Le Monde.fr | 12.09.2014 à 12h21 • Mis à jour le 12.09.2014 à 13h44
En 2003, Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, s'était élevé contre l'intervention en Irak décidé par George W. Bush, défendant la position de la France dans un vibrant discours à l'Organisation des Nations unies. Onze ans plus tard, le contexte est différent, mais M. de Villepin reste opposé à toute intervention militaire dans ce pays. Tandis que le président de la République, François Hollande, est en visite à Bagdad, il a fustigé vendredi matin, sur RMC, « l'annonce par le président Obama d'une grande coalition pour engager une troisième guerre d'Irak » et déploré que la France ait « renoncé à faire de la politique (…), à faire de la diplomatie ».
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C'est « une décision (…) absurde et dangereuse », a-t-il fait valoir. Pour s'expliquer, celui qui fut également premier ministre établit un parallèle avec la situation Afghane de 2001 : « Il y avait (…) un foyer de crise terroriste central. Aujourd'hui, il y en a près d'une quinzaine (…). Nous les avons multipliés », analyse-t-il. « Aller faire la guerre contre cette région meurtrie, frappée par les crises identitaires (…), c'est prendre le risque de cristalliser et de coaliser un certain nombre de forces (…) contre nous (…). »
Lire aussi : Coalition contre l'Etat islamique : une opération complexe et lourde d'incertitudes
Jean-Luc Mélenchon s'est lui aussi positionné contre la perspective de frappes contre l'Etat islamique en Irak. « Je désapprouve totalement ce qui est en train de se faire », a déclaré l'ancien coprésident du Parti de gauche, vendredi sur RTL. Il rappelle quant à lui l'intervention en Libye et le « chaos » qui s'en est ensuivi :
« Où et quand a-t-on évoqué le fait qu'il faille intervenir en Irak, bombarder une fois de plus comme on l'a déjà fait en Libye avec le succès dont on se souvient, ou que l'on distribue des armes aux uns aux autres qui finissent par se retourner contre nous ? Ce chaos continue et nous voici maintenant avec François Hollande allant à Bagdad, ce qui ne sert à rien sinon à le mettre en danger et engager la France dans une guerre dont personne n'a parlé. »
ROMPRE LES RELATIONS QUE « NOUS ENTRETENONS » AVEC LE QATAR
M. Mélenchon invite à « s'intéresser à ceux qui financent [les bandes armées] et devraient prendre la responsabilité de cesser de le faire, c'est-à-dire les monarchies saoudienne, qatarie, avec lesquelles nous entretenons des relations d'une délicieuse courtoisie et à qui nous vendons (…) des armes ».
De la même façon, Marine Le Pen, la présidente du Front national, a demandé, vendredi matin sur Europe 1, la rupture des relations diplomatiques et économiques avec le Qatar .
« La première chose à faire est de s'attaquer à la tête, et la tête, on le sait, ce sont des pays comme le Qatar. On ne peut pas continuer à avoir des relations économiques, des conventions fiscales avantageuses pour un pays comme le Qatar, à le laisser intervenir dans nos entreprises alors que nous savons pertinemment que c'est ce pays notamment qui aide, finance, assiste le fondamentalisme islamiste dans le monde. »
Mais, à l'inverse de M. Mélenchon, la présidente du FN estime qu'« il faut intervenir. Mais intervenir en soutien logistique, en apportant une aide au renseignement, nous ne pouvons pas être en première ligne dans cette affaire ». Pour l'eurodéputée, il faut que la coalition internationale obtienne l'accord de l'ONU ainsi que des « autorités syriennes ».
« UN PROBLÈME FRANÇAIS »
L'ancienne ministre UMP Valérie Pécresse a quant à elle estimé vendredi sur RFI que la France devait « pleinement s'engager » contre l'Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie mais devait le faire « sous mandat international ». La France « doit s'engager pleinement et marquer sa totale détermination à lutter contre ce qui n'est pas un Etat mais une organisation terroriste et se fait appeler Etat islamique », a déclaré Mme Pécresse.
L'ancienne ministre voit cependant aussi dans la question de « ces djihadistes, ces égorgeurs, ces personnes qui pratiquent le génocide de certaines communautés », « un problème français ». « Nous avons plus de mille Français qui sont quelque part entre la Syrie et l'Irak en train de participer aux exactions de l'Etat islamique. Ces mille Français un jour reviendront dans notre pays » a-t-elle souligné.
texte et VIDEOS ici :
http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/09/12/coalition-contre-l-etat-islamique-absurde-et-dangereuse-selon-dominique-de-villepin_4486502_823448.html#xtor=AL-32280515
Actualité Guerre :
# EODE-TV & AFRIQUE MEDIA/ DOCU CHOC : LA SALE GUERRE DE KIEV AU DONBASS (1) from EODE-TV on Vimeo.
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Les USA ont besoin d'une guerre majeure en Europe
- Analyse - USA, nés pour tuer
- Ukraine - les USA nous entraînent dans une guerre contre la Russie
- USA - tout propre chez eux?
Nous vous livrons ici un résumé des paroles prononcées par ces "jeunesses hitlériennes"
#10 : Mort aux ennemis
#09 : Poutine ... (la gamine arrive à peine à parler!)
#08 : Moskal à la corde
#07 : Moskal à la corde, celui qui saute pas est un Moskal
#06 : Gloire à l'Ukraine! Gloire aux héros!
#05 : sans commentaires
#04 : rap nationaliste ukrainien qui reprend un peu de tout, admirez le salut nazi à la fin!
#03 : écrit : "gloire à l'Ukraine" sous l'oeil attendri des parents, sans doute leurs premiers mots écrits...
