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23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 23:02
Mercredi 22 septembre 2010 3 22 /09 /2010 23:42

Réarmement record contre le nouvel ennemi : l’Iran
Golfe persique : 123 milliards de dollars de fournitures états-uniennes aux régimes arabes

 

Par Manlio Dinucci et Tommaso Di Francesc

 

Il manifesto

 

C’est la plus grosse vente particulière d’armes jamais réalisée par les Etats-Unis : ils fourniront à l’Arabie Saoudite et aux autres Etats du Golfe des bombardiers, des hélicoptères, des missiles et d’autres armements pour une valeur de 123 milliards de dollars.

  

Boeing vend à l’Arabie Saoudite 85 nouveaux F-15 et en potentialise 70 autres : ce sont des chasseurs de combat multifonction, en mesure de transporter des armes nucléaires, à une vitesse deux fois et demi supérieure à celle du son, et capables d’éviter les défenses ennemies. Boeing fournit en outre 70 hélicoptères de combat Apache et 36 Little Bird, utilisés par les forces pour les opérations spéciales. A cela s’ajoute plus de 70 hélicoptères de combat Black Hawk de Sikorsky (United Technologies). Le « colis » coûtera à l’Arabie Saoudite 67 milliards de dollars, à quoi s’ajouteront les dépenses pour l’entraînement du personnel, les pièces de rechange et les modernisations.

 

Aux     Emirats Arabes Unis, les USA vendent 35-40 milliards de dollars d’armements, dont un « bouclier » formé de missiles Thaad de Lockheed Martin. Sont en outre potentialisés les missiles Patriot, fournis par Raytheon aux Emirats et aux Koweït. Ce dernier paiera 7 milliards de dollars. A Oman seront fournis 18 nouveaux chasseurs F-16 de Lockheed Martin, tandis que 12 autres seront potentialisés : la dépense se monte à 12 milliards de dollars.

 

 Dans son annonce de la vente de 123 milliards de dollars aux Etats du Golfe, le Financial Times (21 septembre) la définit comme « une énorme impulsion à l’industrie américaine (états-unienne, NdT) de la défense ». Il ajoute ainsi que « l’achat de nouvelles armes états-uniennes survient au moment où de nombreux pays du Moyen-Orient, où se trouvent les deux tiers des réserves pétrolifères mondiales, sont en alarme à cause des ambitions nucléaires de l’Iran ». La campagne sur la « menace iranienne » fonctionne donc, et bien. Les pays du Golfe ne sont pas seuls à avoir intensifié leurs acquisitions de systèmes d’armes états-uniennes, les pays européens aussi se préparent à le faire : le secrétaire général de l’OTAN, Anders Rasmussen, leur a recommandé il y a quelques jours de réaliser avec les Etats-Unis un unique « bouclier » contre la « menace des missiles iraniens». La décision politique devrait venir du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Alliance Atlantique, à Lisbonne, en novembre. Viendra ensuite la phase opérative, avec une toute nouvelle militarisation du territoire européen et italien.

 

Que préfigure-t-on, dans l’administration Obama, avec cette mega vente d’armes aux pays du Golfe ? Son objectif, écrit le Financial Times, va au-delà de la simple promotion de l’industrie militaire états-unienne. Si les alliés de Washington dans le Golfe achètent leurs armes aux USA , ils « sont entraînés sur des plateformes communes, en potentialisant leur capacité de combattre un adversaire commun » avec les forces états-uniennes. Sur cela, ajoute le New York Times, est aussi d’accord Israël, qui jusque là avait considéré avec suspicion toutes fournitures d’armes USA aux pays arabes. En d’autres termes : en faisant la promotion de cette colossale vente d’armes, non seulement l’administration Obama revigore l’industrie guerrière et donc l’économie états-unienne, dans laquelle celle-ci joue un rôle important. Mais en même temps, l’administration Obama accroît l’influence états-unienne dans la zone stratégique du Golfe, en s’assurant que les armées des pays alliés soient à la totale disposition du Pentagone et bien armées, de façon à pouvoir un jour attaquer l’Iran qui a pris la place de l’Irak comme ennemi numéro un.

 

Est-ce ainsi que le président Obama est en train de gagner le Prix Nobel pour la paix qui lui a été conféré « pour ses efforts extraordinaires afin de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples » ? Quels sens cela a-t-il de commencer le retrait des troupes combattantes en Irak – mais en laissant un presidium de bases et environ 50 mille soldats, et en doublant le nombre des mercenaires – et d’annoncer la probable amorce d’une sortie du bourbier afghan avec une afghanisation plus importante de la guerre sur le terrain, si pendant ce temps on prépare concrètement un nouveau scénario guerrier, bien plus grave ?

 

Il est emblématique que cette administration, tandis qu’elle accuse le gouvernement iranien de violer les principes de la démocratie et les droits de l’homme, soutienne et arme l’Arabie Saoudite, où le souverain détient le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire ; où il n’existe pas de Parlement mais seulement un conseil consultatif nommé lui aussi par le souverain ; où les partis politiques et les organisations syndicales sont considérées comme illégales, et les femmes exclues de la vie politique et du travail. Sans oublier les nombreux « cas Sakineh » dans les prisons des pays du Golfe. Ces « valeurs » sont défendues et renforcées par les chasseurs bombardiers et les hélicoptères de combat, fournis dans une mesure sans précédents par les Etats-Unis sous une administration démocratique.

 

Il manifesto, 21 septembre 2010,

http://www.ilmanifesto.it/il-manifesto/in-edicola/numero/20100922/pagina/09/pezzo/287376/  

 

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

 

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=21148

 

 

Politiques de la peur:les pays du Golfe achètent des armes pour 123 milliards $


Leila Mazboudi

 

22/09/2010 Dans l’un des plus grands contrats d’armements , 4 pays du Golfe envisagent de s’acheter des armements pour le montant de 123 milliards de dollars. Le principal fournisseur étant bien entendu les États-Unis.

Selon le quotidien britannique Financial Times, l’Arabie saoudite devrait s’accaparer une part de 67 milliards, en échange de laquelle elle  devrait obtenir 85 avions de chasse de type F15, et moderniser 70 avions qui sont déjà en sa possession. Elle devra également s’acquérir des hélicoptères de combat, des systèmes de défense anti missiles, et des navires de guerre, si ces achats sont validés par le Congrès.  
 
Quant aux Emirats arabes unis, et dont le contrat d’armements s’élève à près de 40 milliards de dollars, ils ont obtenu le feu vert pour s’acquérir des missiles Thaad anti missiles, ainsi que des systèmes de défense Patriot.
Alors que le sultanat d’Oman va obtenir 18 avions de type F16 et en moderniser 12 autres, pour le montant de 12 milliards,  le Koweït va dépenser la somme de 7 milliards de dollars pour remplacer et moderniser ses avions de guerre, et s’acheter deux nouveaux systèmes de commande et contrôle afférents. ce pays a également conclu un accord pour développer les systèmes de missiles anti missiles Patriot.
 
Selon le journal britannique, ces énormes transactions d’armements reflètent la peur de ces quatre pays du Golfe,  en cas d’attaque américaine et israélienne contre lui d’une riposte iranienne contre des bases américaines sur leurs territoires, ou les installations pétrolières, ou contre le détroit d’Ormuz, dans le golf persique, entravant le passage des oléoducs.
 
Or, pour le rédacteur en chef du journal londonien arabophone AlQuds AlArabi, Abdel Bari Atouane, ce genre de transactions n’est que le fruit des politiques de peur menées par les Américains, en amplifiant les capacités militaires de certains pays voisins pour promouvoir les ventes d’armes, ou persuader ces pays de "ses guerres interminables » . Atouane révèle à cet égard que la roi saoudien était d’abord réticent quant à cette transaction, mais a dû plier sous les coups de cette politique de peur.
 
A noter que ces politiques de peur sont généralement véhiculées par des centres d'études américains de renommée, qui évoquent avec des mots pompeux l'arsenal militaire iranien. ( voir par exemple l'étude réalisée dernièrement par le Antony Cordsman, directeur du Centre d'études stratégiques et internationales américaines dans laquelle il opère une comparaison entre les capacités militaires iraniennes et celles des pays du Golfe, pour conclure que celles de l'Iran étaient nettement supérieures).  
Atouane  perçoit aussi ans ce contrat des tentatives pour sauver l’industrie militaire américaines, rappelant que les ventes militaires américaines ont connu une baisse pour atteindre les 22 milliards de dollars l’année dernière, alors qu’elles étaient de l’ordre de 38 l’année d'avant.
Atouane soupçonne également des liens entre ce genre de contrats énormes et des commissions qu’empochent certains émirs influents. Evoquant à l’appui l’affaire des Yamama, qui a éclaté en Grande Bretagne, relative à un contrat signé entre l’Arabie Saoudite et la Grande Bretagne au début des années 80, pour le montant de 76 milliards de dollars. Éclaboussé par les pots de vins astronomiques empochés par des émirs influents, l’affaire révèle que l'un d’entre eux avait empoché la somme de 2 milliards de dollars. Raison pour laquelle le premier ministre britannique Tony Blair avait intervenu en personne pour empêcher la poursuite de l’enquête, arguant la défense de la sécurité nationale britannique.
Il y a quelques années, rappelle Atouane, le roi saoudien a suspendu provisoirement l’achat d’avions Euro Fighter, pour le montant de 8 milliards de dollars, sur sollicitation de Blair qui s’était plaint du pourcentage élevé des commissions fixé à 25%.
 
Par ailleurs, le chroniqueur arabe s’étonne que les pays du Golfe s’inquiètent du programme nucléaire iranien, alors que la Turquie, pays voisin de l’Iran n’affiche nullement cette inquiétude.
«  Il faut que les pays du Golfe craignent les États-Unis et d’Israël, beaucoup plus que le danger iranien », a-t-il conseillé aux pays du Golfe, leur rappelant la position du Koweït qui a soutenu l’Irak, dans sa guerre contre l’Iran pour ensuite devenir sa première victime.     

 

http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=155112&language=fr

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23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 22:43
Mercredi 22 septembre 2010 3 22 /09 /2010 18:02

 

  otan-basta-j.jpgLe 

Déclaration du Conseil mondial de la paix
et du Conseil portugais pour la paix et la coopération en vue du sommet de l'OTAN
de Lisbonne en novembre
 
 
 
Le Conseil mondial de la paix (CMP) et le Conseil portugais pour la paix et la coopération (CPPC) saluent les peuples du monde amoureux de la paix et les mouvements de la paix qui se mobilisent en continuant à dénoncer les guerres impérialistes, les occupations illégales et l'injustice sociale, et les invitent à continuer à renforcer les efforts et les luttes communs contre l'impérialisme et ses organisations, en particulier contre l'OTAN, la plus grande machine de guerre du monde.
 
Le CMP dénonce devant les peuples du monde entier les crimes que l'OTAN a commis et continue à commettre contre l'humanité avec comme prétexte tant la protection des « droits de l'Homme » que de la lutte contre le « terrorisme », selon sa propre interprétation.
 
L'OTAN a été dès sa fondation en 1949 une organisation agressive. Après 1991, avec sa nouvelle doctrine militaire, elle s'est transformée en « shérif » mondial des intérêts impérialistes. Elle a souvent été liée à des régimes sanguinaires et à des dictatures, aux forces réactionnaires et aux Juntes. Elle a participé activement au démembrement de la Yougoslavie, aux bombardements barbares de la Serbie durant 78 jours, au renversement de régimes à travers les « révolutions colorées », à l'occupation de l'Afghanistan. L'OTAN persévère dans ses plans pour un « Grand Moyen-Orient », élargissant son rayon d'action avec le « Partenariat pour la paix » et la « coopération spéciale » en Asie et en Amérique Latine, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, et aussi avec l' « Armée européenne ».
 
Tous les gouvernements des Etats-membres partagent des responsabilités au sein de l'OTAN, bien que le rôle de direction soit dévolu à l'administration états-unienne. La présence d'approches diverses sur certaines questions est le reflet de points de vues et de rivalités particulières, mais celles-ci mènent toujours de toute façon à un affrontement agressif commun avec les peuples.
 
Nous condamnons la politique de l'Union Européenne, qui coïncide avec celle de l'OTAN et le Traité de Lisbonne, et qui va main dans la main avec l'OTAN en matière politique et militaire. Les dépenses militaires des Etats-unis en missions étrangères ont augmenté entre 2002 et 2009 de 30 milliards d'euros à 300 milliards d'euros.
 
