucléaire que nous devons, hélas, prendre au sérieux parce qu’Obama aussi bien qu’Hillary Clinton ont dit qu’ils avaient l’idée d’employer l’arme nucléaire dans une guerre dite préventive contre l’Iran.

Alors, que répondons-nous ? Que dites-vous à Hillary Clinton et à Barack Obama au sujet du recours unilatéral éventuel à l’arme nucléaire contre l’Iran, un pays qui ne représente aucun danger pour personne ?

Fidel Castro Ruz. Je sais deux choses. Ce qui a été discuté, ce qui a été révélé ces jours-ci, les fortes discussions au sein du Conseil de sécurité nationale des USA. C’est toute la valeur du livre de Woodward qui révèle comment se sont déroulées ces discussions. On connaît la position de Biden, d’Hillary, d’Obama… En tout cas, celui qui s’est montré le plus résolu contre l’extension de la guerre, qui a discuté avec les militaires, c’est Obama. C’est un fait, et j’en ai parlé dans mes dernières Réflexions. Le seul à lui avoir donné un conseil, quelqu’un qui avait été son adversaire en tant que républicain, c’est Colin Powell, qui lui a rappelé que le président des États-Unis, c’était lui. Un conseil encourageant.

Je crois qu’il faut leur faire parvenir à tous ce message dont nous avons parlé : je crois que beaucoup lisent sur Global Research les articles que vous publiez. Je crois qu’il faut les divulguer. Et, compte tenu de nos conversations, je me réjouis à l’idée de les faire connaître, et de faire connaître vos arguments, vos raisonnements, car il existe à mon avis un énorme déficit d’information pour les motifs que vous avez expliqués.

Nous, il faut que nous inventions. Quelles seraient les meilleures manières de faire connaître tout ça. À leur époque, les apôtres n’étaient que douze et ils ont entrepris de divulguer les enseignements qu’un prédicateur leur avait transmis. Bien entendu, ils avaient des centaines d’années devant eux ; nous, en revanche, nous ne les avons pas. J’ai consulté la liste des plus de vingt personnalités qui collaborent à Global Research, des gens prestigieux, assurément, qui soulèvent les mêmes points, mais elles ne disposent pas de centaines d’années. Non, le temps est vraiment très court.

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15 octobre avec équipes de la TV cubaine et de Global Research

Michel Chossudovsky. Le mouvement contre la guerre aux USA, au Canada et en Europe est très divisé. Certains pensent que la menace vient d’Iran, que ce sont des terroristes ; il y a beaucoup de désinformation au sein du mouvement antibelliciste.

Même au Forum social mondial, ce problème de la guerre nucléaire ne fait pas partie des débats chez les gens de gauche, les progressistes. Durant la Guerre froide, on en parlait et les gens en étaient conscients.

À la dernière réunion des Nations Unies sur la non-prolifération, l’accent a été mis sur la menace nucléaire provenant non des États, mais des terroristes. Le président Obama disait que la menace vient d’Al Qaeda qui possède l’arme nucléaire. Si vous lisez les discours d’Obama, vous verrez qu’il insinue que les terroristes sont capables de fabriquer de petites bombes nucléaires, ce qu’ils appellent une bombe sale… Bref, l’accent est absolument modifié.

Fidel Castro Ruz. C’est ce qu’on lui dit, c’est ce que veulent lui faire croire les gens qui l’entourent.

Tenez, qu’est-ce que je fais de mes Réflexions ? Je les distribue aux Nations Unies, je les envoie à tous les gouvernements, celles qui sont courtes, bien entendu, et je sais que beaucoup de gens les lisent. La question est de savoir si vous dites la vérité ou non. Bien entendu, quand vous réunissez toute cette information sur un problème plus concret, ça a plus d’impact. Parce que les Réflexions abordent plusieurs problèmes, et ça se dilue. Je crois que, de mon côté, je dois me concentrer davantage sur les choses essentielles, parce que vous ne pouvez pas tout aborder.

Michel Chossudovsky. J’aimerais vous poser une question, parce qu’il y a une question fondamentale relative à l’histoire de la Révolution cubaine. J’estime que ce débat sur l’avenir de l’humanité fait aussi partie du discours révolutionnaire. Si la société dans son ensemble est menacée par une guerre nucléaire, alors il faut provoquer une révolution de la pensée et des actions pour pouvoir contrer cette menace.

Fidel Castro Ruz. Il faut dire, je le répète, que l’humanité est à huit cents mètres de profondeur et qu’il faut la tirer de là. Qu’il faut faire une sorte d’opération de sauvetage. Voilà le message que nous devons transmettre à beaucoup de gens. Si beaucoup de gens le pensent, alors ils vont faire ce que vous faites et vont appuyer les mêmes causes que vous, et ça ne dépendra plus seulement de ceux qui le disent.

