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30 septembre 2010 4 30 /09 /septembre /2010 01:42
L'Oncle Sam vêtu aux couleurs du drapeau.
Des plans de domination du monde longuement réfléchis

L’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak,

premières étapes pour Washington

      

Bagdad est, pour le moment, sous contrôle de Washington. Pourquoi les États-Unis s’acharnent-ils tellement à soumettre l’Irak ? En creusant les documents stratégiques de Bush, on découvre des objectifs bien plus vastes et ambitieux. Des plans de domination, dont la conquête de l’Irak n’est que le prélude. Nous reproduisons ci-après un dossier paru dans "Solidaire", qui se base sur des documents publiés par ceux qui dirigent actuellement les États-Unis.

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En septembre 2002, G. W. Bush exposait au Congrès américain la "Stratégie de sécurité nationale des États-Unis d’Amérique", une obligation pour tout président. Souvent, ce genre de rapport est si vague qu’il ne suscite pas de remous. Ce qu’on ne peut pas dire de celui-ci, bien au contraire. « La stratégie de sécurité nationale du président Bush pourrait bien représenter le plus étonnant changement de stratégie globale des États-Unis depuis le début de la guerre froide », écrit un analyste du "Foreign Policy".
À sa lecture, la droite américaine jubile, les progressistes s’inquiètent. La presse a souligné certaines thèses choquantes, comme la détermination de ne plus jamais tolérer qu’une puissance se renforce au point de pouvoir défier l’hégémonie américaine, ou le droit que les États-Unis s’arrogent de lancer des attaques préventives contre des pays qui pourraient nourrir des "intentions hostiles". Pourtant, les thèses ne sont ni nouvelles ni originales. Toutes les idées maîtresses des différents documents stratégiques de l’administration Bush s’inspirent de textes écrits par Paul Wolfowitz et d’autres collaborateurs du "Project for a New American Century" pour ne pas dire qu’ils en copient tout simplement des passages entiers. Retournons donc aux sources afin de mieux en saisir la portée .

1992 : première ébauche

Fin 1991, la première Guerre du Golfe prend officiellement fin. Dick Cheney est ministre de la Défense dans l’administration de Bush père. Il commande auprès de son sous-secrétaire, Paul Wolfowitz, un rapport sur la stratégie fondamentale que les États-Unis devraient suivre. Paul Wolfowitz écrit donc un document secret en 1992, qu’il appelle "Defense Planning Guidance". Mais le quotidien "Washington Post" parvient à en publier une copie.

Quelles thèses essentielles Paul Wolfowitz développe-t-il à l’époque ?
Paul Wolfowitz est en désaccord total avec l’arrêt de la guerre en Irak. Cela témoigne pour lui de myopie stratégique. Les États-Unis sont appelés, selon lui, à installer leur hégémonie sans partage sur le monde. Aussi s’attaque-t-il à la politique d’endiguement ("containment"), un "héritage de la guerre froide". Les États-Unis « doivent s’appuyer sur leur écrasante supériorité militaire et l’utiliser préventivement et unilatéralement », écrit-il. Il faut que le monde s’y fasse, l’Irak aurait dû être un laboratoire et un exemple de cette approche.
« Notre objectif premier est d’empêcher qu’émerge une nouvelle fois encore un rival. Il s’agit d’une considération primordiale, la base d’une nouvelle stratégie de défense régionale. Elle requiert que nous nous efforcions d’empêcher toute puissance hostile de dominer une région dont le contrôle ferme suffirait à générer une force globale. Ces régions englobent l’Europe de l’Ouest, l’Asie de l’Est, le territoire de l’ancienne Union Soviétique et l’Asie du Sud-Ouest ». Un coup d’œil sur la carte du monde apprend que l’Asie de l’Est, c’est la Chine et l’Asie du Sud-Ouest, c’est l’Inde. Et l’avertissement s’adresse tout autant à l’Europe Occidentale.

Mettre le monde entier au pas

La suite du texte fait comprendre que, par définition, une puissance est hostile dès qu’elle n’accepte plus la soumission totale aux diktats de Washington. Car Paul Wolfowitz poursuit : « Cet objectif contient trois aspects supplémentaires. Tout d’abord, les États-Unis doivent faire preuve du leadership nécessaire pour établir un nouvel ordre qui convaincra les rivaux potentiels qu’il ne leur faut pas aspirer à un plus grand rôle ni adopter une attitude plus agressive pour protéger leurs intérêts fondamentaux ». Au "chef" incombe la tâche d’imposer son ordre nouveau au monde entier.
Dans cet ordre nouveau, il a attribué à chaque puissance la place qu’il estime la sienne. Nul besoin donc à une autre puissance d’exiger une voix au chapitre. « Ensuite », continue le rapport, « nous devons suffisamment nous occuper des intérêts des nations industrielles avancées, de façon à les décourager de défier notre leadership ou de renverser l’ordre politique et économique établi ». Pour être clair : le chef américain ayant décidé des "intérêts fondamentaux" de l’Europe et du Japon, il ne faut pas que ces grandes puissances industrielles rivales se mettent en tête de contester les ordres de Washington. « Finalement, nous devons maintenir les mécanismes qui dissuaderont des rivaux potentiels ne fût-ce que d’aspirer à un rôle régional ou global plus ample ».
La force sera garante de l’ordre nouveau. Le monde sera quadrillé de bases militaires, équipées d’armes de destruction massives de façon à décourager tout pays d’entreprendre la moindre tentative de sortir de sous la botte américaine. Jamais un plan de conquête d’une telle envergure n’avait été avancé. Hitler "se contentait" de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, le Japon de l’Asie !