#02 : Gloire à l'Ukraine! Gloire aux héros! et le salut nazi
#01 : "alors les Moskals, discutons, gloire à l'Ukraine! Gloire aux héros! Gloire à la nation! Mort aux Moskals! le tout avec le langage des gestes et des armes
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Guerre contre la Russie :
Dès le 14 septembre 2014,
guerre intéreure pour commencer (eva).
L’ennemi commun des peuples
par Evgeny Fedorov
jeudi 11 septembre 2014, par Comité Valmy
Interview d’Evgeny Alekseyevich Fedorov, député à la Douma, le Parlement de la Fédération de Russie
Ci-dessous nous transmettons la retranscription intégrale en français d’un entretien d’Evgeny Alekseyevich Fedorov, député à la Douma, le Parlement de la Fédération de Russie (membre de 1993–96 et de 2003 à aujourd’hui). Cet entretien a lieu avec des journalistes de la chaîne de télévision « poznavatelnoe.tv ». Fedorov est membre du parti « Russie unie », dont fait également partie Vladimir Poutine et qui est présidé par Dmitri Medvedev. En outre, Fedorov est membre du Comité politique central du parti et directeur du « Comité pour la politique économique et l’entreprise » de la Douma. La thèse principale exprimée par Fedorov au cours de cet entretien est la planification de manifestations par les Etats-Unis, lors des élections de septembre du Gouverneur de Saint-Pétersbourg, ayant pour but de renverser le gouvernement en Russie.
Evgeny Fedorov : Du point de vue des Etats-Unis, une révolution orange, ou intervention, a commencé en Russie. Elle a commencé depuis environ un mois.
Journalistes : Depuis quand ?
Depuis la décision concernant les élections à Saint-Pétersbourg. Je m’explique : il est déjà clair que les Américains vont lancer une attaque sur la Russie avec une frappe sur Saint-Pétersbourg. C’est-à-dire qu’ils vont frapper leur premier coup en septembre, pendant les élections du Gouverneur.1
Etes-vous en train de dire qu’ils veulent y installer leur Gouverneur ?
Non, ils ne veulent pas seulement leur Gouverneur, ils veulent toute la Russie, pas seulement Saint-Pétersbourg. Ils ont fait le calcul que Saint-Pétersbourg est un maillon faible, un endroit vulnérable. Normalement une offensive commence par une attaque contre le point le plus faible. Pourquoi est-il le plus faible ? Traditionellement Saint-Pétersbourg est une ville où existe la plus forte opposition. Le taux d’opposition à Moscou est d’environ 30%, à Saint-Pétersbourg autour de 40%. Il y a le potentiel, un rapport de force, des opinions libérales etc. Il y a une tradition. Enfin, ce n’est pas un hasard si « Pétersbourg » a été le lieu de naissance de trois révolutions russes ! C’est plus occidental, je dirais… Une certaine mentalité s’est formée là. Il y a une position meilleure et plus forte, ou une base, là. Deuxièmement c’est symboliquement une ville majeure. C’est la ville de Poutine !
En d’autres termes, une attaque contre lui à travers Saint-Pétersbourg est comme une attaque contre la Russie à travers l’Ukraine. Et les Américains le savent. Il y a 2–3 semaines, l’ambassadeur US a tenu un meeting confidentiel dans un théâtre de Moscou, où il a dit ouvertement que la première frappe aurait lieu à Saint-Pétersbourg pendant les élections de septembre. C’est déjà en cours de réalisation. Je sais que les Américains poussent en faveur de Dmitrieva2 par l’intermédiaire de la cinquième colonne.
Que signifie cette frappe ? Comment va-t-elle se manifester ? Est-ce que le Maïdan va recommencer à Saint-Pétersbourg ?
Non, ce sera une répétition. Voyez-vous, lorsqu’on parle d’intervention orange ou de révolution, bien qu’il soit plus approprié de dire « une intervention », la révolution étant un processus interne alors qu’une intervention vient de l’extérieur. C’est une sorte d’invasion, comme un débarquement, ou comme une invasion étrangère en cas de guerre.
C’est une forme d’intrusion attaquant les positions les plus faibles où le terrain est mieux préparé. Les Américains concentrent leurs forces sur une intervention orange dans certaines zones. Ils ont déjà des sites pour une intervention. Ils ont choisi Saint-Pétersbourg comme premier site. Le processus a commencé. Le processus est accompagné : toute cette histoire d’une élection anticipée à Saint-Pétersbourg n’est pas accidentelle ! C’est à dire que, d’un côté, la 5e colonne en Russie joue son jeu, et d’un autre côté, il y a des pressions de « la rue ». Ces choses sont liées … Ils ont choisi ce maillon faible, à un endroit relativement faible.
Qu’est-ce que cela signifie ? Premièrement, ils vont dépenser d’énormes sommes d’argent pour les élections de Saint-Pétersbourg et tous les candidats pourront en « profiter », tout le monde sauf à Poltavchenko3. Ils vont fournir tout l’argent nécessaire. Attention, ils ne vont pas leur demander de changer leur idéologie. Voilà les liasses d’argent. Faites-en ce que vous voulez. Voilà le premier facteur.
Le second facteur est le suivant : ils enverront à Saint-Pétersbourg les mêmes jeunes gens entraînés et les mêmes combattants que ceux qui ont été préparés pour l’Ukraine. S’il le faut, on leur fournira des passeports russes. Le nombre total de combattants en Russie, préparés par les Américains, se situera entre 50 000 et 100 000. Basé sur la référence de l’Ukraine. Evidemment vous ne pourrez pas les désigner – ce sont des citoyens russes, à l’état pur … Ces gens viendront à Saint-Pétersbourg et loueront des appartements en grand nombre. Leur tâche sera d’exécuter des provocations, si nécessaire, des provocations militaires.
Qu’est-ce que tout cela signifie ? Cela signifie des activités terroristes. Le Secteur droit, comme vous le savez, n’a aucun problème avec les activités terroristes.
C’est vrai !