Les peuples et les forces amoureuses de la paix dans le monde n'acceptent pas le rôle de « shérif » mondial joué par l'OTAN. Ils rejettent tous les efforts tendant à incorporer l'OTAN dans le système des Nations Unies. Ils demandent la dissolution de cette machine de guerre militaire agressive. Même le prétexte trompeur de l'existence du Pacte de Varsovie n'a désormais plus de sens.
 
Le Conseil mondial de la paix et ses membres et amis organiseront dans plusieurs dizaines de pays diverses initiatives nationales et internationales contre l'OTAN et sa conception stratégique, qui devrait être adoptée au prochain sommet au Portugal. Nous organiserons, avec le Conseil portugais pour la paix et la coopération, des manifestations et conférences ainsi qu'une initiative centrale de masse avant et pendant les jours du sommet de l'OTAN (novembre 2010) à Lisbonne.
 
Sous le slogan « OTAN, ennemie des peuples et de la paix: démantelons-la! », le CMP appelle toutes les organisations des Etats-membres de l'OTAN et du monde entier à signer un appel qui mette en avant les questions suivantes:
  • L'OTAN a été une force agressive et réactionnaire dès sa fondation en 1949. Le Traité de Varsovie a été créé après la création de l'OTAN et a été démantelé avant lui.
  • L'OTAN a les mains sales, depuis 60 ans, du sang de tant de personnes et ne constitue pas une force « qui maintient la paix » dans le cadre des Nations Unies.
  • Même si c'est elles sont menées sous direction états-unienne, les agressions ont été réalisées avec les autres forces impérialistes, ce qui ne change pas la nature de l'OTAN.
  • L'OTAN est directement liée à l'Union Européenne et vice-versa, en même temps qu'un nombre imporrtant de pays de l'UE sont aussi membres de l'UE, à travers les clauses et engagements consacrés par le « Traité de Lisbonne »
  • Tous les gouvernements des pays membres de l'OTAN portent la responsabilité de leurs actes: ils soutiennent ses projets impérialistes.
  • La guerre de l'OTAN contre la Yougoslavie a représenté une pierre angulaire du nouveau dogme, au moment du sommet de Washington en 1999. Il s'est révélé par la suite que l'UE n'a absolument pas représenté un « contre-poids démocratique » aux Etats-Unis.
  • L'OTAN agit comme un gendarme mondial avec des collaborateurs sur tous les continents, qui exécutent son Plan pour un « Grand Moyen-Orient » et interviennent activement en Europe de l'Est, au Caucase et ailleurs.
Nous approuvons et soutenons la campagne portugaise « Oui à la paix, non à l'OTAN » qui rassemble de multiples mouvements et organisations. Nous lançons un appel à toutes les organisations amoureuses de la paix pour qu'elles unissent leurs voix et leurs forces autour de cet appel et se retrouvent avec nous en novembre 2010 à Lisbonne
 
Le Conseil mondial de la paix (CMP)

http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-appel-du-conseil-mondial-pour-la-paix-en-vue-du-sommet-de-l-otan-de-lisbonne-en-novembre-57473927.html

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23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 22:42

 

carte-palestine-gruyere.jpg

 

 

La « communauté internationale » 

 

Quelle belle expression, la « communauté internationale »! On imagine des milliards d’individus regroupés sous la bannière de leurs gouvernants démocratiquement élus faisant écho, après enquêtes et sondages populaires, à leurs desseins pacifistes, impatients de rendre une justice impartiale et équitable dans chaque conflit international qui confronte tel peuple hargneux et querelleur avec son voisin récalcitrant.  Rien de tel cependant.

 

Le conflit israélo-palestinien n’échappe pas à la dynamique de la « communauté internationale ». Très souvent ce sont les « amis » de la Palestine qui psalmodient l’appel pressant à l’intervention salutaire, engagée, immanente et transcendante de la « communauté internationale ». Parfois, ces « amis » dénoncent l’incurie de la communauté, sa partialité; ils pleurent son impuissance et maugréent contre la lâcheté de ses dirigeants et leur incapacité à imposer le droit international et à réprimer les méfaits de leur protégé,  Israël - l’État ethniquement pur pour « juif » seulement.

 

Un poncif de la scène internationale se plaint qu’en « définitive, chaque round de négociation factice pour les Palestiniens est bénéfique pour Israël car il consolide une provocation antérieure, crée un précédent et négocie en fait pour entériner un nouveau fait accompli. Pourquoi n’ y a t-il pas un coup d’arrêt de la communauté internationale ? »gémit-il ! [1]

 

L’analyste poursuit et propose une citation du négociateur palestinien Saëb Erekat « qui parle d’un parti pris à l’époque de l’administration Clinton, en 2000, qui s’est rangée derrière la position israélienne. (…) En suivant cette stratégie, l'administration Clinton a montré son incapacité à comprendre que les Palestiniens n'accepteront rien de moins qu'un État fondé sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. »[2]. L’administration Clinton de la « communauté internationale » souhaitait-elle vraiment comprendre les Palestiniens ? L’administration Obama désire-t-elle vraiment comprendre les Palestiniens?

 

Un collègue du précité expert, sympathique à la cause palestinienne de surcroît, écrit ceci : « Convaincue que les États occidentaux continueront à ne rien faire pour résoudre le problème, les acteurs de la société civile se mobilisent de plus en plus (…) Mais il est clair à présent que seule la solidarité active et militante, au niveau des sociétés civiles à l’échelle internationale, est susceptible de forcer les gouvernements occidentaux à chercher sérieusement une solution pacifique et juste. »[3].

 

Le démographe français Emmanuel Todd dénonce quant à lui la lâcheté des puissances européennes membres de la « communauté internationale » et les appelle à se ressaisir et à oeuvrer en faveur de sanctions sévères contre Israël pour les crimes de guerre commis à Gaza, et contre la flottille de la liberté dans les eaux internationales[4]. Gideon Levy, le grand reporter du quotidien israélien Haaretz, entonne le même cantique dans son  ouvrage « The punishement of Gaza » [5].

 

Pourquoi ces intellectuels et ces « amis » de la Palestine en appellent-t-ils exclusivement aux gouvernements occidentaux en tant que médiateurs « impartiaux » ? N’ont-ils pas fait appel précédemment à la « communauté internationale » dans son ensemble ? À moins qu’il s’agisse d’un aveu non sollicité. Pour eux, la « communauté internationale » ce ne sont pas les pays pauvres, les cent dix pays non-alignés, les petits pays d’Océanie, ni les pays arabes, ni les pays à majorité musulmane, non plus que les pays riches mais politiquement indépendants des pressions américaines. Bref, la seule « communauté internationale » qui vaille à leurs yeux, c’est une vingtaine de pays, occidentaux pour la plupart, à la remorque des Américains.   

 

Je souligne au passage qu’il est injuste d’accuser la « communauté internationale » de ne pas chercher âprement et activement une solution pacifique et juste à la question palestinienne. Pour la communauté internationale dont il est question ici un bantoustan palestinien viable sur 18 % des terres de l’antique Palestine du mandat britannique est une solution juste et raisonnable et elle pourrait être pacifique si Netanyahu pouvait brider sa droite intégriste juive hystérique, ce qu’il ne fera pas évidemment, et si les services de sécurité de Mahmoud Abbas parvenait à exterminer les résistants en Cisjordanie et à Gaza, ce qu’ils ne pourront pas assurément.

 

L’alliance anti-palestinienne

 

Chacun des complices de la grande alliance anti-palestinienne en appelle à ses maîtres de la « communauté internationale » pour qu’ils fassent plus d’efforts pour soutenir leur section de l’alliance et pas seulement la section sioniste. Mohamed Dalhan, ex-chef des forces de sécurité du Fatah à Gaza, réfugié en Cisjordanie après le coup d’État manqué contre le Hamas en 2007, celui que Thierry Meyssan accuse d’avoir empoisonné Yasser Arafat, en appelle aux puissances européennes, découragé de constater que la tactique Obama n’amènera jamais le bantoustan qu’il voudrait diriger. À l’occasion de la deuxième ronde de pourparlers directs à Charm-el-Cheikh en Égypte, Dalhan pousse les Européens du pied : « Malheureusement l’Administration Obama est revenue à ses vieilles chimères: elle ne pratique que de la gestion de crise. Elle n'a pas la volonté politique suffisante pour régler le conflit. J'en appelle aux Européens: qu'ils abandonnent leur rôle d'observateurs, ils ne sont pas de simples bailleurs de fonds, ils doivent s'impliquer. S'ils s'unissent, ils peuvent peser face aux États-Unis et à Israël. »[6]. Ce que Dalhan  soulève c’est l’impossibilité pour la clique du Fatah de vendre un accord qui les ridiculiserait et que la population palestinienne rejetterait du revers de la main après avoir désavoué ces pseudo-négociateurs illégitimes et lourdement compromis.

 

Noter au passage que la question des constructions dans les colonies n’est qu’un leurre, ce n’est pas du tout l’enjeu des pourparlers directs. D’abord, parce que la construction n’a jamais cessé, même pendant le supposé moratoire qui se termine le 29 septembre, qui n’était au dire de Netanyahu lui-même qu’un ralentissement de la construction; ensuite, parce que si effectivement  ces gens étaient réunis pour négocier la création d’un État palestinien sous protectorat israélien dans les frontières de la ligne d’armistice de 1949 (Ligne verte) toutes ces construction reviendraient à l’Autorité palestinienne et la tâche de déloger les colons en serait accrue pour le gouvernement israélien.

 

Il y a trois véritables questions en litige dans les négociations actuelles. Premièrement, la question de la renonciation par les Palestiniens eux-mêmes, non pas par l’OLP, mais par les masses palestiniennes qui ont voté majoritairement pour le Hamas en 2006, organisation majoritaire non membre de l’OLP et qui ne reconnaît pas les accords d’Oslo, renonciation dis-je à 78 % de leur terre ancestrale de la Palestine du mandat britannique; deuxièmement, acceptation par le peuple palestinien que l’État sioniste usurpateur est un État pour les juifs et donc renonciation au droit de retour pour les Palestiniens de la Nakba; troisièmement renonciation à la résistance et acceptation de leur sort dans le bantoustan qui leur sera concédé sous la dictature des services de sécurités de l’Autorité palestinienne. 

 

Chacun se bouscule pour étreindre la mariée


Chacun des gouvernements cooptés au sein de la « communauté internationale »  se dispute l’opportunité d’être présent à la table de « négociations » afin de soutenir son poulain – Israël –. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner se plaint que son préféré, intégré secrètement à l’OTAN et à l’Union européenne, lève le nez sur les propositions de collusion européennes : « La France a réclamé hier une plus grande implication du quartette et de l’Union européenne dans les négociations directes entre Israéliens et Palestiniens. ». Le déni américano-israélien est d’autant plus blessant que comme le dit Kouchner : « Nous ne pouvons pas être les bailleurs de fonds et ne pas participer au processus de négociations. (…) L’Union européenne ne doit pas être seulement un tiroir-caisse. Les Égyptiens nous ont affirmé leur intention de nous inviter à Charm el-Cheikh, s’ils le pouvaient. Apparemment cela n’a pas été le cas », a précisé le ministre, ajoutant : « Cela faisait un peu de difficultés aux Américains d’après mes sources. »[7]. C’est qu’il existe une hiérarchie parmi les cooptés de la « communauté internationale » et le sergent major cherche parfois à conserver la tutelle exclusive sur le protégé de la communauté. 

 

Je vais maintenant m’employer par quelques exemples à démontrer comment l’écheveau des intérêts occidentaux s’emmêle à celui du projet colonial sioniste. La France d’abord.

 

« La France avait fortement soutenu le projet d’un État juif en Palestine et avait voté en ce sens le plan de partage du 29 novembre 1947 à l’ONU. (…) La France a beaucoup aidé à la création du jeune État entre 1945 et 1948 : Non seulement elle se prononcera à l’ONU en faveur de la légitimation du projet d’État juif, elle contribua aussi, et d’une manière massive, au renforcement démographique et militaire du Yishouv[8], par la canalisation de l’immigration clandestine et l’acheminement des armes qui, le moment venu, lui donneront la supériorité sur le terrain »[9]. À partir de 1954 et de la généralisation de l’insurrection en Algérie [10] contre la colonisation française, les intérêts d’Israël et de la France se rejoignent parfaitement : il s’agit de s’allier face au nationalisme arabe qui veut bouter hors d’Alger comme du canal de Suez les Européens (…). Les liens entre l’armée française et Tsahal [11], l’armée israélienne, sont si forts que l’on pourrait parler d’une véritable alliance militaire stratégique entre les deux pays. La générosité française était très appréciée des milieux militaires israéliens : « Pour gagner du temps, l’état- major français avait mis un bureau à ma disposition rue Saint-Dominique, au ministère des Armées », raconte Asher Ben Nathan (…). « En 1955, la France s’était engagée à nous fournir 48 Mystère IV. Une seule escadre de l’armée de l’air en était équipée. Elle a reçu l’ordre de nous les céder, au grand dam du patron de l’escadre. Mais sur la base de Mont-de-Marsan j’ai eu la surprise de voir atterrir non pas 48 mais 52 appareils. “Quitte à vous donner mes avions, j’en ai rajouté 4 de réserve, en cas de pépin”, me dit le colonel.» [12].

