1 septembre 2010
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INTERVIEW – Anthony Arnove veint d'écrire «Irak, retrait immédiat»...
Essayiste américain, éditeur et agent littéraire de Noam Chomsky. Auteur de «Irak, retrait immédiat», éditions Demopolis, 19,50 euros
Opposant à l'intervention américaine en Irak, vous plaidez aujourd'hui pour un retrait immédiat des troupes. Les démocrates et certains républicains réclament un retrait progressif. Qu'est-ce que cela vous inspire?
Contrairement à ce qu'on croit, les démocrates et les républicains ne plaident pas en faveur d'un retrait. Il y a un consensus bipartite sur cette question. Ils veulent un redéploiement dans les pays voisins ou dans d'autres régions d'Irak. Car l'objectif reste le même: assurer la présence à long terme des Etats-Unis dans la région, qui possède les deux-tiers des approvisionnements mondiaux en pétrole.
Le contingent va toutefois être réduit d'ici à la fin de l'année...
Oui, mais parallèlement, le nombre de mercenaires privés augmente. Ils sont 180.000 aujourd'hui en Irak. C'est une armée parallèle. Peu de gens le savent aux Etats-Unis, malgré la médiatisation de l'affaire Blackwater (agence privée de sécurité impliquée dans une fusillade en Irak, ndlr).
Vous affirmez que le mouvement anti-guerre, dont vous faites partie, s'illusionne sur les démocrates en croyant qu'ils veulent un retrait, et plaidez pour son indépendance par rapport à ce parti...
C'est d'autant plus préoccupant qu'on s'approche de la présidentielle américaine de 2008. Le mouvement anti-guerre subit une forte pression pour devenir un lobby en faveur des démocrates. Cela fait débat au sein du mouvement. Certains redoutent l'instrumentalisation politique, d'autres, comme MoveOn, encouragent activement une stratégie électorale. Je pense que le mouvement sera plus efficace s'il s'affranchit des partis politiques, car il pourra faire pression sur les deux, républicains et démocrates, comme ce fut le cas pour la guerre du Vietnam.
Ces divisions ne sont-elles pas instrumentalisées par les partis?
Si. Récemment, un républicain a lancé l'offensive contre MoveOn dans le New-York Times, appelant les gens à prendre leurs distances avec cette puissante organisation. Cela oblige les anti-guerres à se poser des questions. On doit ouvrir le débat: quel rapport entretient-on avec les partis? Quel retrait veut-on? Immédiat, progressif? Nous aurons plus d'impact en ayant le même discours.
Quel écho le mouvement anti-guerre a-t-il aujourd'hui aux Etats-Unis?
Il est confronté à un dilemme intéressant. Une grande majorité des Américains pensent qu'envahir l'Irak était une erreur. Mais peu s'investissent concrètement, car ils ont l'impression qu'ils ne peuvent rien faire à leur échelle.
Quelles sont les évolutions positives?
La plus significative, c'est l'émergence de l'association des vétérans d'Irak et du Vietnam (IVAM). Ils ont pris la tête du mouvement anti-guerre. Ils peuvent décrypter et expliquer en connaissance de cause les discours fallacieux de l'administration Bush. Quand on nous dit "soutenez nos soldats", c'est en fait un appel à soutenir les politiques, lesquels envoient les soldats américains au front. Ils sensibilisent aussi les jeunes sur ce qui les attend réellement s'ils s'engagent dans l'armée.
Opposant à l'intervention américaine en Irak, vous plaidez aujourd'hui pour un retrait immédiat des troupes. Les démocrates et certains républicains réclament un retrait progressif. Qu'est-ce que cela vous inspire?
Contrairement à ce qu'on croit, les démocrates et les républicains ne plaident pas en faveur d'un retrait. Il y a un consensus bipartite sur cette question. Ils veulent un redéploiement dans les pays voisins ou dans d'autres régions d'Irak. Car l'objectif reste le même: assurer la présence à long terme des Etats-Unis dans la région, qui possède les deux-tiers des approvisionnements mondiaux en pétrole.
Le contingent va toutefois être réduit d'ici à la fin de l'année...
Oui, mais parallèlement, le nombre de mercenaires privés augmente. Ils sont 180.000 aujourd'hui en Irak. C'est une armée parallèle. Peu de gens le savent aux Etats-Unis, malgré la médiatisation de l'affaire Blackwater (agence privée de sécurité impliquée dans une fusillade en Irak, ndlr).
Vous affirmez que le mouvement anti-guerre, dont vous faites partie, s'illusionne sur les démocrates en croyant qu'ils veulent un retrait, et plaidez pour son indépendance par rapport à ce parti...
C'est d'autant plus préoccupant qu'on s'approche de la présidentielle américaine de 2008. Le mouvement anti-guerre subit une forte pression pour devenir un lobby en faveur des démocrates. Cela fait débat au sein du mouvement. Certains redoutent l'instrumentalisation politique, d'autres, comme MoveOn, encouragent activement une stratégie électorale. Je pense que le mouvement sera plus efficace s'il s'affranchit des partis politiques, car il pourra faire pression sur les deux, républicains et démocrates, comme ce fut le cas pour la guerre du Vietnam.
Ces divisions ne sont-elles pas instrumentalisées par les partis?
Si. Récemment, un républicain a lancé l'offensive contre MoveOn dans le New-York Times, appelant les gens à prendre leurs distances avec cette puissante organisation. Cela oblige les anti-guerres à se poser des questions. On doit ouvrir le débat: quel rapport entretient-on avec les partis? Quel retrait veut-on? Immédiat, progressif? Nous aurons plus d'impact en ayant le même discours.
Quel écho le mouvement anti-guerre a-t-il aujourd'hui aux Etats-Unis?
Il est confronté à un dilemme intéressant. Une grande majorité des Américains pensent qu'envahir l'Irak était une erreur. Mais peu s'investissent concrètement, car ils ont l'impression qu'ils ne peuvent rien faire à leur échelle.
Quelles sont les évolutions positives?
La plus significative, c'est l'émergence de l'association des vétérans d'Irak et du Vietnam (IVAM). Ils ont pris la tête du mouvement anti-guerre. Ils peuvent décrypter et expliquer en connaissance de cause les discours fallacieux de l'administration Bush. Quand on nous dit "soutenez nos soldats", c'est en fait un appel à soutenir les politiques, lesquels envoient les soldats américains au front. Ils sensibilisent aussi les jeunes sur ce qui les attend réellement s'ils s'engagent dans l'armée.
Propos recueillis par Faustine Vincent
http://www.20minutes.fr/article/189910/Monde-Les-soldats-americains-sont-remplaces-par-des-mercenaires-prives-en-Irak.php