Ils n’ont aucune limitation morale. Si vous leur fournissez des armes à Saint-Pétersbourg, ils n’auront aucun problème à tirer sur les gens à partir d’une voiture. 50 000 à 100 000, cela ressemble à une manifestation pacifique. C’est-à-dire qu’ils peuvent être éventuellement armés de bâtons. Pendant ce temps la 5e colonne joue son rôle. Dmitrieva s’affichant à Saint-Pétersbourg, et Navalny4 à Moscou, c’était le travail de la 5e colonne.
Le travail de la 5e colonne est organisé et propulsé depuis le sommet, depuis Moscou. Non pas à partir de la base, car la barrière n’a pas été franchie. Ce ne sont que des exemples. Cela signifie que même si la 5e colonne sort de la piste, les Américains pourront la remplacer par autre chose.
Ils ont commencé l’attaque ! C’est une réponse directe aux pays membres du BRICS, à la création d’une coalition anti-américaine, aux mouvements mondiaux de libération et à l’offensive en Ukraine, quand les rebelles parviennent à repousser les envahisseurs à Donetsk et à Lugansk. C’est une autre façon d’envahir la Russie. L’une est militaire, l’autre non. Le scénario d’intervention « orange » est le même partout. Le nouvel ambassadeur américain nommé en Russie5 est un grand spécialiste dans ce type de révolution. Il a personnellement dirigé deux révolutions de ce genre : en Georgie et en Ukraine. Les deux ont réussi, avec le remplacement des deux présidents. C’est une technique dont il a une bonne expérience.
Au total, les Américains ont mené vingt interventions de ce type, dont trois ont été conduites par lui-même. Maintenant, ils ont désigné Saint-Pétersbourg comme tête de pont pour l’invasion. L’objectif suivant est de déstabiliser Saint-Pétersbourg, d’« agiter » la situation et si possible de mettre en œuvre le second acte du plan. Le second acte sera une insurrection armée. C’est déjà clair. Si le second acte capote, alors il y aura un puissant soulèvement dans la rue. Provocations, combats … En bref, déstabilisation. C’est déjà très clair.
Vous pouvez même donner un nouveau titre à votre vidéo : L’intervention orange contre la Russie a commencé !
Evgeny Alekseyevich, si nous avons compris correctement, peut-on dire que les USA comptent sur des protestations internes à Saint-Pétersbourg et non pas à Moscou ?
Non, ils comptent sur de nombreux points brûlants.
Bien, si en 2012, ils ont essayé d’organiser des protestations de masse à Moscou, vont-ils essayer de faire la même chose à Saint-Pétersbourg ?
En principe, oui. La même chose, mais avec de nouvelles techniques !
Tout d’abord, il y a un nouveau facteur Ukrainien : 100 mille personnes soumises au lavage de cerveau. La propagande est à l’œuvre, transformant les gens en animaux là-bas. Leur position s’est renforcée, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué. Vous savez, les gens regardent et nombre d’entre eux se réjouissent des victoires de l’Ukraine. Il n’y a pas de victoires ! Il y a quelques gains tactiques, mais pas de victoires. Il y a seulement six mois nous avions un pays voisin neutre. Maintenant nous avons un pays de plus de 40 millions d’habitants et qui est militairement complètement hostile à la Russie. Quel type de victoire est-ce là ?! De plus, ils ont une population russe. C’est un pays qui peut parfaitement servir de base pour l’invasion de la Russie par des envahisseurs orange de type moderne. Il y a six mois encore, la situation n’était pas la même. Cela veut dire que l’équilibre des pouvoirs autour de la Russie a fondamentalement changé. Nous avous subi une grande défaite du point de vue géopolitique.
Hier nous n’avions pas d’ennemi, et aujourd’hui notre ennemi nous ressemble. En fait, c’est une franche victoire pour la 5e colonne. Elle a gagné politiquement, militairement, et de là vers une invasion militaire de la Russie. C’est un changement radical de la situation. Il n’en n’était pas ainsi lors des évènements de Moscou. Il y avait des gens des Etats Baltes, d’Ukraine et de partout dans le monde. Cependant, ils n’avaient pas de base pour une invasion. Maintenant ils ont une base immense. C’est un changement fondamental de la situation ! A vrai dire, nous sommes mieux préparés maintenant… Cela signifie qu’il y aura une bataille de rue à grande échelle à Saint-Pétersbourg. Je n’appellerais pas cela une guerre, mais une bataille de rue de grande ampleur. Nous pouvons dire déjà que cela aura lieu en Septembre. Cela ne signifie pas que les Américains gagneront l’ensemble de la Russie. Ils vont créer un tremplin pour une invasion de Moscou l’année suivante.
Ainsi, même s’ils perdent, ils vont « faire du tapage ».
Non, ils vont certainement perdre. Il faut comprendre le système politique. Sur le plan formel, évidemment, ils ne vont pas élire un Américain. Au moins c’est clair, et ce n’est pas leur but. Leur but est de provoquer une déstabilisation. Nous pouvons présenter une liste de choses.
Par exemple, ils vont déclarer l’élection à Saint-Pétersbourg truquée.
Garanti ! Quoi qu’il arrive ils annonceront que les élections sont truquées.
Ils vont organiser des émeutes sous ce prétexte ou n’importe quel autre. C’est leur feuille de route.