 

Autre exemple français. Dans chacune des guerres qu’Israël a conduites en violation du droit international, une avant-scène diplomatique a été organisée pour lui permettre de gagner du temps, tandis que les États-Unis bloquent toute résolution du Conseil de sécurité. En 2006, c’était Romano Prodi et la conférence de Rome. En 2009 à Gaza, c’est le président français, Nicolas Sarkozy, qui produit le divertissement. Il a annoncé qu’il consacrerait deux jours de son précieux temps pour régler un problème où les autres ont échoué depuis 60 ans. Ne laissant guère de doute sur sa partialité, M. Sarkozy a d’abord reçu à l’Élysée la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, et le leader sunnite saoudo-libanais Saad Hariri, et s’est entretenu par téléphone avec le président égyptien Hosni Moubarak, le président fantoche de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien Ehud Olmert. » [13].

 

Pour la Grande-Bretagne un extrait suffira. En 1999, les ventes d'armes britanniques à Israël - un pays qui occupe la Cisjordanie (et aussi Gaza) et qui construit des colonies illégales pour les Juifs et seulement pour les Juifs sur une terre arabe – s’élevaient à 11,5 millions de livres; en deux ans, cela avait presque doublé et s’élevait à 22,5 millions de livres. Cela comprenait des armes légères, des kits de grenades prêtes à monter et des équipements pour avions de combat et des chars. La liste des aides britanniques à l’État hébreu est très longue [14]. L’Allemagne a livré à l’État juif l’an dernier quatre sous-marins capables de lancer des missiles nucléaires. Qui est une menace nucléaire dans la région, l’Iran ou Israël?

 

Autre exemple de l’impartialité des arbitres de la « communauté internationale ». L'éminent juge sud-africain Richard Goldstone a statué dans son rapport d’enquête de l'ONU sur le bain de sang à Gaza que les deux parties avaient commis des crimes de guerre. Il fut, bien sûr, traité de «Méchant» par toutes sortes de supporters d'Israël aux États-Unis ; son excellent rapport a été rejeté par sept gouvernements de l'UE.  Comme il le dit dans sa préface, « Israël a développé des liens politiques et économiques tellement forts avec l'Union Européenne au cours des dix dernières années qu'il est devenu presque un État membre de l'Union sans le dire. ».


Javier Solana, le chef de la politique étrangère de l'UE (anciennement secrétaire général de l'OTAN), a effectivement déclaré l'an dernier qu'« Israël, permettez-moi de le dire, est un membre de l'Union Européenne sans être membre de l’institution " [15].

 

Israël, base militaire permanente de l’Occident au Levant opère la plus grande base d’espionnage intégrée au réseau Echelon. « Le réseau Echelon est un système US d’interception planétaire. Il a la capacité de « happer » 1.300.000 communications par minute, aux fins d’espionnage, (…) Le système désigné sous le nom de code Echelon se distingue des autres systèmes de renseignement par le fait qu’il présente deux caractéristiques qui lui confèrent un niveau de qualité tout particulier. (…) La deuxième caractéristique, c’est que le réseau Echelon exerce ses activités grâce à la « coopération » de six États (Royaume-Uni, États-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande et, bien sûr, la prunelle des yeux étatsuniens, Israël) (…) » [16].

 

Le dernier exemple mais non le moindre du soutien inconditionnel de la « communauté internationale » à leur pupille israélienne, en plus des subventions annuelles de trois milliards des Américains, la vente de l’avion de pointe le plus sophistiqué de la flotte aérienne américaine à la colonie sioniste. « Le F-35 est l’avion de combat de l’avenir qui permettra à Israël de préserver sa suprématie aérienne et son avance technologique, explique Ehud Barak dans un communiqué officiel. Les premiers exemplaires devraient être livrés “à partir de 2015” pour une mise en service environ deux ans plus tard. L’achat négocié avec le constructeur et le Pentagone est assorti de 50 options. Ce qui, au final, est proche des 75 exemplaires évoqués depuis septembre 2008 avec vingt-cinq appareils fermes et cinquante options. Coût évalué à 2,75 G$ pour les vingt premiers avions. La transaction négociée ces dernières semaines, à l’issue d’une ultime rencontre à Washington entre Ehoud Barak et son homologue américain Robert Gates, prévoit également une coopération avec l’industrie israélienne et principalement IAI (Israel Aircraft Industries), avec un accord pour la production d’éléments jusqu’à hauteur d’au moins 4 G$.  L’annonce a surpris tous les observateurs. Selon Tel-Aviv, le pris unitaire du F-35.I  (“I” pour Israël) avoisinerait 96 M$, sans la prise en compte des rechanges, de la formation et du soutien spécifique. Un chiffre à rapprocher des 130 à 150 M$ préalablement avancés sans précision sur le contenu de l’enveloppe. Étant néanmoins entendu que la transaction sera en grande partie financée par l’aide militaire américaine. » [17].

 

Dites-moi que peuvent espérer les « amis » du peuple palestinien par leurs appels incessants à la médiation de cette engeance internationale ?  Que le proxénète répudie sa péripatéticienne ? N’y comptez pas. Les puissances occidentales ont trop investi dans le projet colonial « juif » israélien pour l’abandonner alors qu’elles sont si près du but, pensent-t-elles, c’est-à-dire la création d’un protectorat palestinien sur le reste des terres pas encore expropriées et annexées par la puissance coloniale israélienne, la pacification du peuple autochtone local et sa mise sous tutelle de sa propre bourgeoisie compradore nationale, si et seulement si cette dernière se montre apte à réprimer les résistances nationales palestiniennes, ce qui n’a aucune chance de survenir.   

 

In memoriam : Ci gisent les pourparlers directs Benjamin Netanyahu – Mahmoud Abbas. 

 

 



[1] Pr Chems Eddine Chitour. « Un État palestinien en 2017 : Un siècle après la Déclaration de Balfour. » 16.09.2010.      http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=21011

[2] Idem 1.

[3] Brève histoire de la Palestine (2e édition août 2010). Coalition pour la justice en Palestine UQAM.

[4] Emmanuel Todd .  « Ce qui s’est passé à Gaza c’est notre honte ». 8.09.2010. http://oumma.com/Emmanuel-Todd-ce-qui-s-est-passe-a

[5] Gideon Levy. « The punishment of Gaza. ». Paperback. 2010.  http://notes-taken.blogspot.com/2010/06/gideon-levy-punishment-of-gaza.html

[6] Idem 1.

[8] Désigne la communauté des Juifs de Palestine avant la création de l’État d’Israël.

[9] Samir KASSIR et Farouk MARDAM-BEY, Itinéraires de Paris à Jérusalem La France et le conflit israélo-arabe, tome I, 1917 – 1958, page 72, Les livres de la Revue d’Études Palestiniennes, 1992 – 1993. 

[10] Le 1er novembre 1954, la « Toussaint rouge » ouvre la guerre d’Algérie

[11] Acronyme de Tsava Haganah le Israël, armée de défense d’Israël. Elle fut créée officiellement le 31 mai 1948, à partir de la fusion de la milice Haganah (milice juive clandestine du mouvement sioniste, née en 1920) avec les autres groupes armés notamment ceux de l’Irgoun et du Ledi. Le service militaire est obligatoire pour trois ans pour les hommes et deux ans pour les femmes. Les Arabes israéliens et les Juifs les plus orthodoxes en sont exemptés.

[12] Lire le dossier « La France, Israël et les Palestiniens » dans le numéro 2101, daté du 10 février 2005, du Nouvel Observateur.

[14] Robert Fisk  1.08.2010  « Israël s'est glissé dans l'Union Européenne sans que personne ne s'en aperçoive ».

[17] Air et Cosmos N° 2229 – 27 Août 2010, pp. 32-33.  Premier feu vert à l’achat de F-35 par Israël.

 

 

Pour plus de renseignements sur la Palestine occupée : http://www.robertbibeau.ca/palestine.html

 

 

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23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 22:42

 

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La « communauté internationale » 

 

Quelle belle expression, la « communauté internationale »! On imagine des milliards d’individus regroupés sous la bannière de leurs gouvernants démocratiquement élus faisant écho, après enquêtes et sondages populaires, à leurs desseins pacifistes, impatients de rendre une justice impartiale et équitable dans chaque conflit international qui confronte tel peuple hargneux et querelleur avec son voisin récalcitrant.  Rien de tel cependant.

 

Le conflit israélo-palestinien n’échappe pas à la dynamique de la « communauté internationale ». Très souvent ce sont les « amis » de la Palestine qui psalmodient l’appel pressant à l’intervention salutaire, engagée, immanente et transcendante de la « communauté internationale ». Parfois, ces « amis » dénoncent l’incurie de la communauté, sa partialité; ils pleurent son impuissance et maugréent contre la lâcheté de ses dirigeants et leur incapacité à imposer le droit international et à réprimer les méfaits de leur protégé,  Israël - l’État ethniquement pur pour « juif » seulement.

 

Un poncif de la scène internationale se plaint qu’en « définitive, chaque round de négociation factice pour les Palestiniens est bénéfique pour Israël car il consolide une provocation antérieure, crée un précédent et négocie en fait pour entériner un nouveau fait accompli. Pourquoi n’ y a t-il pas un coup d’arrêt de la communauté internationale ? »gémit-il ! [1]

 

L’analyste poursuit et propose une citation du négociateur palestinien Saëb Erekat « qui parle d’un parti pris à l’époque de l’administration Clinton, en 2000, qui s’est rangée derrière la position israélienne. (…) En suivant cette stratégie, l'administration Clinton a montré son incapacité à comprendre que les Palestiniens n'accepteront rien de moins qu'un État fondé sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. »[2]. L’administration Clinton de la « communauté internationale » souhaitait-elle vraiment comprendre les Palestiniens ? L’administration Obama désire-t-elle vraiment comprendre les Palestiniens?

 

Un collègue du précité expert, sympathique à la cause palestinienne de surcroît, écrit ceci : « Convaincue que les États occidentaux continueront à ne rien faire pour résoudre le problème, les acteurs de la société civile se mobilisent de plus en plus (…) Mais il est clair à présent que seule la solidarité active et militante, au niveau des sociétés civiles à l’échelle internationale, est susceptible de forcer les gouvernements occidentaux à chercher sérieusement une solution pacifique et juste. »[3].

 

Le démographe français Emmanuel Todd dénonce quant à lui la lâcheté des puissances européennes membres de la « communauté internationale » et les appelle à se ressaisir et à oeuvrer en faveur de sanctions sévères contre Israël pour les crimes de guerre commis à Gaza, et contre la flottille de la liberté dans les eaux internationales[4]. Gideon Levy, le grand reporter du quotidien israélien Haaretz, entonne le même cantique dans son  ouvrage « The punishement of Gaza » [5].

 

Pourquoi ces intellectuels et ces « amis » de la Palestine en appellent-t-ils exclusivement aux gouvernements occidentaux en tant que médiateurs « impartiaux » ? N’ont-ils pas fait appel précédemment à la « communauté internationale » dans son ensemble ? À moins qu’il s’agisse d’un aveu non sollicité. Pour eux, la « communauté internationale » ce ne sont pas les pays pauvres, les cent dix pays non-alignés, les petits pays d’Océanie, ni les pays arabes, ni les pays à majorité musulmane, non plus que les pays riches mais politiquement indépendants des pressions américaines. Bref, la seule « communauté internationale » qui vaille à leurs yeux, c’est une vingtaine de pays, occidentaux pour la plupart, à la remorque des Américains.   

 

Je souligne au passage qu’il est injuste d’accuser la « communauté internationale » de ne pas chercher âprement et activement une solution pacifique et juste à la question palestinienne. Pour la communauté internationale dont il est question ici un bantoustan palestinien viable sur 18 % des terres de l’antique Palestine du mandat britannique est une solution juste et raisonnable et elle pourrait être pacifique si Netanyahu pouvait brider sa droite intégriste juive hystérique, ce qu’il ne fera pas évidemment, et si les services de sécurité de Mahmoud Abbas parvenait à exterminer les résistants en Cisjordanie et à Gaza, ce qu’ils ne pourront pas assurément.