Il faut inventer la manière de toucher les masses les plus conscientes. La solution, ce ne sont pas les journaux. Internet existe, il est plus économique, il est plus accessible. Tenez, je vous ai découvert sur Internet en cherchant des nouvelles, pas à travers les agences de presse, les organes de presse ou CNN, mais à travers un bulletin que je reçois tous les jours contenant des articles publiés sur Internet. Plus de cent pages tous les jours.

Hier, vous disiez qu’aux USA, il y a quelque temps, les deux tiers de l’opinion publique étaient contre la guerre en Iran, et que maintenant la moitié et quelque était en faveur d’actions militaires contre ce pays

Michel Chossudovsky. Ce qu’il s’est passé ces derniers mois, c’est qu’on a dit : « Oui, c’est vrai, la guerre nucléaire est très dangereuse, c’est un danger, mais la menace vient d’Iran. » On a vu des affiches à New York qui disaient : « Dis non à un Iran nucléaire ! » Autrement dit, ces affiches présentaient l’Iran comme une menace à la sécurité du monde, alors que ce pays ne possède même pas l’arme nucléaire ! Voilà où nous en sommes. The New York Times a même publié en début de semaine un article où il est dit que les assassinats politiques sont légaux.

Alors, quand vous avez une presse qui vous présente des choses de ce genre, avec le tirage qu’elle a, vous avez fort à faire pour lutter contre. Nous n’avons pas la possibilité d’inverser ce processus à travers les médias alternatifs. D’autant qu’une bonne partie de ces médias alternatifs sont financés maintenant par le pouvoir économique.

Fidel Castro Ruz. N’empêche qu’il faut se battre !

Michel Chossudovsky. Absolument. Le message que vous avez fait hier, c’est qu’en cas de guerre nucléaire le dommage collatéral serait tout bonnement l’humanité.

Fidel Castro Ruz. Oui, l’humanité, la vie de l’humanité.

Michel Chossudovsky. C’est vrai qu’Internet doit continuer de fonctionner comme un instrument de divulgation pour que cette guerre n’éclate pas.

Fidel Castro Ruz. C’est la seule manière de l’empêcher, si nous croyons en l’opinion mondiale. C’est comme l’exemple que je vous ai donné : il y a presque sept milliards de personnes coincées à huit cent mètres de profondeur. Nous devons utiliser la comparaison avec le Chili pour divulguer ces vérités.

Michel Chossudovsky. J’aime la comparaison que vous faites entre le sauvetage des trente-trois mineurs chiliens, qui ont eu droit à une couverture médiatique colossale, et le sauvetage de presque sept milliards de personnes coincées à huit cents mètres sous terre, dont aucun média ne parle et qui ne comprennent pas ce qu’il se passe, mais qu’il faut sauver, parce que l’ensemble de l’humanité est menacée par les armes nucléaires des USA et de leurs alliés qui vont jusqu’à dire qu’ils sont prêts à y recourir…

Fidel Castro Ruz. Et ils vont y recourir s’il n’y a pas d’opposition, de résistance. Ils se trompent, ils sont drogués par leur supériorité militaire et la technologie moderne, et ils ne savent pas ce qu’ils font. Ils n’en comprennent pas les conséquences, ils croient que tout ça peut se maintenir. C’est impossible.

Michel Chossudovsky. Ou alors ils pensent que c’est une arme classique quelconque.

Fidel Castro Ruz. Oui, ils se trompent eux-mêmes et ils pensent qu’on peut continuer d’employer cette arme. Ils se trompent d’époque, ils ne se rappellent pas ce que disait Einstein, qu’il ne savait pas avec quelles armes on lutterait dans la troisième guerre mondiale, mais que dans la quatrième, ce serait avec des bâtons et des pierres. Et moi, j’ai juste ajouté : « sauf qu’il n’y aura plus personne pour manier les bâtons et les pierres ». C’est la réalité. Je l’ai écrit dans le bref discours que vous m’avez suggéré d’écrire.

Michel Chossudovsky. Le problème que je vois, c’est que le recours à l’arme nucléaire ne va pas forcément conduire à la fin de l’humanité du jour au lendemain, parce que les retombées radioactives sont un phénomène graduel.

Fidel Castro Ruz. Redites ça, je vous prie.

Michel Chossudovsky. L’arme nucléaire a plusieurs conséquences : 1) l’explosion et la destruction sur le théâtre d’opération, ce qui s’est passé à Hiroshima ; 2) la radioactivité qui s’étend graduellement. .

Fidel Castro Ruz. Oui, l’hiver nucléaire, pour ainsi dire. Le prestigieux chercheur étasunien, Alan Robock, professeur émérite à l’Université Rutgers, de New Jersey, a démontré d’une manière irréfutable qu’une guerre entre deux des huit puissances nucléaires possédant le moins d’armes nucléaires provoquerait un « hiver nucléaire ».