Si cette 3e révolution est un succès pour l’ambassadeur états-unien, ce sera la même chose que les fois précédentes. Ce sera le travail efficace de la 5e colonne. Il y aura des comportements étranges de la part des policiers à Saint-Pétersbourg. Des comportements bizarres de la part des autorités de la ville, c’est à dire des chefs de districts qui, étant sous les ordres du Gouverneur, vont soudainement se mettre à le combattre. Tout ceci sera une couverture pour ce type d’invasion. Il y aura un tas d’histoires bizarres. Cependant, elles ne paraîtront étranges que pour ceux qui ne veulent pas voir. Et c’est comme la ligne qu’ils suivent aujourd’hui, comme si rien ne se passait. Pas de concurrence, rien de tel. Cependant, si vous examinez les choses en termes de concurrence globale, ce seront des choses absolument logiques, comme une invasion de la Russie ainsi que la destruction du peuple russe et de l’Etat. Ensuite, cette invasion est encore divisée en éléments et étapes. La première, je le répète, est Saint-Pétersbourg. C’est déjà clair. C’est pourquoi je pense que le Mouvement de libération nationale (MLN) annoncera une mobilisation, un programme d’action de notre département MLN à Saint-Pétersbourg, qui, bien sur, se soulèvera pour protéger leur ville des envahisseurs étrangers. C’est évident.
Evgeny Alekseevich, vous dites que la police va se mettre à agir bizarrement, mais il est clair qu’ils agiront selon des ordres…
Il y aura différents types de policiers… Certains se comporteront étrangement, d’autres non, mais vous commencerez à voir des choses bizarres.
Ils l’ont fait à Kiev. Personne n’a donné d’ordres, par exemple.
C’est ce que je veux dire.
La police à Kiev a agi de façon très étrange. A la fin, ils ont décidé d’ignorer les ordres, mais c’était trop tard. Cela veut-il dire que cette histoire ne nous apprendra rien ?
Laissez-nous, Masha, répondre à votre question. La tragédie à Kiev s’est produite il y a quelques mois et s’est terminée en mars. Quelqu’un, en Russie, l’a-t-il analysée ? Avez-vous remarqué au moins quelqu’un ? N’importe qui ? Ou un quelconque talk-show ? Je l’analyse, bien sûr, mais je parle des médias officiels, représentatifs du pouvoir.
Non …
Non ! En d’autres termes il se déroule une immense catastrophe, qui entraîne la mort de centaines de milliers de gens. Et personne, même pas le moindre débat télévisé n’essaie de l’analyser. Bien qu’il soit évident que les débats télévisés sont stupides. Il est absolument évident qu’une analyse de la situation en Ukraine est camouflée en Russie. C’est interdit. Qui l’interdit ? Les mêmes acteurs qui préparent ce scénario à Moscou, dans le reste de la Russie et à Saint-Pétersbourg. C’est la 5e colonne du gouvernement qui a assez de pouvoir pour empêcher l’analyse de la situation. On nous empêche de diffuser l’information. Le MLN conduit évidemment des analyses, mais nous sommes coincés, et on nous interdit de livrer ces analyses aux médias. Dans les régions, on empêche nos militants de brandir des slogans. Ils n’ont même pas le droit d’en discuter !
Je voudrais dire maintenant ce qui est important dans une intervention orange.
La chose principale dans une intervention orange, ce ne sont pas les militants mais les techniques opérationnelles de la 5e colonne dans les structures du pouvoir. Par exemple, comment les officiels, les généraux, les hommes d’affaires, les éditeurs des médias, soudainement commencent à changer de position. Littéralement, ils changent de position à 180 degrés en une journée et commencent à suivre une ligne différente de celle qu’ils suivaient jusqu’alors et promettaient de suivre, que ce soit à un officiel du gouvernement ou ailleurs. C’est cela le changement et la technique de préparation à ce changement.
Comment fonctionne la communication amenant des officiels à trahir leur Patrie. A chaque point particulier, il y a un plan spécifique. Et deuxièmement, le plan, qui a été élaboré aux Etats-Unis, fournit des centaines de sortes de trahisons semblant insignifiantes, qui collectivement mènent au résultat prédéterminé. Un officiel ne va pas sur la place principale en criant : Je suis un traître ! Bien qu’on l’ait vu en Ukraine.
Souvenez-vous de l’histoire à propos d’un chef du service des gardes frontières, qui disait qu’il abattrait son commandant en chef s’il n’exécutait pas les ordres des Etats-Unis. Donc, il y avait là une trahison ouverte. Mais la majorité ou 99% des trahisons sont restées cachées. Par exemple, un général censé protéger une installation ne s’est pas montré. Il a dit : je me suis endormi. Comme si, et bien, il s’était endormi … Difficile à comprendre. Peut-être a-t-il reçu une réprimande.
Apparemment il n’a pas commis de trahison, mais cela colle avec le plan des trahisons, et son « sommeil » est un élément du plan. Il s’est endormi au bon moment, au bon endroit, et ce moment et cet endroit ont été exploités par l’escouade spécialement entraînée, qui savait qu’il s’endormirait. C’est lumineux, non ? Cela, c’est la technique, et ce n’est pas analysé. Il est interdit de l’analyser. Cela signifie que c’est à 100% en train de se passer ici. Les mêmes personnes ! Une façon de combattre une intervention orange consiste dans l’analyse de ces techniques. Une analyse qui n’est pas faite ! Ni la société, ni aucun officiel de l’état, ni la police ne sont encore prêts pour cela. Vraiment aucun ! Si personne ne l’analyse, alors, évidemment, il n’y a pas de préparation. Autrement il y aurait une volonté de comprendre. Pour assurer une trahison, dans le cas du général qui « s’endort », il est préférable de prévoir deux généraux : l’un trahira, et l’autre sera à son poste à temps. Vous comprenez, oui ? Il y a différentes méthodes de lutte à cause d’une prépondérance du pouvoir. De ce fait, une composante très importante dans cette trahison est le secret. Cette technique n’est pas réellement cachée, il est simplement interdit de l’étudier et de l’analyser.
Ils essaient de l’étouffer.
Ils l’éliminent délibérément. A partir du moment où ils ont commencé à cacher ces techniques d’intervention étrangère en Ukraine, on peut être assuré que la même chose se prépare en Russie. Le fait est que la dissimulation est la première phase de la préparation.