 

L’alliance anti-palestinienne

 

Chacun des complices de la grande alliance anti-palestinienne en appelle à ses maîtres de la « communauté internationale » pour qu’ils fassent plus d’efforts pour soutenir leur section de l’alliance et pas seulement la section sioniste. Mohamed Dalhan, ex-chef des forces de sécurité du Fatah à Gaza, réfugié en Cisjordanie après le coup d’État manqué contre le Hamas en 2007, celui que Thierry Meyssan accuse d’avoir empoisonné Yasser Arafat, en appelle aux puissances européennes, découragé de constater que la tactique Obama n’amènera jamais le bantoustan qu’il voudrait diriger. À l’occasion de la deuxième ronde de pourparlers directs à Charm-el-Cheikh en Égypte, Dalhan pousse les Européens du pied : « Malheureusement l’Administration Obama est revenue à ses vieilles chimères: elle ne pratique que de la gestion de crise. Elle n'a pas la volonté politique suffisante pour régler le conflit. J'en appelle aux Européens: qu'ils abandonnent leur rôle d'observateurs, ils ne sont pas de simples bailleurs de fonds, ils doivent s'impliquer. S'ils s'unissent, ils peuvent peser face aux États-Unis et à Israël. »[6]. Ce que Dalhan  soulève c’est l’impossibilité pour la clique du Fatah de vendre un accord qui les ridiculiserait et que la population palestinienne rejetterait du revers de la main après avoir désavoué ces pseudo-négociateurs illégitimes et lourdement compromis.

 

Noter au passage que la question des constructions dans les colonies n’est qu’un leurre, ce n’est pas du tout l’enjeu des pourparlers directs. D’abord, parce que la construction n’a jamais cessé, même pendant le supposé moratoire qui se termine le 29 septembre, qui n’était au dire de Netanyahu lui-même qu’un ralentissement de la construction; ensuite, parce que si effectivement  ces gens étaient réunis pour négocier la création d’un État palestinien sous protectorat israélien dans les frontières de la ligne d’armistice de 1949 (Ligne verte) toutes ces construction reviendraient à l’Autorité palestinienne et la tâche de déloger les colons en serait accrue pour le gouvernement israélien.

 

Il y a trois véritables questions en litige dans les négociations actuelles. Premièrement, la question de la renonciation par les Palestiniens eux-mêmes, non pas par l’OLP, mais par les masses palestiniennes qui ont voté majoritairement pour le Hamas en 2006, organisation majoritaire non membre de l’OLP et qui ne reconnaît pas les accords d’Oslo, renonciation dis-je à 78 % de leur terre ancestrale de la Palestine du mandat britannique; deuxièmement, acceptation par le peuple palestinien que l’État sioniste usurpateur est un État pour les juifs et donc renonciation au droit de retour pour les Palestiniens de la Nakba; troisièmement renonciation à la résistance et acceptation de leur sort dans le bantoustan qui leur sera concédé sous la dictature des services de sécurités de l’Autorité palestinienne. 

 

Chacun se bouscule pour étreindre la mariée


Chacun des gouvernements cooptés au sein de la « communauté internationale »  se dispute l’opportunité d’être présent à la table de « négociations » afin de soutenir son poulain – Israël –. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner se plaint que son préféré, intégré secrètement à l’OTAN et à l’Union européenne, lève le nez sur les propositions de collusion européennes : « La France a réclamé hier une plus grande implication du quartette et de l’Union européenne dans les négociations directes entre Israéliens et Palestiniens. ». Le déni américano-israélien est d’autant plus blessant que comme le dit Kouchner : « Nous ne pouvons pas être les bailleurs de fonds et ne pas participer au processus de négociations. (…) L’Union européenne ne doit pas être seulement un tiroir-caisse. Les Égyptiens nous ont affirmé leur intention de nous inviter à Charm el-Cheikh, s’ils le pouvaient. Apparemment cela n’a pas été le cas », a précisé le ministre, ajoutant : « Cela faisait un peu de difficultés aux Américains d’après mes sources. »[7]. C’est qu’il existe une hiérarchie parmi les cooptés de la « communauté internationale » et le sergent major cherche parfois à conserver la tutelle exclusive sur le protégé de la communauté. 

 

Je vais maintenant m’employer par quelques exemples à démontrer comment l’écheveau des intérêts occidentaux s’emmêle à celui du projet colonial sioniste. La France d’abord.

 

« La France avait fortement soutenu le projet d’un État juif en Palestine et avait voté en ce sens le plan de partage du 29 novembre 1947 à l’ONU. (…) La France a beaucoup aidé à la création du jeune État entre 1945 et 1948 : Non seulement elle se prononcera à l’ONU en faveur de la légitimation du projet d’État juif, elle contribua aussi, et d’une manière massive, au renforcement démographique et militaire du Yishouv[8], par la canalisation de l’immigration clandestine et l’acheminement des armes qui, le moment venu, lui donneront la supériorité sur le terrain »[9]. À partir de 1954 et de la généralisation de l’insurrection en Algérie [10] contre la colonisation française, les intérêts d’Israël et de la France se rejoignent parfaitement : il s’agit de s’allier face au nationalisme arabe qui veut bouter hors d’Alger comme du canal de Suez les Européens (…). Les liens entre l’armée française et Tsahal [11], l’armée israélienne, sont si forts que l’on pourrait parler d’une véritable alliance militaire stratégique entre les deux pays. La générosité française était très appréciée des milieux militaires israéliens : « Pour gagner du temps, l’état- major français avait mis un bureau à ma disposition rue Saint-Dominique, au ministère des Armées », raconte Asher Ben Nathan (…). « En 1955, la France s’était engagée à nous fournir 48 Mystère IV. Une seule escadre de l’armée de l’air en était équipée. Elle a reçu l’ordre de nous les céder, au grand dam du patron de l’escadre. Mais sur la base de Mont-de-Marsan j’ai eu la surprise de voir atterrir non pas 48 mais 52 appareils. “Quitte à vous donner mes avions, j’en ai rajouté 4 de réserve, en cas de pépin”, me dit le colonel.» [12].

 

Autre exemple français. Dans chacune des guerres qu’Israël a conduites en violation du droit international, une avant-scène diplomatique a été organisée pour lui permettre de gagner du temps, tandis que les États-Unis bloquent toute résolution du Conseil de sécurité. En 2006, c’était Romano Prodi et la conférence de Rome. En 2009 à Gaza, c’est le président français, Nicolas Sarkozy, qui produit le divertissement. Il a annoncé qu’il consacrerait deux jours de son précieux temps pour régler un problème où les autres ont échoué depuis 60 ans. Ne laissant guère de doute sur sa partialité, M. Sarkozy a d’abord reçu à l’Élysée la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, et le leader sunnite saoudo-libanais Saad Hariri, et s’est entretenu par téléphone avec le président égyptien Hosni Moubarak, le président fantoche de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien Ehud Olmert. » [13].

 

Pour la Grande-Bretagne un extrait suffira. En 1999, les ventes d'armes britanniques à Israël - un pays qui occupe la Cisjordanie (et aussi Gaza) et qui construit des colonies illégales pour les Juifs et seulement pour les Juifs sur une terre arabe – s’élevaient à 11,5 millions de livres; en deux ans, cela avait presque doublé et s’élevait à 22,5 millions de livres. Cela comprenait des armes légères, des kits de grenades prêtes à monter et des équipements pour avions de combat et des chars. La liste des aides britanniques à l’État hébreu est très longue [14]. L’Allemagne a livré à l’État juif l’an dernier quatre sous-marins capables de lancer des missiles nucléaires. Qui est une menace nucléaire dans la région, l’Iran ou Israël?

 

Autre exemple de l’impartialité des arbitres de la « communauté internationale ». L'éminent juge sud-africain Richard Goldstone a statué dans son rapport d’enquête de l'ONU sur le bain de sang à Gaza que les deux parties avaient commis des crimes de guerre. Il fut, bien sûr, traité de «Méchant» par toutes sortes de supporters d'Israël aux États-Unis ; son excellent rapport a été rejeté par sept gouvernements de l'UE.  Comme il le dit dans sa préface, « Israël a développé des liens politiques et économiques tellement forts avec l'Union Européenne au cours des dix dernières années qu'il est devenu presque un État membre de l'Union sans le dire. ».


Javier Solana, le chef de la politique étrangère de l'UE (anciennement secrétaire général de l'OTAN), a effectivement déclaré l'an dernier qu'« Israël, permettez-moi de le dire, est un membre de l'Union Européenne sans être membre de l’institution " [15].

 

Israël, base militaire permanente de l’Occident au Levant opère la plus grande base d’espionnage intégrée au réseau Echelon. « Le réseau Echelon est un système US d’interception planétaire. Il a la capacité de « happer » 1.300.000 communications par minute, aux fins d’espionnage, (…) Le système désigné sous le nom de code Echelon se distingue des autres systèmes de renseignement par le fait qu’il présente deux caractéristiques qui lui confèrent un niveau de qualité tout particulier. (…) La deuxième caractéristique, c’est que le réseau Echelon exerce ses activités grâce à la « coopération » de six États (Royaume-Uni, États-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande et, bien sûr, la prunelle des yeux étatsuniens, Israël) (…) » [16].

 

Le dernier exemple mais non le moindre du soutien inconditionnel de la « communauté internationale » à leur pupille israélienne, en plus des subventions annuelles de trois milliards des Américains, la vente de l’avion de pointe le plus sophistiqué de la flotte aérienne américaine à la colonie sioniste. « Le F-35 est l’avion de combat de l’avenir qui permettra à Israël de préserver sa suprématie aérienne et son avance technologique, explique Ehud Barak dans un communiqué officiel. Les premiers exemplaires devraient être livrés “à partir de 2015” pour une mise en service environ deux ans plus tard. L’achat négocié avec le constructeur et le Pentagone est assorti de 50 options. Ce qui, au final, est proche des 75 exemplaires évoqués depuis septembre 2008 avec vingt-cinq appareils fermes et cinquante options. Coût évalué à 2,75 G$ pour les vingt premiers avions. La transaction négociée ces dernières semaines, à l’issue d’une ultime rencontre à Washington entre Ehoud Barak et son homologue américain Robert Gates, prévoit également une coopération avec l’industrie israélienne et principalement IAI (Israel Aircraft Industries), avec un accord pour la production d’éléments jusqu’à hauteur d’au moins 4 G$.  L’annonce a surpris tous les observateurs. Selon Tel-Aviv, le pris unitaire du F-35.I  (“I” pour Israël) avoisinerait 96 M$, sans la prise en compte des rechanges, de la formation et du soutien spécifique. Un chiffre à rapprocher des 130 à 150 M$ préalablement avancés sans précision sur le contenu de l’enveloppe. Étant néanmoins entendu que la transaction sera en grande partie financée par l’aide militaire américaine. » [17].

 

Dites-moi que peuvent espérer les « amis » du peuple palestinien par leurs appels incessants à la médiation de cette engeance internationale ?  Que le proxénète répudie sa péripatéticienne ? N’y comptez pas. Les puissances occidentales ont trop investi dans le projet colonial « juif » israélien pour l’abandonner alors qu’elles sont si près du but, pensent-t-elles, c’est-à-dire la création d’un protectorat palestinien sur le reste des terres pas encore expropriées et annexées par la puissance coloniale israélienne, la pacification du peuple autochtone local et sa mise sous tutelle de sa propre bourgeoisie compradore nationale, si et seulement si cette dernière se montre apte à réprimer les résistances nationales palestiniennes, ce qui n’a aucune chance de survenir.   

 

In memoriam : Ci gisent les pourparlers directs Benjamin Netanyahu – Mahmoud Abbas. 

 

 



[1] Pr Chems Eddine Chitour. « Un État palestinien en 2017 : Un siècle après la Déclaration de Balfour. » 16.09.2010.      http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=21011

[2] Idem 1.

[3] Brève histoire de la Palestine (2e édition août 2010). Coalition pour la justice en Palestine UQAM.

[4] Emmanuel Todd .  « Ce qui s’est passé à Gaza c’est notre honte ». 8.09.2010. http://oumma.com/Emmanuel-Todd-ce-qui-s-est-passe-a

[5] Gideon Levy. « The punishment of Gaza. ». Paperback. 2010.  http://notes-taken.blogspot.com/2010/06/gideon-levy-punishment-of-gaza.html

[6] Idem 1.

[8] Désigne la communauté des Juifs de Palestine avant la création de l’État d’Israël.

[9] Samir KASSIR et Farouk MARDAM-BEY, Itinéraires de Paris à Jérusalem La France et le conflit israélo-arabe, tome I, 1917 – 1958, page 72, Les livres de la Revue d’Études Palestiniennes, 1992 – 1993. 