Il a fait cette découverte à la tête d’un groupe de chercheurs qui ont utilisé des modèles informatique ultra-scientifiques.

Il suffirait de l’éclatement de cent armes nucléaires stratégiques – sur les 25 000 que possèdent les huit puissances mentionnées –pour provoquer des températures inférieures à zéro sur toute la planète et une longue nuit qui durerait environ huit ans. C’est quelque chose de si terrible, estime Robock, que les gens tombent dans un « état de déni, qu’ils ne veulent pas penser à ça, qu’ils préfèrent simuler que ça n’existe pas ». Il me l’a dit personnellement, au cours d’une conférence internationale qu’il a prononcée et où j’ai eu l’honneur de converser avec lui.

Mais je pars de la thèse suivante : si une guerre éclate en Iran, elle deviendra forcément une guerre nucléaire mondiale. C’est pour ça que je disais hier qu’il n’avait pas été correct de permettre cette résolution au Conseil de sécurité, parce que ça a tout facilité, vous vous rendez compte ?

Une guerre de ce genre aujourd’hui en Iran ne peut être locale, parce que les Iraniens ne vont pas plier devant la force. Si la guerre se maintient comme guerre classique, les États-Unis et l’Europe ne peuvent pas la gagner, et je soutiens qu’elle deviendra vite nucléaire. Si les USA commettent l’erreur de recourir aux armes nucléaires tactiques, une grande commotion se produirait dans le monde et le contrôle des événements leur échapperait.

Si Obama a dû discuter si dur avec le Pentagone de ce qu’il fallait faire en Afghanistan, imaginez alors sa situation avec les soldats étasuniens et israéliens se battant contre des millions de combattants iraniens… Les Saoudiens ne vont pas se battre en Iran, ni les Pakistanais ni d’autres soldats arabes ou musulmans. Et il se peut que les Yankees aient de sérieux conflits avec les tribus pakistanaises qu’ils attaquent et tuent avec leurs drones, et ils le savent. Quand ils lancent des drones contre elles, ils attaquent d’abord et ils avertissent ensuite le gouvernement, pas avant, et c’est une des choses qui irritent le plus les Pakistanais. Il y a là-bas de forts sentiments anti-étasuniens.

Ils se trompent s’ils croient que les Iraniens se rendront s’ils emploient contre eux les armes nucléaires tactiques, et le monde serait vraiment bouleversé quand il sera peut-être trop tard.

Michel Chossudovsky. Ils ne peuvent pas gagner une guerre classique.

Fidel Castro Ruz. Non, ils ne peuvent pas.

Michel Chossudovsky. On l’a déjà vu en Iraq, et en Afghanistan, ils peuvent détruire le pays, mais ils ne peuvent pas le gagner d’un point de vue militaire.

Fidel Castro Ruz. Mais le détruire à quel prix ! À quel prix pour le monde ! À quel coût économique ! Ce serait la marche à la catastrophe. Les problèmes que vous avez signalés s’aggravent, et même le peuple étasunien réagirait. Parce que le peuple étasunien, même s’il r

éagit bien souvent en retard, finit par le faire, et il le ferait devant les pertes, les morts…

Bien des gens appuyaient l’administration Nixon lors de la guerre du Vietnam. Nixon avait même suggéré à Kissinger d’employer l’arme nucléaire contre ce pays, et Kissinger l’a convaincu de ne pas faire ce pas criminel. Les USA ont été contraints de mettre fin à la guerre par le peuple étasunien, ils ont été contraints de négocier et d’abandonner le Sud. L’Iran devrait renoncer au pétrole de la zone. Qu’est-ce que les USA ont abandonné en partant du Vietnam. Des dépenses. Et vous les voyez maintenant de nouveau au Vietnam, achetant du pétrole, faisant des affaires… De nombreuses vies se perdraient en Iran, et les installations pétrolières seraient peut-être détruites dans une grande partie de la région.

Dans la situation actuelle, il est très probable qu’ils ne comprennent pas notre message. Si la guerre éclate, je suis convaincu que ni eux-mêmes ni le monde n’y gagneront. Si elle restait une guerre conventionnelle, ce qui est très peu probable, ils la perdraient irrémédiablement ; et si elle devenait nucléaire, c’est toute l’humanité qui la perdrait.

Michel Chossudovsky. L’Iran a des forces classiques tout à fait significatives.

Fidel Castro Ruz. Des millions d’hommes.

Michel Chossudovsky. Des forces terrestres, mais aussi des missiles et des possibilités de se défendre.

Fidel Castro Ruz. Tant qu’il restera un homme avec un fusil, c’est un ennemi qu’ils devront vaincre…

Michel Chossudovsky. Et il y a des millions de gens avec des fusils. Et plusieurs millions de fusils.