Quelles autres villes sont concernées, hormis Saint-Pétersbourg ?
La première frappe se produira à Saint-Pétersbourg, mais il y aura plusieurs frappes secondaires à Kaliningrad, dans l’extrême Est, dans le Caucase avec le terrorisme, et en Crimée. Ce sont les cibles principales choisies par les Américains. Bon, ils vont, bien sûr, essayer d’interférer à Moscou. En fait, ils essaient maintenant dans l’Oural. Les Américains ont créé une base solide à Yekaterinburg. Je veux dire une base pour l’invasion.
Tout ceci va-t-il se produire simultanément en septembre ?
Bien sûr, tout cela va coïncider.
Les forces de libération nationale qui voudront leur résister, ne seront pas autorisées à ce concentrer en un endroit, d’accord ?
Leur but est d’empêcher les forces de libération nationale de pouvoir s’y opposer. Les FLN ont suffisamment de moyens, mais elles n’ont pas accès au processus gouvernemental de prise de décision. Il y a Poutine, mais il ne prend pas de décisions. Les décisions sont prises à des échelons inférieurs du gouvernement par des personnes qui sont contrôlées par les Etats-Unis. Cela empêche les ordres de Poutine de descendre dans la hiérarchie. On le voit partout. Prenez la loi de taxation des profits de compagnie étrangère chez nous (la « relocalisation »)
… Ils travaillent directement pour les Américains. Ils sont les officiels des premier et second échelons.
Pourquoi travaillent-ils pour les Américains ? Les Américains les ont sélectionnés et promus à leur poste à cause de leurs opinions. Opinions libérales, par exemple … Ils sont intégrés au système à travers les menaces et la corruption. Par exemple, les Américains fournissent une protection et une couverture pour leurs informations compromettantes. S’ils ne rendent pas aux Américains les services attendus ils seront emprisonnés. Ils seront emprisonnés en Russie. Pas seulement les policiers de la 5e colonne, mais les policiers honnêtes aussi. Supposons qu’un policier honnête ait reçu des informations concernant la corruption d’un officiel. Alors il est obligé de l’arrêter. On peut même lui donner de l’argent pour le faire. Bon, pourquoi ne pas l’arrêter, d’accord ? Que se passe-t-il si les informations sur la corruption sont à la base de la nomination de l’officiel au poste qu’il occupe ? Voilà les techniques. Certains ont des enfants à l’étranger… Imaginez qu’un enfant soit arrêté quelque part à Londres. Ce serait pire que saisir leurs biens. Ils peuvent survivre si leurs palaces sont saisis, mais l’arrestation d’un enfant est une autre histoire. Si un enfant est arrêté aux Etats-Unis, il peut risquer la peine de mort et l’emprisonnement à vie à Londres. C’est tout ! Cet officiel a juste été recruté. C’est ainsi, il y a un ensemble de méthodes pour ce travail. Elles sont l’élément principal des révolutions oranges. Ce ne sont pas même les centaines de milliers de combattants !
L’élément principal de la révolution orange est la présence de la 5e colonne dans les structures du pouvoir. Ils vendront leur pays morceau par morceau. Ils le vendront graduellement selon un plan élaboré aux Etats-Unis. L’objectif fixé par les Américains pour l’élection du maire de Saint-Pétersbourg est de former et promouvoir un idéologue pour renverser Poutine. Ce modèle élaboré peut ensuite être appliqué sur tous les citoyens russes : à la télé, dans la sphère publique, etc. …
Dans l’étape suivante, l’an prochain, ou peut-être un peu plus tard, cela permettra de mettre le feu à tout le pays. C’est comme des troupes parachutistes qui sautent et installent une tête de pont. Militairement parlant, une tête de pont ne décide pas de l’issue de la guerre, mais elle prépare l’offensive générale. Voilà à quoi servira Saint-Pétersbourg. Nous considérons la situation à Saint-Pétersbourg comme très sérieuse. Cela ne signifie pas qu’ils gagneront car gagner et arracher Saint-Pétersbourg à l’emprise de Poutine n’est pas leur but. L’objectif réel est de lancer une offensive générale via Saint-Pétersbourg.
Je vois.
Source : La vidéo avec sous-titres en anglais se trouve sur
www.youtube.com/watch ?v=WNAPbuwLMHg&feature=youtu.be
Les sous-titres en français se trouvent sur :
www.vineyardsaker.fr/2014/08/04/video-il-va-y-avoir-un-maidan-a-saint-petersbourg-interview-devgeny-fedorov-animateur-du-mouvement-rossiya-directeur-du-programme-de-liberation-nationale-russe/#more-1746
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Horizons et débats 8 septembre 2014
Humanité Dimanche. Est-ce que l’OTAN a encore une raison d’être ?
Roland Dumas. Elle peut en avoir une, pour ceux qui la gèrent ! Historiquement, l’Alliance atlantique était une alliance militaire qui avait une compétence géographique très limitée, l’Atlantique Nord, et qui avait un objectif : finir la guerre contre l’Allemagne. Donc, si l’on regarde l’ensemble de ces éléments, on se rend compte qu’elle n’a plus aujourd’hui de raison d’être. On avait décidé, alors que j’étais aux Affaires, du démantèlement des pactes. On ferait disparaître les deux alliances : l’Alliance atlantique et le pacte de Varsovie. Le pacte de Varsovie a bien été dissous mais l’OTAN, non... elle s’est même élargie (avec la Pologne et les États baltes) et renforcée. Il suffit d’écouter M. Rasmussen, son secrétaire général, pour se rendre compte que l’OTAN est devenue un instrument guerrier.
HD. Justement, l’Ukraine appelle l’OTAN à l’aide et envisage d’intégrer l’Alliance...