[10] Le 1er novembre 1954, la « Toussaint rouge » ouvre la guerre d’Algérie

[11] Acronyme de Tsava Haganah le Israël, armée de défense d’Israël. Elle fut créée officiellement le 31 mai 1948, à partir de la fusion de la milice Haganah (milice juive clandestine du mouvement sioniste, née en 1920) avec les autres groupes armés notamment ceux de l’Irgoun et du Ledi. Le service militaire est obligatoire pour trois ans pour les hommes et deux ans pour les femmes. Les Arabes israéliens et les Juifs les plus orthodoxes en sont exemptés.

[12] Lire le dossier « La France, Israël et les Palestiniens » dans le numéro 2101, daté du 10 février 2005, du Nouvel Observateur.

[14] Robert Fisk  1.08.2010  « Israël s'est glissé dans l'Union Européenne sans que personne ne s'en aperçoive ».

[17] Air et Cosmos N° 2229 – 27 Août 2010, pp. 32-33.  Premier feu vert à l’achat de F-35 par Israël.

 

 

Pour plus de renseignements sur la Palestine occupée : http://www.robertbibeau.ca/palestine.html

 

 

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23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 22:36

Osama ben Laden en 1997 lors d'un entretien avec un journaliste pakistanais

wikipedia

 

Analyse : Al-Qaïda est morte à Tora-Bora en 2002,

par Alain Chouet, ancien chef de service de la DGSE

 

22 septembre 2010

Alain Chouet, ancien chef du service renseignement de sécurité de la DGSE, « estime, sur la base d’informations sérieuses, recoupées, qu’Al-Qaïda est morte, sur le plan opérationnel, dans les trous à rats de Tora-Bora, en 2002 ». Notant « qu’aucun des terroristes postérieurs au 11 septembre, qui ont agi à Londres, Madrid, Casablanca, Djerba, Charm-el-Cheikh, Bali, Bombay ou ailleurs, n’a eu de contacts avec l’organisation », il juge que c’est « l’obstination incantatoire des Occidentaux à invoquer l’organisation mythique » qui a fait que chaque « contestataire violent, dans le monde musulman ... a vite compris qu’il devait se réclamer d’Al-Qaïda s’il voulait être pris au sérieux. » Selon lui, c’est en Arabie Saoudite que se situe le coeur du problème. La dynastie Saoudienne, observe-t-il, s’est depuis longtemps lancée dans une surenchère fondamentaliste pour conforter une légitimité incertaine et contestée, tout en ne laissant à une société civile privée de droits que ce terrain pour exprimer ses frustrations. C’est cette dialectique délétère, juge-t-il, qui sous tend l’expansion des thèses et des groupes fondamentalistes dans le monde musulman. Expansion favorisée par le choix des alliances d’un occident qui a renforcé les jihadistes en les mobilisant contre l’URSS, ferme les yeux sur les agissements du royaume saoudien en échange de l’accès à ses réserves pétrolières, et dont la « croisade ratée » contre le jihadisme et les frappes « sans grand discernement en Irak, en Afghanistan, dans les zones tribales du Pakistan, en Somalie et en Palestine » alimentent la violence. --- A l’heure où la France subit le contrecoup de la guerre menée en Afghanistan cette analyse d’Alain Chouet, communiquée au Sénat en janvier 2010, rappelle à quel point la stratégie occidentale - déterminée à l’origine par les faucons néoconservateurs américains, fins stratèges s’il en est - est contre productive et repose sur une analyse profondément erronée du phénomène jihadiste.

 

 

Photo : http://contreinfo.info/IMG/arton3065.jpg

 

Alain Chouet, ancien chef du service renseignement de sécurité de la DGSE, Contribution au colloque « Le Moyen Orient à l’heure nucléaire », Sénat, 29 janvier 2010

Correction [1]

Pour ceux d’entre vous qui ne sont pas encore familiers de l’organisation interne des services spéciaux français, le service des renseignements de sécurité est chargé du recueil des renseignements et de la mise en oeuvre des mesures actives, à l’extérieur du territoire national, en matière de contre-criminalité, de contre-espionnage, de contre-prolifération et de contre-terrorisme. Ce sont des activités tout à fait ludiques qui se déroulent à l’étranger, donc évidemment dans l’illégalité la plus absolue et dans le plus grand secret. Cela donne du monde une vision un peu spécialisée. [...]

Comme bon nombre de mes collègues professionnels à travers le monde, j’estime, sur la base d’informations sérieuses, recoupées, qu’Al-Qaïda est morte, sur le plan opérationnel, dans les trous à rats de Tora-Bora, en 2002. Les services pakistanais se sont ensuite contentés, de 2003 à 2008, à nous en revendre les restes par appartements, contre quelques générosités et indulgences diverses.

Sur les quelque 400 membres actifs de l’organisation qui existait en 2001 et dont l’on trouvera une assez bonne description dans l’excellent ouvrage de Marc Sageman, Understanding Terror Networks, moins d’une cinquantaine, essentiellement des seconds couteaux - à l’exception de Ben Laden lui-même et d’Ayman al-Zawahiri, qui n’ont aucune aptitude sur le plan opérationnel -, ont pu s’échapper, dans des zones reculées, dans des conditions de vie précaires et avec des moyens de communication rustiques ou incertains. Ce n’est pas avec un tel dispositif que l’on peut animer à l’échelle planétaire un réseau coordonné de violences politiques. Il apparaît d’ailleurs clairement qu’aucun des terroristes postérieurs au 11 septembre, qui ont agi à Londres, Madrid, Casablanca, Djerba, Charm-el-Cheikh, Bali, Bombay ou ailleurs, n’a eu de contacts avec l’organisation. Quant aux revendications plus ou moins décalées qui sont formulées de temps en temps par Ben Laden ou Ayman al-Zawahiri, à supposer d’ailleurs que l’on puisse réellement les authentifier, elles n’impliquent aucune liaison opérationnelle ou fonctionnelle entre ces terroristes et les vestiges de l’organisation.

Toutefois, comme tout le monde, je suis bien obligé de constater qu’on l’invoque à tout propos et souvent hors de propos dès qu’un acte de violence est commis par un musulman ou quand un musulman se trouve au mauvais endroit et au mauvais moment, comme dans l’histoire de l’usine AZF de Toulouse, ou même quand il n’y a pas du tout de musulman, comme dans les attaques à l’anthrax aux Etats-Unis. Or, à force de l’invoquer ainsi, un certain nombre de médias réducteurs et quelques soi-disant experts, de part et d’autre de lAtlantique, ont fini non pas par la ressusciter mais par la transformer en une espèce d’Amédée d’Eugène Ionesco, ce mort dont le cadavre ne cesse de grandir et d’occulter la réalité et dont on ne sait pas comment se débarrasser.

L’obstination incantatoire des Occidentaux à invoquer l’organisation mythique, que l’on a qualifiée d’hyper-terroriste non par ce qu’elle a fait mais parce qu’elle s’est attaquée à l’hyper-puissance, a eu très rapidement deux effets tout à fait pervers. Premièrement, tout contestataire violent, dans le monde musulman, qu’il soit politique ou de droit commun et quelles que soient ses motivations, a vite compris qu’il devait se réclamer d’Al-Qaïda s’il voulait être pris au sérieux, s’il voulait entourer son action d’une légitimité reconnue par les autres et s’il voulait donner à son action un retentissement international.

Parallèlement, tous les régimes du monde musulman, qui ne sont pas tous vertueux, nous le savons, ont bien compris qu’ils avaient tout intérêt à faire passer leurs opposants et leurs contestataires, quels qu’ils soient, pour des membres de l’organisation de Ben Laden, s’ils voulaient pouvoir les réprimer tranquillement, si possible avec l’assistance des Occidentaux. D’où une prolifération d’« Al-Qaïda » plus ou moins désignés ou autoproclamés au Pakistan, en Irak, au Yémen, en Somalie, au Maghreb et ailleurs dans la péninsule arabique.

Le principal résultat de cette dialectique imbécile a évidemment été de renforcer le mythe d’une Al-Qaïda omniprésente, tapie derrière chaque musulman, prête à l’instrumentaliser pour frapper l’Occident en général et les Etats-Unis en particulier, au nom d’on ne sait trop quelle perversité.

Cette vision procède de plusieurs erreurs d’appréciation et de perspective. Surtout, elle génère des ripostes totalement inadaptées, parce que si Al-Qaïda n’existe pas, la violence politique islamique existe bel et bien, et l’Occident n’en est qu’une victime indirecte et collatérale. Les idéologues de la violence islamique ne sont pas des « fous de Dieu ». Ce sont des gens qui ont des objectifs précis. Leur objectif n’est pas d’islamiser le monde, c’est de prendre le pouvoir et les richesses qui y sont liées dans le monde musulman sans que l’Occident intervienne, un peu selon la même démarche que celle suivie à son époque par le frère Hassan Tourabi au Soudan. Même si l’amour-propre des Occidentaux doit en souffrir, il faut répéter sans cesse que les principales, les plus nombreuses et les premières victimes de la violence islamique sont les musulmans.

L’épicentre de cette violence islamiste n’est ni en Afghanistan ni en Irak. Il se trouve en Arabie Saoudite. C’est d’ailleurs ce pays que visait d’abord le Manifeste contre les juifs et les croisés, qui était un peu, à la fin des années 1990, le texte fondateur de l’organisation de Ben Laden. Ce manifeste visait la famille royale saoudienne bien avant les juifs et les croisés. C’est aussi ce pays qui, comme l’a dit à juste titre notre ami Antoine Sfeir, est le seul au monde à porter un nom de famille.

Toute proportion gardée, l’Arabie Saoudite se trouve à mes yeux dans une situation comparable à celle de la France du premier semestre 1789. Une famille s’est installée au pouvoir en 1926 en établissant sa légitimité sur une base religieuse et en usurpant la garde des lieux saints de l’Islam à ses titulaires historiques qui étaient la famille des Hachémites. Cette famille, les Saoud, composée aujourd’hui d’environ 3 000 princes, exerce sans partage la totalité du pouvoir et accapare une rente astronomique provenant de l’exploitation du plus riche sous-sol du monde en hydrocarbures. Afin de conserver sa légitimité face à toute forme de contestation, la famille Saoud a fermé la voie à toute forme de surenchère dans ce domaine. La famille saoudienne est un peu comme l’Union Soviétique, qui ne voulait pas d’ennemi, donc de surenchère à gauche. Elle ne veut pas de surenchère en Islam.

Cependant, avec le temps, les retombées de la rente d’hydrocarbures ont tout de même donné naissance à diverses formes de commerces et d’industries auxquels les princes, comme tous les princes, ne sauraient évidemment toucher sans déroger et qu’ils ont concédées, moyennant des participations aux bénéfices, à des entrepreneurs roturiers majoritairement issus de pays voisins, évidemment musulmans, principalement des Yéménites et aussi, dans une large mesure, des Levantins, Syriens, Libanais et Palestiniens, plus quelques autres. Alors que l’avenir du pétrole s’annonce incertain, ces entrepreneurs font observer - à juste titre, on peut le penser, comme les bourgeois du Tiers-Etat en 1789 - que ce sont eux qui font tourner la boutique et qui préparent l’avenir du pays. Dans ces conditions, ce serait justice de les associer, sous une forme ou une autre, à l’exercice du pouvoir ou à la gestion d’une rente que la famille régnante, jusqu’à une date récente, le plus légalement du monde, assimilait à sa cassette personnelle.

Comment faire passer ce type de revendication dans un pays où toute forme d’expression pluraliste est exclue par définition ? Quelle légitimité peut-on opposer à un pouvoir qui se réclame de l’adoubement divin ? Quelle pression exercer sur un régime familial qui bénéficie à titre personnel, depuis 1945, suite au pacte de Quincy conclu à titre personnel entre le vieux Ibn Saoud et le président Roosevelt, de la protection politique et militaire de l’hyper-puissance américaine en échange du monopole sur l’exploitation des hydrocarbures ?

A l’évidence, les contestataires de cette théocratie n’ont comme recours qu’un mélange plus ou moins dosé de violence révolutionnaire et de surenchère fondamentaliste - l’on ne peut pas aller à gauche, l’on est obligé d’aller à droite - exercée à l’encontre du pouvoir et, bien sûr, de ses protecteurs extérieurs, car sans eux, le pouvoir s’écroule. Ce n’est donc pas un hasard si l’on trouve parmi les activistes islamistes les plus violents un nombre significatif d’enfants de cette bourgeoisie, privés de tout droit politique mais sûrement pas ni de moyens ni d’idées. Oussama Ben Laden en fait partie. Il s’est trouvé propulsé dans le champ de la violence et de l’intégrisme par les nobles saoudiens qui ont trouvé l’expédient de faire défendre les intérêts extérieurs du royaume par les enfants de leurs valets plutôt que par les leurs. C’est l’erreur classique des parvenus.

