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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 12:34
 




Voici un article que j'ai publié sur mon principal blog, le premier créé, et mon préféré, R-sistons à l'intolérable. Je le re-découvre car il est celui, actuellement, qui est le plus lu (stats). Et en effet, il est étonamment d'actualité ! Il me semble indispensable de le re-publier. Cordialement, votre eva, toujours aussi engagée contre les guerres et contre la barbarie - plus que jamais, d'ailleurs !

Mes amis,

Le hasard nous vaut un terrible télescopage, entre deux faits dramatiques de l'Histoire : De celle qui nous marque à jamais.

Ce soir, FR3 nous a présenté une page méconnue de la dernière guerre mondiale, celle de l'extermination méthodique des Juifs de l'Est par balles. Cette fois, il ne s'agit plus de la Shoah des Juifs - un tiers d'entre eux, paraît-il- , de la moitié des Tsiganes, de près de 350000 Témoins de Jéhovah, de masses considérables de personnes handicapées, physiques ou mentales, d'innombrables homosexuels - et bien sûr de tous les résistants, communistes ou patriotes engagés contre la barbarie. 

La Shoah des Tsiganes est oubliée, celle des Juifs de l'ex Union Soviétique est déterrée. Enfin ! Le rideau de fer est tombé, à tort ou à raison c'est un autre débat - quand on voit en effet les drames liés au libéralisme financier, il est permis de se demander si le communisme apportant travail, toit, école, Santé, dignité à chaque individu, équitablement, n'avait pas du bon - , et maintenant nous savons que des centaines de milliers de Juifs furent exterminés par balles ou pire encore, enterrés vivants, à l'Est de nos frontières, simplement parce qu'ils avaient eu le malheur d'être nés Juifs.  Il est terrifiant de constater qu'au lieu de considérer l'autre comme leur prochain, tant d'individus, à travers l'Histoire, ont préféré l'écarter, le supplanter ou l'exterminer.  Rien qu'en Ukraine, entre 1.500.000 Juifs et 1.800.000 ont laissé leur vie. Images terribles de femmes nues, leur bébé dans les bras, jetées à terre et assassinées d'une balle dans le corps. Comment peut-on faire des choses pareilles ? 

Comment un être humain peut-il devenir le bourreau d'une personne qu'il ne connaît pas ?

J'ai eu mal, très mal, de voir toute cette barbarie.  Vous voyez, je suis saturée de la Shoah des Juifs, de commémorations en tous genres, j'ai une véritable indigestion, comme presque tout le monde. Et j'enrage de voir la télé nous inonder des mêmes thèmes, des mêmes personnes, de la même idéologie, qui s'étend d'ailleurs sur la planète comme le cancer dans un corps malade. Au nom du pluralisme, au nom de la justice. Et je l'avoue aussi, j'enrage de voir ce passé resurgir encore et toujours, alors qu'il ne se reproduit jamais de la même façon, et surtout qu'il soit instrumentalisé à des fins peu avouables. On ne peut se complaire indéfiniment dans le passé, c'est une prison, ce sont des chaînes. 

Mais là, moi qui suis d'origine ukrainienne par ma mère, j'ai été touchée comme lorsque j'ai vu, et revu, ce merveilleux film " Un violon sur le toit ". Comédie, ou plutôt tragédie, musicale. On y voit peu à peu se préciser et s'étendre la menace des progroms. La fibre russe, ukrainienne, a vibré en moi. Si ma mère n'avait pas quitté la Russie en I917, elle dont le père était Juif, sans doute n'aurait-elle pas pu vivre sa vie pleinement. Et bien entendu avoir une petite Eva (c'est mon second prénom, c'est aussi celui de toutes les femmes, mes soeurs en humanité).


Et puis ce soir, j'ai eu les entrailles brisées en apprenant la disparition du dernier poilu. Il n'y aura plus personne pour nous raconter tout ce que tant de jeunes hommes ont souffert pour nous. Drame terrifiant  de toutes ces vies sacrifiées en pleine jeunesse, avant même d'avoir aimé, goûté à l'existence ! Cela n'a jamais cessé de me bouleverser. Quand je vois ces hommes, souvent si jeunes, dans la boue, dans la douleur, dans le froid, dans la faim, dans la brutalité, dans l'angoisse, dans le désespoir, je me dis comme les rescapés : Non, plus jamais ça ! Et effectivement, ils sont allés à la boucherie en chantant, sûrs d'une victoire rapide, prêts à donner leur vie pour que ce soit la der des der, pour que l'humanité ne plonge plus jamais dans une telle horreur. 