Fidel Castro Ruz. Des millions. Et Washington devrait sacrifier de nombreuses vies étasuniennes, et ce serait alors, hélas, que le peuple réagirait, quand il serait trop tard. Il faut l’écrire, il faut le divulguer dans toute la mesure de nos possibilités. Rappelez-vous que les chrétiens étaient persécutés, enfermés dans les catacombes, assassinés, lancés dans la fosse aux lions, qu’ils ont refusé pendant des siècles de renier leur foi, et que ce sont eux ensuite qui ont fait pareil aux musulmans sans jamais parvenir à les faire plier.

Il existe de nos jours une guerre réelle contre les musulmans. Comment peut-on oublier ainsi les leçons de l’Histoire ? J’ai lu beaucoup d’articles de vous sur les dangers de cette guerre.

Michel Chossudovsky. Revenons à l’Iran. Ce que je crois très important, c’est que l’opinion mondiale comprenne le scénario de la guerre. Vous dites clairement que les USA perdront la guerre classique, comme ils sont en train de la perdre en Iraq et en Afghanistan, parce que l’Iran dispose de bien plus de forces classiques que l’OTAN.

Fidel Castro Ruz. Bien plus expérimentées et motivées. Les USA sont actuellement en guerre en Afghanistan et en Iraq, mais il y a une troisième guerre qu’ils ne mentionnent pas : les Pakistanais appartenant à la même ethnie que celle qui résiste en Afghanistan, et qu’ils considèrent perdue, comme on peut le constater par les discussions à la Maison-Blanche, selon les révélations du livre de Woodward, Les guerres d’Obama. Imaginez alors un peu qu’on y ajoute la guerre qu’ils devront livrer en Iran pour liquider ce qui restera après les premières frappes !

Donc, les USA se retrouveront soit dans une situation de guerre classique qu’ils ne peuvent pas gagner, soit contraints à une guerre nucléaire mondiale, dans des conditions qui provoqueraient une terrible commotion dans le monde. Je ne sais vraiment pas qui pourrait justifier le genre de guerre qu’ils doivent faire. Ils ont comptabilisé quatre cent cinquante objectifs à détruire en Iran, dont certains par des ogives nucléaires tactiques à cause de leur emplacement dans les montagnes ou de la profondeur où ils se trouvent. Bien des personnels russes et d’autres nationalités qui collaborent avec les Iraniens périraient.

Comment réagirait l’opinion mondiale face à cette frappe que les médias ont stimulée d’une manière tout à fait irresponsable avec le soutien de nombreux Étasuniens ?

Michel Chossudovsky. Par ailleurs, l’Iran, l’Iraq, l’Afghanistan sont tous des pays voisins. L’Iran a des frontières avec l’Afghanistan et avec l’Iraq, tandis que les USA et l’OTAN ont des installations militaires dans les pays qu’ils occupent. Que va-t-il se passer ? Les troupes iraniennes franchiront les frontières aussitôt, je présume…

Fidel Castro Ruz. Je ne sais pas quelle tactique suivra l’Iran. Mais si j’étais eux, je ne concentrerai pas mes troupes, parce qu’elles seraient alors victimes plus faciles de l’attaque aux armes nucléaires tactiques. Compte tenu de cette menace, le mieux serait que l’Iran utilise une tactique pareille à celle que nous avons employée dans le Sud de l’Angola quand nous avons soupçonné que l’Afrique du Sud disposait d’armes nucléaires : nous avons créé des groupes tactiques de mille combattants dotés d’une puissance de feu terrestre et antiaérienne. Ainsi, les armes nucléaires n’auraient jamais pu frapper des concentrations de soldats. Et les missiles à réaction et d’autres armes similaires appuyaient nos forces. Les armes et le terrain changent, et les tactiques doivent changer constamment.

Michel Chossudovsky. Des troupes dispersées, donc.

Fidel Castro Ruz. Dispersées, mais pas des hommes isolés. Un millier d’hommes dotés des armes adéquates, sur un terrain sablonneux : dès qu’ils arrivaient quelque part, ils devaient creuser et se protéger sous terre, en gardant toujours la plus grande distance entre les composants. Nous n’avons jamais offert à l’ennemi l’occasion de frapper un coup décisif sur les 60 000 soldats cubains et angolais dans le sud du pays.

Ce que nous avons fait dans ce pays frère, c’est ce qu’une armée de cent mille hommes aurait fait selon des critères traditionnels. Nous n’étions pas cent mille dans le Sud angolais, mais 60 000 entre Cubains et Angolais. Compte tenu des exigences techniques, les groupes tactiques étaient constitués principalement de Cubains, parce qu’ils conduisaient les chars, maniaient les missiles, la DCA, les communications, mais l’infanterie, elle, était formée de soldats cubains et angolais, dotés d’un grand esprit de lutte, qui n’ont pas hésité un instant à faire face à l’armée blanche de l’apartheid appuyée par les USA et Israël. Qui manipulait les nombreuses armes nucléaires existant alors ?