R. D. L’OTAN intervient à tout propos. En quoi son secrétaire général peut prendre la parole pour dire comme il l’a fait : « Je somme les Russes de ne plus envoyer d’armements aux russophones d’Ukraine ! » Au nom de quoi cette Alliance, qui était faite pour finir la guerre contre l’Allemagne avec une compétence sur l’Atlantique Nord, peut se mêler de choses aussi importantes que l’Ukraine ? Lorsque nous discutions du désarmement (lors de la chute de l’URSS – NDLR), mon homologue russe insistait pour que l’OTAN ne dispose pas d’armements dans les pays qui avaient fait partie du pacte de Varsovie, c’est-à-dire à proximité de sa frontière. C’était l’essence même de la paix. Tout le monde était d’accord. Eh bien, les Américains n’en ont pas tenu compte. Ils ont acheminé des armes dans les pays Baltes et en Pologne. D’où la controverse lorsque Poutine arrive au pouvoir. Il dit : « Vous n’avez pas tenu votre parole. » On n’a vraiment aucun intérêt à agiter le chiffon rouge devant le nez des Russes pour les effrayer ou pour les faire caler. En réalité, en quoi la Russie nous menace-t-elle ? Ce n’est pas une façon de traiter une grande puissance, qui a eu, au même titre que les Américains, sa part dans la victoire de 1945. La situation est devenue explosive et elle va l’être de plus en plus. Il existait un équilibre du monde et c’est cet équilibre qui est rompu.
« SORTIR DE L’OTAN ? IL FAUDRAIT UNE AUTORITÉ MONDIALE INCONTESTABLE. CE N’EST PAS POUR DEMAIN, CAR AUJOURD’HUI, CE SONT DES NAINS. »
HD. Quelles ont été les conséquences, pour la France, de la réintégration du commandement intégré de l’OTAN ?
R. D. Chirac voulait déjà réintégrer le commandement mais avec des compensations. Les Américains lui ont ri au nez. Les choses sont restées en l’état. Puis Sarkozy lui a emboîté le pas, mais cette fois-ci sans demander la moindre compensation ! Quant à Hollande, il n’a pas remis en cause cette décision, et ce à mon grand désespoir. Il l’a dit quasiment au lendemain de son élection... c’était assez caractéristique. Je pensais qu’il n’aurait pas, au moins dans ce domaine, un réflexe de suivisme. Aujourd’hui, la voix de la France est totalement occultée. Nous suivons la diplomatie américaine tout en essayant de donner l’illusion que nous existons sur la scène internationale. Alors nous aboyons plus fort que les autres. La France est devenue le chien d’avant-garde de l’Alliance, au risque d’apparaître comme une nation « va-t-enguerre ». Nous avons complètement tourné le dos à la position « traditionnelle », adoptée dès l’aprèsguerre. À chaque fois que j’allais à l’OTAN, le président Mitterrand me disait : « Surtout Dumas, souvenezvous, nous ne sommes pas dans le commandement intégré. » Comprendre : n’obéissez pas à toutes les décisions qui seront prises ! Avant, la voix de la France comptait et elle était souvent écoutée.
HD. Peut-on encore sortir de l’OTAN ?
R. D. On peut, mais c’est une décision si importante qu’il faudrait le prestige de De Gaulle pour faire cela. Il faudrait quelqu’un avec une autorité mondiale incontestable et des circonstances qui feraient que tout le monde comprendrait cette décision. Ce n’est donc pas pour demain car aujourd’hui, ce sont des « nains ».
(1) Membre fondateur du groupe des 20 qui réunit d’anciens ministres des Affaires étrangères français et des diplomates. Ce groupe analyse la position actuelle de la diplomatie française
Humanité Dimanche. Est-ce que l’OTAN a encore une raison d’être ?
Roland Dumas. Elle peut en avoir une, pour ceux qui la gèrent ! Historiquement, l’Alliance atlantique était une alliance militaire qui avait une compétence géographique très limitée, l’Atlantique Nord, et qui avait un objectif : finir la guerre contre l’Allemagne. Donc, si l’on regarde l’ensemble de ces éléments, on se rend compte qu’elle n’a plus aujourd’hui de raison d’être. On avait décidé, alors
HD. Justement, l’Ukraine appelle l’OTAN à l’aide et envisage d’intégrer l’Alliance...
R. D. L’OTAN intervient à tout propos. En quoi son secrétaire général peut prendre la parole pour dire comme il l’a fait : « Je somme les Russes de ne plus envoyer d’armements aux russophones d’Ukraine ! » Au nom de quoi cette Alliance, qui était faite pour finir la guerre contre l’Allemagne avec une compétence sur l’Atlantique Nord, peut se mêler de choses aussi importantes que l’Ukraine ? Lorsque nous discutions du désarmement (lors de la chute de l’URSS – NDLR), mon homologue russe insistait pour que l’OTAN ne dispose pas d’armements dans les pays qui avaient fait partie du pacte de Varsovie, c’est-à-dire à proximité de sa frontière. C’était l’essence même de la paix. Tout le monde était d’accord. Eh bien, les Américains n’en ont pas tenu compte. Ils ont acheminé des armes dans les pays Baltes et en Pologne. D’où la controverse lorsque Poutine arrive au pouvoir. Il dit : « Vous n’avez pas tenu votre parole. » On n’a vraiment aucun intérêt à agiter le chiffon rouge devant le nez des Russes pour les effrayer ou pour les faire caler. En réalité, en quoi la Russie nous menace-t-elle ? Ce n’est pas une façon de traiter une grande puissance, qui a eu, au même titre que les Américains, sa part dans la victoire de 1945. La situation est devenue explosive et elle va l’être de plus en plus. Il existait un équilibre du monde et c’est cet équilibre qui est rompu.