2000 : reconstruire la défense de l’Amérique

À la stupéfaction des Paul Wolfowitz, Dick Cheney et autres bras musclés de l’administration Bush père, ce n’est pas ce dernier mais Bill Clinton qui remporte les élections de 92. L’entourage de Bush se "retire" dans les affaires, essentiellement l’industrie de la défense et du pétrole, qui tout naturellement prête la meilleure oreille aux plans ambitieux de domination mondiale de Paul Wolfowitz. Tous ces gens se regroupent en 1997 au sein de ce fameux "think tank" (centre d’études et de pression) baptisé "Project for a New American Century" (PNAC) (voir encadré). Ils poussent leur réflexion stratégique jusqu’au bout. Ils préparent frénétiquement une nouvelle présidence qui sera disposée à mettre leurs plans en pratique. Ce qui se traduit en septembre 2000 - avant les élections encore - en un document "final", qui est en fait la continuation du rapport écrit par Paul Wolfowitz en 1992 : "Reconstruire les défenses de l’Amérique - Stratégie, forces et ressources pour un siècle nouveau". On ne peut que s’étonner du peu d’opposition qu’il a suscité. Car s’il y a un texte qui peut être qualifié de plan de conquête, c’est bien celui-là.

Plan de conquête

« La période de la guerre froide était caractérisée par la bipolarité. Les militaires devaient s’investir pleinement à contenir l’Union Soviétique... », sans donc pouvoir aller de l’avant. « Le 21ème siècle sera nettement unipolaire, avec l’Amérique comme seule superpuissance. Une opportunité unique se présente aujourd’hui. Les États-Unis sont l’unique superpuissance. Aucun rival global ne lui fait face. La stratégie fondamentale a pour but de préserver et d’étendre cette position avantageuse aussi loin que possible dans l’avenir ». Et le document de dire, littéralement, qu’il s’agit d’imposer au monde la "pax americana", autrement dit : la dictature de Washington.
Mais malheureusement, doit constater le document, « des États potentiellement très puissants n’acceptent pas la situation actuelle et veulent absolument la changer ». La tâche de l’armée est donc « de prévenir la montée d’une nouvelle puissance rivale, de défendre les régions clés de l’Europe, de l’Asie de l’Est et du Moyen-Orient. » Aux yeux des stratèges de la domination américaine absolue, trois grandes puissances pourraient menacer la "pax americana" : la Chine, la Russie et l’Inde. Le rapport du PNAC argumente que les États-Unis ne peuvent attendre que ces pays soient devenus une "menace réelle" - car alors ils risquent de se retrouver dans une situation bloquée comme avec l’URSS. Il faut donc abattre la menace potentielle avant qu’elle ne devienne réalité. C’est l’orientation de la guerre préventive : tuer dans l’œuf toute possibilité éventuelle de devenir un rival.

Défi principal : l’Asie de l’Est

Le document passe au crible le manque total d’ambition de l’administration Clinton face aux nécessités et opportunités de l’heure. « Les plans militaires actuels ne prévoient que le stationnement de 100.000 soldats US en Asie, ce qui ne fait que refléter l’inertie et l’héritage de la guerre froide Il faut prévoir que l’Asie de l’Est deviendra une région d’importance croissante. Le renforcement militaire US en Asie de l’Est est la clé pour parer à la montée de la Chine ». Et le document de s’étendre sur la Corée. « Il est prématuré de spéculer sur la composition exacte de la présence US dans une Corée unifiée, mais il n’est pas prématuré de reconnaître que la présence américaine en Corée sert des objectifs stratégiques à long terme et beaucoup plus vastes ». C’est-à-dire l’encerclement militaire de la Chine.
La région du Golfe Persique est bien sûr aussi d’une importance stratégique cruciale. « Depuis des décennies les États-Unis cherchent à y jouer un rôle plus permanent ». Aussi, disent les architectes de l’ordre nouveau, « si le conflit avec l’Irak en est une justification immédiate, la nécessité d’une force américaine dans le Golfe dépasse la question de Saddam Hussein ». Les bases américaines en Arabie Saoudite ne devront jamais être abandonnées. « Du point de vue américain, la valeur de ces bases restera importante même si Saddam devait disparaître de la scène. ...L’Iran pourrait devenir une menace aussi grande que l’Irak ». Les États-Unis se sont lancés à la conquête coloniale de l’Irak, pour achever le boulot interrompu en 1991. Au-delà du pétrole, il s’agit d’y installer d’immenses bases militaires, afin de contrôler l’entièreté du Moyen-Orient. De ces bases partiront de nouvelles guerres d’agression, direction Syrie d’une part, direction Iran et le reste de l’Asie ensuite.
Le PNAC s’attaque à la stratégie bornée qui ne vise qu’à gérer simultanément deux conflits majeurs - chose encore jamais réalisée, soit dit en passant. Il faut plus d’ambition, dit-il. Cette politique de conquête nécessite, coûte que coûte, une hausse substantielle du budget militaire. « Nous n’acceptons pas de contraintes pré-établies qui découlent d’une supposition de ce que le pays pourrait ou ne pourrait pas vouloir dépenser à sa défense ».