En Iran, des nouvelles révèlent que les gens creusent des trous, et quand on le leur demande, ils répondent qu’ils font des cimetières pour enterrer les envahisseurs. Je ne sais pas si c’est de l’ironie, mais je crois qu’ils doivent vraiment creuser beaucoup pour protéger leurs forces de l’attaque dont on les menace.

Michel Chossudovsky. Mais l’Iran peut mobiliser plusieurs millions de combattants.

Fidel Castro Ruz. Ce ne sont pas seulement les troupes qui sont décisives, mais aussi les postes de commandement. À mon avis, la déconcentration est très importante. Les attaquants s’efforceront d’empêcher la transmission des ordres. Chaque unité de combat doit savoir d’avance ce qu’elle doit faire en toutes circonstances. L’attaquant s’efforcera de frapper et de désarticuler la chaîne de commandement par ses armes radioélectroniques. Il faut tenir compte de tous ces facteurs. L’homme n’a jamais connu une telle expérience.

En tout cas, l’Afghanistan et l’Iraq sont des bagatelles comparées à ce qu’ils vont trouver en Iran : l’armement, l’entraînement, la mentalité, le type de soldat… Si, voilà trente et un ans, les soldats iraniens nettoyaient les champs de mines en marchant dessus, ils seront sans aucun doute les adversaires les plus redoutables auxquels se heurteront les Étasuniens.

Traduction de l’espagnol par Cuba Debate.

 

http://sos-crise.over-blog.com/ext/http://www.comite-valmy.org/spip.php?article991

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 02:55
OTAN, mon amour

vendredi 19 novembre 2010, par Philippe Leymarie

L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) se réunit en sommet les 19 et 20 novembre à Lisbonne, « l’un des plus importants de son histoire » selon son secrétaire général. Depuis la disparition de l’Union soviétique, l’Alliance n’a d’autre ennemi clairement identifié et combattu que… les talibans afghans. Au menu du sommet : la situation incertaine en Afghanistan, le bouclier antimissile, les relations avec la Russie, les liens avec les pays de l’Est, le dialogue méditerranéen, la réforme des structures et des agences de l’organisation, et surtout un nouveau « concept stratégique »…

« Le sommet conduira à la mise en place d’une Alliance plus efficace, plus engagée et plus rentable que jamais, autant de valeurs qui seront inscrites dans le nouveau “concept stratégique” », veut-on croire au siège de l’OTAN, à Bruxelles. L’adoption définitive de ce texte d’une dizaine de pages, qui servira de guide à l’action de l’Alliance pour les dix prochaines années, est un des principaux points à l’ordre du jour. Il a été rédigé par le secrétaire général de l’Alliance, Anders Fogh Rasmussen [1], qui s’est appuyé sur les conclusions d’une commission de douze experts présidée par l’ancienne secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright, dont le rapport lui avait été remis en mai dernier.

Selon Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique [2], ce rapport avait permis de « clore un certain nombre de vrais et de faux débats sur l’état de l’Alliance, en formulant des recommandations concrètes sur l’équilibre entre défense territoriale et nouvelles menaces, et l’importance confirmée de l’article 5 » (la clause de défense mutuelle entre les pays-membres).

Le groupe des experts avait pris position sur :

- le développement des consultations politiques au sein de l’Alliance, et le caractère indispensable de profondes réformes du fonctionnement interne de l’Alliance ;
- les relations OTAN-Russie, en proposant une approche associant réengagement de Moscou et réassurance des Alliés ;
- le caractère essentiel pour l’OTAN de nouer des partenariats avec d’autres organisations, comme l’UE ou l’ONU, pour faire face aux crises ;
- la place confirmée de la dissuasion et le rôle à venir des défenses antimissiles, sur la prise en compte des nouvelles menaces (cyber-attaques en particulier) ;
- la nécessité de maintenir un effort budgétaire et capacitaire significatif.

Organisation sans frontières Retour à la table des matières

Bien que l’essentiel de ces conclusions aient été reprises dans le « concept » soumis à l’adoption par consensus des pays-membres, certaines avaient été âprement discutées :

- la question des relations avec la Russie, certains Etats-membres la voyant toujours comme une menace, à l’image de l’ancienne URSS, alors que d’autres souhaitent s’en faire un partenaire ;
- la question des relations avec l’Union européenne, alors que vingt et un Etat-membres sont communs à l’UE et à l’OTAN, que les occasions de chevauchements et doublons sont nombreuses, et que les relations institutionnelles sont rendues difficiles, notamment en raison des blocages turc et chypriote ;
- la question de la dissuasion nucléaire, avec un clivage entre les partisans du désarmement (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Norvège) et les Etats « nucléaires » (France, Royaume-Uni), qui considèrent que leur panoplie est déjà à la limite de sa crédibilité, et ne veulent pas bouger.