Lazare Ponticelli, le dernier poilu, nous a quittés. C'est une part de nous-mêmes qui est partie. Lazare, le dernier survivant, parmi nous pendant cent-dix ans, mircauleusement indemne après avoir été sur tous les champs de bataille, lui l'Italien volontaire pour la France. Parce que cet héros humble et courageux avait lui le pauvre, le pas de chance, choisi de vivre dans notre pays, d'y travailler, d'aimer cette terre, de défendre sa patrie d'adoption, et ensuite de s'y établir définitivement. A cette époque-là, on pouvait choisir le pays où l'on voulait vivre. 

Nicolas Sarkozy, très justement, lui a rendu hommage. En oubliant néanmoins de rappeler qu'il chasse de la patrie des Droits de
l'homme ceux qui, aujourd'hui, choisissent de s'y établir. Qu'il les expulse comme s'ils étaient des poux, de la racaille, de la vermine. Qu'il envoie ses sbires à la sortie de l'école traquer les gamins, organiser des rafles au faciès, séparer les familles, les conduire dans des centres de rétention où elles sont parquées comme du bétail, et pour finir les embarquer de force dans des charters pour l'horreur parfois, la souffrance toujours. Comme les nazis avant lui. 

Lazare m'a bouleversée quand il a raconté, en quelques mots touchants, son itinéraire. Parti volontairement défendre sa patrie d'adoption dans la Légion Etrangère, quitte à mentir sur son âge ! Vivant au quotidien l'enfer des tranchées. Pactisant avec l'ennemi - cet étranger en face de lui, jeune comme lui - , oui, fraternisant avec lui au point de le renvoyer à sa famille, à sa vie, et d'abord à ses camarades de tranchée. Au nom de la communion entre les humains, tout simplement.  Tout simplement !

Et c'est ce même Lazare, l'engagé enthousiaste, qui finira par déclarer : " Cette guerre, on ne voulait pas la faire, on nous l'a fait faire " . Eh oui, c'est ça le drame !  Ceux qui détiennent le pouvoir ont le droit de vie et de mort sur les populations, ils les envoient se faire tuer à leur place, pour défendre des intérêts qui ne seront jamais les leurs. 

Alors, même ceux qui se sont portés volontaires, savent que la guerre est hideuse. Et qu'il faut tout faire pour épargner cette effroyable épreuve aux humains. Les guerres ne résolvent jamais les problèmes, elles les amplifient.





L'horreur est de nouveau à nos portes. Guerres silencieuses contre les populations, comme celles que livrent des multinationales de l'agro-alimentaire ou de l'armement, pour du profit. Guerres de civilisations, comme celles où des fous à la tête de grands pays dit "démocratiques", "civilisés", "occidentaux", voudraient nous entraîner. Shoah contre les Palestiniens, envisagée, annoncée, proclamée, par ceux-là même qui ont vécu cette tragédie ignoble. Ou tout simplement guerre aux pauvres  - et non, comme disait ce Sage entre les Sages l'Abbé Pierre, guerre à la pauvreté. Guerres aux étrangers, guerres aux immigrés, guerres aux clochards, guerres aux délinquants, guerres aux familles monoparentales, guerre aux familles nombreuses, guerre aux Tsiganes, guerre aux jeunes des cités..... Guerres larvées, mais quotidiennes et deshumanisantes, indignes d'un pays comme le nôtre. 

Et surtout, guerre déclarée d'une mafia à la tête du monde, contre les peuples. Pour accaparer les richesses, les ressources, et même l'air que l'on respire. Purifié du nombre et de la médiocrité ! 

Nous sommes tous les prochaines victimes désignées. Et surtout nos enfants, nos descendants. C'est intolérable. Tandis que nous commémorons, d'une façon scandaleuse, le génocide des seuls Juifs, nous préparons un gigantesque holocauste. Celui des humains, de la civilisation, de l'humanité. Et bien sûr de notre humanité.

N'avons-nous pas, malgré toutes nos commémorations sélectives et hypocrites, tiré les leçons des tragédies passées, une fois pour toutes ?

Eva




Photos de Lazare et de la shoa par balles, France3.fr

Les autres, de l'encyclopédia Wikipédia

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  • eva r-sistons
  • Divorcée, père origine bordelaise, mère russe. Licenciée es-lettres modernes, diplômée Ecole de Journalisme. Journaliste-écrivain. Carrière: Presse écrite, radio, TV, et productrice d'émissions. Auteur de plusieurs ouvrages (Hachette etc)
  • Divorcée, père origine bordelaise, mère russe. Licenciée es-lettres modernes, diplômée Ecole de Journalisme. Journaliste-écrivain. Carrière: Presse écrite, radio, TV, et productrice d'émissions. Auteur de plusieurs ouvrages (Hachette etc)

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