Rien à faire ?

L’administration Bush a repris toutes ces thèses, entre autres dans ses deux documents stratégiques principaux, la "Stratégie de sécurité nationales des USA" déjà mentionné plus haut et le "Quadrennial Defense Review Report". Ce planning stratégique du Pentagone a été présenté par Donald Rumsfeld au Congrès américain en septembre 2001, deux semaines après les "attentats" de New York sans lesquels la population américaine n’aurait peut-être jamais accepté l’énorme accroissement du budget militaire.
Car c’est une hausse de plus de 36% de ce budget en cinq ans que G. W. Bush compte faire avaler aux travailleurs américains. Y parviendra-t-il ? Pas sûr Et cela pourrait drôlement bousculer la "pax americana" au sein même de son arrogante Amérique !
Aujourd’hui, l’Afghanistan est conquis. Le sort de l’Irak est incertain, mais jamais les dirigeants américains ne pourront y établir un régime fantoche stable. Ces deux nations indépendantes semblent en voie de recolonisation. Mais le projet US de domination du monde rencontre une opposition jamais vue auparavant. Dans les pays arabes, en Europe, en Australie, partout les masses se lèvent et disent « Stop United States of Agression ».

Paul Wolfowitz, éminence grise
Paul Wolfowitz est actuellement vice-ministre de la Défense, bras droit du ministre Donald Rumsfeld. Il sert dans différentes administrations présidentielles depuis les années soixante. Dans les années 70, il travaille au Pentagone (ministère de la Défense) puis assume une fonction élevée au ministère des Affaires étrangères début des années 80, sous le président Ronald Reagan. Après avoir été l’assistant du secrétaire d’État pour l’Asie et le Pacifique, il devient ambassadeur en Indonésie. Dans l’administration de Bush père, il occupe, de 1989 à 1993, le poste de sous-secrétaire à la Défense, chargé de la politique de défense. Paul Wolfowitz est aussi co-président de la "Nunn-Wolfowitz task force" pour Hughes Electronics, consultant de Northrop Grumman (aéronautique, défense) et consultant de BP Amoco (pétrole).
Le projet pour un nouveau siècle américain
« Alors que le 20ème siècle touche à sa fin, les États-Unis s’affirment comme la plus importante puissance au monde. Ayant dirigé l’Occident vers la victoire dans la guerre froide, l’Amérique a devant elle une opportunité et un défi : les États-Unis voient-ils comment bâtir sur les acquis des décennies passées ? Les Etats-Unis ont-ils la volonté ferme de façonner le siècle nouveau en faveur des principes et des intérêts américains ?
Ce que nous voulons est une force armée suffisamment puissante et alerte que pour être à la hauteur des défis présents et futurs ; une politique étrangère qui promeut fermement et constamment les principes américains à l’étranger ; et un leadership qui accepte les responsabilités globales qu’ont les États-Unis »
. (Extrait de la "Déclaration de principe" du "Project for a New American Century"). Parmi les collaborateurs du PNAC on retrouve, hormis Paul Wolfowitz, entre autres Donald Rumsfeld, Richard Armitage, John Bolton, Richard Perle, Robert Zoellick - tous membres de l’actuelle administration de George W. Bush, tous braqués sur un seul objectif : établir en ce siècle nouveau le nouvel ordre américain.
La démocratie des balles américaines : 15 irakiens massacrés à Mossoul
D’après l’AFP, une fusillade sur une place de Mossoul, impliquant des soldats américains, a fait 15 morts et des dizaines de blessés, selon les autorités médicales locales, déclenchant une très forte hostilité vis-à-vis des Occidentaux.
Selon des témoignages recueillis par l’AFP, la fusillade aurait commencé alors que Mashan Al-Juburi, le nouveau gouverneur auto-proclamé, prononçait un discours pro-américain. Furieux, les manifestants ont alors hué le gouverneur qui, toujours selon des témoins, aurait appelé les soldats américains à faire usage de leurs armes.
« Vingt soldats américains sont arrivés, ils ont d’abord tiré contre un immeuble situé près de la foule et dont les vitres sont tombées sur des civils. Des gens ont commencé à jeter des pierres, puis les Américains leur ont tiré dessus », a raconté un témoin cité par l’AFP.

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http://www.temoignages.re/des-plans-de-domination-du-monde,544.html

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