Au-delà de ces recommandations « doctrinales », le plus spectaculaire lors de ce sommet de Lisbonne est l’annonce de la création du système de défense antimissile de l’OTAN, qui serait articulé avec le dispositif américain : il est voulu par certains comme complémentaire de la dissuasion nucléaire, mais pourrait – pour d’autres – s’y substituer (voir plus bas).

La réforme des structures et des agences de l’OTAN : elle est d’autant plus nécessaire que les budgets nationaux de défense sont à la baisse. Le secrétaire général a pronostiqué dans Le Monde du 16 novembre dernier « une refonte de la structure militaire de commandement, une réduction du personnel, des quartiers généraux et des agences ».

Se rêvant « sans frontières », l’OTAN se cherche de nouvelles vocations, pour ne pas disparaître. Le secrétaire général Rasmussen soutient que l’organisation ne peut être un « gendarme du monde », ni se limiter au militaire, et doit se doter des moyens pour « interagir avec l’ONU, l’Union européenne, la Banque mondiale ». Ses vingt-huit pays-membres cumulent les trois quarts des dépenses militaires de la planète.

Mission américanisée Retour à la table des matières

La stratégie alliée en Afghanistan en question : les maître-mots sont « transition » ou « transfert » des responsabilités, armée, et police aux Afghans. Et la question : « comment en sortir ? » Avec une échéance sans cesse repoussée : ce serait 2014… Commentaire du dernier rapport en date de la RAND [3] : « The “Americanization” of NATO’s mission in Afghanistan may prove crucial to the future of Afghanistan, but the alliance could suffer long-term harm by being relegated to the position of junior partner to the United States ».

Selon cette étude, l’Alliance avait endossé la responsabilité de la Force d’assistance à la sécurité (FIAS) sans stratégie claire, quelques uns des pays-membres portant l’essentiel du poids de l’intervention. Et les troupes de l’OTAN ont souffert de règles d’engagement restrictives, d’un manque d’effectifs et d’équipement, et d’attentats et attaques de l’ennemi de plus en plus nombreuses.

Le sommet de Lisbonne sera aussi l’occasion d’un conseil OTAN-Russie qui aura lieu le 20 novembre, en présence du président Medvedev. Les discussions se tiendront sur la base d’une liste commune des menaces et des défis, préparée par les deux parties, « où il y est question à la fois de ce qui inquiète la Russie et les membres de l’OTAN, et qu’on aborde la façon de résoudre ces problèmes », d’après une source du quotidien russe Kommersant.

La Russie est invitée à se joindre au projet de bouclier antimissile de l’OTAN, dans des conditions qui restent à préciser. Il lui est également demandé de faciliter l’approvisionnement des forces de la coalition en Afghanistan, en leur accordant des droits de passage. Un projet d’achat par l’OTAN de plusieurs dizaines d’hélicoptères russes MI-17, en discussion depuis un an, pourrait être finalisé. Mais le refus récent du Sénat américain de ratifier le nouvel accord conclu avec la Russie sur le désarmement (traité Start) n’est pas de bon augure. Il faudra également tenter d’aplanir les divergences sur la Géorgie et le Traité FCE régissant les forces conventionnelles en Europe.

Fil de l’eau Retour à la table des matières

Côté français, c’est le premier sommet depuis le plein retour des militaires tricolores au sein de l’organisation intégrée. C’est aussi le premier déplacement à l’étranger du nouveau ministre de la défense, Alain Juppé, qui avait pris ses distances ces derniers mois avec cette démarche unilatérale du président Nicolas Sarkozy, craignant un « marché de dupes ». Il devra désormais célébrer les vertus de l’Alliance [4].

Paris ne cesse d’ailleurs de manger son chapeau, sur l’OTAN, sur le bouclier antimissile, sur la politique de défense de l’Union européenne, sur sa propre dissuasion nucléaire. Et de laisser filer le bouchon, de renoncement en renoncement, explique Louis Gautier, ancien conseiller socialiste pour la défense, selon lequel l’alliance conclue récemment avec le Royaume-Uni est une manière d’enterrer la Politique commune de sécurité et de défense (PESD) : « Notre pays est désormais en passe d’accepter le principe du déploiement d’un système de défense antimissile au dessus de l’Europe, et son interconnexion, sous un commandement unique, au système de défense aérienne de l’OTAN, et au système de défense antimissile des Etats-Unis », le tout ambitionnant de devenir « un dispositif global et multicouche d’interception ».

Pour Louis Gautier c’est bien sûr « l’intégrateur » américain, fournisseur en outre des principaux vecteurs, qui commandera l’ensemble ; les Européens se contenteront de financer (1 milliard dans une première phase, mais jusqu’à 20 sur les dix prochaines années, selon certains experts). Autre retombée : la place de la dissuasion française « se marginalisera inéluctablement » [5].