Au gré de leurs picaresques aventures, nos beaux jeunes gens, nos fils de bourgeois ont fait de mauvaises rencontres, ont subi de mauvaises influences et sont revenus sur le terrain pour mordre la main de leur maître. C’est ainsi que s’est engagée dès le milieu des années 1980 une surenchère permanente, pour les fondamentalistes religieux et pour le contrôle de l’Islam mondial, entre la famille Saoud et ses rivaux ou ses opposants, de l’intérieur comme de l’extérieur, la rivalité Iran-Arabie ayant été pour beaucoup dans l’élévation du niveau du fondamentalisme musulman.

Cette surenchère s’est essentiellement traduite, faute de ressources humaines et de savoir-faire en matière d’actions extérieures, par le seul moyen qui ne manque pas en Arabie, l’argent. Des fonds sont souvent distribués de façon inconsidérée dans l’ensemble du monde musulman et des communautés immigrées. Ils ont évidemment fini dans l’escarcelle de ceux qui pouvaient s’en servir, c’est-à-dire de la seule organisation islamiste internationale à-peu-près structurée, l’Association des Frères Musulmans et surtout sa branche transgressive, sa branche violente que sont les Jamaâ Islamiya, les groupes islamiques dont Al-Qaïda de Ben Laden n’était à mon sens que l’une des nombreuses manifestations.

De fait, partout où la violence jihadiste s’exprime, donc évidement dans les zones les plus fragilisées du monde musulman et de ses communautés immigrées, sa genèse repose toujours sur la même logique ternaire. Le premier élément est une surenchère idéologique et financière du régime saoudien et de ses opposants locaux ou de ses rivaux. Le deuxième élément est une forte implantation locale de l’Association des Frères Musulmans ou de son émanation, les Jamaâ Islamiya, qui profitent des surenchères et qui surfent habilement sur toutes les contradictions politiques, économiques et sociales pour dresser les masses contre les pouvoirs locaux et pour dissuader l’Occident de se porter à leur secours ou d’intervenir. Pour être tranquille chez soi, il faut rendre le monde musulman haineux et haïssable. Le troisième élément de cette logique ternaire, parce qu’il faut battre un peu notre coulpe, est le regrettable penchant de la diplomatie et des services occidentaux, américains en tête, ainsi que de leurs alliés locaux, à soutenir dans le monde entier, souvent militairement, les mouvements politiques les plus réactionnaires et les plus intégristes sur le plan religieux, comme des remparts contre l’Union Soviétique jusque dans les années 1990 et dans le cadre de la politique de containment de l’Iran depuis les années 1980.

Ce même cocktail de trois éléments produit, pour des raisons très différentes liées à des contentieux locaux non résolus ou à des interventions extérieures mal maîtrisées, les mêmes effets en Afghanistan, au Pakistan, en Indonésie, en Irak, au Yémen, en Somalie, au Maghreb, dans les pays de la zone sahélienne et jusque dans les zones de non-droit des communautés musulmanes immigrées en Occident. Je n’entrerai pas, pour des raisons de temps, dans le détail de ces différentes situations de violences politiques, mais il faut constater que si elles se développent toutes selon à peu près le même cheminement, elles correspondent à des problématiques locales totalement hétéroclites et mettent en jeu des acteurs qui communiquent très peu entre eux. S’ils se réclament tous du même drapeau mythique, c’est qu’ils savent bien que ce drapeau a valeur de croquemitaine pour les pays de l’Occident en général et pour l’Amérique en particulier, qui sont tous supposés pouvoir apporter leur soutien aux régimes les plus contestés.

L’on pourrait m’objecter que puisque la violence jihadiste existe bien et qu’elle se développe à-peu-près partout selon les mêmes schémas, peu importe qu’on l’appelle ou non Al-Qaïda, qui ne serait alors que l’appellation générique d’une certaine forme de violence intégriste mondialisée. Un certain nombre de journalistes sont maintenant devenus plus prudents et, au lieu de nous parler d’Al-Qaïda, nous parlent de « la nébuleuse Al-Qaïda ». « Nébuleuse », c’est nébuleux... Le problème est qu’une telle confusion sémantique est à l’origine de toutes les mauvaises réponses et exclut de facto toute solution adaptée au problème.

Il existe en effet deux façons de passer à la violence terroriste politique. Premièrement, l’on peut constituer un groupe politico-militaire organisé et hiérarchisé, avec un chef, une mission, des moyens, une tactique coordonnée, un agenda précis et des objectifs définis. Cela revient à constituer une armée, avec des professionnels de la violence, et à s’engager dans un processus d’affrontement de type militaire. C’est ou cela a été le cas de la plupart des mouvements terroristes révolutionnaires ou indépendantistes en Europe, en Amérique du Sud et au Proche-Orient, jusqu’à la fin du XXème siècle.

Deuxièmement, l’on peut recourir à la technique dite du lone wolf, du loup solitaire. Elle consiste, en gardant un pied dans la légalité et en posant l’autre dans la transgression, à jouer idéologiquement sur une population sensible pour inciter les éléments les plus fragiles et les plus motivés à passer à l’acte de façon individuelle ou groupusculaire en frappant où, quand et comme ils peuvent. Peu importe, pourvu que cela porte la signature de la mouvance et s’inscrive dans sa stratégie générale. Cette technique n’est pas nouvelle. On l’appelle lone wolf parce qu’elle est bien connue aux Etats-Unis. Elle a été théorisée par Monsieur William Pierce dans ses Turner Diaries, qui sont restées au top ten des ventes aux Etats-Unis pendant quasiment toute la décennie 1990 et qui inspirent la plupart des militants violents de la suprématie blanche et des ultra-fondamentalistes chrétiens. C’est la technique qui a prévalu dans les attentats d’Atlanta et d’Oklahoma City et dans nombre d’actions individuelles, dont le total approche et même dépasse celui des morts du 11 septembre.

Cette même technique est mise en oeuvre par un certain nombre de groupes, dans le tiers-monde, comme les Loups Gris en Turquie ou les Frères Musulmans dans le monde arabe et musulman. Si, dans le monde arabe, certaines formes de violences locales empruntent au premier modèle, c’est à l’évidence selon le second modèle que fonctionne la violence jihadiste exercée en direction de l’Occident et d’un certain nombre de régimes arabes.

Tous les services de sécurité et de renseignement savent pertinemment que l’on ne s’oppose pas à la technique du lone wolf par des moyens militaires, des divisions blindées, ou par l’inflation de mesures sécuritaires indifférenciées.

L’on s’oppose à la technique du lone wolf par des mesures sécuritaires ciblées, appuyées sur des initiatives politiques, sociales, économiques, éducatives et culturelles, qui visent à assécher le vivier des volontaires potentiels en les coupant de leurs sponsors idéologiques et financiers.

Non seulement - je vous renvoie ici à différents rapports du Trésor américain - rien de sérieux n’a été entrepris pour tenter d’enrayer le substrat financier et encore moins le substrat idéologique de la violence jihadiste, mais en désignant Al-Qaïda comme l’ennemi permanent contre lequel il faut mener une croisade par des voies militaires et sécuritaires totalement inadaptées à sa forme réelle, l’on a pris une mitrailleuse pour tuer un moustique. Evidemment, on a raté le moustique et les dégâts collatéraux sont patents, comme l’on peut le constater au quotidien en Irak, en Afghanistan, en Somalie et au Yémen.

Le premier effet de cette croisade ratée a été d’alimenter le vivier des volontaires, de légitimer cette forme de violence et d’en faire le seul référentiel d’affirmation possible dans un monde musulman dont l’imaginaire collectif est traumatisé par la loi universelle des suspects qui pèse sur lui et par des interventions et des occupations militaires massives, interminables et aveugles.

Depuis neuf ans, l’Occident frappe sans grand discernement en Irak, en Afghanistan, dans les zones tribales du Pakistan, en Somalie et en Palestine bien sûr. L’on se propose maintenant d’intervenir au Yémen et pourquoi pas, pendant qu’on y est, en Iran. Mais, aux yeux des musulmans, Ben Laden court toujours, au nez et à la barbe de la plus puissante armée du monde, et le régime islamiste d’Arabie Saoudite reste sous la protection absolue de l’Amérique.

Pour conclure et essayer d’apporter mon élément de réponse à cette table ronde, où en est Al-Qaïda ? Al-Qaïda est morte entre 2002 et 2003. Mais avant de mourir, elle a été engrossée par les erreurs stratégiques de l’Occident et les calculs peu avisés d’un certain nombre de régimes de pays musulmans, et elle a fait des petits. Maintenant, le problème pour nous est de savoir si nous referons, avec ces rejetons malvenus, les mêmes erreurs, en alimentant un cycle indéfini de violence, ou si, pour garder la référence à Ionesco, nous saurons, avec nos partenaires arabes et musulmans, enrayer la prolifération des rhinocéros.

Sur le web

Sénat : Le Moyen-Orient à l’heure nucléaire

Publication originale Actes du colloque, Sénat

[1] ndlr : une première version de cette publication a reproduit l’erreur présente dans les actes du colloque du Sénat, et faisait référence à Bora Bora. Merci aux lecteurs qui nous ont alerté.

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3065

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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 05:00

 

 
La Conquête des Amériques vue par les Indiens du Nouveau Monde
Hernan Horna

« Hernan Horna propose une brève histoire des Amérindiens, qui, sans se détourner entièrement de l’historiographie occidentale, apporte un nouveau regard sur la nature du monde des peuples autochtones précolombiens ainsi que sur leurs adaptations, coexistences et leurs luttes contre la domination coloniale et leur assujettissement par l’Église catholique et l’État après la Conquête… »
Hispanic Outlook

NOVATEUR

L’historien Hernan HORNA est un investigateur hors pair dans son domaine. Son érudition se fonde sur un savoir encyclopédique des archives documentaires laissées par les chroniqueurs des conquérants espagnols, disséminées et conservées en divers musées du monde. C’est cette histoire écrite par les Européens qui a marqué notre connaissance historique et notre conscience de la découverte et de la conquête du Nouveau Monde.

HORNA confronte cette connaissance à une autre, également historique et scientifique, léguée par les peuples autochtones amérindiens mais qui avait sombré dans l’oubli. Il ressuscite enfin les passés inca, maya et aztèque d’une manière qui correspond mieux à la réalité de ces peuples, pour les resituer dans un contexte fort différent de la vision faussée, car largement teintée d’incompréhension et de préjugés, du vainqueur européen. S’appuyant sur le travail d’archéologues, d’anthropologues, de linguistes et d’autres spécialistes qui ne cessent d’annoncer de nouvelles découvertes, il fait émerger des éléments qui contestent les vieilles notions présentant les Aborigènes américains comme étant de « nobles sauvages » vivant dans un paradis perdu, ou des peuples primitifs et isolés, rapidement vaincus par des Européens « supérieurs ».

Grâce à ce choc de la confrontation des faits historiques, dans une remise en question des anciennes visions du passé de la Conquista espagnole, Horna nous offre une synthèse historique, aussi belle que nouvelle, de ces magnifiques civilisations trop méconnues.

Ce livre fournit un contexte pour comprendre la résilience des langues, des cultures et des populations autochtones tout au long des XIXe et XXe siècles, ainsi que les exigences posées par leurs dirigeants actuels en termes de reconnaissance et de justice sur les terres s’étendant de l’Alaska à la Patagonie. L’auteur livre une réflexion historique d’une grande modernité, qui permet de mieux appréhender les enjeux politiques de l’Amérique latine d’aujourd’hui.

« Hernan Horna explore l’histoire des Aborigènes latino-américains depuis l’époque du tout premier établissement humain jusqu’à la fin de la période coloniale… Son objectif est d’offrir un contre-récit à la tradition qui dénigrait les peuples autochtones, ignorait l’accomplissement de leurs civilisations, et, pire encore, suggérait que la Conquête européenne les avait sauvé de leur propre barbarie. Dans cette entreprise, il fournit un catalogue des réalisations des civilisations maya, mexicaine et inca, et fait valoir qu’une constellation unique de facteurs pathogènes, technologiques, et stratégiques a permis la Conquête. Il déplore en outre la perte de cultures et de pratiques qui avaient dominé la région avant le XVIe siècle… et dénonce le fait que l’agriculture et l’économie "modernes" ont échoué à nourrir les peuples andins depuis plusieurs siècles. »
Alexander Dawson, Journal of World History

Le livre La Conquête des Amériques est disponible en librairie depuis le 10 octobre 2009

En coédition avec Timéli
Texte : Hernan HORNA - Traduit par Philippe STROOT
216 pages
N° ISBN : 978-2-917112-07-6
N° EAN : 9782917112076
Prix indicatif : 18 €

Pour plus d’informations, consulter la page :
http://www.editionsdemilune.com/la-conquete-des-ameriques-p-30.html

Editions Demi-Lune
18 rue Eugène Sue
75018 Paris, France
Tel : +33 (0)1 42 64 37 96

URL de cet article
http://www.legrandsoir.info/La-Conquete-des-Ameriques-vue-par-les-Indiens-du-Nouveau-Monde.html
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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 04:59

ahmadinejad-persecute.jpg

 

Ahmadinejad évoque le risque d'une guerre "sans limite" avec les Etats-Unis en cas d'agression des Usraéliens contre son pays

 

 

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a évoqué mardi le spectre d'une guerre "sans limite" avec les Etats-Unis, en marge d'un sommet des Nations unies à New York pour combattre la pauvreté dans le monde.


