Ayant immédiatement conscience de l’importance de l’enjeu, les membres de l’ARP se sont abstenus de toutes réactions précipitées, ce qui ouvre la voie à la plus farouche et efficace opposition à cette nouvelle attaque à la souveraineté commise par le pouvoir aux abois. Ce délai a également permis de constater des errances ou carences surprenantes, notamment chez ceux dont on attendait une plus grande vigilance sur l’intérêt supérieur de la Nation.
Les républicains de gauche auraient dû simplement condamner ces mauvais coups au seul motif de l’indépendance nationale, fondement de la République. Erreur, certains approuvent, d’autres se bornent à vilipender la forme, puis à condamner les textes, PARCE QU’ILS NE S’INSCRIVENT PAS DANS LE CADRE DE L’EUROPE DE LA DÉFENSE, ce qui en dit long sur le double langage et la rouerie avec laquelle ils bernent leurs propres troupes !
Ainsi, Jean-Pierre Chevènement dissimule de moins en moins sa connivence avec le pouvoir sarkozyste en approuvant ouvertement les accords : "J’approuve cet accord. Parce que c’est un accord à long terme qui peut générer d’importantes économies si l’on s’y prend assez tôt pour lancer études et programmes en commun - sur les sous-marins, les missiles, les drones... Et parce que la France et la Grande-Bretagne partagent beaucoup d’intérêts stratégiques..."
Deuxième solution, celle consistant à condamner au nom de l’Europe de la défense". Ainsi, sur son blog jean-luc-melenchon.com, le leader du Front de Gauche condamne la façon dont cet accord a été signé mais, sur le fond, il s’y oppose en ces termes : "Cet accord est aussi un mauvais coup pour le mythe de l’Europe de la défense. Les textes de l’accord n’abordent presque pas l’Europe de la défense et, à la demande des Britanniques, les différents axes de coopération sont exclusifs. Ils ne sont pas ouverts à d’autres pays membres de l’UE. Cette exclusivité de la coopération militaire franco-britannique tourne le dos à l’esprit des accords de Saint-Malo signés en 1998 par Chirac et Blair. Eux avaient affiché une volonté d’ouverture à l’Europe de la Défense. Il n’en reste rien."
Le PCF est plus discret sur sa soumission au dogme européen, il ne condamne que la forme tout en se gardant de pleurer ouvertement sur l’Europe de la défense, contrairement à son allié troskyste Mélenchon : "Le Parti communiste français condamne ce partenariat franco-britannique. Il alerte sur son caractère dangereux. Il est inacceptable que de tels engagements militaristes puissent être signés sans un débat public et sans consultation du Parlement. Celui-ci doit être saisi immédiatement afin qu’un débat de fond sur les choix nationaux en matière de défense et de sécurité soit organisé dans la plus grande transparence et dans les plus brefs délais."
Seul, Maxime Gremetz a sauvé l’honneur de la représentation nationale en ces termes, remarquables dans la bouche d’un communiste : "Jamais de Gaulle n’aurait permis ça ! "
Les souverainistes de droite, se partagent, eux aussi, en deux camps : ceux qui se taisent, même lorsqu’ils sont interpellés par leurs troupes... qui feraient bien de s’interroger sur ces coupables silences (merci à Olga Daric), et ceux, tels Jacques Myard, qui applaudissent des deux mains, PARCE QUE CES TRAITÉS ET ACCORDS NE S’INSCRIVENT PAS DANS LE CADRE DE L’EUROPE DE LA DÉFENSE : Jacques Myard se félicite du rapprochement franco-britannique : "La France tire ainsi les conséquences du mythe d’une Europe puissance et d’une Europe de la défense à 27. Les choses sérieuses ne peuvent être traitées que par les Etats et particulièrement par ceux qui font les efforts indispensables pour assurer leur défense."
L’UMP applaudit, le PS se tait. L’encéphalogramme plat des partis de gouvernement étant un non-évènement, pas de commentaire.
Est-il encore possible que cette classe politique se ressaisisse ? Ces abandons de souveraineté resteront illégitimes aussi longtemps que le Peuple français ne les aura pas approuvé par référendum. Quand il est question de noyer la Défense nationale dans un conglomérat composés à la fois de sociétés privées de mercenaires, de l’OTAN, de la Défense européenne, maintenant de l’armée sarko-britannique, c’est bien de l’odieux dessein de priver la Nation des moyens de son indépendance qu’il s’agit. Formellement, seul le référendum serait la seule voie possible pour maquiller ce crime en suicide.
Aussi longtemps que le peuple souverain n’aura pas été consulté, ces traités resteront illégitimes et n’engageront que ceux qui y auront mis la main. Il s’agit bel et bien de Haute trahison, et ceux qui s’apprêtent à y tremper doivent avec conscience que le délire sarkozyste aura une fin, que, tôt ou tard, viendra le moment d’en répondre.
Comme disait le Général : "Messieurs, redressez-vous !", il faudra très bientôt revenir à la réalité, concevoir que la France n’est pas appelée à disparaître et renationaliser la Défense.
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