 

Philippe Leymarie

 

http://blog.mondediplo.net/2010-11-19-OTAN-mon-amour

Notes

[1] L’ancien premier ministre libéral du Danemark a tout pour plaire : son accession au secrétariat général de l’OTAN, en avril 2009, a été favorisée par la France, l’Allemagne, et les Etats-Unis. Il avait été un des premiers européens à suivre l’aventure du président Bush en Irak, rompant avec un siècle de non-engagement militaire du Danemark. Il a apporté son soutien au gouvernement américain à propos de la détention de suspects au bagne de Guantanamo, et a été un des premiers à fournir un contingent sous les couleurs de l’OTAN en Afghanistan.

[2] TTU (Très Très Urgent) n° 778, 17 novembre 2010.

[3] La RAND (pour « Research and Development ») est un think tank américain.

[4] L’ancien premier ministre est sous surveillance : son directeur de cabinet, qui lui a été semble-t-il « imposé » par l’Elysée, est un préfet sans compétence particulière dans le domaine, mais proche de Nicolas Sarkozy.

[5] « Sommet de l’OTAN : la fin de l’ambition d’une défense européenne. La dissuasion française risque de perdre son autonomie et son efficacité », Le Monde, 19 novembre 2010.

 

http://sos-crise.over-blog.com/ext/http://www.michelcollon.info/OTAN-mon-amour.html

 

 

Thèmes

 

Le monde de la défense et de la sécurité s’occupe de plus en plus de nous. Pourquoi ne pas s’occuper de lui ?

Philippe Leymarie, collaborateur du Monde diplomatique, a été chargé des questions africaines et de défense sur Radio-France internationale (RFI). Il est l’auteur, avec Thierry Perret, des 100 Clés de l’Afrique (Hachette littérature, 2006).

 

 

 

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 02:50

Otan strasbourg Kehl 2009 nato

 

http://fastrasbg.lautre.net/?Torpillons-l-Otan

 

 

michelcollon.info - Investig'Action

 

Sur ce site, des posts à lire :

 

 

 

 

OTAN EN EMPORTE L’ARGENT :

 

Sommet de l’OTAN : l’atlantisme des marchands d’armes – Peter Custers
Ni un mariage de raison, ni un mariage de passion... Juste l'argent!

 

OTAN, mon amour – Philippe Leymarie
Militaires sans frontières : quand on aime la guerre, on ne compte pas

 

 

EX ET NEOCOLONISATION :

Algérie : Les années de sang et les complicités de la France – Silvia Cattori
Le peuple algérien victime, le gouvernement coupable, la France complice

Algérie : Les années de sang et le rôle des agents d’influence – Silvia Cattori
BHL, Attali, Sifaoui, Leconte... experts en légitimation de l’horreur

 

L’Algérie au cœur du nouveau Grand échiquier maghrébin ? – Wissem Chekkat
USA, France et Chine: batailles pour les ressources algériennes

 

L’Afrique de l’Ouest, la nouvelle aventure des impérialismes US et européen – Luis Amaro
Les multinationales pétrolières ont choisi leur nouvelle proie 

 


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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 02:45
La ligne de démarcation entre la République démocratique de Corée et la République de Corée instituée en 1953. (Carte : L. Mouaoued/RFI)
La ligne de démarcation entre la République démocratique de Corée et la République de Corée instituée en 1953.
(Carte : L. Mouaoued/RFI)
http://www.rfi.fr/actufr/articles/094/article_57171.asp

Si vous lisez l'article de Mark McDonald's dans le New York Times, « Situation de crise en Corée du Sud après que le bombardement d'une île par le Nord » , la réponse dépend de si vous accordez de l'attention au titre, au 'commentaire d'expert', au ton de l'article. Ou si vous accordez de l'attention aux faits.

Dans le premier cas, alors la Corée du Nord attaque la Corée du Sud.
 
Dans le deuxième, c'est le contraire qui est vrai.
 
Voici les faits rapportés par McDonald lui-même :
 
- 70.000 soldats sud-coréens ont commencé des exercices militaires ... vivement critiqués par Pyongyang comme "simulant une invasion du Nord" et comme "un moyen de provoquer une guerre."
 
- les unités d'artillerie de la Corée du Sud ont tiré en direction de la Corée du Nord(RPDC), à partir d'une batterie proche de la côte nord-coréenne. Le Sud reconnaît ces tirs d'obus.
 
- La RPDC a répliqué.
 