"Les Etats-Unis n'ont jamais connu de guerre sérieuse et n'ont jamais été victorieux", a dit le chef de l'Etat iranien lors d'une rencontre avec des médias américains à l'occasion du sommet de l'ONU sur les Objectifs du millénaire pour le développement. "Les Etats-Unis ne comprennent pas à quoi ressemble une guerre. Quand une guerre commence, elle ne connaît pas de limite", a-t-il ajouté.


Le président iranien a été interrogé sur le fait de savoir s'il pensait que ce serait un acte de guerre si les Etats-Unis permettaient à des avions de combat israéliens de survoler l'Irak pour bombarder des installations nucléaires iraniennes. Il a répondu : "Pensez-vous tout d'abord que quiconque attaquerait l'Iran ? […] Je ne le pense vraiment pas. Le régime sioniste est une très petite entité sur la carte, au point même qu'elle n'apparaît pas comme un facteur réel dans notre équation", a-t-il affirmé.


M. Ahmadinejad a indiqué que les Etats-Unis ne devaient pas s'ingérer dans les affaires de son pays, selon des propos rapportés par l'agence iranienne Fars. "Il est de l'intérêt du peuple américain de s'entendre avec l'Iran", a-t-il déclaré. "La première étape et de changer d'attitude. Tant que le gouvernement américain cherche à dominer le Moyen-Orient et l'Iran, le problème ne sera pas résolu", a assuré M. Ahmadinejad. "Les Etats-Unis ne doivent pas s'occuper des affaires de l'Iran et du Moyen-Orient", a-t-il martelé.


Le président iranien a indiqué que son pays était prêt à reprendre les discussions sur son programme nucléaire. "Nous avons toujours été prêts pour les négociations… Aujourd'hui, nous pensons que les discussions pourraient commencer dans un avenir proche", a-t-il ajouté, à la veille d'une rencontre à New York des ministre du groupe 5+1, composé des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) et de l'Allemagne, qui suit le programme nucléaire iranien.


Pendant le sommet, le président iranien a prononcé un discours en farsi qui n'a pas été traduit et dont il était impossible de connaître le contenu. Les interprètes de l'ONU ont souligné qu'ils lisaient un texte qui leur avait été donné à l'avance mais sans savoir s'il correspondait aux propos de M. Ahmadinejad. Dans ce texte, le président iranien prédit la fin prochaine du capitalisme et de "l'hégémonisme".

 

 

http://www.toutsaufsarkozy.com/cc/article02/EklVEpEFkEeNzlPzeP.shtml

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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 04:50

Vous avez dit Al-Qaïda au Maghreb ?

Article placé le 19 sept 2010, par Mecanopolis

Que sait-on sur l’Aqmi ? Selon la version relayée par les médias, l’Aqmi procède d’un groupe terroriste algérien créé en 1998, le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), lui-même une dissidence des tristement célèbres GIA (Groupes islamiques armés) qui firent régner la terreur durant la « sale guerre » dans l’Algérie des années 90.

 

aqmi

 

 En décembre 2006, ce qui restait du GSPC dans le maquis algérien fait allégeance de manière spontanée au réseau cher à Oussama Ben Laden, devenant dès janvier 2007 Al-Qaïda au Maghreb islamique (l’Aqmi), sorte de « groupe franchisé » autoproclamé de la « Base » (Al-Qaïda, donc) en Asie, sous la férule d’un certain Abdelmalek Drougbel. Ces informations proviennent surtout de sites internet réputés proches des groupes en cause.

Contrairement au très algérien GSPC, l’Aqmi va veiller à élargir son rayon d’action vers le Sud, dans l’immense zone désertique du Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, principalement), un terrain aux frontières poreuses dominé par les tribus nomades parmi lesquelles toutes sortes de trafiquants et contrebandiers agissent au grand jour. Des membres de l’Aqmi se livreraient eux-mêmes à divers trafics lucratifs, quitte à adopter un profil plus mafieux qu’islamiste…

Des dizaines d’attentats et de prises d’otages, revendiqués ou non, sont attribués à l’Aqmi ; des rançons (officieuses) et des libérations de détenus en échange ont réussi à faire libérer la plupart des otages. Mais quatre Français et un humanitaire américain sont assassinés en Mauritanie en 2007 puis un otage britannique en 2009 ; deux Espagnols enlevés le 29 novembre dernier restent détenus et ce mardi encore, l’enlèvement de deux Maliens était attribué à l’Aqmi.

La lutte contre l’Aqmi, dont les « katibat » (phalanges) en dehors de l’Algérie compteraient selon les diverses estimations au total entre 200 et 500 hommes, est rendue difficile par la nature hostile du terrain. Des forces spéciales américaines opèrent depuis les années Bush sur place en tant que conseillers des forces africaines des régimes alliés tel le Mali.

Voilà pour la version véhiculée par les États concernés, nombre d’« experts » et aussi la presse en général.

Il y a au moins une autre théorie. Selon des spécialistes, le GSPC n’était autre qu’une création des services secrets de l’armée algérienne (l’ex-Sécurité militaire rebaptisée DRS, Département du renseignement et de la sécurité), qui exerce la réalité du pouvoir à Alger.

« Le terrorisme résiduel du GSPC est un des instruments (des chefs de l’armée algérienne) pour consolider leur mainmise sur les richesses du pays et pour se légitimer auprès des puissances occidentales, en particulier auprès des États-Unis grâce à l’adhésion à la “Global War on Terror” de l’administration Bush » après les attentats du 11-Septembre, écrivent ainsi l’éditeur français François Gèze et la journaliste algérienne Salima Mellah sur le site algeria-watch dans un article bien documenté de 72 pages datant de 2007.

Et si le GSPC est manipulé – au moins au niveau de certains de ses chefs – par les « services » algériens, l’Aqmi doit répondre au même schéma. L’assertion n’offusquerait sûrement pas le Britannique Jeremy Keenan, un anthropologue à l’expertise non contestée qui arpente le Sahel depuis quatre décennies. Selon l’universitaire qui connaît un nombre important de sources sur place (et vient d’écrire deux livres sur le sujet), les services secrets américains, après le « 9/11 », ont même collaboré avec le DRS dans des coups tordus dans le Sahel.

S’exprimant sur le site d’Al-Jazeera en anglais (1) à propos de l’affaire Germaneau, il voit aussi l’ombre d’Alger : « Il existe des contacts étroits entre la cellule d’Abdelhamid Abou Zaïd d’Aqmi et le DRS, Zaïd étant lui-même considéré comme un agent du DRS. Pour cette raison, les habitants de la région, de plus en plus remontés contre les soi-disant activités d’Al-Qaïda, se réfèrent souvent à l’Aqmi comme “Aqmi/DRS”. Ainsi, les derniers mots attribués au colonel Lamana Ould Bou, du service malien de la sécurité d’Etat, peu avant son assassinat à Tombouctou le 10 juin 2009, furent : Au cœur d’Aqmi, il y a le DRS… »

Mais pourquoi cette duplicité algérienne ? Pour Keenan, Alger veut prouver aux pays de la région « leur incapacité à détruire Al-Qaïda et à assurer leur propre sécurité, tout en démontrant que la seule puissance régionale capable d’assurer ce rôle est l’Algérie. Toute la stratégie du DRS en créant l’Aqmi dans la région sahélienne en 2006, a été de convaincre les Occidentaux, et en particulier les Etats-Unis, du rôle indispensable de l’Algérie comme gendarme régional ».

En tout état de cause, la prudence s’impose. Cité sur un blog du Monde diplomatique, Antoine Glaser, directeur de la Lettre du continent, en atteste : « En tant que journaliste, j’ai toujours été très méfiant dans la couverture du terrorisme, que ce soit en Algérie même ou dans les pays du Sahel. Le journalisme atteint très vite ses limites puisque l’on ne peut pas recouper l’info avec ces terroristes eux-mêmes. (…) Pour le coup, en ce domaine, on se fait balader par tout le monde. »

Baudoins Loos

Baudoins Loos est journaliste au quotidien Le Soir (Bruxelles)

Sur le même sujet, lire également le dossier d’Algeria Watch

 

 

(1) Le site www.rue89.com a publié la traduction en français de l’article.

 

 

http://www.mecanopolis.org/?p=19684&type=1

 


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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 04:37
(wikimedia commons)

 

 

L'économiste Jacques Sapir s'insurge contre la volonté d'Hervé Morin de sanctionner le général Desportes pour sa tribune publiée dans Le Monde sur la stratégie américaine en Afghanistan.

 

Morin sanctionne Desportes: " Sois pro-Américain, ou tais-toi !"

 

Une dépêche d’agence nous apprenait tard dans la soirée de vendredi que le ministre de la Défense avait engagé une procédure disciplinaire contre le général Vincent Desportes, responsable du CID (le Collège Interarmées de Défense ou ancienne « École de Guerre ») pour sa tribune libre publiée dans un quotidien du soir sur la stratégie suivie en Afghanistan.

 

Le général Desportes ne prenait pas position sur la guerre elle-même ni sur les buts de guerre, qu’il soutient. Il ne prenait pas position sur la stratégie française non plus. Il questionnait la stratégie américaine, ou plus exactement son ambivalence qui aboutit à une absence. Il ne faisait que remarquer, et souligner, les hésitations du président Obama. Les positions affirmées dans cette tribune ne font que traduire le sentiment d’une très large partie de l’Armée.

 

On peut penser ce que l’on veut de la tribune du général Desportes. Reconnaissons lui le mérite insigne d’ouvrir un débat qui est plus que nécessaire au vu de la tournure des opérations en Afghanistan. Il faut ici signaler qu’il est dans la vocation même du CID de mener de tels débats. Le  général Desportes était dans sa mission et dans son droit quand il a écrit cette tribune, qui était légitime.

La décision du ministre de la Défense est inique. Elle est aussi scandaleuse et stupide.

Elle est scandaleuse parce qu’elle revient à sanctionner l’un des plus brillants cerveaux de l’Armée française non pas pour avoir critiqué ses autorités politiques mais celles d’un autre pays. Il faut noter qu’aux Etats-Unis ce type d’article, de la part d’officiers d’active, est monnaie courante. Va-t-on alors se donner le ridicule de sanctionner en France ce qui est passé dans les mœurs outre-atlantique ? Ira-t-on jusqu’au comble du ridicule en sanctionnant un officier supérieur non pour avoir critiqué sa propre hiérarchie mais celle d’un autre pays ?

Quand le général Petraeus qualifie de très sérieuse la situation en Afghanistan, ne critique-t-il pas, lui aussi, du moins implicitement, la stratégie qui a été menée depuis des années ?

Le général Desportes n’est pas un factieux, mais un homme qui fait ce pourquoi il a été nommé à son poste. Venir le lui reprocher aujourd’hui serait donc un scandale.

Au-delà c’est une action d’une profonde et insigne stupidité. Un débat sur la stratégie de l’Otan en Afghanistan est à l’évidence nécessaire. Peut-être convient-il de le rappeler à certaines personnes, mais dans ce pays des femmes et des hommes meurent chaque jour, les uns civils, victimes d’attentats, de représailles ou des tirs fratricides, et les autres militaires, dans des embuscades, tués ou mutilés par des mines et des engins piégés. Ces morts et ces souffrances sont peut-être nécessaires, mais il faut dire à ce moment pourquoi et définir la meilleure possible des stratégies applicables. La guerre n’est jamais un jeu dans lequel on engage une nation impunément.

 

Aujourd’hui, avec la montée des pertes militaires, mais aussi des pertes civiles qu’impliquent les bombardements de l’Otan, il est clair que la stratégie élaborée à Washington ne fonctionne pas. Toute tentative pour réprimer et supprimer le débat sur ces questions ne peut que nous enfermer dans une stratégie perdante. Le comportement de bunker que les mesures contre le Général Desportes révèlent nous renvoient à ce vieil aphorisme militaire « dans le béton les plus cons ! ».