« SORTIR DE L’OTAN ? IL FAUDRAIT UNE AUTORITÉ MONDIALE INCONTESTABLE. CE N’EST PAS POUR DEMAIN, CAR AUJOURD’HUI, CE SONT DES NAINS. »
HD. Quelles ont été les conséquences, pour la France, de la réintégration du commandement intégré de l’OTAN ?
R. D. Chirac voulait déjà réintégrer le commandement mais avec des compensations. Les Américains lui ont ri au nez. Les choses sont restées en l’état. Puis Sarkozy lui a emboîté le pas, mais cette fois-ci sans demander la moindre compensation ! Quant à Hollande, il n’a pas remis en cause cette décision, et ce à mon grand désespoir. Il l’a dit quasiment au lendemain de son élection... c’était assez caractéristique. Je pensais qu’il n’aurait pas, au moins dans ce domaine, un réflexe de suivisme. Aujourd’hui, la voix de la France est totalement occultée. Nous suivons la diplomatie américaine tout en essayant de donner l’illusion que nous existons sur la scène internationale. Alors nous aboyons plus fort que les autres. La France est devenue le chien d’avant-garde de l’Alliance, au risque d’apparaître comme une nation « va-t-enguerre ». Nous avons complètement tourné le dos à la position « traditionnelle », adoptée dès l’aprèsguerre. À chaque fois que j’allais à l’OTAN, le président Mitterrand me disait : « Surtout Dumas, souvenezvous, nous ne sommes pas dans le commandement intégré. » Comprendre : n’obéissez pas à toutes les décisions qui seront prises ! Avant, la voix de la France comptait et elle était souvent écoutée.
HD. Peut-on encore sortir de l’OTAN ?
R. D. On peut, mais c’est une décision si importante qu’il faudrait le prestige de De Gaulle pour faire cela. Il faudrait quelqu’un avec une autorité mondiale incontestable et des circonstances qui feraient que tout le monde comprendrait cette décision. Ce n’est donc pas pour demain car aujourd’hui, ce sont des « nains ».
(1) Membre fondateur du groupe des 20 qui réunit d’anciens ministres des Affaires étrangères français et des diplomates. Ce groupe analyse la position actuelle de la diplomatie française.
Humanité Dimanche. Est-ce que l’OTAN a encore une raison d’être ?
Roland Dumas. Elle peut en avoir une, pour ceux qui la gèrent ! Historiquement, l’Alliance atlantique était une alliance militaire qui avait une compétence géographique très limitée, l’Atlantique Nord, et qui avait un objectif : finir la guerre contre l’Allemagne. Donc, si l’on regarde l’ensemble de ces éléments, on se rend compte qu’elle n’a plus aujourd’hui de raison d’être. On avait décidé, alors que j’étais aux Affaires, du démantèlement des pactes. On ferait disparaître les deux alliances : l’Alliance atlantique et le pacte de Varsovie. Le pacte de Varsovie a bien été dissous mais l’OTAN, non... elle s’est même élargie (avec la Pologne et les États baltes) et renforcée. Il suffit d’écouter M. Rasmussen, son secrétaire général, pour se rendre compte que l’OTAN est devenue un instrument guerrier.
HD. Justement, l’Ukraine appelle l’OTAN à l’aide et envisage d’intégrer l’Alliance...
R. D. L’OTAN intervient à tout propos. En quoi son secrétaire général peut prendre la parole pour dire comme il l’a fait : « Je somme les Russes de ne plus envoyer d’armements aux russophones d’Ukraine ! » Au nom de quoi cette Alliance, qui était faite pour finir la guerre contre l’Allemagne avec une compétence sur l’Atlantique Nord, peut se mêler de choses aussi importantes que l’Ukraine ? Lorsque nous discutions du désarmement (lors de la chute de l’URSS – NDLR), mon homologue russe insistait pour que l’OTAN ne dispose pas d’armements dans les pays qui avaient fait partie du pacte de Varsovie, c’est-à-dire à proximité de sa frontière. C’était l’essence même de la paix. Tout le monde était d’accord. Eh bien, les Américains n’en ont pas tenu compte. Ils ont acheminé des armes dans les pays Baltes et en Pologne. D’où la controverse lorsque Poutine arrive au pouvoir. Il dit : « Vous n’avez pas tenu votre parole. » On n’a vraiment aucun intérêt à agiter le chiffon rouge devant le nez des Russes pour les effrayer ou pour les faire caler. En réalité, en quoi la Russie nous menace-t-elle ? Ce n’est pas une façon de traiter une grande puissance, qui a eu, au même titre que les Américains, sa part dans la victoire de 1945. La situation est devenue explosive et elle va l’être de plus en plus. Il existait un équilibre du monde et c’est cet équilibre qui est rompu.
« SORTIR DE L’OTAN ? IL FAUDRAIT UNE AUTORITÉ MONDIALE INCONTESTABLE. CE N’EST PAS POUR DEMAIN, CAR AUJOURD’HUI, CE SONT DES NAINS. »
HD. Quelles ont été les conséquences, pour la France, de la réintégration du commandement intégré de l’OTAN ?
R. D. Chirac voulait déjà réintégrer le commandement mais avec des compensations. Les Américains lui ont ri au nez. Les choses sont restées en l’état. Puis Sarkozy lui a emboîté le pas, mais cette fois-ci sans demander la moindre compensation ! Quant à Hollande, il n’a pas remis en cause cette décision, et ce à mon grand désespoir. Il l’a dit quasiment au lendemain de son élection... c’était assez caractéristique. Je pensais qu’il n’aurait pas, au moins dans ce domaine, un réflexe de suivisme. Aujourd’hui, la voix de la France est totalement occultée. Nous suivons la diplomatie américaine tout en essayant de donner l’illusion que nous existons sur la scène internationale. Alors nous aboyons plus fort que les autres. La France est devenue le chien d’avant-garde de l’Alliance, au risque d’apparaître comme une nation « va-t-enguerre ». Nous avons complètement tourné le dos à la position « traditionnelle », adoptée dès l’aprèsguerre. À chaque fois que j’allais à l’OTAN, le président Mitterrand me disait : « Surtout Dumas, souvenezvous, nous ne sommes pas dans le commandement intégré. » Comprendre : n’obéissez pas à toutes les décisions qui seront prises ! Avant, la voix de la France comptait et elle était souvent écoutée.