Le titre ne devrait-il pas être plutôt celui-ci : « Situation de crise en Corée du Nord après que la Corée du Sud ait mobilisé 70.000 soldats et tiré des obus vers le Nord  » ?
 
http://sos-crise.over-blog.com/ext/http://www.michelcollon.info/La-Coree-du-Nord-attaque-la-Coree.html
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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 02:37
Témoins militaires d'OVNI sur des sites nucléaires - National Press Club - 27-09-2010 (VOSTFR)

 

http://www.youtube.com/watch?v=73ZiDEtVms8

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 02:34
Ecoutez l'émission 59 minutes

BRISEURS DE SILENCE

14.11.2010 - 23:00

BRISEURS DE SILENCE 

Un essai radiophonique de Simone Bitton

Réalisation Anna Szmuc  

©Radio France

 

 

 

Briseurs de silence est un essai sonore inspiré par le travail de l'association israélienne "Shovrim Shtika" (Breaking the silence), qui recueille et rend publics des témoignages de soldats israéliens racontant ce qu'ils ont fait dans les territoires palestiniens pendant leur service militaire.   Des voix d'exilés israéliens - anciens soldats  de Tsahal ( de même que Simone Bitton elle-même) -, disent les mots de la génération actuelle de soldats et de soldates. Sur une trame composée de sons ramenés de Gaza et de Cisjordanie, la banalité et l'universalité du mal s'entend en français, avec cet accent hébraïque que l'on ne perd pas. Comme on ne perd pas la mémoire des gestes que l'on a faits, de l'humiliation qu'on a infligée, de la mort qu'on a donnée - parce que c'était comme ça, tu comprends, là-bas, la routine, c'était comme ça....   

_La pièce sonore Briseurs de silence est une commande publique du Centre National des Arts Plastiques (CNAP)/Ministère de la Culture et de la Communication, réalisée en collaboration avec l’Atelier de création radiophonique (ACR) de France Culture_


Simone Bitton, cinéaste documentariste, est née au Maroc en 1955. Elle a vécu à Rabat, puis à Jérusalem, et est installée à Paris depuis les années 80.  Pour l'administration, elle détient les nationalités française et israélienne. Pour l'identité,  elle se définit comme une juive arabe qui n'aime pas les murs et les frontières.  Parmi ses films les plus récents : Mur ( 2004) et Rachel ( 2008).

 

 

- Dans plusieurs pays du monde - de la Russie aux Etats-Unis - existent des groupements de parents de soldats ou de vétérans de l'armée qui tentent de rappeler que les guerres d'aujourd'hui ne devraient pas être menées dans la même absence de règles qui a caractérisé celles d'hier. Dans plusieurs pays du monde, ces associations sont muselées et interdites d'antenne. En Israel, Briseurs de silence bénéficie d'un statut d'ONG; les témoignages qu'elle recueille, provenant de la "région des ténèbres"' qui s'est creusée depuis les intifadas, accèdent souvent aux medias voire les prétoires de la justice. Les Ateliers de création radiophonique ont passé commande à Simone Bitton d'un "essai radiophonique" composé à partir de ces témoignages. Cet essai ne constitue pas, évidemment, une prise de position de France Culture qui, par ailleurs, se soucie dans ses émissions de documenter et de contextualiser le conflit du Proche-Orient. -


Thème(s) : Création Radiophonique| Création Sonore| Bitton| BRISEURS| SILENCE

 

http://www.franceculture.com/emission-atelier-de-creation-radiophonique-briseurs-de-silence-2010-11-14.html

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 21:40
Conflits et guerres actuelles
Nucléaire/Iran: le scénario irakien "très probable" (expert russe)
La crise liée au programme nucléaire iranien a de grandes chances d'évoluer selon le "scénario irakien", c'est-à-dire de déboucher sur un règlement armé, a estimé jeudi Nikolaï Novikov, un expert de l'Institut russe des recherches stratégiques.
"Les efforts de Téhéran pour poursuivre son programme atomique augmentent le risque de destruction armée de ses sites nucléaires. Une réédition du scénario irakien est très probable", a indiqué le spécialiste au lendemain d'une table ronde sur le thème "Sécurité de la Russie: facteur nucléaire".
D'après M. Novikov, les autorités iraniennes sont inflexibles dans leur décision de mettre au point des sites embrassant l'ensemble du cycle du combustible nucléaire. Les experts occidentaux sont particulièrement préoccupés par le programme d'enrichissement d'uranium mené par l'Iran et par la construction du réacteur de recherche à eau lourde IR-40.
"Si Téhéran réalise ces programmes, il sera potentiellement capable de produire des quantités non négligeables de matériaux nucléaires de qualité militaire", a ajouté le spécialiste russe.
La communauté internationale réagira en détruisant les sites nucléaires iraniens, estime l'expert.
Alléguant l'existence d'armes de destruction massive en Irak, Washington et ses alliés y ont mené en mars 2003 une opération militaire de grande envergure, qui a débouché sur la chute du régime de Saddam Hussein.


Vendredi 26 Novembre 2010


http://fr.rian.ru/ http://fr.rian.ru/

 

http://www.alterinfo.net/Nucleaire-Iran-le-scenario-irakien-tres-probable-expert-russe_a52087.html

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