En fait, ces mesures posent un autre problème. Peut-on en France critiquer les États-Unis depuis que nous avons réintégré l’organisation intégrée militaire de l’Otan ? Si telle était la raison cachée des mesures visant le Général Desportes, et avant lui d’autres officiers supérieurs moins connus, alors cela signifierait que notre alignement n’est autre qu’un asservissement.

La sanction dont le général Vincent Desportes est menacée est donc porteuse d’un problème grave pour le fonctionnement de notre démocratie. Elle témoigne de la déliquescence de ce gouvernement.

http://www.marianne2.fr/Morin-sanctionne-Desportes-Sois-pro-americain-ou-tais-toi-!_a194919.html
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18 septembre 2010 6 18 /09 /2010 12:57

A 57 ans, le général Vincent Desportes savoure les joies de la retraite depuis le 1er septembre. Soulagement pour cet officier, sanctionné d'une ministérielle réprimande cet été, après avoir dit un peu trop fort quelques vérités sur l'Afghanistan : guerre ingagnable, mais pas encore perdue… Entretien à Parlons Net, le club de la presse internet de France Info, en partenariat avec Rue89.

Il y a quelques semaines, il était encore le très dynamique patron du Collège interarmées de défense (CID). L'ex-Ecole de guerre forme depuis des décennies l'élite guerrière de la nation. Sans oublier une poignée d'officiers étrangers.

« L'important, c'est de gagner la paix en Afghanistan »

Début juillet, le général Desportes exprimait dans Le Monde un point de vue iconoclaste sur l'engagement français en Afghanistan. Des propos crus, fermes et très réalistes pour les observateurs de la vie militaire. Une vraie liberté de ton qui n'a pas plu aux politiques français.

Dans les mess, l'affaire Desportes a suscité une désapprobation ombrageuse. Brillant officier de l'arme blindée cavalerie, ayant passé plusieurs années aux Etats-Unis, Vincent Desportes est un intellectuel respecté des cercles militaires. Il a notamment dirigé le Centre de doctrine et d'emploi des forces. Il a aussi beaucoup fait écrire et publier ses stagiaires du CID.

Sur l'Afghanistan ? Son avis n'a pas changé :

« Gagner la guerre, ça n'a pas d'importance, l'important c'est de gagner la paix, parce qu'un jour, on partira. Le problème est de redéfinir des objectifs qui correspondent aux moyens que l'on peut consentir. » (Voir la vidéo)


« Ni la majorité, ni l'opposition » ne débattent de la guerre

Voué aux gémonies par le ministre de la Défense Hervé Morin -que l'on a connu plus chaud partisan de la pensée critique-, le général rebelle a finalement écopé d'une simple réprimande. Sanction légère, mais symbolique, le dernier officier général à être sanctionné pour un écart de langage remonte à la Seconde Guerre mondiale.

Pourquoi une telle réaction du pouvoir ? Avec le recul, Vincent Desportes y voit une conséquence de l'absence de débat public autour de ce conflit. Sans doute parce que les partis politiques n'y voient aucun enjeu intérieur :

« Je pense que le débat [sur l'Afghanistan, ndlr] est insuffisant. Pour des raisons politiques qui me dépassent, ni la majorité, ni l'opposition n'ont décidé de se saisir de ce sujet pour véritablement en débattre. »

Conclusion additionnelle :

« Pour des raisons historiques, le corps social des officiers français a progressivement perdu le droit à la parole… et l'envie aussi. Nous ne sommes pas du tout dans la même position que les militaires américains. » (Voir la vidéo)


« Si l'armée s'engage en banlieue, forcément il y a de la casse »

Dernier sujet de débat : la perspective de voir des troupes de l'armée française intervenir dans les banlieues pour rétablir l'ordre en cas d'émeute. Une hypothèse longuement évoquée dans un livre dont Rue89 reparlera bientôt.

Comme de nombreux militaires, le général Desportes n'y voit que des inconvénients. C'est à écouter dans la version intégrale de l'entretien de Parlons Net, à partir de la vingt-septième minute.

« L'Etat doit éviter cela le plus longtemps possible. Pour deux raisons : la force armée est l'ultima ratio de la nation et doit le rester. Si un gouvernement doit utiliser l'armée, c'est qu'il est acculé et c'est une preuve de faiblesse absolument époustouflante.

Et je ne peux pas penser qu'une nation comme la France n'ait pas d'autres solutions que d'utiliser son armée dans ce cas-là.

La deuxième raison, c'est que l'armée, c'est l'armée du peuple. Il n'y a pas d'armée qui soit efficace si elle n'a pas le soutien de la nation. Et donc, si l'armée s'engage dans les banlieues, forcément il y a de la casse, parce qu'on ne peut pas utiliser l'armée autrement qu'avec ses moyens.

Mais alors c'est une partie de la nation qui lutte contre une autre partie de la nation. On est dans quelque chose qui ressemble à une guerre civile et ça, ce n'est pas bien. Il faut éviter cela au maximum, mais on est très loin de ça en France… »

 

Rue89

 

 

http://changementclimatique.over-blog.com/article-le-general-desportes-le-debat-sur-l-afghanistan-est-insuffisant-57278042.html

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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 04:00

 

Mardi 21 septembre 2010 2 21 /09 /2010 23:27
Article placé le 16 sept 2010, par Frédéric Courvoisier (Genève)

 

L’Américain Gregory Bateson, gourou très apprécié du milieu des ateliers du futur (lire à ce propos l’article Ceux qui tirent les ficelles idéologiques dans l’ombre ), a développé, dans un cercle d’«élus», le groupe de Palo Alto, des modèles de théorie de la communication à usage militaire dont les sous-produits civils sont entrés dans l’usage, par exemple les notions de « métacommunication » et de «double contrainte» (en anglais: «double bind»). On doit également à Bateson la notion de « méta­logue », qu’utilisent les stratèges des « ateliers du futur ». Elle signifie une chose anodine, c’est-à-dire que le contenu d’une conversation doit toujours être lié à la forme de la conversation. Bateson s’occupait notamment de recherches sur la schizophrénie et la thérapie de cette maladie. Il a montré dans quelles circonstances les individus peuvent sombrer dans la schizophrénie, trouble psychique pouvant dégénérer en une psychose qui empêche ceux qui en souffrent de maîtriser les tâches de la vie quotidienne. Dans la littérature dominante sur Bateson, on loue ses travaux effectués pour le bien des malades mentaux et on estime que ses activités à Esalen, en Californie, n’ont pas fait de lui un ésotériste mais ont approfondi ses connaissances de la dynamique et de la conduite des groupes.


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Pourquoi étudier la schizophrénie?


Quand on lit l’article de David H. Price sur les activités de Bateson pour le compte de l’OSS (précurseur de la CIA) pendant la Seconde Guerre mondiale et ses recommandations sur la manière de maintenir les peuples colonisés dans la dépendance, comme l’ont fait les Britanniques et les Hollandais, on peut avoir des doutes sur l’intégrité du chercheur dans le domaine de la psychologie.

 

N’était-ce pas intéressant, au point de vue militaire, d’utiliser les résultats des re­cherches sur la schizophrénie, par exemple pour briser les prisonniers de guerre, les pousser à la folie afin ensuite de les reconstruire, ou même de s’attaquer à des groupes entiers de population dans les « pays ennemis», voire aux Etats-Unis? Comme Bateson appliquait ses connaissances anthropologiques pour nuire aux individus et non pas pour les aider, il faut supposer que pendant la guerre froide et même aujourd’hui encore, des stratèges des puissances utilisent ses résultats sur la schizophrénie et sur la destruction des esprits à l’encontre des personnes, par exemple en Europe où les bombardements ne se prêtent absolument pas au renforcement de la domination d’Oncle Sam. Mais il faut s’attendre à des aspects de la guerre psychologique, de la manipulation et de la conduite de groupes humains dans la direction que désire l’usurpateur.

 

Respect inattendu de la tradition

 

Les conseillers en communication et les spin doctors d’un Steinbrück ont-ils appris cela aux Etats-Unis ? Par exemple que l’on ne doit pas menacer d’envoyer la cavalerie en Suisse parce que les Suisses resserrent alors les rangs, mais que l’agresseur doit procéder d’une manière plus « astucieuse » ? Précisément au moyen d’« ateliers du futur », mais également en soutenant les coutumes indi­gènes? Gregory Bateson serait très heureux de constater ce respect soudain pour les coutumes et les fêtes des indigènes, attitude que, dans son document à l’intention de l’OSS, il louait chez les Soviétiques vis-à-vis de leurs sujets sibériens qui ne se soulevaient pas en raison de la tolérance à l’égard des cou­tumes indigènes.

 

La stratégie de Bateson au lieu de l’Ecole de Francfort?

 

La question est à double tranchant: Naturellement nous autres Suisses sommes heureux de pouvoir, fiers de notre histoire et de nos traditions, organiser nos fêtes, et cela surtout après des années d’attaques venant de la côte est des Etats-Unis et de Tel-Aviv puis de notre 5e colonne menée par le professeur Bergier, et une nouvelle fois de la City de Londres et de Wall Street, appuyés par ce qui s’appelle gauche suisse. Et en Allemagne aussi, la radio SWR accorde de nouveau une place aux chants populaires allemands dans leur forme d’origine. Manifestement, l’approche de Bateson a succédé à celle de l’Ecole de Francfort qui méprisait les valeurs européennes en les considérant comme de prétendues vertus secon­daires du fascisme dont faisait partie le fait de chanter des chants patriotiques.

 

De même, en Afghanistan, le nouveau commandant en chef David H. Petraeus a commencé une campagne pour gagner «les cœurs et les esprits» de ceux qu’il s’agit de continuer à opprimer, et cela peu après la découverte «étonnante» d’immenses richesses du sous-sol dans ce pays accablé par la guerre. Dans son allocution aux soldats du 27 juillet dernier intitulé « COMISAF’s Counterinsurgency Guidance »1, le général a notamment recommandé aux militaires de retirer leurs lunettes de soleil quand ils parlent avec la population, de se comporter comme des hôtes bien élevés et de toujours considérer leurs actions du point de vue des Afghans, donc selon le principe d’«empathie calculée» de Bateson.

 

De quoi s’agit-il en réalité?

 

Qu’est-ce qui, en Suisse, provoque l’avidité des stratèges des puissances? Le château d’eau du Gothard? les beaux paysages pour vacanciers? l’immobilier? les couloirs de transport? les Alpes en tant que terrain de manœuvres pour les guerriers de l’Hindu-Kuch? les «vachers archaïques», future chair à canon dans la guerre mondiale pour les ressources naturelles, comme autrefois sous Napoléon? Ou bien la Suisse est-elle destinée à servir tout simplement de base anglo-saxonne au sein de l’Union européenne dont on ne sait jamais si elle ne va pas peut-être faire ami-ami avec les Russes? Ce qui sonnerait le glas de l’idée folle de géostratèges comme Mackinder et Brzezinski selon laquelle on ne peut dominer le monde que si l’on domine l’Eurasie et on ne la dominera que si l’on sème la zizanie entre la Russie et l’Europe et que l’on vassalise l’Europe.

 

Non à la visionnite, oui à la démocratie directe

 

Mais de même que Napoléon s’était trompé et qu’en 1803, grâce à la résistance avant tout des petits cantons de la Suisse primi­tive, c’est-à-dire de la Suisse des campagnes, il dut, par l’Acte de Médiation, revenir en arrière, renoncer au centralisme et autoriser le fédéralisme, de même qu’Hitler dut abandonner son projet d’invasion de la Suisse, l’Opération Tannenbaum, qui aurait vraisemblablement coûté la vie à 700 000 soldats de la Wehrmacht, de même que la population suisse ne s’est pas laissée troubler par ceux qui leur promettaient l’apoca­lypse en cas de «non» à l’adhésion à l’EEE et qui, aujourd’hui encore refusent absolument l’intégration au monstre qu’est l’UE, le peuple suisse, connaissant les tenants et aboutissants de la situation et ceux qui tirent les ficelles, ne veut pas se laisser acheter par la haute finance et dit non à la «fusionnite», à l’« agglomérite » et aux «ateliers du futur». En revanche, il dit oui à la démocratie directe comme modèle de paix et de justice sociale, à la neutralité armée perpétuelle, à la Suisse humanitaire dépositaire des Conventions de Genève et pratiquant les bons offices.

 

Horizons et Débats

Note :

 

1 www.isaf.nato.int/article/news/isaf-scr-weekly-oprational-update-highlightscomisafs-coin-guidance.html

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