HD. Peut-on encore sortir de l’OTAN ?
R. D. On peut, mais c’est une décision si importante qu’il faudrait le prestige de De Gaulle pour faire cela. Il faudrait quelqu’un avec une autorité mondiale incontestable et des circonstances qui feraient que tout le monde comprendrait cette décision. Ce n’est donc pas pour demain car aujourd’hui, ce sont des « nains ».
(1) Membre fondateur du groupe des 20 qui réunit d’anciens ministres des Affaires étrangères français et des diplomates. Ce groupe analyse la position actuelle de la diplomatie française.
Humanité Dimanche. Est-ce que l’OTAN a encore une raison d’être ?
Roland Dumas. Elle peut en avoir une, pour ceux qui la gèrent ! Historiquement, l’Alliance atlantique était une alliance militaire qui avait une compétence géographique très limitée, l’Atlantique Nord, et qui avait un objectif : finir la guerre contre l’Allemagne. Donc, si l’on regarde l’ensemble de ces éléments, on se rend compte qu’elle n’a plus aujourd’hui de raison d’être. On avait décidé, alors que j’étais aux Affaires, du démantèlement des pactes. On ferait disparaître les deux alliances : l’Alliance atlantique et le pacte de Varsovie. Le pacte de Varsovie a bien été dissous mais l’OTAN, non... elle s’est même élargie (avec la Pologne et les États baltes) et renforcée. Il suffit d’écouter M. Rasmussen, son secrétaire général, pour se rendre compte que l’OTAN est devenue un instrument guerrier.
HD. Justement, l’Ukraine appelle l’OTAN à l’aide et envisage d’intégrer l’Alliance...
R. D. L’OTAN intervient à tout propos. En quoi son secrétaire général peut prendre la parole pour dire comme il l’a fait : « Je somme les Russes de ne plus envoyer d’armements aux russophones d’Ukraine ! » Au nom de quoi cette Alliance, qui était faite pour finir la guerre contre l’Allemagne avec une compétence sur l’Atlantique Nord, peut se mêler de choses aussi importantes que l’Ukraine ? Lorsque nous discutions du désarmement (lors de la chute de l’URSS – NDLR), mon homologue russe insistait pour que l’OTAN ne dispose pas d’armements dans les pays qui avaient fait partie du pacte de Varsovie, c’est-à-dire à proximité de sa frontière. C’était l’essence même de la paix. Tout le monde était d’accord. Eh bien, les Américains n’en ont pas tenu compte. Ils ont acheminé des armes dans les pays Baltes et en Pologne. D’où la controverse lorsque Poutine arrive au pouvoir. Il dit : « Vous n’avez pas tenu votre parole. » On n’a vraiment aucun intérêt à agiter le chiffon rouge devant le nez des Russes pour les effrayer ou pour les faire caler. En réalité, en quoi la Russie nous menace-t-elle ? Ce n’est pas une façon de traiter une grande puissance, qui a eu, au même titre que les Américains, sa part dans la victoire de 1945. La situation est devenue explosive et elle va l’être de plus en plus. Il existait un équilibre du monde et c’est cet équilibre qui est rompu.
« SORTIR DE L’OTAN ? IL FAUDRAIT UNE AUTORITÉ MONDIALE INCONTESTABLE. CE N’EST PAS POUR DEMAIN, CAR AUJOURD’HUI, CE SONT DES NAINS. »
HD. Quelles ont été les conséquences, pour la France, de la réintégration du commandement intégré de l’OTAN ?
R. D. Chirac voulait déjà réintégrer le commandement mais avec des compensations. Les Américains lui ont ri au nez. Les choses sont restées en l’état. Puis Sarkozy lui a emboîté le pas, mais cette fois-ci sans demander la moindre compensation ! Quant à Hollande, il n’a pas remis en cause cette décision, et ce à mon grand désespoir. Il l’a dit quasiment au lendemain de son élection... c’était assez caractéristique. Je pensais qu’il n’aurait pas, au moins dans ce domaine, un réflexe de suivisme. Aujourd’hui, la voix de la France est totalement occultée. Nous suivons la diplomatie américaine tout en essayant de donner l’illusion que nous existons sur la scène internationale. Alors nous aboyons plus fort que les autres. La France est devenue le chien d’avant-garde de l’Alliance, au risque d’apparaître comme une nation « va-t-enguerre ». Nous avons complètement tourné le dos à la position « traditionnelle », adoptée dès l’aprèsguerre. À chaque fois que j’allais à l’OTAN, le président Mitterrand me disait : « Surtout Dumas, souvenezvous, nous ne sommes pas dans le commandement intégré. » Comprendre : n’obéissez pas à toutes les décisions qui seront prises ! Avant, la voix de la France comptait et elle était souvent écoutée.
HD. Peut-on encore sortir de l’OTAN ?
R. D. On peut, mais c’est une décision si importante qu’il faudrait le prestige de De Gaulle pour faire cela. Il faudrait quelqu’un avec une autorité mondiale incontestable et des circonstances qui feraient que tout le monde comprendrait cette décision. Ce n’est donc pas pour demain car aujourd’hui, ce sont des « nains ».
(1) Membre fondateur du groupe des 20 qui réunit d’anciens ministres des Affaires étrangères français et des diplomates. Ce groupe analyse la position actuelle de la diplomatie française.
Posted on août 28, 2014 @ 23:12
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